• Je le dis d'emblée. Covidis 19 est du genre masculin, n'en déplaise à l’Académie française. Le masculin est mieux à même d’endosser le côté malfaisant de ce coronavirus ô combien anxiogène. Et qui a eu incontestablement des effets contestables sur notre façon de parler. L'Académie française va devoir se pencher sur les nouveaux mots que ce virus a engendrés.

    Plusieurs médias en ont déjà fait l’inventaire. Le Covid 19 ne s’est pas contenté  de passer par les narines ou la gorge pour s’en venir infester les poumons, il a déposé sur notre langue toute une série de mots nouveaux, voire anciens mais peu courants, comme asymptomatique. Un effet positif puisque enrichissement du cerveau il y a me  direz-vous! Je vous l’accorde. J’y vois en effet la preuve que notre langue, le Français, reste bien vivante, imaginative quitte, parfois, à lancer des emprunts dans nôtre environnement proche. Le cluster, par exemple, dont j’ai parlé dans la précédente chronique Avec la tentation, finalement avortée, de lui donner, compte tenu du thème choisi, une consonance française : le clustair. Je le replace.

    Même si ce mot dérivé de l’anglais, signifiant agglomérat, a depuis longtemps les honneurs de nos dictionnaires, il n’avait guère d’usage dans le parler de tous les jours, celui de l’homme de la rue. Les bonnes volontés et la solidarité qui ont marqué la vie du hameau ces dernières semaines pourraient avoir ainsi donné lieu au cluster de kermouster. Mais restons en celui de l’Amicale qui, soit dit en passant, vient de prendre une initiative en lançant l’idée d’un logo à son nom.

    De fait, l’affaire a été lancée il y a plusieurs jours et quelques Kermoustériens ont déjà fait des propositions. Mais le bureau vient de décider d’accorder une rallonge pour les éventuels dessinateurs retardataires. Vouloir se doter d’un logo prouve que l’envie d’être acteur du village n’a pas été mise à mal par cet envahisseur qui, fort heureusement, a compris qu’il n’avait rien à faire dans les parages. Donc, pas question de céder à la mélancovid.

    Les néologismes prenant racine dans le covid et le coronavirus ont fleuri dans les enceintes confinées pour éclore sur les réseaux sociaux. Le mot, par le biais de l’humour, est libérateur. Même s’il peut sous-entendre un mal être comme le covidivorce ou le coviolence. Mais ces mots, comme celui de covidioit, ne dureront que le temps de la mise au point d’un vaccin qui nous évitera, cette fois, d’avoir à nouveau à subir les affres d’un confinement.

    Déconfinement, par contre, lui restera. La quatorzaine devrait elle aussi survivre à l’éradication, plus ou moins avérée, du coronavirus. L’Organisation Mondiale de la Santé laisse entendre qu’il nous faudra désormais vivre avec cette épée de Damoclès.

    Du mot à la parole

    Certains commentateurs ont évoqué un livre de fiction anticipation écrit par Georg Orwell (1903-1950),  un journaliste écrivain britannique. Le titre de ce roman : 1984. Son auteur y développe le concept de Big Brother, une expression désormais courante dans nos conversations, mais Orwell, qui fut socialiste dans l’âme, anti nazi, anti totalitariste, anti communiste, évoque à travers sa narration l’émergence  d’une Novlangue, une nouvelle langue ou, plus précisément un nouveau parler. Mais rien à voir avec notre bon vieux Verlan qui consistait à inverser l’ordre des syllabes dans notre façon de parler. Là, avec la Novlangue, il s’agit d’une toute autre chose. On réduit le nombre de mots de façon à anéantir la pensée. Je suis tenté de penser que sur certains vecteurs de communication, c’est vers cette malédiction que courent un pan de l’humanité. Big Brother est à la manœuvre.

    Les mots ont un sens. Il convient de les protéger. Et quand un mot nouveau s’en vient à surgir, il faut  lui donner sa noblesse, à bon escient, quand on le couche sur le papier ou quand on le porte sur le bout de la langue.

    La parole ! Prendre la parole ! Tenir parole ! Tout au long de ces dernières semaines nous nous sommes convaincus qu’il y aura un avant et un après Covid 19. Qu’au sortir de son emprise, nous nous serons réinventés. Notre Président lui-même nous y a incité.

    Un après, il faut souhaiter que ce soit le plus vite possible, mais certaines prises de paroles me laissent à penser que cet après aura le goût de l’avant. Est-ce que les bonnes paroles émises alors que nous étions en pleine sidération, chavirés par l’émotion deviendront lettres mortes ?

    Ce vendredi Emmanuel Macron a évoqué la paupérisation de l’hôpital public, reconnaissant au passage que la réforme du système de santé engagée il y a deux ans était entachée d’erreurs. Endossant du même coup plusieurs décennies d’incurie dans ce domaine. Je veux croire que le message qui lui a été adressé par des infirmières portera ses fruits : ce n’est pas une médaille qu’il faut leur attribuer mais une reconnaissance qui aille au-delà de l’empathie.

    Paupérisation ? Mais n’est-ce pas une grande masse de nos concitoyens qui vont glisser vers cette paupérisation et rejoindre ainsi le trop grand nombre de pauvres qu’une société moderne digne de ce nom ne devrait plus accepter ? Rendre hommage aux personnels soignants est une nécessité, mais il convient, sur les décombres d’une économie, de redonner de l’espoir à tous ces gens qualifiés d’invisibles dont on a pu mesurer l’utilité dans ces temps difficiles. Il faut que eux aussi puissent avoir une lisibilité enthousiasmante de l’avenir.

    Beaucoup de promesses ont été émises. Il va falloir passer de la parole aux actes.

     

     

                                                                                                     Claude Tarin

                                                                                                 Vendredi 15 mai 2020

     


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  • Ce n’est certes pas un jour où l’on pouvait, l’air de rien, étaler sa serviette de bain sur la grève. Non pas parce que nous ne sommes pas encore tout à fait libre comme l’air, mais, surtout, parce que ce jeudi, un vent froid, venant de l’est, soufflait un air frais.

    Cela n’a certainement pas tué chez vous l’envie de prendre l’air. A pleins poumons ! Se donner de l’air, quoi de plus normal après cette longue période de confinement extrême, véritable trou d’air dans notre façon de vivre.

    Le gouvernement vient de nous le faire savoir, ce matin même. Nous pourrons même changer d’air l’été venu. Partir ! Par la voie des airs. Croiser le sourire des hôtesses de l’air. Ce n’est pas exclu. L’Outre Mer est inclus. Une bouffée d’oxygène pour Air France.

    Se donner des ailes sous les tapis du vent comme le chantait si bien Claudie Fritsch-Mentrop, Desireless pour nom de scène. « Voyage, voyage » ! Oui mais, l’avion ? Et puis, encore faut-il que vous en éprouviez le besoin. Le bon air, l’air pur, l’air marin, nous l’avons à portée des narines.

    L’air, avec ses 21% d’oxygène, 78% d’azote et le 1% qui reste en gaz rares (argon, hélium, krypton, néon, xénon). Pas si pur que ça n’a-t- on de cesse de nous le dire. Ah ! Ce dioxyde de carbone. C’est désormais une préoccupation planétaire que le Covid 19 a reléguée au second rang.

    Il nous faut vivre l’air du temps. Mais, ne soyons pas tête en l’air ! Pensons à cette armée de l’air qui dans les blocs opératoires lutte encore d’arrache-pied pour, par ventilation artificielle, apporter secours à tant de gens en détresse respiratoire.  La pression tombe dans les hôpitaux, mais on n’en est pas encore à entonner l’air de la victoire.

    Ce qui vient de se passer à l’hôpital de Lannion où l’on a découvert un nouveau « cluster », montre bien que sans en avoir l’air, le coronavirus traîne toujours dans l’air. Même à deux pas d’ici. En douter, serait une grave erreur. Et ça, ce ne sont pas des paroles en l’air !

     

                                                                                                             Claude Tarin

                                                                                                      Jeudi 14 mai 2020

     

    Haïku champêtre

     

    Silène dioïca

    Compagnon rouge du chemin-

    Goût d’épinards

     

    L’air de rien, on commence à respirer

     

     


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  • Vive les grèves!

     

    Bonne surprise ce mercredi matin à la lecture du journal : plus d’interdiction pour accéder aux grèves.  La sémantique est venue au secours du politique pour lâcher un peu la pression allant grandissante sur le littoral. Car une grève, ce n’est pas une plage. Une grève, c’est « un terrain plat, formé de sables, de graviers, situé au bord de la mer ou d’un cours ». Dixit Le Grand Robert de la Langue française. Alors que la plage, toujours selon ce livre savant, c’est un « endroit  d’un rivage plat et bas où les vagues  déferlent et qui est constitué de débris minéraux plus ou moins fins (limon, sable, galets). » La nuance n’est peut-être pas perceptible au premier coup d’œil. En tout cas, l’Administration y a trouvé matière à assouplir les règles.  Peut-être après avoir lu ce poème d’Alphonse Lamartine que ce dictionnaire a retenu en note.

     

    Que j’aime à contempler dans cette anse écartée

    La mer qui vient dormir sur la grève argentée,

    Sans soupir et sans mouvement !

    Le soir retient ici son haleine expirante

    De crainte de ternir la glace transparente

    Où se mire le firmament.

     

    Cette grève dont parle Alphonse de Lamartine, dans son recueil de poèmes Harmonies poétiques et religieuses, publié en 1830,  un an après son élection à l’Académie française, n’a rien  à voir avec celles qui bordent les rives du Trieux. C’est à Gênes que Lamartine, alors secrétaire à l’ambassade de France en Italie s’est laissé aller à la rêverie, en contemplant un coucher de soleil sur la mer de Ligurie. Mais qu’importe, voir le firmament, ou, pour le moins, le soleil se mirer sur l’estuaire ne peut que nous inciter à devenir nous-mêmes poètes, tranquillement assis sur le sable. Même en respectant la nécessaire distanciation qui, elle, reste de mise.

    C’est par la rampe de Goas Luguen que nous avons enfin pu retrouver de bonnes sensations. Mer descendante et légèrement houleuse du fait d’un fort vent d’est nordet. Mer d’un vert froid  sur lequel glissait, par intermittences, l’ombre noir des nuages. Pas le moindre goéland. Un désert de silence. Un cimetière pour une flottille d’os de seiches gisant sur un lit de varech.

    Sous les semelles, crissent alors les graviers. Le mot grava, d’avant le latin, désignait ces espaces en bordure de mer.

    Quel plaisir que de pouvoir faire craquer sous le talon les aérocystes du goémon séché sur la laisse de mer. Comme au bon vieux temps, quand enfant on se plaisait à faire exploser avec les doigts ces flotteurs des algues.   

    Il a fait bon cet après-midi pouvoir cheminer jusque la digue de l’île à bois. On pouvait enfin la revoir sous un autre angle. Plus de barrières interdisant le passage par les rampes.

    En espérant que cette exclamation puisse ne pas trouver une autre signification au sortir définitif de confinement, dans un monde qui, d’ici là, aura été, faut-il en douter, finement réinventé pour que tout les citoyens puissent y croire, c’était un jour à crier :  Vive la grève !  

     

                                                                                                           Claude Tarin

                                                                                                 Mercredi 13 mai 2020-05-13

     

    Vive les grèves!

    Vive les grèves!

     Vive les grèves!

     

    Vive les grèves!

    Vive les grèves!

    Vive les grèves!

    Vive les grèves!

     

    Pour aller rêver ailleurs

     

    Nous avons beau vivre « dans le plus beau pays du monde », d’avoir pour nous ces grèves qui nous donnent accès à la mer, l’idée d’aller découvrir d’autres horizons ne nous est pas étrangère. Aussi, si vous êtes en manque de dépaysement, je vous propose de trouver par le jeu des mathématiques la destination de vos rêves. Imparable ! C’est bien la destination que vous souhaitiez qui sera le fruit de vos calculs.

     

    Vive les grèves!


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    Le coquelicot, symbole du renouveau

     

    Ce n’est pas encore la saison rouge, celle des cerises et des coquelicots, comme la définissait Albert Camus. Les cerises ne pendouillent pas encore aux branches des arbres, mais les coquelicots rougeoient sous le soleil printanier. Le coquelicot, la fleur de l’après-guerre. Comme l’a été le bleuet des champs.

    La guerre ? Celle du coronavirus ? C’est de cela dont il était question quand a été prise la décision de mettre le pays en confinement. Est-ce vraiment une guerre qu’il a fallu mener et qu’il convient de mener encore ?

    La cinquantaine de jours que nous venons de vivre aura surtout été marquée par des guerres intestines, dont nous autres Français aurions, aux yeux du monde, l’apanage.  Ce qui est sûr, c’est que le Covid 19, au-delà des combats qu’il a fallu et faut mener quotidiennement dans les hôpitaux, n’a pas redonné son lustre à l’unité nationale qui, à bien des égards, il faut en convenir, relève de la chimère. Disons que, face à un tel adversaire, il eût été bon d’avoir un esprit de corps plus affirmé, sans trop d’arrière-pensées ! Peine perdue?  C'est à craindre.

    C’est le climat quelque peu délétère du moment qui fait qu’en découvrant, dimanche, ce coquelicot solitaire, épanoui au cœur d’un tapis vert glissant vers l’estuaire, je me suis trouvé à penser à la guerre.

     

    The Last Post à Ypres

     

     Celles et ceux qui me font l’honneur de lire ces chroniques avec assiduité se souviennent certainement de cette série consacrée aux Kermoustériens décédés pendant la Grande Guerre, celle de 14-18. Une évocation en hommage à ces quatorze poilus et marins dont les noms sont gravés sur une plaque du souvenir à l’intérieur de la chapelle et sur le monument aux morts de Lézardrieux. Là où certains d’entre eux sont tombés au champ d’honneur, le coquelicot aura été la première fleur à repousser.

    Ce soir, à Ypres, en Belgique, à 20 h précises, le clairon aura sonné, comme il le fait trois cents soixante cinq jours par an depuis 1928. En hommage aux 54896 soldats de l‘Empire britannique morts dans les Flandres. Cette cérémonie, The Last Post, sonnerie aux morts des armées du Commonwealth, a été interrompue durant toute la période de l’occupation allemande.  Cette année, c’est un ennemi d’une toute autre nature qui a quelque peu changé la donne.

     

    Le coquelicot, symbole du renouveau

     Le coquelicot, la fleur du souvenir pour les armées du Commonwealth. Ici, en vente à Ypres, en Belgique, ville où se déroule chaque soir un cérémonial en mémoire des victimes de la Grande Guerre.

     

    Depuis la mise en confinement de la Belgique, pour cause de Covid 19,  ce n’est qu’un seul clairon qui fait entendre la sonnerie sous le Mémorial de la porte Menin, érigé en 1927 par les Britanniques. Sans présence du public.

    Autre conséquence, en lien avec le souvenir de la Grande Guerre, l’impossibilité pour l’Œuvre nationale du Bleuet de France de vendre à même l’espace public, ce 8 mai dernier, ces petites fleurs de papier que l’on accroche à la boutonnière, en souvenir des Poilus morts au combat, sous l’uniforme bleu horizon.

     Le champ d’intervention de cette association caritative ne se limite plus aux soldats blessés lors des deux guerres mondiales, mais prend en compte l’ensemble des conflits, des victimes de guerre aux pupilles de la Nation et aux victimes d’actes terroristes. Cette année, en raison des contraintes sanitaires, c’est par la mise en place d’une cagnotte numérique que l’Œuvre nationale du Bleuet de France a lancé son appel à la solidarité.

     

    In Flanders Fields

     

    Le coquelicot, symbole du renouveau

     Gassed (gazés) huile sur toile de John Singer Sargent (1918/1919). Imperial War Museum de Londres

     

    Ypres, une ville qui porte la marque d’une infamie. La première attaque au gaz moutarde, baptisé Ypérite. En avril 1915. Trois Lézardriviens du 73e régiment d’infanterie territorial (Jean Marie Lasbleiz, Edouard Le Flem, Yves Marie Le Thomas) seront au nombre des victimes. Pierre Garel, leur camarade de régiment, en réchappera, mais il avait rendez vous avec la mort, sur le Chemin des Dames, trois ans plus tard, le 26 mai 1918. Sous les couleurs du 87e régiment d’infanterie territoriale.  Cela fera cent deux ans le mardi 26 mai prochain.

    Pour les Britanniques, le coquelicot est le symbole de cette première abomination du XXe siècle. Les petites fleurs rouges oranges en papier fleurissent en permanence dans les vitrines d’Ypres comme à travers tout l’ancien Empire britannique. In Flanders Fields, un poème écrit par un lieutenant colonel, médecin militaire canadien, John McCrae, en est à l’origine.

    Pour lire ce poème (en Anglais) cliquez sur de lien

    Le coquelicot, symbole du renouveau

    John McCrae a été frappé par le fait que les coquelicots poussaient spontanément entre les rangées de sépultures. Des tombes sommaires, marquées d’une simple croix, à même le champ de bataille. Ecrit au début du mois de mai 1915, ce poème fut publié dans un journal londonien le 8 décembre 1915.

    Pour germer, la graine du coquelicot a surtout besoin d’une terre remuée et calcaire. Les terres dévastées par les obus lui ont convenu à merveille. Elle est par ailleurs très résistante au point de rester enfouie de longues années durant. Certains vont même jusqu’à dire qu’elle peut germer quatre-vingts après.

     

     

    Le coquelicot, symbole du renouveau

     

    Ce mardi, mon beau coquelicot, auquel je serais bien incapable de donner un âge,  avait, quant à lui, perdu de sa fraîcheur. Du rouge orange, ses sépales et pétales étaient passées, en l’espace de quarante huit heures, au rouge sang séché coagulé. Le vent froid et violent qui a soufflé ces dernières heures a peut-être eu raison de sa résistance. Il était, à cet endroit, très exposé. Tel un brave sorti de sa tranchée. Ailleurs, ici et là dans le hameau, plus à l’abri, la fleur de la paix recouvrée continue à symboliser l’espoir du renouveau.

    De quoi demain sera fait ? Dès les premiers jours du confinement le qualificatif de héros a fleuri spontanément. Pour saluer les hommes et les femmes du front, chargées de soigner le nombre de victimes allant grandissant et celles et ceux qui ont permis au pays de rester debout. J’ai apprécié l’autre soir ce toubib venu dire que tout en étant honoré il ne se définissait pas en héros. Je résume sa pensée : « On a simplement fait le job, mais dans des conditions extrêmes. Point barre !  Mais, dans ce pays qui a tant de mal à agir comme un seul homme, on est prompt à se donner des héros. Par procuration.

    Ce petit coquelicot s’apprêtant à retourner à la terre après avoir lutté contre les éléments contraires, m’a fait penser à une autre phrase de Camus : « J’ai toujours pensé que si l’homme qui espérait dans la condition humaine était un fou, celui qui désespérait des événements était un lâche. »

    Ne désespérons pas ! Comme du temps des tranchées, soyons au coude à coude, même avec ce compagnon d’armes qui ne vous apprécie guère ou qui ne vous inspire à vous-même que peu d’empathie !

    Pour conclure, un petit rappel. Jusqu’à voici peu, le Bleuet de France que l’on arbore à la boutonnière les 8 mai et 11 novembre était fabriqué en Chine. C’est sous la Présidence de François Hollande, en 2014, qu’il a été décidé de rapatrier ce symbole de la mémoire combattante. Il est désormais confectionné dans les établissements réservés aux personnes en situation de handicap. Que n’a-t-on alors pensé aux masques ?

     Mais là, j’ai conscience que je souffle sur les braises brûlantes d’une polémique qui prend, trop souvent, un caractère indigne. Il serait temps que la raison colore le débat, débat qui n'agite pas seulement notre pays. Point n'est besoin de s'auto-flageller plus que de raison.

    En ce début de déconfinement progressif je veux croire encore que ce petit coquelicot aura été porteur d'un espoir de renouveau. A nous tous de faire en sorte qu'il en soit ainsi. Peut-être suis-je fou d'espérer dans la condition humaine.

     

                                                                                                                Claude Tarin

                                                                                                       Mardi 12 mai 2020

     

    Le coquelicot, symbole du renouveau

    Le coquelicot, symbole du renouveau


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  •  Lundi 11 mai 2020, premier jour de déconfinement, après cinquante six jours de mise à l’épreuve. Le gag : avec la complicité du dieu Eole, Saint Mamert s’est rappelé à notre bon souvenir. Il y aura un après coronavirus, mais la tradition fait de la résistance. Le Covid 19 aussi. Sortez couvert !

    Mais ce lundi, un temps à ne pas mettre le nez dehors. Un temps à nous faire apprécier les bienfaits du calfeutrage. Finalement, les conditions idéales pour tirer, bien au chaud, un premier bilan de cette longue période d’enfermement. Et à défaut d’avoir la possibilité de vous faire tester ce jour pour savoir si le méchant virus ne s’est pas subrepticement invité chez vous, prenez donc le temps de répondre à celui que vous propose Claudie. C’est fiable à cent pour cent. Diagnostic sûr assuré. Vous allez savoir quel genre de confiné vous êtes.

    Merci à Yvon Dufour de nous avoir rappelé les propos que Fred Vargas a tenus, voilà quatorze ans, dans le cadre de l’émission Salut les Terriens de Thierry Ardisson, sur Canal +.  Cette  romancière qui s’est rendue célèbre par un premier polar  (Pars vite et reviens tard) où il était question de la peste, se disait alors convaincue d’un risque d’une épidémie majeure. Fred Vargas avait conçu une cape qui faisait beaucoup ricaner, mais qui, aujourd’hui, ne peut que nous faire  rire jaune sous nos masques de fortune. Cette vidéo peut être consultée sur Youtube. Elle pourrait s’intituler « C’est reparti, mais ça revient trop tard ».

     Une fois au clair avec vous-même  pour ce qui est de votre statut de confiné, empressez-vous, si vous ne l’avez pas encore vue, de visionner cette vidéo !

    Et puis, rien ne vous empêchera pas ce soir de faire également preuve d’imagination pour fêter,  quand même, ce premier dîner du déconfinement, comme nous y invite Anne-Sophie Pommeré. Ce 11 mai, c’est le soixantième anniversaire du lancement du paquebot France, à Saint-Nazaire. Il n'est peut-être pas trop tard pour mijoter un plat choisi sur le menu de ce navire. En tout cas, en ce temps là, le coronavirus n’était pas un passager clandestin de la croisière.

    Mais avant d’éplucher le menu que l’on proposait à la clientèle de ce navire prestigieux, remplissez la formalité!  Testez vous !

                                                                                                       Claude Tarin

                                                                                                   Lundi 11 mai 2020

     

    Test : quel genre de confiné êtes-vous ?

     

    Choisissez pour chaque thème la réponse qui vous correspond le mieux et notez à chaque fois la lettre qui suit la phrase réponse que vous avez choisie.

     

    Vous maintenez le contact avec le reste du monde :

    A) en passant des heures au téléphone avec vos amis pour vous lamenter devant la crise et les atermoiements des gouvernants. G

    B) en papotant quotidiennement sur le pas de la porte avec votre voisine. D

    C) en allant de maison en maison faire des petits coucous à vos amis. I

    D) en regardant en continu BFM TV. A

     

    Quand il a été question de masque :

    A) très peu pour moi, je ne vais pas porter ce truc idiot ! I

    B) vous vous en êtes procuré un aussitôt et vous dormez avec, on ne sait jamais. A

    C) Vous vous êtes précipité chez votre amie  experte en couture pour lui en demander un en vue du déconfinement. D

    D) Vous avez hurlé au scandale parce que la mairie n’en avait pas encore déposé un dans votre boite à lettres. G

     

    Pour les courses de “première nécessité” :

    A) Vous avez rempli, le matin du premier jour, un énorme cadi de conserves, pâtes et surgelés, que vous n’avez pas encore éclusés. A

    B) Vous allez tous les jours chercher un petit quelque chose, lundi le pain, mardi la viande, mercredi la presse… et ainsi de suite, car vous avez besoin de voir du monde. I

    C) Devenu entièrement locavore, vous faites vos courses directement à la ferme ou chez l’ostréiculteur tout en râlant de ne manger que des huîtres et des légumes depuis 8 semaines. G

    D) Vous allez une fois par semaine chercher le nécessaire muni d’un masque que vous n’utilisez d’ailleurs pas. D

     

    Pour les sorties :

    A) Vous qui n’aviez jamais couru, vous vous sentez obligé de faire un footing endiablé tous les matins. C’est bon pour votre ligne. D

    B) Vous ne bougez pas de chez vous, c’est trop dangereux. A

    C) À quoi bon marcher sur la route, les grèves sont interdites autant rester chez soi. G

    D) Vous avez tiré un tel stock d’attestations de déplacement que vous pouvez en utiliser quatre par jours pour vaquer à vos affaires. I

     

    Quand vous consultez les statistiques de l’épidémie,

    A) Vous vous dites “Ah ces Belges, qu’est-ce qu’ils sont pas doués”. I

    B) Heureusement que nous vivons en Bretagne, la région de France la plus disciplinée. D

    C) Les dirigeants et les scientifiques sont nuls, pas fichus d’arrêter ce microscopique virus. G

    D) C’est bientôt la fin du monde. A

     

    Ce que vous vous dites le plus souvent en pensant au confinement:

    A) Une crise terrible qui a fait des milliers de morts ; l’économie du pays ne va pas s’en remettre. A

    B) Des vacances inattendues, c’est le printemps, les oiseaux chantent. I

    C) Vous verrez c’est pas fini, y savent pas quoi inventer, des virus comme ça, ils vont nous en sortir tous les jours. G

    D) Une période étrange, propice au retour sur soi et où le temps a pour ainsi dire cessé d’avancer. D

     

    Ensuite, regardez les lettres que vous avez notées au fur et à mesure.

     

    xxx

     

    Vous avez un maximum de A : vous êtes un confiné angoissé C’est reparti, en coup de vent ! L’épidémie vous a déstabilisé et a réveillé en vous des angoisses existentielles. C’est bien naturel. Rassurez-vous, le retour progressif à la normale vous aidera à revenir à un quotidien plus apaisant. Et en attendant, regardez la mer plutôt que de lire le journal.

     

    Vous avez un maximum de I : vous êtes un confiné inconscient C’est reparti, en coup de vent ! Vous n‘êtes pas de tempérament inquiet et ça vous simplifie la vie. Attention toutefois à ne pas pêcher par excès de confiance. Ce n’est pas parce que vous êtes optimiste de nature qu’il faut faire n’importe quoi tout le temps. Gardez votre insouciance, mais réfléchissez aussi un peu, des fois.

     

    Vous avez un maximum de G : vous êtes un confiné grognon  C’est reparti, en coup de vent !  La crise a réveillé le râleur qui sommeillait en vous. Déjà que vous trouviez que tout était mieux avant… Mais maintenant c’est clair : tout va de mal en pis, on ne songe qu’à nous empêcher de vivre et personne ne fait ce qu’il faut. Sauf vous bien sûr. Un peu de distanciation et d’humilité vous ferait peut-être du bien. Ecoutez plutôt de la musique et regardez donc comme Kermouster est fleuri.

     

    Vous avez un maximum de D : vous êtes un confiné détendu C’est reparti, en coup de vent !  Les contraintes du moment n’ont pas vraiment modifié votre existence. Vous avez su garder votre bonne humeur tout en ayant mesuré la gravité du moment. Mais restez conscient que l’équilibre est fragile et prenez garde à ne pas basculer dans le vide, à marcher ainsi sur la ligne de crête. Restez donc prudent.

     

    Vous avez autant de A, de I, de G, de D : vous êtes un confiné incohérent C’est reparti, en coup de vent !  Tantôt inquiet, tantôt râleur, tantôt irréfléchi, tantôt décomplexé… En somme vous êtes profondément humain et vous changez d’avis souvent. Mais, finalement, ne sommes-nous pas tous ainsi ?

     

                                                                                                           Claudie Missenard

     

    Haïku dans le vent

     

    D’évidence, Claudie ne vit pas ce confinement dans la torpeur. Je suis prêt à parier qu’elle est du genre confinée détendue. Ne serait-ce que par cette capacité qu’elle a désormais de nous « poser quelques problèmes », tout en prenant plaisir, pour elle-même, de versifier. Avec, en ce 56e jour de confinement ou 1er jour de déconfinement, un haïku dans le vent.

     

    Vent de liberté
    Couleurs délicates du soir
    Message d’espoir

     

    C’est reparti, en coup de vent !

                                                                   (Photo Catherine Gaillemain)

     

     Bon appétit !

     

    C’est reparti, en coup de vent !

     

    Dans ses archives Anne-Sophie Pommeré a conservé un menu du France que son père avait trouvé « dans un fossé, à Bois d’Arcy, dans sa première pépinière » précise-t-elle. Ce menu ne date donc pas de 1960, mais,  ajoute Anne-Sophie « J’aime beaucoup le texte de Charles Baudelaire qui l’accompagne. »

    Nous aussi, mais on aimerait pouvoir tester les plats que le maître queux d'alors avait concoctés pour fêter le 14 juillet 1974. Pour la petite histoire, rappelons que trois mois plus tard, le navire amiral de la flotte française allait s'amarrer pour de longues années au "Quai de l'oubli" au Havre. A l'heure de la grande crise pétrolière, trop gourmand en carburant, trop faiblement concurrentiel avec l'avion. C'est Giscard d'Estaing, alors Président de la République, qui prendra la décision de mettre fin à sa carrière sous pavillon français.

     

    C’est reparti, en coup de vent !

     

    C’est reparti, en coup de vent !

    C’est reparti, en coup de vent !

     


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