• Nous venons tout juste de fêter les dix ans de Fanette et il nous faut, ce jour, déplorer la mort de son cousin Clafouty, ce cocker rouan de race anglaise maniant aussi bien la langue d’oil que la langue d’oc, avec, qui plus est, des jappements bretonnants. Clafouty vient de rejoindre le Paradis des chiens, dont Kermouster est, sans nul doute, l’antichambre. Il y a retrouvé son comparse Izno et tous ces autres chiens et chiennes qui ont marqué, ces dernières décennies, la vie du hameau. Nous ne le verrons plus déambuler, sagement, dans les pas de ses maîtres.

    Clafouty n’avait plus l’âge de courir le guilledou, mais lui aussi aura aimé gambader dans les rues et les chemins du hameau, levant une patte arrière à bon escient, pour marquer son territoire. Mais il en va des chiens comme pour nous, tout l’art de vivre est dans le partage du territoire. Clafouty avait l’esprit partageur.

    Parfois on les attache, parfois on laisse tomber la laisse, mais on s’y attache à ces quadrupèdes lesquels, dit-on, sont, pour nous bipèdes, nos meilleurs amis. Quand on a fait le choix de vivre sans, le chien des autres peut renforcer le goût des autres. Il y a du transfert dans l’air. Le chien est un média.

    Que les chats n’en prennent pas ombrage. Eux aussi ajoutent de la coloration dans la vie de tous les jours. Mais leur caractère félin les rend rétifs à la laisse. Marcher au pas n’est pas non plus dans leur nature. Tout est dans les gènes !

    Il faisait chaud, en ce début d’après midi. Peut-être fallait-il avoir l’inconscience de l’homo sapiens pour s’en aller, à cette heure, se dégourdir les jambes. Rue Saint-Maudez, Prat Maréchal, rue de l’école, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, histoire de remonter le temps. Pas un chat dans la rue. Pas le moindre aboiement à notre passage. Pas âme qui vive !

    « Regarde ton chien dans les yeux et tu ne pourras pas affirmer qu’il n’a pas d’âme ». Si c’est Victor Hugo qui le dit, faisons nôtre cet aphorisme! Du moins, réfléchissons-y !

     

                                                                                                                     Claude Tarin

                                                                                                            Mercredi 20 mai 2020

     

    Haïku tristounet

     

    Pelouse  verte

    Pâquerettes larme à l’oeil-

    Glapissements

     

    Un Paradis entre chiens et chats


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  • A défaut de partager mes points de vue, il se peut, quand même, que vous éprouviez une toute aussi forte attirance pour le chiffre 7.

    Alors que ce mardi 19 mai nous avons bouclé (à midi pile) notre soixante troisième journée, donc notre neuvième semaine de sept jours, d’observance liée au Covid 19, c’est à cette attraction qu’exerce sur moi  ce chiffre et les nombres se terminant par 7 que j’ai pensé devoir consacrer la  chronique de ce jour. J’en donnerai cependant la raison profonde au moment de conclure.

    La déontologie d’un chroniqueur digne de ce nom c’est d’accoucher des mots sans masquer ses convictions. Il lui faut jouer cartes sur table. Quitte même à dévoiler, sans le moindre narcissisme, quelques aspects de sa nature intime. Assuré que je suis de ne pas être le seul au monde a avoir ce penchant pour le chiffre 7, je sais d’avance ne pas me couvrir de ridicule.

     

    7 à l'atout

     

    Je me souviens avoir lu, il y a quelque temps de cela, un article faisant référence à un sondage effectué par des universitaires de Newcastle. Sur la base de 10000 participants, leurs travaux avaient débouché sur le résultat suivant : sur les six chiffres qui revenaient le plus, le 7, le 4, le 9, le 3, le 8 et le 13, c’est le 7 qui était considéré majoritairement comme chiffre porte-bonheur.

    Je doute fort que le mardi 17 mars 2020, premier jour de confinement, aura cette connotation heureuse, quand cette date s’inscrira dans les livres d’histoire, mais j’y vois comme une confirmation, selon laquelle le 7 et tous les nombres se terminant par ce chiffre ont un « pouvoir déterminant ». Il leur arrive même d'avoir force d'atout.

    A la base de cette expérience un écrit datant de 1956, d’un psychologue de l’Université de Harvard, George A.Miller, écrit selon lequel le nombre d’objets qu’un humain peut contenir dans la mémoire à court terme s’élève en moyenne à 7.

    Le 7 n’est peut-être pas votre chiffre fétiche. Si c’est le cas, c’est que vous avez réussi à vous extraire du confinement culturel originel. Même élevé dans un milieu indifférent aux préceptes religieux, il vous aura quand même fallu admettre que la semaine comptait sept jours.

    Pour ce qui me concerne, à l’âge de 7 ans, l’âge de raison, je baignais encore dans la certitude que c’est Dieu qui avait créé le monde en sept jours. Et je craignais certainement de céder au pêché. A tous les sept pêchés capitaux peut-être pas, mais très certainement à l’envie, la colère, la paresse et surtout la gourmandise.

    C’était l’époque où il n’était pas rare de s’entendre dire qu’on se devait de retourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Là encore, emprise de la religion sur les esprits puisque l’on attribue ce proverbe de l’Ancien Testament à Salomon.

     

    7 à l'atout

     

    Tout aurait pu changer au sortir de l’adolescence, mais des lectures païennes de mes jeunes années n’ont fait que de me conforter dans ce qui s’apparente à une addiction au chiffre 7. Il y a d’abord eu Blanche neige et les 7 nains.. Mais surtout Tintin. Certes, avec ce fantastique Les  7 boules de cristal, mais surtout parce qu’avec ce  petit reporter j’avais la garantie d’éprouver du plaisir à suivre ses aventures jusqu’à mes 77 ans. Je m’en approche et le plaisir perdure encore.

     Je n’oublie pas les bottes de sept lieues, ni que le Petit Poucet avait sept ans quand lui et ses frères ont rencontré les sept filles de l’ogre. Je n’oublie pas non plus ces parties interminables du Jeu des 7 familles et cette joie qui était la mienne quand à la belote ou à la coinche je pouvais conclure gagnant par un sept à l’atout.

    Je ne doute pas que c’est cette même attirance pour ce chiffre qui a fait penser à John Sturges qu’il lui fallait mettre en selle sept mercenaires. Un film culte de ma jeunesse. Atout coeur!

     

    L’Article 117

    7 à l'atout

     

    Mais si j’en suis venu à évoquer cet attrait pour le chiffre 7 et ses coreligionnaires, c’est parce que depuis mon entrée dans la vie d’adulte,  il y en a un qui n’a de cesse de tournicoter dans ma tête. Ce chiffre c’est le 117. De fait, un numéro, désignant un acte inscrit dans le Traité, signé le 25 mars 1957 à Rome, portant sur la création de la Communauté Economique Européenne. Ce jour là, l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas jetaient les bases de ce qui est aujourd’hui l’Union européenne.

    Une Union européenne fortement secouée par le tsunami du Covid 19 ( je n’arrive pas à féminiser son nom). A un point tel qu’au-delà de l’urgence sanitaire, c’est la nécessité de sauver l’édifice tout entier qui se fait cruellement sentir. Nous sommes tous sur le même bateau.

    L’accord que l’Allemagne et la France viennent de conclure, s’ajoutant aux interventions de la Banque Centrale Européenne pour amortir l’impact économique et social de la pandémie, en est la toute dernière manifestation. On ne peut que se réjouir d’une telle prise de conscience, même si, à bien des égards, elle n’a que trop tardé.  Mais le plus dur reste à faire : obtenir l’accord unanime des 27, la Grande Bretagne ayant mis sac à terre.

    Depuis hier ce sont 500 milliards d’Euros qui sont venus s’ajouter au pot commun, avec en perspective une stratégie industrielle plus autocentrée sur l’Europe elle-même. Derrière cela, je ne veux pas douter de l’intention d’éviter une casse sociale qui la ferait voler en éclat. Mais je caresse l’espoir, car je n’ai jamais eu de cesse de le caresser, que l’on saura redonner à ce fameux article 117 son entière consistance.

    Que dit  cet article 117 du Traité de Rome de 1957 :

    « Les États membres conviennent de la nécessité de promouvoir l'amélioration des conditions de vie et de travail de la main-d'oeuvre permettant leur égalisation dans le progrès. Ils estiment qu'une telle évolution résultera tant du fonctionnement du marché commun, qui favorisera l'harmonisation des systèmes sociaux, que des procédures prévues par le présent traité et du rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives. »

    Saura-t-on aboutir, sans tarder, à une  harmonisation sociale par le haut comme le laissait entendre cet article 117 ? La logique du marché, qui a depuis lors prévalu et qui s’est renforcée au fil de l’élargissement, n’a pas réussi à créer le ruissellement qui aurait favorisé l’aboutissement de ce processus. Il aura fallu un petit virus pour que l’Europe s’agenouille. Il faut qu’elle se redresse, mais en prenant cette fois appui sur ses deux jambes : l’économique et le social.

    Une Europe bleue et verte rassérénée ne pourrait que renforcer l’espoir de voir la Terre, la septième planète découverte par le Petit Prince , tourner un peu plus rond.

     

                                                                                                           Claude Tarin

                                                                                                    Mardi 19 mai 2020

     

    Combien de tables dans le restaurant ?

     

    Le chiffre 7 dont il vient d’être question n’a pas sa place dans cette nouvelle énigme mathématique que nous propose de résoudre Claudie. Tout au plus doit on y voir, la preuve par neuf,  qu’elle a l’art de nous contraindre à nous surpasser. Petit conseil dont j’ai ouï dire : un problème mathématique ne se résout qu’avec une feuille de papier et un crayon dans la main.

    xxx

     

    Bastien et Christine sont heureux à l’idée de rouvrir leur petit restaurant. Leur ami Nico leur a donné des tables carrées et des chaises.

    S’ils utilisent chaque table carrée seule avec 4 chaises autour, il leur manque 6 chaises.

    S’ils groupent les tables carrées par deux pour faire une table rectangulaire avec 6 chaises autour, il a 4 chaises de trop.

    Combien de tables Nico a-t-il donné à Bastien et Christine ?

     

    A) 8                B) 10               C) 12               D) 14              E) 16

     


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  • Le Dieu de la météo nous avait gâté pour ce premier week-end de déconfinement prudent. Il est bien naturel que la balade sous toutes ses formes en ait tenté plus d’un. Vous connaissez mon goût pour la contemplation solitaire, les fesses posées dans mon kayak. Personnellement, j’avais choisi ce dimanche de remonter le Trieux en direction de Lézardrieux.

     Excellent choix qui permettait de se faire donner un petit coup de pouce par le courant à l’aller comme au retour, avec le vent dans le dos à l’aller et un peu plus d’effort une fois les muscles échauffés pour rentrer au bercail. Les rives du Trieux offraient un tableau magnifique. Le vert tendre des jeunes feuilles vous faisait le cœur tout mou. Il se mélangeait avec le vert plus foncé des pins en un délicat camaïeu printanier.

    Il était émouvant et beau, ce Trieux qui garde ses rives largement protégées d’une urbanisation excessive. Hélas j’avais oublié un peu vite que je ne serai pas seule sur l’eau. Je ne prétends certes pas au monopole de la jouissance des eaux salées. Je suis heureuse de les partager ici avec les rameurs du club de notre ami Daniel ou là avec un vieux gréement qui piaffe à l’idée de retrouver le courant du Ferlas. J‘aime aussi la compagnie d’un grand père paisible qui emmène, sur son canot, ses petits enfants respirer un air de liberté, bien sanglés dans leurs gilets orange. Mais j’avais oublié tous les autres. Toutes ces vedettes rutilantes avec leur énorme moteur rempli de toute une écurie de chevaux fougueux, et qui sifflent leur gas-oil comme moi le petit blanc du soir. Une véritable ruée.

     Rendue sans doute hypersensible par les semaines de calme confiné, je n’ai pas tardé à avoir les tympans vrillés par le bruit des moteurs. Il en sortait de partout, dans le sens de la montée comme de la descente. Ils frôlaient sans le moindre égard mon frêle esquif, me faisaient danser et valser à plaisir, sans même m’adresser un petit salut de la main.

     Certes, après ces semaines de contrainte, pas une seconde à perdre. Sous l’eau les poissons attendent. Ils ont profité de ces semaines de tranquillité pour se reproduire comme des lapins. On comprend l’impatience à retrouver son activité préférée, qu’elle soit pêche ou promenade. Mais l’urgence est-elle telle qu’au mépris de la limite affichée des 5 nœuds, ils aient été si nombreux à prendre aujourd’hui le Trieux pour un champ de courses ? Pourquoi si vite ? Pressés de partir, pressés de rentrer, pressés d’aller plus vite que celui d’à côté. Mais qu’ont-ils donc à être si pressés ? On dirait des molécules de gaz s’échappant à toute vitesse d’une cocotte minute au clapet enfin ouvert.

    J’avoue que c’est pour moi un grand mystère que le bonheur puisse se trouver à aller sur l’eau le plus vite possible en faisant le plus de bruit et le plus de remous possibles. Cela me semble tellement contradictoire avec la sérénité que dégage le paysage maritime.

     J’avais espéré que le confinement nous aurait un peu appris à apprécier le calme et la lenteur. C’était faire preuve d’un bien grand optimisme

     

                                                                                                                                    Claudie Missenard

                                                                                                                           Lundi 18 mai 2020


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  • Un dimanche au bord de l’eau

     

    C’était prévisible. Les quatre roues moteurs ont été nombreuses, ce dimanche, à circuler dans le hameau. Ce n’était pas un raz de marée, mais il y avait de la décompression dans l’air.

    Un jour à entonner cette chanson qui date de 1936, Quand on se promène au bord de l’eau.  Chanson que Jean Gabin, dans le film La belle équipe, a rendue célèbre. 1936, le Front Populaire, l’instauration des  congés payés.

    Décompression, ai-je dit. Evoquer 1936, c’est évidemment penser au travail. Et qui dit travail ne pouvait, en cette fin d’après-midi,  que jeter une ombre sur cette journée un peu particulière. Marquée par la présence d’une « petite reine » de années d’après guerre.

    Comme il aura fait bon dans les années 1950 de pouvoir acquérir une « quatre pattes » pour profiter de ces congés payés obtenus de longue lutte avant la Seconde guerre mondiale. La 4 CV Renault, symbole d’une liberté et d’une joie de vivre après cinq ans de conflit.

     

    Un dimanche au bord de l’eau

     

    Dès demain, il sera temps de penser à l’après, en cultivant l’espoir de recouvrer une entière liberté de mouvement et une réelle joie de vivre.

     Le matin de ce dimanche, à 680 kilomètres de là, devant un monument de La-Ville-aux-Bois-les-Dizy petite commune de l’Aisne, le Président de la République a évoqué l’esprit de résistance des Français, s’appuyant sur la contre-offensive  menée en mai 1940 dans ce secteur, contre-offensive au cours de laquelle se sera illustré un certain Charles De Gaulle, alors colonel. Le message était on de peut plus clair. Mais demain sera un autre jour.

     

    Un dimanche au bord de l’eau

     

    La bise fraîche de Nordet aura découragé bien des velléités. Il fallait être courageux pour tremper le bout de ses orteils. Quand le vent souffle ainsi, il n’est pas facile non plus de pouvoir trouver aux abords de l’île à Bois un coin abrité. Mais le soleil étant là oui, vraiment, il aura fait bon se promener au bord de l’eau.

    Un premier week-end de déconfinement. Un 17 mai à marquer d’une pierre blanche, puisque Fanette fêtait ce jour là son dixième anniversaire. Le soleil n’en fût que plus radieux.

     

                                                                                                          Claude Tarin

                                                                                                  Dimanche 17 mai 2020


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    Bien être partagé   

     

    Ce samedi, premier week-end dit du déconfinement, il convenait d’aller, par simple curiosité, prendre la température du côté de l’Île à Bois, à l’heure de la marée haute. C’est à ce moment là que les grèves se font les plus désirables.

    Le soleil étant de la partie, il y avait fort à parier que nous ne serions plus seuls à partager le plaisir d’être là. Et de fait, ces instants de bien être nous les avons partagés avec des visages inconnus, sans masque, mais à bonne distanciation. Mais, point trop de monde.

    Sur le parking, quelques voitures, sans plus. Son premier camping car, venu simplement repérer l’endroit quelques minutes durant.

    Un temps peut-être un peu trop frais pour ne pas se risquer à braver l’interdit de la serviette de plage, mais un temps à hisser la voile sur le dériveur et à tremper les pales des pagaies.

    Sur le lit du Trieux, des coques blanches et le bruit des moteurs. Le prix à payer pour s’offrir une première évasion.

    Un peu en retrait, le manège du centre équestre a retrouvé ses cavaliers et cavalières. Les poneys prennent plaisir, tantôt piaffant, tantôt galopant, à se donner belle allure.

     

    Bien être partagé   

    Bien être partagé   

     

    Bien être partagé   

     

     

    Bien être partagé   

     

     

    Haïku déconfiné

     

    Rose fuchsia

     Carpobrotus edulis-

    Sorcières bien aimées

     

    Bien être partagé   

     


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