• La plage de tous les silences

     

    Des hirondelles qui virevoltent dans une tiède chaleur ; des tourterelles  qui font leurs gammes, à force de roucoulades sur les fils électriques ; un coq de clocher, contraint au silence mais bec plein ouest ; des grives, des mésanges  qui disputent aux troglodytes mignons le droit de se faire entendre. Il a fait bon s’en aller humer l’air de la mer, ce mercredi, en tout début d’après-midi,  sur la digue de l’île à Bois.

    Seuls sur l’estran nord, trois couples de tadornes de Belon se partageaient, à mi-marée; aucun sifflement; pas le moindre cancanement. Tout simplement au diapason du silence de la mer. Aucun bruit de moteur de barges ostréicoles sur cette mer d’huile. Côté sud, une barrière gisant à même la cale. Plage déserte comme il se doit. Mais pour combien de temps encore ?

     

    Où en sont les affaires de la commune ?

     

    Au risque de faire du bruit dans le Landerneau, au-delà de mon intention première - je le précise d’emblée - c’est un autre silence qui enveloppe mes pensées du jour. Celui de la vie communale. Il est vrai que le hameau est éloigné du centre bourg, qu’il nous faut un motif sérieux pour franchir la distance, mais où en sont les affaires de la commune ?

    Le 11 mai, « il faudra rester prudent » fait savoir Marcel Turuban, en conclusion d’un article de La Presse d’Armor, parue ce jour, rappelant sa carrière de sous-marinier. S’il y a des gens qui sont effectivement bien placés pour parler de la chose, ce sont ces hommes et ces femmes qui restent plusieurs dizaines de jours, immergés dans le silence de la mer, pour défendre la sécurité du pays. Au passage, signalons l’article que l’hebdomadaire consacre à Elisabeth Rougié dont nous avons tous, ici, déjà pu bénéficier de sa passion pour la couture.  

    Quelques jours plus tôt, le maire, par le biais de la presse quotidienne, nous appelait à continuer à faire des efforts. Réouverture de l’agence postale, maintien du marché hebdomadaire, la vie a repris son cours, mais elle flotte toujours dans l’incertitude, puisque le nouveau conseil municipal, sorti des urnes le 15 mars, n’a pu se dérouler. Pour cause de Covid19, mais aussi en raison d’un recours déposé par le maire, peu enclin à céder son fauteuil à son vainqueur Henri Paranthoën.

    Je me doute bien des raisons qui ont amené à cela, mais je ne puis cacher mon étonnement suite à la photo qui a été publiée au lendemain de la cérémonie du Souvenir aux victimes de la déportation, le dimanche 26 avril, devant le monument aux morts. Quelles que soient les arguties qui pourront m’être avancées, je regrette qu’à cette occasion les deux hommes n’aient pas pu être côte à côte, distanciation sociale bien comprise.

    C’eut été l’occasion de montrer qu’au-delà des questions d’amour propre et de compréhensible déception, le symbole du Souvenir était gage de l’intérêt général. Car, quelle que soit la décision que prendra le tribunal administratif concernant les suites à donner à ce recours, les deux hommes seront appelés à cohabiter dans le même conseil municipal. Ils pouvaient, ce jour là, effectuer un premier pas, l’un vers l’autre.

    On porte sa voix pour un candidat et ses colistiers parce qu’on pense qu’il sera, avec cette équipe, le mieux à même de conduire les affaires. Mais, à l’échelon d’une si petite commune, on ne peut que souhaiter une cohabitation constructive, l’opposition de la campagne devenant une force de propositions, d’enrichissement collectif.

     

    Un forum de discussion sur le site de la Mairie ?

     

    Dans les circonstances que nous traversons, tout en ne minimisant pas les difficultés engendrées par la pandémie, il aurait été bon que les deux équipes puissent se concerter – tout me laisse à penser que ce n’est pas le cas – pour préparer cette sortie du confinement. Que ce soit pour établir le meilleur diagnostic pour nos anciens de l’Ehpad, comme pour l’éventuelle réouverture du groupe scolaire. En s’appuyant eux-mêmes sur l’avis du corps enseignant et des parents d’élèves, un conseil citoyen naturel, bien au fait de la complexité du problème. Et bien entendu, à charge pour eux tous de tenir informer l’ensemble de la population.

    L’accès libre à la plage, ce n’est pas encore une priorité. Mais, avec les beaux jours, le dossier risque d’être chaud.

    Demain, il conviendra certainement de repenser l’outil informatique, pour rendre un peu plus interactif  le site de la mairie. Pourquoi ne pas lancer, un forum de discussion, en « saucissonnant » les thématiques,  sur ce qui va faire les priorités des jours qui viennent ? Il faut rompre ce silence assourdissant.

    Une joute électorale, ce n’est pas la guerre. Or, à la guerre, quand l’ennemi est en passe de vous submerger, l’union fait la force. Au-delà de ces deux personnalités, chaque liste est constituée d’hommes et de femmes de bonne volonté. Inutile de rappeler à Marcel Turuban et Henri Parenthoën, deux hommes bien au fait de la navigation, que nous sommes tous sur le même bateau.

    Alors que l’on applaudit les infirmières, les aides-soignantes, que l’on se réjouit de l’élan de solidarité qui suinte de toutes parts,  il serait bon de voir, qu’à défaut de pouvoir se serrer la main,  toutes celles et ceux qui se présentaient à nos suffrages font cause commune. Jusque la fin du confinement et, finalement, pour les années qui suivent. Quand on se sent utile, on ne cède pas au découragement.

    Dans l’immédiat, dès demain matin, vous pouvez trouver le moyen d’encourager ces autres soldats du front qui viennent, quelle que soit la nature de leur bulletin de vote,  nous délester de nos déchets, alors que nous sommes bien souvent encore blottis au fond des draps.

     

     

                                                                                                           Claude Tarin

                                                                                               Mercredi 29 avril 2020

     

     

    On vous le dit avec des fleurs

     

    La plage de tous les silences

     

    Osteospermum

    Pétales d’érigerons-

    Tout est silence

    -

    La plage de tous les silences


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  • Ce mardi, je constate que vous ne vous êtes pas tous, loin s’en faut, précipités sur vos calculettes pour valider ou infirmer le résultat du problème abracadabrantesque que j’ai posé dans une précédente chronique (A défaut de pouvoir partir en goguette). Si cela vous a échappé, je résume.

     Il s’agissait de savoir à combien de géniteurs potentiels je devais d’être ce que je suis, à compter du début de notre ère, c’est-à-dire depuis ces vingt derniers siècles. Le correctif que je redoutais, celui de l’expertise de Claudie Missenard,  m’est arrivé, sans que j’en sois totalement surpris. Il m’a, plusieurs heures durant, fait rougir de honte. Tous calculs faits, je dénombrais 151 115 710 674 612 646 838 272 géniteurs, hommes femmes confondus. Ceux de Claudie portaient la barre, dans un premier temps, à 1 208 923 839 289 302 942 150 756, puis après vérification à 1 208 925 819 614 629 174 706 176. 

    Je vous épargne la relecture de ces chiffres impossibles à énumérer.  Là où, en arrondissant, je totalisais 150 suivi de 21 zéros, Claudie portait le résultat à 1200, suivi également de 21 zéros. Bref ! Me voici avec plus d’un zéro pointé. J’ai donc dû vérifier et refaire, une à une, mes multiplications par deux. Mais, finalement,  pour en arriver au même différentiel à quelques unités prés. Il m’aura fallu une longue nuit de sommeil réparateur pour trouver la clef de ce mystère.

    Vous suivez ? Ne décrochez pas ! C’est on ne peut plus clair.

     

    Loi des grands nombres et consanguinité

     

    Dans mon calcul, je n’intégrais pas deux générations du XXe siècle. Pour la raison suivante : né au sortir de la Seconde Guerre mondiale, seules les étreintes de mes parents et de mes quatre grand parents devaient être prises en compte pour ce siècle. S’y ajoutait une troisième génération non comptabilisée. Or, dans ses calculs, Claudie a pris, quant à elle, la totalité des vingt siècles, soit 4 x 20 générations. Ouf ! Je pouvais retrouver des couleurs moins sanguines.

    Autre réaction qui m’a fait douter également de la justesse de mon raisonnement, celle de Michel Méar.  Selon lui, mes calculs ne prenaient pas en compte la consanguinité qui a longtemps  été incontournable. Mais le doute s’est vite dissipé pour la simple raison qu’il ne s’agissait pas pour moi de déterminer la nature même de mes lointains ancêtres, mais tout simplement les passages à l’acte à l’issue duquel on devient fœtus. Pour autant, il m’est impossible, tout comme vous, de prétendre avoir eu autant d’ancêtre

    On estime que 80 à 106 milliards d'être humains sont nés depuis l'origine de l'humanité. Il y a 500 000 ans, notre planète comptait moins d'un demi-million d'habitants. A la naissance de l'agriculture, environ 8 000 ans avant Jésus-Christ, la population mondiale se situait aux alentours de 5 millions. Au début de notre ère la fourchette allait de 40 millions à 89 millions. Cherchez l’erreur ?

    Comme le souligne Michel Méar  « la probabilité de retrouver plusieurs fois le même ancêtre dans les 4 ou 5 premières générations est assez rare, il n'en est pas de même dans les générations antérieures. »

    Bien évidemment il ne me serait pas indifférent de savoir si un ou une de ces ancêtres a un lien de parenté avec Clovis, Jeanne d’Arc, Louis XI ou le Roi Soleil. Avec Jésus-Christ, l’affaire semble entendue. Mais, et je pense que vous serez d’accord avec moi, vous qui avez fait l’effort de me suivre jusqu’ici, qu’il n’y a pas besoin d’avoir du sang bleu pour se prévaloir d’une noble lignée.

    Nombre de celles et ceux qui me lisent partagent ce tire de noblesse qui nous vaut d’ajouter à notre patronyme un « de Kermouster », assorti, qui plus est, d’un « de Lézardrieux ». Idem pour Michel qui lui relève désormais de la lignée « de Pleumeur-Gautier ».

     

    Le Grand Echiquier

     

    Mais c’est le commentaire apporté par mon fils aîné, qui m’offre l’opportunité  de souligner l’incongruité de nos querelles intestines telles qu’elles ne vont pas manquer de ressurgir après la présentation par Edouard Philippe, ce mardi après midi, du plan de sortie progressive du confinement à partir du 11 mai prochain si, comme l'a souligné avec force le Premier ministre « les indicateurs le permettent. »

    Erwan a, suite à cette chronique abracadabrantesque, fait le parallèle avec la légende de Sissa. N’étant pas connaisseur ni joueur d’échecs, je découvrais.

    Selon cette légende, Sissa, l’inventeur du jeu d’échecs, 3000 ans avant Jésus-Christ, aurait cherché à monnayer le prix de sa trouvaille auprès d’un roi des Indes, le roi Belkib. En son équivalent de grains de riz. Devant le roi, Sissa expliqua la méthode qu’il convenait de prendre pour parvenir à exhausser son souhait : un grain de riz, sur la première case, deux grains de riz dur la deuxième, quatre sur la troisième, huit sur la suivante, etc. Le roi Belkib y vit là une aubaine pour obtenir des droits à pas cher, puisque le jeu d’échecs ne contient que 64 cases.

    Hélas, pour lui, il lui faudra déchanter car sur la 64e case le nombre de grains de riz était sans commune mesure avec les possibilités du royaume. Et pour cause cela représentait plus de 9 milliards de grains, ce qui, rapporté à l’ensemble des cases de l’échiquier, portait ce nombre à plus de 18 milliards de grains. Chaque grain de riz pesant environ 0,04 g, ce sont pas moins de 720 000 millions de tonnes qu’il aurait fallu verser sur l’échiquier.

     

    Le Grand Echiquier

     

    La production mondiale de riz tournant, bon an mal an,  autour des 500 millions de tonnes, il faudrait près de mille quatre cents ans de production pour honorer, comme il se doit, le sage Sissa.

    Mais comment dès lors ne pas revenir à cette problématique du moment qui dépasse nos atermoiements nationaux

    Sur le grand échiquier des échanges internationaux, le riz est une matière de première nécessité pour de nombreux pays, à commencer par l’Afrique. Or, et c’est là une des conséquences de la pandémie, les tensions se font de plus en plus vives sur ce segment de marché. Les pays asiatiques, dont la Chine, sont les principaux producteurs de riz. Les pays africains craignent que dans les semaines et dans les mois à venir de ne plus pouvoir s’approvisionner, leur pouvoir d’achat étant une victime collatérale du coronavirus.

    Certes notre priorité du jour consiste à se préoccuper de notre propre sort. Il convient d’avancer nos propres pions sur le grand échiquier. Du discours du Premier ministre, je retiens cette image d’une ligne de crête sur laquelle il nous faut avancer pour ne pas tomber, soit dans une crise sanitaire aggravée, soit dans une dépression économique incommensurable.

    Pour trouver le point d’équilibre, et qui sait retrouver la confiance, il en appelle au civisme de tous, c’est-à-dire à notre propre responsabilité. Tout manquement aux règles des gestes barrières pourraient avoir de terribles conséquences. Nous savons déjà que sur la mosaïque humaine le virus peut, telle multiplication des grains de riz,  avoir des conséquences désastreuses. Sa puissance est exponentielle. Et cela concerne plusieurs milliards de personnes. Nous, nous ne sommes que 66 millions.

    Donc vigilance de tous les instants sur ce chemin de crête, qu’il nous faut suivre impérativement. Mais en n’oubliant jamais que nous ne sommes pas le seul pays dans la tourmente. Nous faisons encore partie de ceux qui sont les mieux lotis. Nous pouvons  encore facilement nous procurer notre paquet de riz hebdomadaire.

    Rendons fiers nos ancêtres, même si certains n'honorent pas la lignée ! Ayons la noblesse du cœur !

     

                                                                                                                              Claude Tarin

                                                                                                                Mardi 28 avril 2020

     

     

    Haïku du 43 «  jour

     

    Le Grand Echiquier

     

    Grive apeurée

    Au pied de son arbre-

    Retour du soleil

     

    Le Grand Echiquier

    Le Grand Echiquier


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  • Le hasard leur a fait jeter l’ancre à l’abri de l’île à Bois. Les soubresauts de la vie les ont poussé à quitter plus vite que prévu ce mouillage. Quoi qu’il advienne désormais, Kermouster restera pour Christopher et Petra Widmoser un port d’attache. Ils y ont gravé des souvenirs et donné vie à une composition musicale qui prend sa source ici même. Nous pouvons nous même nous y ressourcer, à travers un compact disc tout fraîchement sorti de la presse : Liquid Gold. Nul besoin d’être un familier de la langue de Shakespeare pour comprendre l’importance qu’aura eu la mer dans cette réalisation. Christopher et Petra. Unis dans la quête du soi par la maîtrise du son. Il compose, elle chante.

     

    Les rochers chantants de Christopher et Petra

     

    Christopher, Wid pour les amis, a derrière lui un long cheminement musical. Son oreille de guitariste en herbe  s’est éveillée avec les tonalités des Beattles et de Miles Davis, pour ensuite s’approprier celles de Chet Baker et de Michael Franks.  Cette passion grandissante pour la musique, ce compositeur autrichien autodidacte l’aura ensuite formatée au sein d’un groupe réuni autour d’une organiste allemande Barbara Dennerlein, puis avec son propre groupe Dreaming Boy. La guitare, les guitares sont toujours là, à portée de la main, mais désormais c’est le synthétiseur qui lui ouvre la voie vers des sonorités nouvelles. Son credo : « comprendre la nature vibratoire de l’univers. »  

    Pour nous autres Kermoustériens, Wid demeurera la discrétion même. A l’heure du confinement, il n’est pas faux de penser que ce n’est pas une situation qui lui est insupportable. Accaparé par son désir de trouver le son juste, Wid se sera retranché des jours et des jours derrière des murs devenus studio d’enregistrement. Comme l’écrivain, le compositeur a besoin de sa tour d’ivoire. Nous n’aurons pu, à regret, que trop rarement partager son sourire et sa gentillesse.

     

    Les rochers chantants de Christopher et Petra

     

    C’est sur ce même registre de la courtoisie bienveillante que Petra aura quant à elle cheminé quotidiennement dans le hameau, tenant en laisse sa chienne Saphira, puis Maclou, le fils illégitime de Saphira et de Capi, le Don Juan du hameau.. Avec à chaque rencontre, l’envie de s’approprier les subtilités de notre langue. Naturopathe, Petra a trouvé à Kermouster un cadre tout en harmonie avec cette conviction que le soin du corps repose, au moins pour partie, sur des moyens naturels. La nature, cadre de vie, la nature, source d’inspiration. Il aura fallu attendre, autre regret, qu’elle ne soit plus là pour l’entendre chanter.

    Que dire de cette musique si ce n’est qu’elle a déjà, dans les circonstances que nous traversons, un indéniable intérêt : celui de nous porter vers un ailleurs. En nous-même. « Le moi se développe à travers la musique. Tout va bien lorsque nous sommes en harmonie avec notre intime. » souligne Wid. Et d’ajouter : « Un guitariste cherche souvent son propre son. Je l’ai longtemps cherché. Je l’ai trouvé à Kermouster. » Sur la pochette du CD on peut lire « Aux confins du continent, où le vent et les vagues se frottent aux rochers chantants. »

    C’est cette quête du vent et des vagues qui ont amené jusqu’ici Christopher et Petra. Ils ont cherché l’endroit idéal sur toute la côte nord de Bretagne et puis Kermouster s’est imposé. Le cadre, la maison, le silence. « Et puis les gens » s’empresse de souligner Wid à travers un mail : « dont nous garderons le souvenir. »

     La délicatesse n’est pas la moindre de leurs qualités. Cette composition musicale comporte d’ailleurs un morceau dédié à Isabelle Ménard, la directrice du groupe scolaire Paul Le Flem de Lézardrieux. C’est dans cette école que Tobias, leur fils, s’est, quant à lui, immergé dans un monde nouveau. Il s’y est fait des copains, des copines. « Il a aimé cette école. Elle lui manque beaucoup. » Gageons que Tobias gardera un souvenir indéfectible de cette période bretonne !

     

    Les rochers chantants de Christopher et Petra

     

    Les contraintes de la vie les ayant ramené vers leurs pays d’origine, la Bavière et l’Autriche, c’est au bord du lac Chiemsee que Christopher, Petra et Tobias vivent désormais. La commune autrichienne de Mondsee s’épanche sur ce lac. A défaut d’entendre chanter les rochers, pour eux demeure la présence de l’eau, ce liquide qui vaut de l’or.

    Mondsee est à une soixantaine de kilomètres de Salzburg, la ville qui a vu naître et grandir Mozart. Au contraire d’un Paul Le Flem, pour qui la mer aura été consubstantielle à son œuvre, Mozart n’aura pas eu à puiser dans le grand large pour développer son génie. La musique que nous propose Christopher Widmoser est, bien évidemment, celle d’un autre temps,  à des milles et de milles de ces deux univers musicaux, eux-mêmes très différents l’un de l’autre.

    Les compositeurs de ce nouveau siècle, par le canal du numérique, se sont ouverts de nouveaux espaces. Aucune comparaison possible. Mozart, Paul Le Flem, comme tant d’autres, sont des amers incontournables pour qui aime se laisser porter par la musique et découvrir de multiples horizons. Les musiciens de la génération de Christopher, sur des registres différents, en prise avec les réalités et les sonorités de leur temps, entendent créer de tels espaces de ressourcement.

    De tout temps, les compositeurs ont cherché à créer de la transcendance. Christopher, après avoir louvoyé, a mis le cap sur une musique en quête de spiritualité. Les vagues dont il parle ne sont pas celles d’une tempête furieuse. Elles viennent tranquillement se frotter à la roche. « Une musique pour l’âme. Pour guérir le cœur » dit-il. La démarche est limpide. Apaisante.   

     

                                                                                                      Claude Tarin

                                      Lundi 27 avril 2020

     

    Pour en savoir plus :

     

    www.wid-music.com

     

    www.spiritual-music.de

     

     

     

    Haiku sous contrôle

     

    Les rochers chantants de Christopher et Petra

     

    Sous surveillance

    Sérénité contrôlée

    La vie aujourd'hui.

     

    Les rochers chantants de Christopher et Petra


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  • Ce dimanche matin, devant le bol de café, un soudain accès de bonne humeur, gommant d’un seul coup l’inquiétude d’avoir à vivre un jour du seigneur un peut tristounet. A cause d’un aller retour maison boîte à lettres sous la grisaille. Un ressenti vite effacé dès la Une de mon quotidien. Par le sourire imprimé de François Morel, ce comédien que l’on peut considérer comme l’enfant naturel de Raymond Devos. Comme ce saltimbanque des mots, François Morel mène une quête de sens par les chemins de l’absurde et de la dérision.

    François Morel ! C’est une voix, quasi inimitable, qui nous rappelle, non sans nostalgie, la saga des Deschiens. C’est cette voix qui s’en vient, chaque vendredi matin, distiller sa dose d’humour, sur l’antenne de France Inter, juste un peu avant 9 h, pour nous aider à mettre du baume sur nos états d’âme.

    Je le confesse : depuis plusieurs semaines, pour ne pas dire de long mois, je manque ce rendez-vous. Bien avant la mise en place du confinement, je me suis mis aux abonnés absents. Sachant que j’avais désormais la possibilité de le réécouter à volonté  en « replay ».

     

    a défaut de pouvoir partir en goguette

    François Morel (Photo Ouest-France, archives Philippe Renault)

     

    Donc, rendez-vous manqué ce vendredi 24 avril. Mais, François Morel se lisant aussi bien qu’il sait se faire entendre, je me suis délecté à lire sa dernière chronique que mon journal a eu la bonne idée de publier in extenso. Puis, je n’ai pas résisté au podcast. Pour l’entendre. Car, même confiné chez lui, François Morel peut toujours accéder à l’antenne. Le Covid19 ne tuera pas l’humour.

    Si vous aussi avez manqué ce rendez-vous radiophonique ou si vous accordez votre préférence à une autre station, cliquez toute affaire cessante sur ce lien ! Trois minutes de bien être. De la vitamine B, on ne peut plus revigorante.

     

    https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-francois-morel

     

    Pour ce qui me concerne, j’ai trouvé dans ce billet un encouragement à saisir une perche. Je m’explique !

    Dans cette chronique du 24 avril, François Morel nous parle du « déficit cruel de bisous, de baisers » que génère cette période de confinement. Or, depuis plusieurs jours déjà, je me creusais la cervelle, histoire de passer le temps, à calculer à combien de baisers fusionnels, très fusionnels, depuis le début de notre ère, je devais d’être là. Ne riez pas ! Même si je dois reconnaître que je ne peux pas vous apporter la preuve par neuf de l’exactitude du résultat.

    Du premier jour du Ier siècle  à la moitié du XXe siècle, ce ne sont pas moins de 75 557 855  337  306  323 419 136 accouplements de 151 115 710 674 612 646 838 272 amoureux transis, du moins je l’espère, qui ont fait ce que je suis. En bon français cela s’exprime en trilliards, soit 75 et 150 trilliards, chiffres arrondis. Donc, depuis Jésus Christ, il aura fallu 75 trilliards de spermatozoïdes et un nombre égal d’ovules pour définir mon code ADN. Je vous sens perplexe. On le serait à moins. Je le demeure. Mais je m’en tiens au fruit de mes efforts cérébraux.

    Je ne pense pas m’être trompé dans la méthode. Avant de mettre en ligne cette chronique du 42e jour du confinement, j’ai pris la précaution de vérifier, auprès d’une personnalité bien au fait des sciences mathématiques, la pertinence du raisonnement. Tout en doutant de l’exactitude du résultat, feu vert m’a été implicitement donné pour ce qui est du raisonnement

    Pour en arriver à cela, j’ai remonté l’échelle du temps.

    Nous avons tous un père une mère. Il faut être deux pour faire un. C’est à partir de cette donnée incontestable qu’il faut commencer la grimpette. Soit deux grands pères et deux grands-mères qui eux-mêmes ont eu, chacun et chacune, deux grands pères et deux grands-mères. Sachant que l’on peut établir le calcul sur la base de 4 générations par siècle, soit 80 générations, j’en suis arrivé aux résultats que je viens d’énoncer.

    La question qui mérite d’être posée et à laquelle, qui sait, quelqu’un voudra peut-être apporter réponse, consiste à savoir si dans notre ADN subsiste un apport génétique de tous ces ancêtres dont il vaudrait mieux, pour certains, ne pas connaître l’identité. Les baisers et les amours de notre patrimoine génétique n’ont pas tous eu la tendresse et l’intensité partagée de ceux qu’évoque François Morel. Mais oublions cela !

    Celles et ceux qui, à juste titre, penseront qu’un tel passe-temps ne relève pas d’une soudaine débilité, me feront peut-être l’amical reproche de ne pas avoir poussé encore plus loin le calcul. Au moins jusqu’à l’émergence de l’Homo sapiens.  Je me suis bien gardé d’y penser.

    En cette fin d’après midi de dimanche vous aurez certainement autre chose à faire pour valider par vous-même ce résultat. Mais je ne puis que vous encourager à chercher à le faire dans les jours qui viennent. Remettre les neurones au calcul mental, cela ne peut que faire du bien.  Evitez le recours à la calculette ! Elle peut vous donner un résultat totalement déshumanisé. 

     

    a défaut de pouvoir partir en goguette

     Spermatozoïdes party de Bruno Guévenoux

     

    Mais ayant abordé ce thème de la procréation je ne puis que vous inviter, le temps d’une pause, à réécouter une autre voix, celle de Ricet Barrier nous chantant Les Spermatozoïdes. Une ode à la vie.

     https://www.dailymotion.com/video/xygv6s

     Pour en connaître un peu plus sur Bruno Guévenoux, l'artiste peintre qui a cherché, à sa manière, à peindre l'origine de la vie/

      http://www.brunoguevenoux.com/

     

    Sur un autre registre, mais ayant cette fois un rapport direct avec le’ confinement, je vous invite aussi, si ce n’est déjà pas le cas, à faire connaissance avec le groupe Les Goguettes. Inconnus du bataillon jusqu’à voici peu, il me faut reconnaître qu’ils ont un sacré talent pour pasticher. A défaut de pouvoir partir en goguette nous-mêmes, ce groupe vocal nous offre, lui aussi, matière à sourire, à rire, donc à vivre.

    Je reviens à François Morel pour conclure ce billet du jour. Pour le rassurer en quelque sorte. Entre les commentaires sur les courbes des décès, des guéris, des asymptomatiques, sur les plateaux et les pics  de la progression du Covid19, se glisse parfois l’idée selon laquelle les lieux de confinement vont être à la source d’un rajeunissement important de notre société. Tout n’est donc pas perdu !

     

     

    On a retrouvé Mouster !

     

    Hier, nous lancions un avis de recherche pour le chat de Mona. Mouster est revenu chez lui. En traînant la patte. Mais sain et sauf ! Même si cela n’est pas dans sa nature, il va lui falloir apprendre les vertus du confinement.

     

    Haiku de fin avril

     Comme la veille, le soleil a réussi à chasser la brume, donnant à ce dernier dimanche du mois d’avril ses couleurs printanières. Pour les prochains jours, la météo nous prévoit des hauts et des bas. Au risque de se faire insistant, sachez que le KPH (Kermoustériens passionnés du haïku) attend votre contribution. On peut à la fois faire du calcul mental et de la poésie, même en s’affranchissant de la règle des 5/7/5 que certains maîtres de l’exercice préconisent.

     

    Faire vivre l’espoir

    Sans se découvrir d’un fil-

    Génération


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  • Nous avons tous en tête ces images d’un prisonnier traçant des traits sur les murs de sa cellule, pour compter les jours, pour se repérer dans le temps, pour, qui sait, continuer à espérer. Mais aussi, pour ne pas perdre sa propre identité. « Ah ! Monsieur, vous ne savez pas ce que c’est que dix-sept mois de prison ; dix sept mois de prison, c’est plus que ne le méritent tous les crimes que désigne par les noms les plus odieux la langue humaine. Une telle peine, en effet, a de quoi rendre fou. » C’est ce qu’Edmond Dantès dit à l’inspecteur en chef des prisons venu lui rendre visite dans sa geôle, au château d’If. Mais qu’est-ce que dix sept mois au regard des quatorze années qu’Alexandre Dumas va infliger à son héros avant que celui-ci puisse prendre la poudre d’escampette pour, ensuite, devenu comte sur l’île Monte-Cristo, assouvir sa vengeance.

    Loin de moi l’idée de discourir, ce jour, sur le problème des prisons. C’est un de ces sujets de société sur lesquels il convient d’avancer avec le maximum de discernement. Il ne s’agit pas ici de venir plaider la cause de ceux qui, au regard d’une société soucieuse de se protéger mais tout aussi soucieuse de respecter les droits de l’homme, vont devoir vivre entre quatre murs une grande partie de leur vie. Parfois à perpétuité ! La « perpète » ? Vaste débat. Ne le perdons cependant pas de vue ! Il nous concerne.

    Loin de moi non plus l’idée de comparer notre prison dorée à cette forteresse de la rade de Marseille, laquelle, on peut quand même en convenir sans le moindre chauvinisme, doit certainement offrir des points de vue appréciables. Mais il est clair que le confinement auquel nous contraint le Covid19 nous amène à réfléchir sur cette notion d’emprisonnement ou, plus précisément, de privation de liberté.

     

    Evasion civique

     

    Il n’est pas rare, dès à présent, de ne plus savoir quel jour on vit. La levée d’écrous est, dit-on, fixée au 11 mai prochain. Mais tout laisse à penser que nous ne recouvrerons pas une liberté pleine et entière et qu’il nous faudra, encore et encore, trouver la ressource nécessaire pour nous évader, par la pensée, pour ne pas se laisser anéantir par le sentiment du désespoir. Nous en sommes qu’au quarantième bâton. On doit pouvoir tenir.

    Dix sept mois ! Il nous faut espérer que nous n’en arriverons pas à cette extrémité, même si, comme nous le rappellent nombre de sommités médicales, l’arme absolue contre le coronavirus, le vaccin, ne sera mis au point que dans un délai de cet ordre.

    Nos balades quotidiennes n’ont, bien évidemment, rien à voir avec celles des cours des prisons. Point de grillage et de miradors. Tout juste la peur du gendarme si, par malheur, on a oublié de remplir le bon de sortie. Le plus dur, peut-être, c’est de savoir que nos enfants, petits-enfants, tous ces amis qu’on aimerait pouvoir revoir dans l’instant, vivent eux aussi confinés. Parfois, dans  des conditions plus difficilement supportables. Et bien sûr, nous mesurons également notre relatif bien être à la situation que vivent toutes ces familles qui, de la cuisine au lit, manquent cruellement d’espace vital.

    Avec la chaleur de l’été – je ne me porte pas ici au secours d’un Donald Trump dont on mesure chaque jour le cynisme et la médiocrité, avec une grandissante sidération – nous pouvons espérer vivre une période de trêve. Pourrons nous accéder aux grèves, s’étendre sur le sable ?  C’est au Covid19 de nous dire si les trop fortes chaleurs ne lui conviennent pas. Mais là encore, on est dans une totale incertitude.

    Dans les semaines qui viennent et les mois qui suivront nous serons condamnés à freiner notre désir de liberté absolue. Ayons l’évasion civique !

     

                                                                                                Claude Tarin

                                                                                      Samedi 25 avril 2020

     

     

     

    N’avez pas vu Mouster ?

     

    Evasion civique

     

    On aurait aimé le faire sur l’air de la fameuse chanson du regretté Nino Ferrer, mais l’affaire est trop triste et Mouster n’a rien à voir avec la race canine. Mouster, c’est le chat de Mona. Il est né ici. D'où ce joli nom. Mona se désespère de le revoir, car Mouster a pris la clef des champs. Il n’est pas revenu chez lui depuis vendredi soir.

    Nous lançons donc un « avis de recherche ». Mona est très malheureuse. Si vous l’apercevez, sautez sur votre téléphone! Appelez Claudine Vanlerenberghe, la grand-mère de Mona,  au 06 87 40 86 88.

    Nous savons combien les chats sont appréciés dans le village. Pour l’heure, Easy, la chatte d’Anne Sophie Pommeré semble préférer, quant à elle, la quiétude du canapé aux parties de chasse dans les fourrés. Elle, elle est née à Saint-Germain-en-Laye. Elle a passé les six premières années de sa vie, confinée dans un appartement. Autant dire que pour Anne Sophie, qui aime faire glisser la pointe du crayon sur le papier, c’est pain béni. Un joli coup de crayon comme vous pouvez le constater. Et avec à la clef, un poème de Guillaume Apollinaire.

    Si ce n’est pas une preuve d’amour !....

     

     

    Evasion civique

     

    Haïku « automnal »

     

    Hier, je disais croire au printemps. Ce matin, Claudie en aura douté. Le Ferlas s’écoulait sous une couverture de brume. Ce qui nous vaut, en ce quarantième jour de confinement, un haïku « automnal». Mais ce n’est pas de tels contrastes qui peuvent abattre qui que ce soit ici, à commencer par son auteur. D’autant que  le soleil nous a rappelé à son bon souvenir quelques heures plus tard.

     

    Noyé dans la brume

    Le printemps s’est fait automne-

    Anachronisme

     

    Evasion civique

     

     

     

     


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