• Evasion civique

    Nous avons tous en tête ces images d’un prisonnier traçant des traits sur les murs de sa cellule, pour compter les jours, pour se repérer dans le temps, pour, qui sait, continuer à espérer. Mais aussi, pour ne pas perdre sa propre identité. « Ah ! Monsieur, vous ne savez pas ce que c’est que dix-sept mois de prison ; dix sept mois de prison, c’est plus que ne le méritent tous les crimes que désigne par les noms les plus odieux la langue humaine. Une telle peine, en effet, a de quoi rendre fou. » C’est ce qu’Edmond Dantès dit à l’inspecteur en chef des prisons venu lui rendre visite dans sa geôle, au château d’If. Mais qu’est-ce que dix sept mois au regard des quatorze années qu’Alexandre Dumas va infliger à son héros avant que celui-ci puisse prendre la poudre d’escampette pour, ensuite, devenu comte sur l’île Monte-Cristo, assouvir sa vengeance.

    Loin de moi l’idée de discourir, ce jour, sur le problème des prisons. C’est un de ces sujets de société sur lesquels il convient d’avancer avec le maximum de discernement. Il ne s’agit pas ici de venir plaider la cause de ceux qui, au regard d’une société soucieuse de se protéger mais tout aussi soucieuse de respecter les droits de l’homme, vont devoir vivre entre quatre murs une grande partie de leur vie. Parfois à perpétuité ! La « perpète » ? Vaste débat. Ne le perdons cependant pas de vue ! Il nous concerne.

    Loin de moi non plus l’idée de comparer notre prison dorée à cette forteresse de la rade de Marseille, laquelle, on peut quand même en convenir sans le moindre chauvinisme, doit certainement offrir des points de vue appréciables. Mais il est clair que le confinement auquel nous contraint le Covid19 nous amène à réfléchir sur cette notion d’emprisonnement ou, plus précisément, de privation de liberté.

     

    Evasion civique

     

    Il n’est pas rare, dès à présent, de ne plus savoir quel jour on vit. La levée d’écrous est, dit-on, fixée au 11 mai prochain. Mais tout laisse à penser que nous ne recouvrerons pas une liberté pleine et entière et qu’il nous faudra, encore et encore, trouver la ressource nécessaire pour nous évader, par la pensée, pour ne pas se laisser anéantir par le sentiment du désespoir. Nous en sommes qu’au quarantième bâton. On doit pouvoir tenir.

    Dix sept mois ! Il nous faut espérer que nous n’en arriverons pas à cette extrémité, même si, comme nous le rappellent nombre de sommités médicales, l’arme absolue contre le coronavirus, le vaccin, ne sera mis au point que dans un délai de cet ordre.

    Nos balades quotidiennes n’ont, bien évidemment, rien à voir avec celles des cours des prisons. Point de grillage et de miradors. Tout juste la peur du gendarme si, par malheur, on a oublié de remplir le bon de sortie. Le plus dur, peut-être, c’est de savoir que nos enfants, petits-enfants, tous ces amis qu’on aimerait pouvoir revoir dans l’instant, vivent eux aussi confinés. Parfois, dans  des conditions plus difficilement supportables. Et bien sûr, nous mesurons également notre relatif bien être à la situation que vivent toutes ces familles qui, de la cuisine au lit, manquent cruellement d’espace vital.

    Avec la chaleur de l’été – je ne me porte pas ici au secours d’un Donald Trump dont on mesure chaque jour le cynisme et la médiocrité, avec une grandissante sidération – nous pouvons espérer vivre une période de trêve. Pourrons nous accéder aux grèves, s’étendre sur le sable ?  C’est au Covid19 de nous dire si les trop fortes chaleurs ne lui conviennent pas. Mais là encore, on est dans une totale incertitude.

    Dans les semaines qui viennent et les mois qui suivront nous serons condamnés à freiner notre désir de liberté absolue. Ayons l’évasion civique !

     

                                                                                                Claude Tarin

                                                                                      Samedi 25 avril 2020

     

     

     

    N’avez pas vu Mouster ?

     

    Evasion civique

     

    On aurait aimé le faire sur l’air de la fameuse chanson du regretté Nino Ferrer, mais l’affaire est trop triste et Mouster n’a rien à voir avec la race canine. Mouster, c’est le chat de Mona. Il est né ici. D'où ce joli nom. Mona se désespère de le revoir, car Mouster a pris la clef des champs. Il n’est pas revenu chez lui depuis vendredi soir.

    Nous lançons donc un « avis de recherche ». Mona est très malheureuse. Si vous l’apercevez, sautez sur votre téléphone! Appelez Claudine Vanlerenberghe, la grand-mère de Mona,  au 06 87 40 86 88.

    Nous savons combien les chats sont appréciés dans le village. Pour l’heure, Easy, la chatte d’Anne Sophie Pommeré semble préférer, quant à elle, la quiétude du canapé aux parties de chasse dans les fourrés. Elle, elle est née à Saint-Germain-en-Laye. Elle a passé les six premières années de sa vie, confinée dans un appartement. Autant dire que pour Anne Sophie, qui aime faire glisser la pointe du crayon sur le papier, c’est pain béni. Un joli coup de crayon comme vous pouvez le constater. Et avec à la clef, un poème de Guillaume Apollinaire.

    Si ce n’est pas une preuve d’amour !....

     

     

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    Haïku « automnal »

     

    Hier, je disais croire au printemps. Ce matin, Claudie en aura douté. Le Ferlas s’écoulait sous une couverture de brume. Ce qui nous vaut, en ce quarantième jour de confinement, un haïku « automnal». Mais ce n’est pas de tels contrastes qui peuvent abattre qui que ce soit ici, à commencer par son auteur. D’autant que  le soleil nous a rappelé à son bon souvenir quelques heures plus tard.

     

    Noyé dans la brume

    Le printemps s’est fait automne-

    Anachronisme

     

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  • Commentaires

    1
    Claudine
    Samedi 25 Avril 2020 à 18:05
    Merci pour cet avis de recherche. Je cralns qu’un renard ne soit passé par ici.
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