• Vive la grève!

    Vive les grèves!

     

    Bonne surprise ce mercredi matin à la lecture du journal : plus d’interdiction pour accéder aux grèves.  La sémantique est venue au secours du politique pour lâcher un peu la pression allant grandissante sur le littoral. Car une grève, ce n’est pas une plage. Une grève, c’est « un terrain plat, formé de sables, de graviers, situé au bord de la mer ou d’un cours ». Dixit Le Grand Robert de la Langue française. Alors que la plage, toujours selon ce livre savant, c’est un « endroit  d’un rivage plat et bas où les vagues  déferlent et qui est constitué de débris minéraux plus ou moins fins (limon, sable, galets). » La nuance n’est peut-être pas perceptible au premier coup d’œil. En tout cas, l’Administration y a trouvé matière à assouplir les règles.  Peut-être après avoir lu ce poème d’Alphonse Lamartine que ce dictionnaire a retenu en note.

     

    Que j’aime à contempler dans cette anse écartée

    La mer qui vient dormir sur la grève argentée,

    Sans soupir et sans mouvement !

    Le soir retient ici son haleine expirante

    De crainte de ternir la glace transparente

    Où se mire le firmament.

     

    Cette grève dont parle Alphonse de Lamartine, dans son recueil de poèmes Harmonies poétiques et religieuses, publié en 1830,  un an après son élection à l’Académie française, n’a rien  à voir avec celles qui bordent les rives du Trieux. C’est à Gênes que Lamartine, alors secrétaire à l’ambassade de France en Italie s’est laissé aller à la rêverie, en contemplant un coucher de soleil sur la mer de Ligurie. Mais qu’importe, voir le firmament, ou, pour le moins, le soleil se mirer sur l’estuaire ne peut que nous inciter à devenir nous-mêmes poètes, tranquillement assis sur le sable. Même en respectant la nécessaire distanciation qui, elle, reste de mise.

    C’est par la rampe de Goas Luguen que nous avons enfin pu retrouver de bonnes sensations. Mer descendante et légèrement houleuse du fait d’un fort vent d’est nordet. Mer d’un vert froid  sur lequel glissait, par intermittences, l’ombre noir des nuages. Pas le moindre goéland. Un désert de silence. Un cimetière pour une flottille d’os de seiches gisant sur un lit de varech.

    Sous les semelles, crissent alors les graviers. Le mot grava, d’avant le latin, désignait ces espaces en bordure de mer.

    Quel plaisir que de pouvoir faire craquer sous le talon les aérocystes du goémon séché sur la laisse de mer. Comme au bon vieux temps, quand enfant on se plaisait à faire exploser avec les doigts ces flotteurs des algues.   

    Il a fait bon cet après-midi pouvoir cheminer jusque la digue de l’île à bois. On pouvait enfin la revoir sous un autre angle. Plus de barrières interdisant le passage par les rampes.

    En espérant que cette exclamation puisse ne pas trouver une autre signification au sortir définitif de confinement, dans un monde qui, d’ici là, aura été, faut-il en douter, finement réinventé pour que tout les citoyens puissent y croire, c’était un jour à crier :  Vive la grève !  

     

                                                                                                           Claude Tarin

                                                                                                 Mercredi 13 mai 2020-05-13

     

    Vive les grèves!

    Vive les grèves!

     Vive les grèves!

     

    Vive les grèves!

    Vive les grèves!

    Vive les grèves!

    Vive les grèves!

     

    Pour aller rêver ailleurs

     

    Nous avons beau vivre « dans le plus beau pays du monde », d’avoir pour nous ces grèves qui nous donnent accès à la mer, l’idée d’aller découvrir d’autres horizons ne nous est pas étrangère. Aussi, si vous êtes en manque de dépaysement, je vous propose de trouver par le jeu des mathématiques la destination de vos rêves. Imparable ! C’est bien la destination que vous souhaitiez qui sera le fruit de vos calculs.

     

    Vive les grèves!


  • Commentaires

    1
    Elisabeth
    Mercredi 13 Mai 2020 à 19:09

    Pour tous, destination maison !

    2
    Elisabeth
    Mercredi 13 Mai 2020 à 19:27

    Claudie, pourrais tu nous reproposer une nouvelle équation, mais pas trop difficile !

      • Claudie
        Jeudi 14 Mai 2020 à 19:05

        Bravo Elizabeth, pour la réponse "maison". Mais, je suppose, tu as compris sur quoi repose cette conclusion. Tu es, comme une grande partie de notre génération qui a appris à reconnaitre les multiples de 9, et sans doute à utiliser la fameuse preuve par 9… Et promis, très prochainement, un petit problème un peu plus difficile pour tester tes forts enviables souvenirs de maths !

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