• Baie vitrée et fosse septique

     

    Voici La Cambuse telle qu’elle se déclinera au sortir de l’hiver prochain. C’est ce projet, dessiné par le cabinet By Architecte de Saint-Michel-en-Grève qui a été retenu. Ce projet a obtenu l’aval des Bâtiments de France. Les travaux vont démarrer après la Toussaint. Ils porteront sur une mise à niveau des deux salles, le percement du mur qui les séparent actuellement, afin de donner visuellement plus de volume à l’ensemble cuisine -bar- restaurant. Un espace sera  réservé pour une petite épicerie.

    Le bloc sanitaire, situé à l’arrière du bâtiment, a, lui aussi, été repensé, ne serait-ce que pour permettre aux personnes à mobilité réduite d’y accéder. Mais a-t-on tenu compte de ce que doit être sa capacité d’absorption ?

    Alors que l’on en était toujours à combattre l’incendie qui s’est déclaré lundi après-midi, aux alentours du Poney Club (lire ci-après), on apprenait, mardi matin, que la crêperie serait fermée jusque ce jeudi, pour cause de dégât des eaux usées  Un camion citerne a immédiatement été diligenté pour s’en venir vider une fosse septique visiblement trop petite pour absorber les effets du regain d’activité de La Cambuse.

     

     Eviter le trop plein

     Est-ce que cette question de la capacité de cette fosse a été prise en compte ? Cela est à souhaiter, tant pour les gestionnaires du bar crêperie que pour l’ensemble des riverains de la place du Crec’h. Plus vite on leur donnera l’assurance que tout a été bien pensé en amont, mieux cela sera.

    Cet incident fait ressurgir inopportunément le problème de fond de l’assainissement du hameau, particulièrement aigu dans ce quartier du Crec’h. Ici, les fosses septiques ont leur propre histoire et il n’est pas facile d’en cerner toute la problématique. Mais il est clair qu’il faudra bien un jour creuser cette question. Avec, en préalable, une écoute de toutes les parties intéressées.

    A ce problème récurent de l’assainissement s’ajoute, là encore avec acuité dans ce quartier, celui du stationnement.

    Il y a pour l’heure une contradiction de fait. D’un côté on confie à des commerçants le soin de réactiver le cœur du village, de l’autre on n’a de cesse de craindre l’asphyxie. La solution ne consisterait-elle pas à voir s’il n’existe pas à proximité de la place du Crec’h des espaces pouvant être concédés pour accroître la capacité de stationnement ?

    Les solutions « ne courent pas les rues », soyons en conscients ! Mais il serait bon de prendre le temps d’y réfléchir une bonne fois pour toute. Avec, d’emblée, un principe de précaution posé sur la table des discussions, celui qui consiste à maîtriser, comme cela s’est fait sur le parking de l’île à bois, le risque de trop plein, tout particulièrement celui de camping-cars. C’est toujours navrant de sembler jeter une sorte d’anathème sur cette catégorie de vacanciers, mais nous voulons croire qu’eux aussi aspirent à pouvoir se poser  dans des sites remarquables sans être victimes d’un effet masse.

    La place du Crec’h est un champ de contraintes. Saurons nous, de conserve, résoudre la quadrature du cercle !

     

     

    Des flammes devant le Paradis

    Baie vitrée et fosse septique

     

    Nous n’irons pas jusqu’à parler d’enfer à propos de l’incendie qui s’est déclaré, en milieu d’après-midi, ce lundi 5 août, sur un terrain se situant à l’arrière plan du Ponney Club. Comparé aux images terrifiantes  qu’il nous est souvent donné de voir sur nos écrans, ravageant des milliers d’hectares et provoquant drames et douleurs, comme cela vient de se produire avec le tragique crash d’un avion Canadair dans le Gard, cet incendie relève de l’anecdotique. Mais la rapidité avec laquelle le feu s’est propagé, sur un secteur difficile d’accès pour les camions citernes, et la durée du sinistre – ce mercredi soir les pompiers étaient toujours sur place– soulignent un état de fait : nous n’en avons pas encore fini avec la sécheresse.

    Le matin même, qui aurait pu penser que nous verrions des flammes s’emparer de cet éperon rocheux couronné de verdure, séparant Kermouster de la baie du Paradis ? Un terrain de friches difficilement accessible, ce qui a sérieusement handicapé le travail des hommes du feu. Trois casernes ont été mobilisées, celles de Lézardrieux, bien évidemment, et celles de Paimpol et Perros-Guirec.

    Une pluie soutenue avait accompagné les premières heures de la journée. Mais, il faut bien l’admettre, insuffisante pour éviter qu’un feu puisse se propager dans ce lopin de terre  tourbé et tapissé d’aiguilles de pins.

    Quand, tout d’un coup, la quiétude du village a été rompue par le bruit des avertisseurs des véhicules de secours, ce n’est pas à un tel sinistre que nous avons d’abord pensé. Nous fallait-il craindre qu’un excès de vitesse dans la descente vers l’île à bois, fait malheureusement trop courant, serait à l’origine d’un accident ayant ensuite engendré le feu ? Compte tenu de la répétition des alarmes, il se passait quelque chose sortant de l’ordinaire.

    Ce nuage de fumée s’élevant au-dessus du hameau, nous a également fait craindre, quelques instants durant, que le Poney Club soit à nouveau victime des flammes. Ici, nul n’a oublié l’incendie qui s’était produit dans une écurie en janvier 2017. Fort heureusement, cela n’a pas été le cas ! Plus de peur que de mal !

    En arriver à souhaiter qu’il pleuve alors que le flot des touristes s’écoule en Presqu’île sauvage n’est peut-être pas un souhait partagé, mais, nul ne peut plus le contester, la terre a soif !  

    Qu’elle est l’origine de cet incendie ? A ce jour, la question reste posée. Et comme toujours dans ces cas là, on privilégie un manque de vigilance. On pense d’abord à ce mégot que l’on jette inconsciemment, avant d’embrayer sur un possible, mais incompréhensible, acte de malveillance.

     C’hwezher tan-gwall ? 

    En viendrons nous à craindre la présence d’un C’hwezher tan-gwall ? Comprenez ! un pyromane ?

    Comment aurions pu faire l’impasse sur ce mot, alors que nous avons affiché  notre volonté de compléter le plus souvent possible nos chroniques par une sensibilisation à la langue bretonne.

    Voici quelques expressions  se rapportant à ce nouvel événement, sachant que l’incendie se traduit par tan-gwall :

    - lakaat eoul war an tan (mettre de l'huile sur le feu)

    - tantad (feu de joie)

    tan! tan! (au feu!)

    On en profite même pour tester votre réactivité en vous proposant de nous faire savoir comment dire en Breton les expressions suivantes :

                            Être tout feu tout flamme.

    ·                                  Avoir le feu sacré 

    ·                                 Faire feu de tout bois 

    ·                                 Jouer avec le feu 

    ·                                 Mettre sa main au feu 

    ·                                 Mettre le feu aux poudres. 

     

     

     

    Baie vitrée et fosse septique

    Baie vitrée et fosse septique

    Baie vitrée et fosse septique

     

    Baie vitrée et fosse septique

    Baie vitrée et fosse septique

    Baie vitrée et fosse septique

     

     


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  • Une boîte à livres à coeur ouvert

     

    Une boîte à livres à Kermouster. En voilà une idée qu’elle est bonne ! Bon, d’accord, le hameau se gardera bien de revendiquer la paternité d’un phénomène sociétal vieux déjà d’un quart de siècle. Les premières boîtes à livres sont apparues à Graz, en Autriche, en 1991, dans le cadre, selon des sources bien au fait de la question, d’un projet artistique mené par un duo d’artistes israéliens, Michael Clegg et Martin Guttmann, résidant à Berlin et à Vienne. Le phénomène s’est ensuite développé en Allemagne puis tout autour de la planète. Kermouster, qui comme chacun sait, du moins ici, est au centre du monde, ne pouvait-on donc y échapper.

    Mais qu’il soit bien entendu que cela n’enlève en rien aux mérites de Jean-Louis Champion, Jean-Michel Dubois et Jean-Pierre Rougié d’avoir su mener jusqu’à son terme un projet qui leur tenait à cœur et que tous les membres de l’Amicale ont approuvé d’emblée. La municipalité ayant également chaleureusement accueilli la démarche, ne restait plus qu’à trouver l’endroit adéquat. Désormais, quiconque s’en vient admirer le paysage  sur le point de vue peut repartir avec un livre, autre plateforme pour l'évasion.

    La construction de cette boîte à livres de Kermouster, ne vous méprenez pas, ne s’est pas limitée à la pose de quatre ou cinq planches. Il s’est agi d’aboutir à un ouvrage alliant utilité et esthétisme. Pour avoir été un témoin assidu de l’avancée des travaux, je peux dire  qu’elle a fait l’objet d’une attention soutenue tout au long du chantier. Nous ne sommes pas prêts d’oublier la minutie avec laquelle ont été posées les ardoises qui protègeront les livres des larmes du ciel.

     

    Une boîte à livres à coeur ouvert

     

    Un doute subsiste cependant. Que se passera-t-il si le vent vient à souffler de plein fouet ? Au lendemain du coup de vent prénommé Wolfgang, on a, en quelque sorte, reçu l’assurance qu’Eole ne pourra pas, aussi facilement qu’il le pense, jouer les trouble-fête. Certes, les montants intercalaires n’ayant pas encore été placés sur les étagères, quelques livres ont été  brinquebalés lors du passage de cette dépression, mais rien de bien inquiétant. En effet, il convient de le souligner, des riverains n’ont pas attendu la fin des travaux pour venir redonner vie à des bouquins qui sommeillaient chez eux sur une étagère.

    C’est cette thématique du vent qui, quant à moi, m’a poussé, ce vendredi 2 août, à me séparer de livres qui, un demi siècle après m’avoir captivé, semblaient condamnés à l’oubli. La photo ci-dessous rappellera très certainement à bien d’autres l’impact que ces romans ont eu à leur époque.

     

    Une boîte à livres à coeur ouvert

     

    D’Autant en emporte le vent, je conserve surtout ce malaise qui ne m’a cependant pas découragé à pousser la lecture jusqu’au point final de cette œuvre colossale en nombre de pages. Toute l’Amérique que Trump a réveillée se trouvait ici décrite par Margaret Mitchell, en 1936. Ce qui vient de se passer au Texas puis dans l'Ohio, dans des centres commerciaux d’ El Paso et de Dayton, en est, à nouveau, l’insoutenable illustration. Et si du film, qui en sera tiré trois ans plus tard, je retiens surtout l’image de l’affiche, d’un Clark Gabble embrassant Vivien Leigh, je viens seulement de découvrir que les lois raciales de l’époque, en vigueur aux Etats-Unis, empêchèrent l’actrice noire Hattie Daniel, d’assister à la première à Atlanta, en Georgie. Quoi de neuf au pays de l’oncle Sam ?

    Bon, je vous le concède, ce n’est ni le jour ni le moment de discourir plus longuement sur ce sujet. Le roman de Margaret Mitchell mérite d’être lu. Ne serait-ce déjà pour l’éclairage qu’il apporte sur cette Amérique du temps de l’esclavage et la qualité de la narration.

    Ce vendredi 2 août, Margaret Mitchell et Emily Brontë se disputaient les faveurs du public avec Dona Leon et Patricia Wentworth, deux autres écrivaines à qui l’on doit de bons polars. Je pouvais déjà constater, le soir même, non sans satisfaction, que le roman  Les Hauts du Hurle-Vent s’était déjà envolé.

    A celui ou celle qui s’en est emparé, une confidence si il ou elle découvre ces lignes : J’aime le vent. Or, à Kermouster, cette personne le sait peut-être déjà, il lui arrive de souffler fort et le spectacle qu’il génère à même l’estuaire est on ne peut plus éblouissant, pour ne pas dire ébouriffant. Mais que les Kermoustériens se rassurent, je n’irai pas jusqu’à demander que l’on baptise le point de vue du nom de ce roman, même si, quant à moi, je n’y retrouverai rien à redire.  

    Notez bien que l’inauguration officielle doit se faire à l’heure de l’apéro, lors du pique-nique des Kermoustériens, le dimanche 18 juillet ! Le verre à la main, nous nous offrirons ainsi le plaisir d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire locale tout en conversant, à cœur ouvert, sur les bienfaits du livre. 

     

     Aet gant an avel 

     

    Une boîte à livres à coeur ouvert

     Comme cela est clairement indiqué, la boîte à livres de Kermouster n’oublie pas son terroir. On doit à Jean-Pierre Rougié, qui, entre moult activités, meuble sa retraite en apprenant le Breton, d’avoir rappelé que des écrivains ont puisé l’inspiration dans la langue de leur enfance. Des livres et revues en Breton ont, bien évidemment, toute leur place sur les étagères de la boîte.

    En tout cas, l'invite qui nous est faite à ouvrir cette boîte aux quatre vents de la culture, pour tous les âges,  a fait germer l’idée suivante : compléter, le plus souvent possible, chaque chronique à venir en y choisissant un mot clé. Pour lui donner une saveur bretonne.

    Nous aurions pu commencer par choisir celui du livre. Vous avez sous les yeux sa traduction, y compris celle de la boîte. Mais j’ai, pour continuer à jouer sur ce registre, proposé à Jean-Pierre de nous faire apprécier le vent (An avel) tel qu’on le cause encore dans cette Presqu’île dite sauvage. Voici quelques mots et expressions que vous pourrez glisser dans la conversation quand le vent soufflera.

    Avel gornog (vent d’ouest)

    Avel walarn (vent de nord-ouest)

    Avel norzh (vent du nord

    Avel vis (vent de nord-est)

    Avel reter (vent d’est)

    Avel c’hevred (vent de sud-est)

    Avel su (vent du sud)

    Avel vervent (vent du sud-ouest)

    Après ce court lexique, quelques expressions courantes :

    Fresk eo an avel (le vent est frais)

    Tomm eo an avel (le vent est chaud)

    Greñv eo an avel (le vent souffle fort)

    Et pour rester dans le ton de cette chronique

    Aet gant an avel  (Autant en emporte le vent).

    Avec cette précision de Jean-Pierre qui indique s’être servi du titre original du roman de Margaret Mitchell (Gone with the wind) pour en conserver tout son sens en Breton.

     


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  • Un petit marché qui ne demande qu'à s'étoffer

     

    L’initiative est à saluer. Krystel Le Moal et Benjamin Charpentier, les gérants de La Cambuse, avaient annoncé leur intention de faire venir des producteurs locaux dans le cadre d’un marché hebdomadaire sur la place du Crec’h, juste en face de leur crêperie. C’est chose faite depuis la semaine dernière.

    Pour le deuxième marché de l’été, ce jeudi 1er août, les Coquillages du Sillon, le Pavillon du vin et de la bière et l’apiculteur Allan Thoby ont, à nouveau, répondu présents. Huîtres et moules pour la société de l’ostréiculteur Yann Quéré, sise à Pen Lan en Larmor Pleubian, dégustation et vente de vins pour Laurent Mahé qui dirige la cave de la zone commerciale des Roches Douvres en Pleudaniel, et petits pots de miel avec le jeune apiculteur de Camarel, sorti tout frais moulu de ses années d’études consacrées aux abeilles.  Les sombres perspectives qui pèsent sur les ailes de ces pourvoyeuses de saveurs ne l’ont en rien découragé. La passion est son moteur. Ses abeilles, il les bichonne dans quelque deux cents ruches installées dans différents secteurs du Trégor et ses premiers pas dans le négoce lui ont déjà ouvert bien des portes de magasins alimentaires du secteur.

    Ce jeudi, il faisait bon être assis à la terrasse de La Cambuse, en quelque sorte, aux premières loges. Une légère brise, un peu fraîche pour certains, un beau soleil et ce « petit théâtre de la vie ordinaire » sur fond d’estuaire. Avec en prime, le passage, en arrière plan, d’un vieux gréement qui n’était pas sans rappeler que, sur les quais de Paimpol, le festival du Chant de marin commençait déjà à donner de la voix.

    De mémoire de Kermoustérien, il n’y a jamais eu de marché dans le village. La vente de légumes et de volailles se faisait en direct, à même les fermes, ou chez Chinie. Tous les anciens résidents ont conservé le souvenir de Marie Virginie Petibon qui tenait une épicerie à deux pas de l’ancienne école, aujourd’hui crêperie. De temps en temps, certains marchands s’en venaient poser leurs étals pour y vendre des vêtements, mais cela remonte déjà à bien longtemps et l’on ne pouvait parler, à juste titre, de marché. En cela, l’initiative des gérants de La Cambuse a valeur d’innovation.

    Petit marché deviendra-t-il grand ? Là est toute la question.

    Pour l’heure, on en n’est qu’à la phase d’essai, mais les « pionniers » ne demandent pas mieux que de voir s’installer d’autres producteurs à leurs côtés, ne serait-ce qu’un marchand de fruits et légumes.

    Il est vrai que ce marché, à vocation estivale, se tient dans un mouchoir de poche et la configuration des lieux en limitera de toute façon l’importance. Mais, la quantité ne fait pas toujours la qualité. L’essentiel est, après l’avoir suscitée,  d’ajuster l’offre à la demande. Il est légitime pour tout commerçant de pouvoir faire son miel. Reste à fixer la clientèle !

    Quoi qu’il en soit, pour ces producteurs de la première heure il est encore trop tôt pour tirer le bilan. Tout laisse à penser qu’ils honoreront le rendez-vous jusque la fin de ce mois d’août. Ce jeudi, ils nous ont offert quelques instants de bien être. Un marché, aussi petit soit-il, ça vous change grandement de l’atmosphère aseptisée d’une grande surface. A défaut, peut-être, d’en avoir récupéré, pour eux mêmes, suffisamment d’espèces trébuchantes, ils nous ont gratifié, ce jeudi, d’un bon moment de vie.


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  • Chapelle : passage de relais

    Pierre Thuault tire sa référence. Au cours de ce mois de juillet, il aura accueilli quelque 750 visiteurs. C’est Mathilde Landais, étudiante, qui s’oriente vers la gestion et l’économie, qui prend le relais.

    Durant ce mois d’août, et ce dès ce jeudi, il va lui falloir s’immerger dans le patrimoine religieux. Ce mercredi elle a pu prendre connaissance de la nature de sa mission.


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  • Combien existe-t-il d’espèces de coquillages marins ?  Aux dires des naturalistes, plus d’un millier. Mais cette estimation, fruit de longs siècles d’observation, ne donne qu’une vague idée de ce qui se cache réellement sous la surface des océans. Aux quelques coquillages que nous avons, ici, loisir de cueillir, à mains nues sur l’estran, avant d’éprouver le plaisir de la dégustation, s’ajoute une  multitude de gastropodes brouteurs et de bivalves filtreurs qui tapissent les fonds marins de la planète bleue. Et nombreux sont ceux qui, à défaut de n’offrir aucun intérêt alimentaire, sont récoltés pour la beauté de leur forme et de leur manteau, sous lequel se cache souvent la nacre, objet de bien des convoitises.

    Pour Sophie Le Merdy, qui expose des créations à Kermouster (22-28 juillet), le coquillage est simplement source d’inspiration.

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

     

    Faut-il encore présenter Sophie Le Merdy ? C’est un visage familier,  une signature, une personnalité déjà bien connue sur la Presqu’île. Anciennement productrice documentaires pour l’Education nationale et la Télévision, elle assure la correspondance, depuis cinq ans, pour La Presse d’Armor sur Lézardrieux, Pleudaniel, Pleumeur-Gautier, Tréguier et Minhy Tréguier.

    « Quand j’ai pris ma retraite, j’ai souhaité pouvoir trouver une occupation  qui me permette de maintenir le contact avec les réalités du secteur. La Presse d’Armor m’a offert cette opportunité.» Nantaise d’origine, Parisienne de longues années durant de par sa profession, Sophie Le Merdy, qui  demeure désormais à Camarel, a, ainsi, renoué avec ses racines profondes, puisque sa branche familiale s’est développée non loin de là, à Tréguier. « Mais c’est avant tout l’esprit de ce pays et la  beauté des paysages qui ont déterminé ce choix. »

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

    Sophie Le Merdy

    Son exposition, Coquill’art, a pour premier mérite de nous faire toucher des yeux une approche artistique fort originale. C’est une exposition qui nourrit les neurones du visiteur. Certes, Sophie Le Merdy ne fait ici que prendre le sillage d’artistes artisans qui ont donné au coquillage, au fil des siècles, sa robe de noblesse. Tant dans la joaillerie que dans la décoration. En se mirant devant de grands miroirs encadrés de coquillages ramenés par ses marins, Louis XIV devait, de Versailles, éprouver le sentiment narcissique d’être le roi soleil éclairant la mer. Si Sophie Le Merdy met le coquillage « en majesté », elle ne le fait que pour assouvir sa passion.

    Cette passion s’est cristallisée lors d’une visite du jardin de Kerdalo en Trédarzec. « Le jardin en continu » comme l’a défini, voilà une dizaine d’années, l’écrivain académicien Eric Orsenna. Dans cet écrin de verdure, Sophie Le Merdy a, quant à elle, porté un regard tout particulier à la grotte couverte de fresques représentant des personnages marins réalisés à partir de coquillages. Le prince Peter Wolkonsky, propriétaire des lieux, s’était alors inspiré des jardins italiens où la grotte est un point de rencontre, si ce n’est de passage, entre l’univers aquatique et le terrestre. «  C’est après avoir contemplé ces fresques que l’idée m’est venue de dépasser le stade de l’intention. » résume Sophie Le Merdy

    En donnant corps à sa passion, tout d’abord au travers de ce travail d’orfèvre qui consiste à donner aux miroirs une valeur artistique,  Sophie Le Merdy n’a pour seul objectif que de se faire plaisir et si, de cette exposition, elle tire la certitude qu’elle en procure à d’autres, cela ne pourra que l’encourager à élargir le cadre de ses créations.

    Elle nous en révèle déjà un aspect avec une série de têtes qui ne sont pas sans rappeler les tableaux du peintre italien Guiseppe Arcimboldo (1527-1593). On doit à ce peintre toute une série de portraits caricaturaux formés de plusieurs fruits, légumes et végétaux, dont ses célèbres Quatre saisons. Les visages de Sophie Le Merdy vous immergent dans un face à face avec des êtres du monde de l’imaginaire.

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

     

    Des êtres inquiétants ou rigolos, selon le regard qu’on leur porte. Comme celui-ci aux sourcils d'un vert ombrageux, façonnés avec des moules de Nouvelle-Zélande (Perna canalicula) et le crâne couronné de couteaux (Solen marginatus). Pour d'autres ce sont des coquilles d’huîtres (Ostrea gigas) ou des coquilles Saint Jacques (Pecten maximus) qui dessinent le contour du visage. Nez droits et larges  à base de Conus blancs. Bouches en Cypraea , laissant apparaître, sous un rictus, la pensée de celui que vous regardez. Toutes les créatures de Sophie Le Merdy vous interpellent. Elles  portent en elles la beauté d'une nature profonde.

    Mais s’il serait prétentieux, pour ne pas dire ridicule, pour ce qui me concerne, d’étaler ici un savoir qui, de fait, ne se limite qu’à pouvoir faire la distinction entre les familles des Littorines, dont fait partie notre célèbre bigorneau, des  Pectinidés (coquilles et péttoncles), des Ostreidae (huîtres) , des Mytilida (moules) et autres Veneridés (palourdes, praires).

    Cette multitude d’espèces inconnues de nos rivages nécessiterait un savoir encyclopédique qui m’est hors de portée. Et s’agissant de parler d’une exposition d’œuvres d’art, totalement superfétatoire.

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

     

    Contentez vous, si ce n’est déjà fait, de retenir que ces visages,  dont le regard émerge d’ orbites nacrées à travers des iris en forme d’olive colorée , ont pour noms Poséidon, Gaspard, Papagena, Pleine Lune, nommée ainsi pour sa rondeur, et Anémone ! Rien à voir, pour cette dernière, avec l’anémone de mer, qui, elle, est dépourvue d’exosquelette. « J’ai voulu simplement rendre hommage à l’actrice que j’appréciais beaucoup » souligne Sophie Le Merdy.

    A raison, l’artiste ne se lance pas dans des explications par trop savantes. Ses coquillages, elle les « pêche » en flânant sur les grèves, dans les brocantes, où certains se séparent d’une collection bâtie au fil de leurs pérégrinations lointaines. Mais pour toutes les espèces en provenance du Pacifique, des mers d’Asie ou des Caraïbes, elle sait trouver sur le grand filet du Net celles qui lui conviendront, en couleur et en taille.

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

     

    Une précision s’impose ! Sophie Le Merdy ne peint pas les coquillages. Elle les assemble sans y ajouter un coup de pinceau. Donc, la robe verte des moules de Nouvelle Zélande et de ces deux gros "bigorneaux" qui reposent sur le front de Pleine Lune n’est que le fruit de la nature. C’est ainsi que ces Turbo crasus cultivent leur différence au sein de la grande famille des Turbinadae. Le Turbo crassus est un mollusque des Philippines.

    Cette exposition est en quelque sorte une invitation pour un voyage de rêve dans le monde des abysses.

     


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