• Une boîte à livres à coeur ouvert

    Une boîte à livres à coeur ouvert

     

    Une boîte à livres à Kermouster. En voilà une idée qu’elle est bonne ! Bon, d’accord, le hameau se gardera bien de revendiquer la paternité d’un phénomène sociétal vieux déjà d’un quart de siècle. Les premières boîtes à livres sont apparues à Graz, en Autriche, en 1991, dans le cadre, selon des sources bien au fait de la question, d’un projet artistique mené par un duo d’artistes israéliens, Michael Clegg et Martin Guttmann, résidant à Berlin et à Vienne. Le phénomène s’est ensuite développé en Allemagne puis tout autour de la planète. Kermouster, qui comme chacun sait, du moins ici, est au centre du monde, ne pouvait-on donc y échapper.

    Mais qu’il soit bien entendu que cela n’enlève en rien aux mérites de Jean-Louis Champion, Jean-Michel Dubois et Jean-Pierre Rougié d’avoir su mener jusqu’à son terme un projet qui leur tenait à cœur et que tous les membres de l’Amicale ont approuvé d’emblée. La municipalité ayant également chaleureusement accueilli la démarche, ne restait plus qu’à trouver l’endroit adéquat. Désormais, quiconque s’en vient admirer le paysage  sur le point de vue peut repartir avec un livre, autre plateforme pour l'évasion.

    La construction de cette boîte à livres de Kermouster, ne vous méprenez pas, ne s’est pas limitée à la pose de quatre ou cinq planches. Il s’est agi d’aboutir à un ouvrage alliant utilité et esthétisme. Pour avoir été un témoin assidu de l’avancée des travaux, je peux dire  qu’elle a fait l’objet d’une attention soutenue tout au long du chantier. Nous ne sommes pas prêts d’oublier la minutie avec laquelle ont été posées les ardoises qui protègeront les livres des larmes du ciel.

     

    Une boîte à livres à coeur ouvert

     

    Un doute subsiste cependant. Que se passera-t-il si le vent vient à souffler de plein fouet ? Au lendemain du coup de vent prénommé Wolfgang, on a, en quelque sorte, reçu l’assurance qu’Eole ne pourra pas, aussi facilement qu’il le pense, jouer les trouble-fête. Certes, les montants intercalaires n’ayant pas encore été placés sur les étagères, quelques livres ont été  brinquebalés lors du passage de cette dépression, mais rien de bien inquiétant. En effet, il convient de le souligner, des riverains n’ont pas attendu la fin des travaux pour venir redonner vie à des bouquins qui sommeillaient chez eux sur une étagère.

    C’est cette thématique du vent qui, quant à moi, m’a poussé, ce vendredi 2 août, à me séparer de livres qui, un demi siècle après m’avoir captivé, semblaient condamnés à l’oubli. La photo ci-dessous rappellera très certainement à bien d’autres l’impact que ces romans ont eu à leur époque.

     

    Une boîte à livres à coeur ouvert

     

    D’Autant en emporte le vent, je conserve surtout ce malaise qui ne m’a cependant pas découragé à pousser la lecture jusqu’au point final de cette œuvre colossale en nombre de pages. Toute l’Amérique que Trump a réveillée se trouvait ici décrite par Margaret Mitchell, en 1936. Ce qui vient de se passer au Texas puis dans l'Ohio, dans des centres commerciaux d’ El Paso et de Dayton, en est, à nouveau, l’insoutenable illustration. Et si du film, qui en sera tiré trois ans plus tard, je retiens surtout l’image de l’affiche, d’un Clark Gabble embrassant Vivien Leigh, je viens seulement de découvrir que les lois raciales de l’époque, en vigueur aux Etats-Unis, empêchèrent l’actrice noire Hattie Daniel, d’assister à la première à Atlanta, en Georgie. Quoi de neuf au pays de l’oncle Sam ?

    Bon, je vous le concède, ce n’est ni le jour ni le moment de discourir plus longuement sur ce sujet. Le roman de Margaret Mitchell mérite d’être lu. Ne serait-ce déjà pour l’éclairage qu’il apporte sur cette Amérique du temps de l’esclavage et la qualité de la narration.

    Ce vendredi 2 août, Margaret Mitchell et Emily Brontë se disputaient les faveurs du public avec Dona Leon et Patricia Wentworth, deux autres écrivaines à qui l’on doit de bons polars. Je pouvais déjà constater, le soir même, non sans satisfaction, que le roman  Les Hauts du Hurle-Vent s’était déjà envolé.

    A celui ou celle qui s’en est emparé, une confidence si il ou elle découvre ces lignes : J’aime le vent. Or, à Kermouster, cette personne le sait peut-être déjà, il lui arrive de souffler fort et le spectacle qu’il génère à même l’estuaire est on ne peut plus éblouissant, pour ne pas dire ébouriffant. Mais que les Kermoustériens se rassurent, je n’irai pas jusqu’à demander que l’on baptise le point de vue du nom de ce roman, même si, quant à moi, je n’y retrouverai rien à redire.  

    Notez bien que l’inauguration officielle doit se faire à l’heure de l’apéro, lors du pique-nique des Kermoustériens, le dimanche 18 juillet ! Le verre à la main, nous nous offrirons ainsi le plaisir d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire locale tout en conversant, à cœur ouvert, sur les bienfaits du livre. 

     

     Aet gant an avel 

     

    Une boîte à livres à coeur ouvert

     Comme cela est clairement indiqué, la boîte à livres de Kermouster n’oublie pas son terroir. On doit à Jean-Pierre Rougié, qui, entre moult activités, meuble sa retraite en apprenant le Breton, d’avoir rappelé que des écrivains ont puisé l’inspiration dans la langue de leur enfance. Des livres et revues en Breton ont, bien évidemment, toute leur place sur les étagères de la boîte.

    En tout cas, l'invite qui nous est faite à ouvrir cette boîte aux quatre vents de la culture, pour tous les âges,  a fait germer l’idée suivante : compléter, le plus souvent possible, chaque chronique à venir en y choisissant un mot clé. Pour lui donner une saveur bretonne.

    Nous aurions pu commencer par choisir celui du livre. Vous avez sous les yeux sa traduction, y compris celle de la boîte. Mais j’ai, pour continuer à jouer sur ce registre, proposé à Jean-Pierre de nous faire apprécier le vent (An avel) tel qu’on le cause encore dans cette Presqu’île dite sauvage. Voici quelques mots et expressions que vous pourrez glisser dans la conversation quand le vent soufflera.

    Avel gornog (vent d’ouest)

    Avel walarn (vent de nord-ouest)

    Avel norzh (vent du nord

    Avel vis (vent de nord-est)

    Avel reter (vent d’est)

    Avel c’hevred (vent de sud-est)

    Avel su (vent du sud)

    Avel vervent (vent du sud-ouest)

    Après ce court lexique, quelques expressions courantes :

    Fresk eo an avel (le vent est frais)

    Tomm eo an avel (le vent est chaud)

    Greñv eo an avel (le vent souffle fort)

    Et pour rester dans le ton de cette chronique

    Aet gant an avel  (Autant en emporte le vent).

    Avec cette précision de Jean-Pierre qui indique s’être servi du titre original du roman de Margaret Mitchell (Gone with the wind) pour en conserver tout son sens en Breton.

     


  • Commentaires

    1
    MP
    Mardi 6 Août 2019 à 13:51

    BRAVO POUR L'OEUVRE !  MERCI ET BONNE LECTURE !!!!!!!!!!!!

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