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    Morgane de Rapa Nui

     

     

     Il aura fallu s’en venir vivre à Kermouster pour que l’île de Pâques refasse surface dans mon imaginaire. Mille mercis à Morgane Lamour. Le livre* que vient de publier cette jeune femme est une invitation à reprendre le large, même si l’envie d’aller « voir là-bas si j’y suis » relève de l’inaccessible rêve. L’île de Pâques, dans le Pacifique sud, à 3500 km des côtes du Chili, auquel elle est rattachée, à 4200 km de Tahiti, Rapa Nui, de son nom d’origine, n’entre plus dans le champ des possibles, du moins pour ce qui me concerne.

     

    Pour y avoir vécu plus de dix ans, par intermittence (mais longues séquences de plusieurs mois d’affilée), Morgane Lamour nous apporte ici un témoignage de première main. Rien à voir avec ce qu’on peut lire dans les guides touristiques. Contrairement à ce qui est écrit en page de garde, ce n’est pas un roman. Sa narration repose sur du vécu. C’est un livre d’amour qui ne tombe en rien dans le pathos.

     

    Ce livre a été écrit pour partie à Kermouster même puisque c’est en pleine période Covid que Morgane Lamour a trouvé refuge ici, chez sa marraine Agnès Cambournac. Pour cette parisienne ayant de profondes racines familiales à Plouha, le hameau est désormais port d’attache, même si son plus cher désir est de s’en retourner à Rapa Nui où l’attendent ses enfants. Alors que, depuis peu, s’ouvrait pour elle la vie d’adulte, Morgane Lamour est en effet devenue mère au foyer en donnant toute son affection aux enfants d’un compagnon vivant sur cette île lointaine. La séparation n’est que provisoire, liée à diverses circonstances dont le Covid. D’ici, il ne se passe pas un jour sans qu’elle reprenne contact, la fée numérique veillant à ce qu’il en soit ainsi.

     

    Un premier voyage à l’âge de 17 ans, à l’initiative de son père, est à l’origine de ce coup de foudre pour le pays des Moaï, ces gigantesques statues dont nul ne peut ignorer l’existence depuis que « l’homme civilisé » y a mis les pieds. Inévitablement, Morgane Lamour se devait de nous rappeler que cette île a été découverte il y a tout juste 300 ans, le 5 avril 1722, par le navigateur néerlandais Jakob Roggeven ; le jour de Pâques, d’où son nom.

     

    Pour celles et ceux qui l’ignoreraient encore, c’est à La Cambuse que l’on peut rencontrer présentement Morgane Lamour. Depuis le début du mois d’août, elle assure en alternance le service bar. On peut s’y procurer ce livre dont je ne pouvais que souligner l’intérêt lors d’une causerie organisée vendredi dernier, à même la terrasse du café bar; livre que j'avais littéralement dévoré la veille. Avec à ses côtés une statuette en bois de Moai, Morgane venait de nous prouver que l'on peut, quand on connaît bien son sujet, s’avérer être une conférencière ayant réponse argumentée à tout.

     

    Bien évidemment, par ce livre, l’écrivaine, qu’elle se découvre être, cherche à nous faire partager son amour pour ce que d’aucuns appellent « le nombril du monde », mais elle mesure le danger que pourrait provoquer sur cette île volcanique un flot touristique non maîtrisé; qui sait s’il ne serait pas plus destructeur qu’un tsunami généré, dans la profondeur des abysses, par le déplacement des plaques tectoniques. Rapa Nui a déjà été confronté à ce péril.

     

     

      

     Dans le sillage de Pierre Loti

     

     

     

    Morgane de Rapa Nui

     Julien Viaud – Ile de Pâques, volcan Rano Raraku, crayon , 27 x 37,9 cm. Signé en bas à droite : J. Viaud. Annoté en bas à droite : statues situées sur le versant du volcan Ronororaku (Hutuiti – île de Pâques) et en bas au centre : dimension de la statue A/Hauteur du sommet de la tête au-dessus du sol …5m 55/Du sol au menton – 1m 70/Longueur de la tête…1.85/Largeur du dos…2.10/(on n’a pas pu savoir à quelle profondeur la base de la statue est enfoncée). Bibliographie : Farrère, p. 40 ; Genet & Hervé, p. 106. Collection particulière.

     

     

     

    Je me dois de souligner un fâcheux oubli, voire une coupable ignorance. Pourtant cela est écrit noir sur blanc en page de garde du livre. Morgane Lamour fait référence à Pierre Loti par cette citation « Ce sont les civilisés qui ont montré vis-à-vis des sauvages, une sauvagerie ignoble ». L’auteur de Pêcheurs d’Islande a eu, quant à lui, l’opportunité de découvrir Rapa Nui.

     

    Julien Viaud était alors aspirant sur un navire de la marine nationale, frégate La Flore, quand celui-ci a fait escale début janvier 1872 à l’île de Pâques. Avec pour ordre de mission : « Rectifiez-en l’hydrographie incertaine et rapportez une des statues préhistoriques qu’on dit s’y trouver ». Celui qui allait devenir le célèbre écrivain, si cher au cœur des Paimpolais, a couché sur son journal intime les souvenirs de cette escale historique, en y ajoutant des dessins ; car Pierre Loti cultivait également cet art.

     

    La Flore a exécuté sa mission et rapporté une tête de Moaï laquelle, après avoir été exposée au Musée de l’Homme, a rejoint le Musée Branly, à Paris

    .

     

    Pierre Loti n’a-t-il pas été le témoin, il y a cent cinquante ans, d’un acte que l’on pourrait aujourd’hui qualifié de vandalisme si ce n’est de sauvagerie ?

     

                                                                                                                           Claude Tarin

                                                                                                                      Mardi 23 août 2022

     

     

    Morgane de Rapa Nui

    Tête de Moaï (Copyright Musée Branly)

     

     

    * Une vie à l’île de Pâques He ora ki rapa nui, Morgane Lamour (Éditions IGB Vécu)

     

     

     

     

     

     


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    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

     Maria Leuranguer a définitivement fermé les yeux ce samedi 13 août. Pensionnaire de l’Ehpad Les Mouettes depuis trois ans, notre chère Maria a, de guerre lasse, à la veille d'aborder sa 90ème année, rejoint dans la tombe, cimetière de Kermouster, son époux avec lequel elle aura partagé cinquante ans de vie et une joie de vivre inaltérable. Comme vont le souligner les témoignages exprimés ci-après, Maria aura porté sur ce monde un regard lumineux et chaleureux et, la retraite venant, ce hameau aura été son nouveau port d’attache après avoir, dès l’âge de 21 ans, construit sa vie familiale à Cherbourg.

    «Tu ne voulais pas vivre la même vie que tes parents agriculteurs et tu voulais voyager » dira Françoise Auger, lors de l’hommage qu’elle a rendu à sa mère, ce mercredi, en l’église Saint-Jean-Baptiste de Lézardrieux. À ses côtés, Sylvie, sa sœur aînée. Ce désir de croquer pleinement dans la vie, Maria le conservera après le décès de Louis Leuranguer, en 2004. À croire que son époux lui avait donné mandat pour tenir le cap, lui qui n’aura eu de cesse d’agir pour son village d’adoption. En 1995, Louis Leuranguer coiffera la casquette de président du Comité d’animation de Kermouster (CAK). « Restée seule à la barre de ta maison bateau, tu as su retrouver l’énergie grâce à l’affection de ta famille et à l’amitié de tout un village » soulignera Françoise avec une émotion difficilement contenue. Maria était l’aînée d’une fratrie de sept enfants.

    Cette « maison bateau », en contrebas du hameau, acquise en 1977 mais véritablement investie en 1986, l’âge de la retraite étant là, symbolise, en effet, ce que fut Maria pour toutes celles et tous ceux qui ont eu cette chance de la connaître ; un fort tempérament, capable d’affronter la solitude mais partageur et généreux à souhait. En plagiant ce traditionnel hymne liturgique qui accompagne généralement une messe d’enterrement, nous savions toutes et tous qu’en franchissant le seuil de sa maison, c’est un sourire, non feint, de bienvenue qui nous accueillerait car cette maison, dressée, telle un sémaphore, sur l’estuaire du Trieux qu’elle aimait tant, sera restée ouverte aux quatre vents de l’amitié.

    Symbole pour symbole : avant de rejoindre l’église Saint -Jean-Baptiste, Maria aura reposé à la maison funéraire de Kerantour, à deux pas de la ferme qui l’a vu naître. La femme de la « maison bateau » venait de boucler sa propre circumnavigation.

     

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

     

     

    L’hommage des Kermoustériens

     

     

     

    J’ai commencé à bien connaître Maria quand elle est venue en retraite. Elle venait au café acheter son journal. Nous étions dépôt de presse. Souvent, quand je partais chez Louise Perrot pour faire la causette, Maria nous rejoignait. Et puis, après le décès de Louis, nous avons pris plaisir à nous tenir compagnie. Maria aimait bouger. On en a fait de belles balades toutes les deux. Notamment sur l’île à Bois. Maria connaissait bien les propriétaires et pouvait ainsi nous en faire partager le charme. D’ailleurs, quand nous allions à la grande-marée pour pêcher des coquilles saint-jacques dans le chenal, nous traversions l’île pour nous rendre sur les lieux de pêche. A cette époque, les pêches étaient fructueuses dans le chenal. Cela dit, Maria pouvait se montrer impatiente. Pas question de traîner en tout cas dès que la mer commençait à remonter.

     

     

    Puis, quand elle a commencé à voyager, c’est nous, Pierre et moi, qui avons eu mission de veiller sur sa maison. Maria, c’était la gentillesse même ; elle avait bon cœur

     

                                                                                                                  Marie-Françpise

     

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

     

    Maria, te souviens tu de ce bel été 1995 où Louis, ton époux, a repris les rênes de la présidence du CAK. Bien avant déjà, vous étiez des membres très actifs du comité. Dès lors, tu as largement pris ton rôle de Première Dame du CAK en nous recevant à toutes heures, à toutes occasions, dans votre maison si accueillante.

     

    En juin 2004, ta vie a été bouleversée par la disparition de Louis. Malgré cela tu as su maintenir la relation. Ton r si roulé, qui, comme nous l’a rappelé Françoise lors de tes funérailles, faisait penser aux Cherbourgeois que tu étais d’origine anglaise, ce roulement si caractéristique ajoutait à ton charme comme un supplément d’âme. Nous aimions, quant à nous, te taquiner en roulant des r pour te faire parler de Cherbourg, où vous aviez su, là aussi, vous faire de nombreux amis, et surtout de Briac, ton petit fils

    .

     

    Tu as toujours été active et volontaire pour les diverses activités de notre association, assemblées générales, réunions préparatoires pour les cochons grillés, festivités du pardon de Saint Maudez, la potée, etc. Tu resteras dans nos pensées à jamais..

     

                                                                                                                  Les amis du CAK

     

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

     

     

    Nous ne connaissions personne à Kermouster lorsque nous nous y sommes installés voici juste trente ans, mais très vite, nous avons eu la chance de rencontrer Louis et Maria qui nous accueillir avec cette simplicité chaleureuse qui était leur façon d’être, leur marque de fabrique…

     

    Des années d’amitié, des soirées à refaire le monde avec Louis, et puis, lorsque Maria s’est retrouvée seule, et qu’elle a du se reconstruire, de fréquentes visites chez l’un chez l’autre, des déjeuners, des dîners à la crêperie du Moulin à mer qu’elle affectionnait, ou simplement des discussions sur la plage…Nous gardons d’elle l’image d’une femme d’une grande qualité humaine et morale, d’un caractère heureux, aimant rire, aimant la vie et aimant les autres, très soucieuse de sa famille et de ses amis.

     

    Sa maladie et son départ nous laisse dans l’émotion et la tristesse, mais aussi tellement de bons souvenirs !

     

     

                                                                                                           Pasquale et Jean-Noël

     

     

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

     

    Pendant tant d’années, elle a été avec son époux Louis notre vigie sur l’estuaire du Trieux. Louis, à la retraite, avait pu exprimer son amour de la Bretagne à travers sa peinture. Maria, plus discrète, ne l’en aimait pas moins, cette terre qui était la sienne. Elle aimait avec passion son paysage marin, et sa maison aux deux côtés mer et rivière.

     

    Restée seule, courageusement, elle y a affronté bien des hivers et bien des tempêtes, les soucis de la vie aussi. Des ennuis de santé l’ont conduit à accepter des opérations à répétition, difficiles et sans grand succès. Mais tout cela, elle le prenait avec philosophie, sans se plaindre, gardant sa gentillesse, son attention aux autres, sa présence et son énergie.

     

    Et puis, la maladie ayant fait son chemin, il lui a fallu quitter sa grève et son environnement, se perdant dans les terres qui pourtant l’avait vu naître. Mais celle que nous garderons dans nos cœurs, c’est la Maria que nous avons tous connue, respectée et aimée, celle qui aimait la beauté et les gens, vivante et présente au monde, frêle silhouette qui marchait sur la grève. Elle nous aura laissé beaucoup d’elle-même, son amour pour Kermouster, et deux pins dans une île. Merci Maria.

     

                                                                                                                                    Claudie

     

     

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

     

    Maria, la bonne humeur...et tellement distraite. Avec d’autres amis, j’ai eu le plaisir de faire quelques petits voyages avec elle. Je me rappelle, entre autres bons souvenirs, deux moments forts qui ont ponctué notre périple en Alsace, en mai 2010.

     

    Petite envie pressante, Maria se rend au « sous-sol » du bus. Fou rire à la remontée. « Si vous saviez comme j’ai eu peur...miroir au-dessus des WC, quelqu’un me regardait...instant de panique avant de réaliser que c’était moi ».

     

    Nous avions réservé une chambre à deux lits. Nous voici installés dans une chambre plus que vieillotte, sous les toits, submergée par les odeurs de cuisine. Bing ! Je me cognais la tête partout. Quant à Maria, elle devait grimper sur une chaise pour atteindre le lavabo. À l’heure du coucher, deux petits lits tristounets. Le sommeil ne vient pas et tout à coup j’entends « Marie-Claire, on dirait les deux orphelines. » Fou rire. C’était parti.

     

    J’aurais tant d’autres anecdotes à raconter. Kenavo Maria !

     

                                                                                                                          Marie-Claire

     

     

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

     

    Souvent on rencontrait Maria s’en revenant vers sa maison de la Presqu'île, ou bien qui en partait ; c'était une marcheuse infatigable. Elle était toujours élégante, agréable et gaie, et de sa voix un peu éraillée nous invitait à aller boire un coup chez elle. Il y avait toujours une bouteille de champagne de prévue pour régaler ses visiteurs, même à l' EHPAD (Chut !)

     

    Nous avons fait en sa compagnie trois voyages à l'étranger avec un groupe de Plouec-du-Trieux.

     

    - Le premier en 2011 en Italie du nord. C'est d'ailleurs au cours de ce voyage que notre guide l' avait oubliée, et s'en est aperçu sur le bateau allant de Venise à Murano ( elle faisait des emplettes dans une boutique). Eh bien, elle nous a rejoint à bord d'un autre bateau, bien que ne sachant pas parler italien ; chapeau !

     

    - Le second voyage en 2012 en Croatie

     

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

    - Le troisième voyage en 2013 à Madère. Maria était toujours partante pour les visites et aussi les coups à boire

     

    Nous avons découvert l' Île à Bois en sa compagnie, elle avait la confiance de Catherine et Jean-Michel, ses plus proches voisins. Elle participait toujours aux animations de Kermouster (brocante, pardon, cochon grillé, etc,,,)

     

    Son image et sa gentillesse resterons toujours dans nos cœurs. Même nos enfants en garde un excellent souvenir et ont été peinés par l'annonce de son décès.

     

                                                                                                                Louis et Christiane

     

     

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

    Ma petite Maria, ma chère voisine, 

     Comme nous étions contentes de voir nos lumières l’une et l’autre les soirs d’hiver. Et de partager les bulles que tu aimais tant, on trouvait toujours une  bonne occasion. 

     On jouait au Scrabble et tu voulais organiser une rencontre avec le Dr Tournier, qui était très fort aussi, mais on ne l’a jamais fait. On parlait des arcs en ciel et des tempêtes, des oiseaux de mer, surtout les tadornes, tes préférées. De tes filles aussi, Soïzic et Sylvie, et de Briac bien sûr.

     Tu étais toujours de bonne humeur, heureuse de nous voir, gaillarde quand tu montais au village pour une visite à Andréa où rejoindre Pierre et Mimie dans leur promenade. Tu nous offrais le café quand nous allions nager dans ta baie, jusqu’au pin que tu as planté sur l’îlot, l’îlot Maria pour toujours.

     Tu étais notre sourire au bout de la digue, celui de Françoise te garde parmi nous.

     

                                                                                                                                   Catherine 

     

     

    Maria Leuranguer : une regard lumineux et chaleureux

     

    C’est peu dire qu’Andréa, notre doyenne, en a, elle aussi, gros sur le cœur. Et depuis plusieurs temps déjà. Chez elle, Maria revisitait son breton mais toutes les deux aimaient se rendre ensemble au cimetière pour honorer la mémoire de leurs époux décédés l'un après l'autre. « Maria marchait vite, trop vite pour moi. Un jour je lui ai dit qu’elle allait comme un TGV ».

     

    Depuis de long mois déjà, Andréa avait le sentiment d'avoir perdu une âme soeur  et se rend désormais seule, dans ce lieu de mémoire. Plusieurs fois par semaine, si ce n’est chaque jour, Andréa aura eu à cœur de prendre de ses nouvelles, en téléphonant à l’Ehpad. « Elle me disait toujours qu’elle allait revenir dans sa maison. J’avais beaucoup de peine. »

     

    C’est avec ce propos, également  chargé d’une profonde émotion qu’il nous faut clore cette chronique d’hommages.

     

     

    Maria nous a quittés. Contrairement à une idée répandue, l’Ave Maria de Schubert, qui aura accompagné Maria Leuranguer dans son dernier voyage, n’est pas à proprement parler une œuvre sacrée. Le célèbre compositeur a puisé son inspiration dans un chant poétique dédié à La Dame du Lac. C'est une grande Dame qui aura vécu dans cette  "maison bateau", située entre mer et ria. 

     

     

                                                                                             Kermouster, vendredi 19 août 2022

     

     

     

     

     

     

     


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    En titrant ainsi cette énième humeur du jour je ne fais que traduire un profond et sincère ressenti. Peut-être l’avez vous vous même éprouvé si vos pas vous ont conduit à Ti ar skol, qui accueillait, toute la semaine dernière Valérie Vincent, une artiste peintre adhérente de la toute récente association LyBaKaPa, association qui regroupe des artistes du canton de Paimpol. Je sais, depuis ce dimanche, que je suis pas le seul à avoir apprécié les créations de cette artiste d’origine irlandaise. Valérie Millar, son nom de jeune fille, est native de Belfast. La guerre civile qui sévissait alors en Irlande du Nord a lourdement pesé sur ses années de jeunesse. C’est cette atmosphère ô combien délétère qui, perdurant, l’amènera, avec son premier mari et leurs deux enfants, à quitter leur pays. Cela fait 45 ans qu’elle vit en France. Paris, Lyon...et depuis un an, Kérity. Un cadre de vie enfin propice pour assouvir un goût évident pour le contact humain et cette passion du pinceau qui ne fut que trop longtemps qu’un simple loisir intermittent.

     

    Mais d’emblée, une précision : même si, dès les premiers instants où le dialogue s’est engagé, Valérie Vincent a su me faire succomber à son charme naturel, que n’est pas sans renforcer l’accent d’outre-Manche, c’est sa peinture et elle seule qui a provoqué ce coup de cœur que l’on traduit dans la langue de Shakespeare par « a blow to the heart ». Une démarche que je qualifie d’intimiste. Quoi de plus intériorisé, en effet, que de coucher sur la toile des bouquets de fleurs ? Mais, c’est par une autre approche que Valérie Vincent a su me faire apprécier l’enchantement de son univers intérieur.

     

     

    A blow to the heart !

                                                                                                                                           (Photo copyright Ouest-France)

     

     

    Agrandissez cette photo récupérée sur le site du quotidien Ouest-France (édition du 13 et 14 août) qui nous montre l’artiste peintre aux côtés d’Alain Vincent, son deuxième compagnon pour la vie, désormais écrivain reconnu comme tel et qui, comme je vais le préciser ci-après, a saisi l’opportunité de cette exposition pour présenter quelques uns de ses livres!

     

    Regardez bien ce tableau ! Dans une ambiance hivernale, à la lisière d’une forêt, une femme, un enfant, deux minuscules silhouettes, une touche d’humanité illuminant une ambiance glaciale. Qui puis-je si les circonstances m’ont amené à faire immédiatement un rapprochement avec l’univers d’un Sempé, dont nous venions d’apprendre le décès ?

     

    Vous aussi, certainement, avez aimé suivre les aventures de ce Petit Nicolas que Sempé a croqué sur le scénario de René Goscinny ; mais que dire de ses dessins de presse où son trait de plume d’une grande sensibilité a su traduire les états d’âmes de l’individu, confronté à lui-même ou noyé dans la foule de ses congénères. Un rapprochement instantané mais vite gommé car l’approche artistique de Valérie Vincent se veut bien évidemment sans autre influence que son propre imaginaire.

     

    Je peste encore contre tous ces contretemps - certains baignant, cela dit en toute transparence, dans une cordialité on ne peut plus chaleureuse – qui m’ont, après un premier coup d’œil, ramené trop tardivement à Ti ar skol, tout juste une heure avant la fermeture de l’exposition. Plus de Petit Nicolas ou supposé tel, mais également disparus des cimaises tous ces petits tableaux remarquables consacrés à l’esthétisme féminin. Tant mieux pour l’artiste, tant mieux pour le ou les acquéreurs. Qu’ils sachent cependant les uns et les autres que j’éprouve le regret de ne pas avoir pu les contempler à nouveau, une dernière fois. Les coups de cœur s’estompent, mais la mémoire reste vive !

     

    Pour ce qui concerne Alain Vincent, il y aurait aussi beaucoup à dire car son histoire recoupe celle de la multinationale Schlumberger Limited, puis celle de la société Renzo Piano Building Workshop. D’abord pour le compte d’une société spécialisée dans les services et installations pétrolières puis aux côtés du célèbre architecte Renzo Piano, alors connu du grand public pour avoir réalisé le Centre Beaubourg, l’architecte Alain Vincent n’ a eu de cesse de parcourir ce vaste monde. Le cap de ses 80 ans franchi, il n’avait toujours pas décroché de ce travail passion. C’est chose faite depuis ce mois d’avril et désormais il peut se consacrer pleinement à l’écriture, cette autre passion qui le taraude depuis fort longtemps et qui lui a valu d’être le lauréat primé d’un concours de nouvelles à Porquerolles, il y a une vingtaine d’années.

     

    Son livre phare pour cette exposition ; une biographie, d’une femme du XVIIIe siècle, Françoise Robin, que son goût pour l’aventure mènera jusque l’île Maurice. Ce genre littéraire oblige tout écrivain sérieux à de nombreuses immersions dans les archives. Il aura fallu cinq années de travail à Alain Vincent pour accoucher des deux tomes racontant la vie de cette femme qui a connu Bougainville, Lafayette et Lavoisier.

     

    A blow to the heart !

     

     

    La lecture de L’homme improbable, une nouvelle écrite à partir d’une histoire vraie, m’incite à penser que l’association Écrivains de Bretagne peut se dire honorée d’avoir accueilli en son sein une belle plume qui ne demande qu’à creuser le terreau nourri par une vie de bourlingue pour y puiser l’inspiration.

     

    D’ores et déjà, à la mi août, au lendemain de cette nouvelle et belle exposition, on peut affirmer que la saison 2022 à Ti ar skoll aura été d’un grand cru. Avec Les Copeaux d’abord qui vont occuper le lieu toute la semaine on change de registre mais pas d’atmosphère. Comme l’an passé (chronique du 25 août 2022 Les Copeaux d’abord font feu de tout bois), le tour à bois de Pascal Bougeant, installé à l’entrée de la salle, tournera à plein régime pour nous rappeler que le mot artisan à les mêmes racines que celui d’artiste. Originellement, l’artisan est celui qui met son art au service d’autrui.

     

     

     

                                                                                                                                                     Claude Tarin

                                                                                                                                       Mardi 16 août 2022

     

     

     

    Ave Maria !

     

     

     

    A blow to the heart !

                                                                                                 (photo Filippe Mota)

     

    Plein soleil ce lundi matin, mais en ce 15 août jour de l’Assomption, jour où les catholiques fêtent traditionnellement la vierge Marie, le ciel n’allait pas tarder à verser quelques larmes. Pour le plus grand bonheur d’une terre asséchée par de longues semaines de canicule.

     

    Pour les Kermoustrériens que nous sommes, ces larmes du ciel étaient chargées de tristesse puisque la veille au soir nous avions appris le décès de Maria Leuranguer, à l’âge de 89 ans.

     

    C’est une grande dame qui vient de nous quitter. La cérémonie religieuse sera célébrée ce mercredi, à 14h30, en l’église Saint-Jean-Baptiste de Lézardrieux.

     

    Ave Maria ! Tu nous manques déjà, mais ton éternel sourire continuera, tel un soleil, à briller dans nos mémoires.

     

     

     


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    Nos jours sont comptés

    Lever de soleil, ce dimanche 7 août (photo Filippe Mota)

     

     

    Rassurez vous ! Je ne vais pas ce jour endosser le rôle de prophète de malheur ni de Nostradamus des temps modernes en annonçant que l’apocalypse tant redoutée (si ce n’est souhaitée par certains mystiques) c’est pour demain, voire après demain. Je ne fais que rebondir sur l’information du jour selon laquelle la Terre tourne plus vite sur elle-même, donc les jours sont ne font plus vingt-quatre heures.

     

    C’est ce que viennent de nous faire savoir les experts scientifiques qui surveillent, comme le lait sur le feu, les déplacements de ce vaisseau spatial que nous partageons en commun. Je les cite : « Le 29 juin, la Terre a complété une rotation en 24 heures moins 1,59 milliseconde», or depuis deux siècles, au moins, on ne faisait que constater un ralentissement de cette rotation ; ce qui avait conduit le Service international de la rotation et des systèmes de référence (IERS), basé à Paris, à imposer « une seconde intercalaire » venant annuellement rétablir la cohérence entre l’heure de nos montres et celle de la Terre. L’horloge astronomique est là pour nous rappeler que les jours sont quotidiennement comptés.

     

    Plusieurs explications du phénomène sont avancées :

     

    - On peut y voir un effet de la fonte des glaciers et la baisse du poids qu’ils représentent aux pôles

     

    - L’influence des marées qui déforment les océans mais aussi la Terre.

     

    - Une oscillation de l’axe de la Terre

     

    Quoi qu’il en soit, cette accélération constatée est sans danger.

     

    Ce n’est pas demain, ni après demain, que la Terre, tout en tournant plus vite sur elle-même,  cessera de tourner autour du soleil, nous privant de ces instants où tout n’est plus que poésie quand celui-ci s’en vient montrer le bout de son nez. Il en sera ainsi pour encore 5 milliards d’années.

     

    Nos lointains descendants auront-ils trouvé d’ici là, bien au-delà de Mars, une « Terre d’asile » dans une galaxie chauffée par un autre soleil, le nôtre devant perdre totalement de son lustre à cette échéance

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    Que cette inquiétante perspective ne plombe pas votre moral ! Sachons profiter de ces instants où la poésie se jouent des calculs astronomiques. Le lever de soleil au-dessus de Bréhat, un spectacle pour les lève-tôt. Pour les couche-tard, les nuits étoilées de cet été 2022 sont elles aussi sources de ravissement. Depuis ce 25 juillet nous sommes entrés dans la période des étoiles filantes dites des Perséides.

     

    La photo ci-dessous a été prise le 26 juillet. Ce tournesol esseulé à l’entrée d’un champ couvert de phacélies a, imagination aidant, l’allure du soleil éclairant un océan bleu-lavande. Il n’est pas toujours nécessaire de lever les yeux au ciel pour ressentir du bien être dans son tout proche environnement.

     

    Qu’est-ce que la poésie ? Parmi la longue liste des citations que l’on peut consulter via Internet, j’ai retenu, ce jour, cette définition de Goethe (1749-1832), romancier, dramaturge poète et scientifique allemand : « la poésie, c’est une pensée sur une image ». Il n’y a aucune honte à avoir à se sentir poète, ne serait-ce qu’une milliseconde.

     

     

                                                                                                                                   Claude Tarin

                                                                                                                        Lundi 8 août 2022

     

     

    Nos jours sont comptés


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    Que la fête continue !

     

    Les images se suffisent à elles mêmes. Deux jours durant, le hameau a vécu pleinement la fête ; vide greniers de Kermouster le samedi ; pique-nique des Kermoustériens le dimanche. À tendre l’oreille, satisfaction sur toute la ligne pour celles et ceux qui ont pu honorer les deux rendez-vous. Concernant le vide greniers villageois, il appartient désormais à l’Amicale de faire un retour d’expérience. C’est la première fois que celui-ci s’étalait à même le cœur du hameau et non plus sur le parking de l’île à Bois. Les premiers échos semblent favorables au maintien de la manifestation à cet endroit. Non seulement les « affaires » ont été bonnes, mais à même les abords de la chapelle et de la place du Crec’h tout le monde y a trouvé son compte, les chineurs patentés et les visiteurs d’un jour.

     

     

    Pour ce qui est du pique-nique, il n’y avait qu’une seule chose à craindre : un éventuel caprice de la météo. Mais le soleil a, également, honoré le rendez-vous, lui conférant son côté festif et joyeux. Alors que nous venons de passer imperceptiblement de juillet à août, il semble peut disposer à se faire discret. Sans oublier les conséquences qu’aurait une trop longue sécheresse, cette présence en continu confère à l’intermède estival une vertu thérapeutique indéniable après deux années d’anxiété collective.

     

     

    Ce mardi 9 août, à 17h, le bureau de l’Amicale organise une réunion, à La Cambuse. À l’ordre du jour : les festivités du pardon, les 27, 28 et 29 août prochains ; le temps fort de la saison estivale.

    Que la fête continue !

     

                                                                                                                           Claude Tarin

                                                                                                                      Mardi 2 juillet 2022

     

     

    Le vide greniers villageois

     

     

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

     

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

     

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

     

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

     

    Le pique-nique

     

     

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

     

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

    Que la fête continue !

     

     

     

    Hommage à Annick Roudot

     

    On peut avoir l’esprit à la fête sans pour autant oublier que d’autres amis et d’autres connaissances traversent des moments douloureux. Au plus prés de nous, le décès de Madame Annick Roudot, à l’âge de 89 ans, a marqué les esprits des Kermoustériens de longues dates. Annick Roudot demeurait à Kerarzol et ses obsèques ont eu lieu, ce vendredi 29 juillet, à Pleudaniel où repose son époux depuis janvier 2020

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    Ce n’est qu’à l’occasion des recherches sur l’histoire de l’école de Kermouster que j’ai eu l’heur de faire la connaissance d’Yves et Annick Roudot. Une maison accueillante et je puis témoigner qu’Annick Roudot était une personne attachante, que l’on regrette de n'avoir connue que trop tardivement . Le Covid a été, pour partie, la cause de son décès. En finira-t-on un jour avec ce coronavirus de la pire des espèces ?

     

     

    Ici, il nous faut rappeler, au lendemain de deux jours festifs, combien la famille Roudot a, à son époque, contribué à maintenir, au plus haut, l’esprit village. Yves Roudot – auquel l’on se doit d’associer Édouard Gentil, récemment décédé - a été la cheville ouvrière de l’Amicale des parents d’élèves de Kermouster et, à ce titre, l’organisateur de fêtes des écoles que bien des Kermoustériens conservent en mémoire. Nous avons déjà eu l’occasion de souligner ses mérites.

     

    Il convenait ce jour de rendre hommage à son épouse.


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