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    La Cambuse ouvre ses portes ce mercredi

     

    On pouvait espérer avoir tourné la page, mais voici que le coronavirus joue à nouveau les trouble-fête. Ici, comme ailleurs ; au point d’avoir, fin de semaine dernière, quasiment transformé Kermouster en cluster ; alors même que le hameau se mettait au diapason de la saison estivale.

    Ainsi, dès ce vendredi 1er juillet, la chapelle a pu ouvrir ses portes  fraîchement repeintes par Yvan Dudal, qu’il n’est guère utile de présenter puisque cet agent des services techniques est bien connu de tous.  C’est un jeune homme de Trédarzec, Damien Estorges, 18 ans, qui va avoir la charge de guider et veiller, en ce mois de juillet, à ce que les visiteurs puissent en apprécier le riche passé patrimonial. Comme toutes celles et ceux qui l’ont précédé dans cette tâche s’offre à lui l’opportunité de se nourrir de connaissances, certes n’ayant aucun rapport avec le métier de vétérinaire vers lequel il dit vouloir s’orienter, mais dont il tirera profit pour lui-même. Plus le bagage culturel est lourd, mieux c’est !

    À noter qu’il a à sa disposition un support revu et corrigé. Toutes nos félicitations à Fabienne Le Briand et au photographe Michel Méar pour avoir conçu un petit guide didactique,  facilitant la mémorisation de ce qu’il convient de retenir après la visite des lieux. D’autant plus que ses concepteurs ont pensé à le décliner en anglais, en allemand…et en breton. Simple suggestion : ne serait-il pas judicieux de publier l’ensemble de cet opuscule sur le site de la mairie ? Les touristes à l’âme curieuse ne sont pas les derniers à se jeter sur la Toile avant de boucler les valises pour un dépaysement.

     

    La Cambuse ouvre ses portes ce mercredi

     

    Damien Estorges va accueillir les visiteurs de la chapelle tout au long de ce mois de juillet

     

    Tout semblait donc nous amener à penser que tout irait pour le mieux « dans le meilleur des mondes », puisque c’est ce mercredi matin que La Cambuse, sauf imprévu de dernière minute, va être en mesure d’accueillir une clientèle, après de longs mois de fermeture. Mais c’était oublier les tensions qui ne manquent pas de se produire au sein de notre conseil municipal dès qu’il est question de ce commerce dit de proximité.

    La presse de ce lundi matin nous donne quelques précisions sur ce qui s’est passé et dit lors de la séance de vendredi dernier. Cela renforce le regret de ne pas avoir pu y assister pour cause de pandémie galopante. Maudit Covid qui vous fait cas contact et vous interdit le contact direct avec ce qui fait l’actualité du moment.

    Ces controverses récurrentes autour de La Cambuse ont un effet délétère et plombent d’emblée l’atmosphère. Le tribunal devant trancher dans le contentieux engagé par la société Breizh Colibri, gérants de ce bar épicerie devenue crêperie, ne nous fera connaître sa décision, au plus tôt, qu’après la fin de l’été ; ce qui nous fait craindre que cette guerre picrocholine dure au-delà du raisonnable.

     Cette réouverture, dont la presse nous révèle les modalités, n’était-elle souhaitable que pour quelques Kermoustériens que Monsieur Yves Jézéquel, chef de file de l’opposition, et sa colistière, Madame Ceillier-Verdeil, qualifient de « non représentatifs ». À lire la « lettre ouverte » qu’ils ont cosignée dans les colonnes de l’hebdomadaire La Presse d’Armor, la semaine dernière, ils ne seraient qu’une petite poignée à soutenir une initiative qui ne peut, selon eux, que nuire aux intérêts bien compris du hameau et donc pas ricochets de la commune. C’est ce qualificatif de « non représentatifs » qui m’amène à compléter cette Humeur du jour  par une lettre ouverte à l’adresse de Monsieur Jézéquel, au titre de chef de l’opposition.

    Que sait-on de la manière dont La Cambuse, redevenue buvette épicerie pour ces mois de juillet et août, va fonctionner ?

    L’établissement sera ouvert sept jours sur sept sous le couvert d’une régie municipale dotée d’un compte de dépôt de fonds. De 9h30 à 14 h puis de 15h30 à 20h. Les deux agents prennent leurs congés les lundis et mardis et se remplacent mutuellement.  Un budget de 28000 €  a été établi, dont 12000 € pour couvrir les frais de personnel et 14000 € pour l’achat des fournitures. Ces premières journées d’ouverture vont permettre de situer les attentes pour ce qui concerne le volet épicerie, alimentée par le magasin Utile du centre bourg. Les tarifs des consommations ont été calculés pour rester en concordance avec les autres bars de la commune. Les recettes ont été estimées sur la base d’une fréquentation quotidienne de quarante personnes

    L’ensemble de ces décisions a été voté par le conseil, Yves Jézéquel, Christine Ceillier-Verdeil et Maryline Casteran votant contre. Une seule abstention : celle de Laurent Menou.

    Selon ce que nous dit la presse, la discussion qui a fait suite a été particulièrement houleuse, l’opposition estimant devoir se prononcer sur une initiative dont elle a dit n’avoir pris seulement connaissance qu’à l’occasion de ce conseil. Ce à quoi le maire a répondu que, sur la base d’une même initiative, décidée lors du conseil municipal du 10 juin 2021, mais qui n’avait pu, compte tenu des délais, se concrétiser l’été dernier, l’opposition s’était déclarée contre et que cette décision, qui leur était connue, était de facto validée.

    Le vote effectué, avec le résultat que l’on sait, Henri Paranthoën a clos la séance. En cultivant l’espoir que les tensions s’apaisent ? Qui sait si cela ne nous est pas promis !

     

     

    Lettre ouverte à Monsieur Yves Jézéquel

     

    Monsieur

     

    Au travers d’une tribune libre, publiée le mercredi 29 juin par l’hebdomadaire La presse  d’Armor, tribune cosignée par votre colistière, Madame Christine Ceillier-Verdeil, vous avez fait connaître publiquement votre profond mécontentement. Je ne viens pas, ce jour, vous reprocher ce droit, qui est celui de tout élu siégeant dans l’opposition, à pouvoir débattre en toute connaissance de cause de l’intérêt ou non de projets initiés par la majorité du conseil, donc du maire. Si, comme vous l’affirmez dans votre interpellation, vous n’avez découvert que sur le tard le projet de réouverture de La Cambuse, sans qu’il y ait eu la moindre concertation préalable, je ne peux qu’approuver votre réaction. Mais c’est parole contre parole puisque, comme cela transparaît dans les comptes-rendus de la presse, vous connaissiez depuis un an déjà la nature même de l’initiative qu’entendait prendre la municipalité pour que le commerce puisse rouvrir ses portes, ne serait-ce que pour les deux mois d’été.

    Du plus haut sommet de l’État jusque l’échelon de la Commune, cellule de base de notre démocratie, il est impératif de sauvegarder des passerelles de dialogue, en cultivant toujours l’espoir que celui-ci débouche sur des engagements préservant l’intérêt général. Mais, je suis au regret d’avoir à réagir à la teneur de cette lettre ouverte et de vous faire, publiquement, le reproche de ne pas avoir suffisamment maîtrisé votre propos. Votre plume a froissé.

    À vous lire, il existe « quelques » Kermoustériens « non représentatifs ».  Le qualificatif, même précédé de ce « quelques », est fort désobligeant pour ne pas dire surprenant puisque venant d’une personne qui, votre engagement pour les récentes législatives en témoigne, souhaite jouer un rôle politique après avoir servi la France au sein de nos armées. Tout en ne sachant pas si je suis moi-même un Kermoustérien « non représentatif », je me fais ce jour le porte-parole de toutes les personnes qui, dans ce hameau, se sont senties visées par un propos pour le moins regrettable, discriminatoire et visiblement déconnecté de ce qu’est le Kermouster d’aujourd’hui.

    Quelles sont donc les conditions qui font, selon vous, un Kermoustérien « représentatif » ? Cette question vous la rendez vous-même on ne peut plus légitime.

    Faut-il, pour mériter cette honorabilité, avoir grandi dans ce qui était alors un vrai village dans les années d’après guerre, c’est-à-dire à une époque où votre grand-père présidait, à nouveau, aux destinées de la commune de Lézardrieux ? Ou, pour le moins, y avoir payé ses impôts alors que votre père, Monsieur Alain Jézéquel, tout juste élu, a eu à cœur de revitaliser le hameau en transformant l’ancienne école en buvette épicerie ?

    Je ne suis pas sans méconnaître l’affect que des Kermoustériens de souche et adoptés durant ces deux périodes manifestent quand ils en viennent à évoquer le souvenir de vos parents. Comment pourrions nous, nous autres qui ne les avons pas connus, ne pas partager ce sentiment de reconnaissance. Aujourd’hui, ici, rares sont ceux qui ne se sont pas encore approprié l’histoire de ce qui est désormais leur lieu de vie. Dans une récente chronique mise en ligne en 2020 (Le 6 juin 1940 : la guerre frappe déjà à la porte de l’école), je rappelais les malheurs qui ont frappé votre famille durant ces années d’horreur. Point n’est besoin d’être né ici pour faire connaître sa compassion et partager, même après tout ce temps, une profonde émotion.

    Au plus prés, il me faut reconnaître avoir quelque peu tardé à me pencher sur l’historique de ce commerce – preuve s’il en est qu’il n’est pas au centre de mes préoccupations - lequel se trouve à nouveau au cœur d’une polémique. Une récente immersion dans les archives municipales à la recherche d’informations sur le docteur Isidore Brandès * -  Il fut, en son temps, une personnalité lézardrivienne de tout premier plan dans les premières décennies du siècle dernier ; j’y reviendrai dans une prochaine chronique -  m’a amené jusque la mandature de votre père, lequel, comme je viens de le rappeler, a souhaité que ce quartier excentré de la commune puisse disposer d’un commerce de proximité. Cela nous ramène à l’été 1995. Voici ce que disait votre père après avoir été élu maire :

    « Lézardrieux possède en effet une diversité affirmée et attachante qui, de temps immémorial, a marié la ruralité stable de la terre à la présence mouvante de la mer, de Kermaquer à Kermouster et de Kergruyant à Kerdroel ». Puis, après avoir rendu hommage à votre grand-père, votre père concluait son discours d’intronisation par un engagement solennel : « Nous tous, ici présents, ne chercherons qu’à défendre l’intérêt général de Lézardrieux, ce qui suppose d’abord de bien l’appréhender, le comprendre, le faire sien. Et nous nous efforcerons de ne pas tomber dans les pièges des querelles de clans, vaines et médiocres. »  (18 juin 1995).

    Dès le mois d’octobre de cette même année, la buvette épicerie était mise sur les rails. Ainsi, le 30 octobre, le conseil municipal, au sein duquel siégeaient des résidents kermoustériens (Yvon Le Thomas, 1er adjoint, Marie-Claire Perrot et Édouard Le Gentil, tous deux nommés régisseurs de la buvette) définissait les règles de fonctionnement de ce qui était alors une régie municipale. Deux ans plus tard, alors que la société Casino, du fait d’une restructuration en son sein, décidait de ne pas reconduire son appui, votre père, toujours convaincu de l’intérêt qu’il y avait à maintenir en ce lieu un commerce de proximité, sera amené à dire : « Arrêter brutalement l’expérience serait mettre fin à la revitalisation du village et surtout interrompre un service qui a un caractère social de proximité, apportant notamment une amélioration de leurs conditions de vie aux personnes âgées et très âgées. La commune est donc dans l’obligation morale, humaine, de poursuivre. Cette opération améliore l’image de Kermouster, à la fois traditionnelle et touristique, apportant des services appréciés, tant aux habitants qu’aux résidents saisonniers. »

    Depuis ce lundi 29 septembre 1997, l’eau a coulé sous le pont de Lézardrieux, la buvette épicerie a tenu tant bien que mal la marée avant de devenir Cambuse puis, essentiellement, crêperie. Le contentieux engagé par la société Breizh Colibri, frappe le hameau en plein cœur, le privant, momentanément, d’une plateforme de rencontres et d’échanges. Cela dit, avec ou sans La Cambuse, Kermouster demeure un lieu de vie appréciable.

    Cette revitalisation ne correspond peut-être pas à ce qui était alors imaginé à l’époque où votre père tenait la barre de la chaloupe municipale, mais elle est le fruit des évolutions économiques et sociétales qui ont, ici comme ailleurs, profondément modifié les paysages de la ruralité. Les nouveaux résidents, je puis en témoigner, se félicitent que Kermouster ait pu conserver cet environnement agricole. Kermouster a séduit par sa quiétude et ses charmes naturels. Il y avait des longères ou des terres à vendre. Son éloignement des centres-villes a, irrémédiablement, amené de nouveaux résidents libérés des contraintes du travail et pouvant s’offrir pécuniairement une parcelle de bien-être. Cette revitalisation ne semble pas être à vôtre goût.

    La stratégie mise en place au basculement du siècle pour maintenir un commerce de proximité à Kermouster ne peut, peut-être pas, être reconduite à l’identique. Nous en sommes tous conscients. La buvette épicerie devenue Cambuse méritait assurément d’être ripolinée. Mais peut-être, même si l’intention première était louable, en restant dans un coût ne défrisant pas l’entendement.

    Dans votre lettre ouverte vous écrivez que cette réouverture temporaire de La Cambuse, sous une forme café épicerie, fera que les Lézardriviens « règleront, in fine, une facture qui risque d’être exorbitante ». Nous jugerons sur les faits, mais comment doit-on qualifier les sommes faramineuses qui ont été engagées dans la rénovation de l’établissement par la précédente équipe municipale ?

    Loin de moi l’envie de souffler sur les braises encore fumantes de ce qui s’apparente, pour nombre de Kermoustériens, non représentatifs ou non, à un gâchis. Je veux croire que cette polémique fera long feu et que cette réouverture temporaire pourra se faire dans une ambiance apaisée. Pour cela, il convient que soit maintenu l’esprit des « fondamentaux » sur lesquels votre père a, sauf erreur d’interprétation, forgé sa décision, Non pas dans le seul intérêt d’une poignée de bourgeois comme l’écrit un(e) certain(e) MC, par un commentaire à une précédente chronique tout aussi désobligeant que le vôtre, mais dans l’intérêt général bien compris de l’ensemble des résidents et, par extension, de tous les Lézardriviens.

    « Les bourgeois c’est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient bête ; les bourgeois plus ça devient vieux, plus ça devient c… » Mais tout de suite en écho à cette chanson de Jacques Brel, comment ne pas citer celle de Brassens, citoyen d’honneur de notre commune : « Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con, qu’on ait 20 ans, qu’on soit grand-père, quand on est con, on est con ! »

    En faisant référence à ces chanteurs poètes du temps jadis, je me dis que votre père lui-même approuverait cette digression musicale, pour une raison qui me paraît évidente : sous la casquette de l’ancien préfet honoraire devenu maire de Lézardrieux, j’ai entraperçu, au cours de mes recherches, l’âme d’un poète. Dans la préface de Poèmes du Trégor et d’ailleurs, Paul Le Flem – autre personnalité lézardrivienne - nous laisse entendre que votre père, auteur de ce recueil, était un admirateur inconditionnel de Nerval, Voltaire, Rimbaud et surtout de Baudelaire. Preuve s’il en est que la fonction de maire ou de préfet ne vous rend pas sourd à des considérations autres que la rentabilité.

    Je ne serais pas étonné si vous me disiez l’avoir entendu fredonner ces vers d’une composition – Les Poètes- du chanteur anarchiste Léo Ferré :

     

    Ce sont de drôl's de typ's qui vivent de leur plume
    Ou qui ne vivent pas c'est selon la saison
    Ce sont de drôl's de typ's qui traversent la brume
    Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons

     

    Ils mettent des couleurs sur le gris des pavés
    Quand ils marchent dessus ils se croient sur la mer
    Ils mettent des rubans autour de l'alphabet
    Et sortent dans la rue leurs mots pour prendre l'air

     

    Sans gommer d’un revers de la main, les arguments qui nous rappellent que le maintien d’un commerce de proximité, dans un site aussi reculé, soumis naturellement à des contraintes de stationnement et de circulation quasiment insurmontables, ne peut se faire qu’en s’assurant de la viabilité de l’affaire, rien ne nous interdit d’espérer que soit maintenue à l’esprit la dimension  « poétique » des lieux

    Alors, plutôt que d’alimenter des «  querelles de clans, vaines et médiocres », je ne puis qu’adjurer, Monsieur Jézéquel, que vous puissiez donner plus de consistance à votre rôle d’opposant. Rien ne vous interdit d’être force de proposition. Là est la meilleure façon de résorber les clivages. Ne tombez pas définitivement dans le piège de la posture !

    Il serait peut-être plus judicieux, pour favoriser un débat de plus haute tenue, de nous faire connaître précisément ce que vous feriez pour permettre à ce commerce de proximité de continuer à fonctionner, tout en conservant ces « fondamentaux » que le temps passé n’a pas rendus caduques. À vous de nous dire si ces « fondamentaux » ont encore pour vous un intérêt.

    Gérer c’est prévoir, a-t-on coutume de dire. Avec la Cambuse nous sommes dans le court terme et, les circonstances étant ce qu’elles sont, il est normal d’en revenir à la godille en cherchant à amurer au mieux, dans l’intérêt bien compris des résidents à demeure, des saisonniers, des visiteurs d’un jour et de ceux qui occupent les gîtes à la petite semaine. Très souvent, trop souvent, une municipalité se voit contrainte d’agir à chaud pour tenter de limiter les dégâts provoqués par une décision antérieure n’ayant pas eu les effets bénéfiques escomptés. Mais cela ne lui interdit en rien de penser sur le long terme.

    Alors, pour conclure mon propos par une note constructive, j’émets cette suggestion, toujours centrée sur l’avenir de Kermouster.

    La moyenne d’âge des résidents tournera toujours, dans les temps futurs, entre 70 et 80 ans. Rien ne laisse prévoir un renouvellement de la population du hameau par des classes d’âge bien en dessous de la catégorie seniors. D’autant qu’il va nous falloir collectivement envisager une plus grande sobriété dans nos modes de vie, notamment en matière de dépenses énergétiques, donc dans l’usage de nos véhicules. Comment, dès lors, imaginer ce que pourrait être ce lieu de vie aussi excentré dans dix ou quinze ans?

    Voici un beau sujet de réflexion pour quelqu’un qui semble désireux de prendre, à son tour, la barre de la chaloupe municipale et, ainsi, s’inscrire dans le sillage d’une saga familiale. Cela consiste à permettre aux toujours résidents d’être en mesure de faire face aux priorités du quotidien que sont et demeureront l’accès à la santé et à l’alimentation. La fracture numérique ne sera bientôt plus, ici, un obstacle, les nouvelles générations de retraités maîtrisant les subtilités des écrans ; les technologies nouvelles offriront à coup sûr des services efficaces. À ce stade, Kermouster pourrait s’avérer un laboratoire d’expérimentation, pour ne pas dire un cas d’école. Tout en n’oubliant pas les priorités du moment, il y a là, pour tout élu désireux de mettre toute son énergie au service de ses concitoyens, un champ d’intervention on ne peut plus motivant.

    Ainsi, dans ce « nouveau monde » que l’on pressent, où l’on cherchera à canaliser les effets néfastes du tourisme de masse dans des secteurs extrêmement sensibles comme l’est Kermouster, ce commerce de proximité conçu à la naissance de ce siècle, devrait, moyennant une adaptation judicieuse, pensée au travers d’une réflexion collective associant tous les résidents, pouvoir, tel un cœur, continuer à impulser le souffle de la vie, au rythme des quatre saisons.

     

                                                                                                               Claude Tarin

                                                                                                    Mardi 05 juillet 2022

     

     

    *Isidore Brandès (1865-1938), que les anciens Lézardriviens appelaient « le médecin des pauvres », a, lui-même, été conseiller municipal de 1913 jusqu’en 1938. Durant la grande guerre, ce Roumain d’origine a opéré au sein de l’armée en tant que médecin militaire, toute la durée du conflit. « Médecin des pauvres » ? Très certainement parce que ce docteur a dû s’occuper du dispensaire de Lézardrieux. Tout témoignage se rapportant à sa vie kermoustérienne sera le bienvenu.

     

    Réponse de Monsieur Yves Jézéquel

     

    Monsieur, 

      

    Merci tout d’abord d’avoir pris la peine d’initier cet échange. Nous avons toujours plus à gagner en discutant et en confrontant des points de vue divergents qu’à maugréer sans savoir. Je retiens d’ailleurs de votre lettre plus de points qui nous réunissent que de points qui nous séparent. 

    Mon propos n’avait aucune intention de blesser, mais simplement de dire que tous les Kermoustériens ne partagent pas le même avis. C’est le sens de la phrase « quelques Kermoustériens non représentatifs de l’ensemble du village ». Il ne s’agit pas, bien entendu, de faire de distinguo entre les Kermoustériens, ceux qui y sont nés et ceux qui s’y sont installés, ce qui n’a aucun sens. C’est simplement une approche quantitative. Le « quelques » n’a d’ailleurs aucune connotation péjorative. Néanmoins, si j’ai froissé des Kermoustériens, je m’en excuse sincèrement. Mais ne m’assimilez pas aux injures de « MC », qui ne dit même pas son nom. Vous connaissez mon attachement à Kermouster, où je viens régulièrement, ne serait-ce que pour me recueillir sur la tombe de mes aïeux.

     Je vous confirme que Madame Ceillier-Verdeil et moi-même avons appris par les réseaux sociaux, puis par la presse, que la majorité travaillait à la réouverture de la Cambuse. Nous avons compris le 30 juin, lors du conseil extraordinaire, que ce travail était entrepris depuis plusieurs mois. A aucun moment de l’année, lors de commissions, de conseils, ou dans des discussions libres, l’idée d’ouvrir la Cambuse à l’été 2022 n’a été abordée devant nous. La proposition qui avait été faite au conseil du 10 juin 2021 concernait l’ouverture de l’été 21. A cette époque d’ailleurs la commune n’était pas encore en procès avec les anciens gérants. Un dialogue était encore possible et c’est dans cet état d’esprit que nous avons voté. 

    Vous vous reposez beaucoup sur mon histoire familiale, à laquelle je suis tout particulièrement attaché. Je vous en remercie. Elle a guidé mes choix de vie. Vous citez mon père et ses discours où je retrouve exactement mes idées d’aujourd’hui. Je le rejoins notamment lorsqu’il dit : « arrêter brutalement l’expérience (de l’épicerie) serait mettre fin à la revitalisation du village et surtout interrompre un service qui a un caractère social de proximité…La commune est donc dans l’obligation morale, humaine, de poursuivre. » Alors pourquoi avoir fait le choix de la fermeture et du procès ? Un dialogue était possible pour concilier les parties, au moins essayer. Ce n’est pas le choix que Monsieur Paranthoën a retenu. C’est ce que je remets en question. Je ne défends pas spécifiquement les anciens gérants. Je défends l’idée du commerce de proximité et d’un restaurant entretenant en permanence une activité sur la place pour le plaisir des Kermoustériens et des touristes, car Lézardrieux a aussi besoin du tourisme. Je défends aussi une certaine idée de justice. C’est pour cette raison que lors de la campagne électorale des municipales j’ai fait la proposition de repartir de zéro, avec une nouvelle gérance de deux ans et de décider au bout de cette période de ce que nous ferions, notamment pour le fonds de commerce (dont la vente a quand même été votée à l’unanimité lors du conseil municipal du 20 mars 2019, donc avec le vote de la minorité de l’époque). Je remarque simplement que les anciens gérants en ont accepté le principe. Dans cette triste affaire il suffisait je crois, ou au moins tenter, de vous mettre tous autour d’une table et de mettre les choses au point. Qui l’a fait ?

    Vous dites que la revitalisation de Kermouster ne semble pas à mon goût. Pourquoi dites-vous cela ? Je pense exactement le contraire. Le maintien de notre tissu rural sera une priorité dans les décennies qui viennent : la mobilité rurale, les déserts médicaux, l’attractivité pour les jeunes ménages, la souveraineté alimentaire … sont des sujets cruciaux. J’ai commencé à en parler en esquissant des solutions possibles dans une campagne législative qui n’a pas laissé de place au débat d’idées. Qui de la majorité municipale a abordé ces questions ?

    Sur le sujet du coût, vous parlez des « sommes faramineuses » consacrées à la réhabilitation de l’ancienne école. Mais de quelles sommes parlez-vous ? Des 193 000 euros du montant final des travaux (subventions déduites mais sans compter la micro-station), soit après retrait des loyers un coût pour la commune de 78 180 euros étalés sur 20 ans, donc moins de 4 000 euros par an ? Oui il y a eu un surcoût, comme dans beaucoup de réhabilitations. Mais où est le scandale pour sauvegarder notre patrimoine et sans impact, vous l’aurez noté, sur les impôts locaux ? A titre de comparaison je vous fais remarquer que la construction du nouveau boulodrome s’est élevée à plus de 230 000 euros. En revanche à combien va s’élever la facture du procès ? Les loyers non versés, les remboursements à effectuer auprès de Breizh Colibri, les coûts des réouvertures estivales si on suit ce rythme (un minimum de 30 000 euros pour l’été 22) et peut-être l’amende de plusieurs milliers d’euros si la commune perd son procès, ce qui ne peut être exclu.

     Vous parlez de « passerelles de dialogue » comme base de notre système démocratique. Je vous rejoins et en déplore l’absence sur la scène nationale où la politique devient spectacle et insultes, comme sur la scène locale où nous constatons depuis le début de la mandature une absence totale de dialogue entre la majorité et l’opposition. Pourtant, depuis le début de mandat, nous sommes parfaitement disposés, madame Ceillier-Verdeil et moi-même, à remplir notre rôle de minorité dans un esprit de construction pour le bien des Lézardriviens. L’attitude affichée de la majorité ne nous le permet pas. Pour le moment.

    Vous m’assimilez à un élu ne voyant que la rentabilité des objets. Vous me pointez du doigt mais vous ne me connaissez pas. Où est le travail du journaliste ? Je ne fonctionne pas comme ça. La politique, c’est l’art des projets, c’est d’abord une vision. Quelle est la vision de la majorité ? Où sont les projets ?

    Dans ma position d’élu, je n’alimente pas des « querelles de clans, vaines et médiocres », Monsieur Tarin, malgré ce que certains veulent vous faire croire. J’essaie d’y échapper. Et je peux vous garantir que ce n’est pas simple tous les jours.

    J’arrête ici ma réponse. Elle appelle d’autres échanges, mais de vive voix. Je suis totalement disposé à venir à Kermouster rencontrer celles et ceux qui voudront aborder avec moi les sujets du moment. Je vous propose de venir samedi ; nous pourrons convenir du lieu et de l’heure du rendez-vous. J’aurai plaisir à échanger avec vous.

      

    Bien à vous 

      

                                                                                                                         Yves Jézéquel 

      

     Monsieur Jézéquel  complète sa réponse ainsi

    Vous trouverez en pièce jointe un mail du maire de Lézardrieux datant du 22 juin 2022 et qui s’étonne lui-même de l’ouverture de la Cambuse. C’est quand même assez curieux quand on prépare le projet depuis des mois. Monsieur le maire ne m’en voudra pas de le publier puisqu’il lit les mails que je lui adresse en conseil municipal, devant la presse et le public, sans avoir pris la peine d’y répondre. Vous noterez qu’il parle de blogs et doit faire, à priori, référence au vôtre, où se trouvait l’« information ». 

    envoyé : 22 juin 2022 à 12:04
    de : secretariat.general@lezardrieux.fr
    à : 'Henri PARANTHOEN' <paranthoen@orange.fr>
    objet : TR: La Cambuse / ouverture estivale 

    Bonsoir,  

    J'ai moi-même été surpris d'apprendre que la Cambuse ouvrait ! Ceci me conforte dans ma méfiance des "informations" qui circulent sur les réseaux sociaux et les blogs.  

    Oui, nous travaillons sur une possibilité d'ouvrir cet établissement en juillet et août. J'ai rencontré les responsables de l'amicale de Kermouster le vendredi 17 juin pour examiner leur demande d'organiser un vide-grenier le 30 juillet dans les rues de Kermouster. J'ai profité de cette rencontre pour leur faire part de la difficulté à trouver des saisonniers en juillet et août. 

    Je vais convoquer un conseil municipal exceptionnel le 29 ou le 30 juin pour examiner les éléments en notre possession concernant la Cambuse : 

    - Volet légal 

    - Volet règlementaire 

    - Volet personnel 

    - Volet économique 

    - Volet social  

    Le conseil municipal décidera alors en connaissance de cause de l'ouverture ou non de l'établissement la Cambuse.  

    Très cordialement, 

    Henri PARANTHOËN 

    Lézardrieux, Maire.      

     

    De : Maryline Casteran 
    Envoyé : lundi 20 juin 2022 22:01
    À : 
    secretariat.general@lezardrieux.fr
    Objet : La Cambuse / ouverture estivale
     

     Monsieur le Maire bonjour  

    Je suis surprise d'apprendre la réouverture de la Cambuse par les réseaux sociaux et le blog "point de vue de Kermouster".  

    Je vous serais reconnaissante de bien vouloir me fournir les informations concernant le contexte de cette prise de décision.   

    En vous remerciant   

    Maryline Castéran  

     

    Monsieur Yves Jézéquel, samedi à Kermouster

     

    Ayant un engagement de long terme, ce samedi 9 juillet, dont j’ai indiqué la nature à Monsieur Yves Jézéquel, j’ai quand même accepté de répondre positivement à sa demande de rendez-vous. Ce sera de 10h à 10h30, à mon domicile. En simple tête à tête.

    J’aurais de beaucoup préféré que ce rendez-vous prenne l’allure d’une rencontre avec les Kermoustériens désireux de pouvoir l’entendre s’expliquer de vive voix, à travers cet échange public, sur ce qu'il convient de faire pour que la Cambuse puisse, au-delà de cette controverse conjoncturelle mais qui semble devoir perdurer, recouvrer le caractère chaleureux que nous lui avons connu, tout en assurant bien évidemment la viabilité de ce commerce de proximité.

    Il appartient donc à Monsieur Yves Jézéquel de faire savoir si il peut saisir ou non l’opportunité de sa venue à Kermouster pour établir un contact avec d’autres résidents, au sortir de notre courte rencontre. La Cambuse ayant ouvert ses portes, le lieu serait tout trouvé pour une telle confrontation, la salle d’exposition étant apparemment occupée ce jour-là.

                                                                                                                            C.T.

     


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    Ti ar skol : première exposition de l’été

    Bruno Charenton anime depuis octobre 2021 l'atelier Pont de Lézard à Ti ar skol. Ce week-end il présentait les premières réalisations de cet atelier qui ne demande qu'à poursuivre l'expérience, laquelle consiste à donner envie de dessiner et de peindre.

     

    Ti ar skol a accueilli ces vendredi, samedi et dimanche sa toute première exposition de l’été. Nous étions conviés à juger le travail effectué par les membres de l’atelier Pont de Lézard, une initiative lancée en octobre dernier par Bruno Charenton, un peintre que nous avions découvert l’été dernier dans cette même salle d’exposition. Si, comme tous ses élèves l’ont laissé entendre vendredi après-midi, lors du vernissage de l’exposition, le dessin et la peinture n’étaient tout au plus que des passe-temps vécus dans une totale intimité, force est de reconnaître que leur travail en collectif a porté ses fruits.

    A raison d’une séance par semaine, dans cette même salle, une dizaine de personnes, toutes des environs proches, dont deux Kermoustériennes, ont fait preuve d’assiduité pour passer du désir intentionnel à la réalisation. Tout est souvent question de motivation,  repose donc d’abord sur le plaisir que l’on éprouve en préalable.

    Bruno Charenton a jeté l’ancre à Trédarzec, mais c’est à Paris, alors que la retraite n’était encore qu’une lointaine réalité, qu’il s’est forgé lui-même, dans des ateliers de ce type, à cet art qui consiste à saisir sur le vif un modèle vivant, des objets, des ambiances, des paysages. C’est après avoir découvert Ti ar Skol que l’idée lui est venue de faire partager cette passion. L’exposition qui vient de se clore lui laisse espérer que ce ne sera pas une expérience sans lendemain. « Si la mairie de Lézardrieux juge l’expérience réussie, j’espère pouvoir poursuivre ces séances et créer du lien social et un intérêt renouvelé pour le dessin et la peinture » dit-il, en ajoutant « dans une ambiance décontractée et chaleureuse. »

     

    Ti ar skol: première exposition de l’été

    Novembre 2021, une des toutes premières séances de travail (Photo Ouest-France)

     

    Pour fédérer des talents qui se cherchent, Bruno Charenton, sous sa toge de professeur, les soumet d’abord à l’épreuve du dessin rapide sur modèle, un élève, ou lui-même, se dévouant alors pour s’exposer au regard de ses petits camarades. Il en ressort des croquis, au crayon, au fusain, dont certains ont été exposés entre pastels et aquarelles. Chaque  croquis est au sortir de l’exercice soumis à une « révision collégiale » comme le souligne Bruno Charenton. Ce stade franchi, les élèves sont alors invités à s’attaquer à des compositions plus variées, style compositions florales, natures mortes ou paysages maritimes.

    On ne peut qu’espérer que la municipalité donnera son feu vert pour que Le Pont de Lézard puisse continuer à jouer son rôle de passerelle. Reste maintenant à savoir, si cette exposition aura provoqué un effet d’entraînement. Nous sommes hélas les plus nombreux à ne pas avoir su donner suite à ce que fut notre moyen d’expression : le dessin.

     

                                                                                                                                       Claude Tarin

                                                                                                                           Lundi 27 juin 2022

     

    Ti ar skol: première exposition de l’été

     

    Ti ar skol: première exposition de l’été

     Pastels, aquarelles et dessins, fruit d'un travail collectif débouchant sur la satisfaction pour chaque élève de l'atelier. Ci-dessous, Christine Montel, de Penvenan, dont l'une de ses réalisations est au point de départ sur une évocation du rôle qu'a joué la cochenille dans la peinture.

     

    Une histoire de cochenille

     

     

    Ti ar skol: première exposition de l’été

     

    Ti ar skol: première exposition de l’été

     Le tableau des souliers de Christine Montel exposé à Ti ar skol s'inspire indirectement de celui de Vincent Van Gogh, une huile sur toile peinte en 1888. Photo New York Metropolitan Museum of Art, extraite du livre de George Roque Cochenille: de la teinture à la peinture

     

    Cela aurait pu s’apparenter à un quiz : « De  qui sont ces tableaux ayant pour thème une vieille paire de godillots ? » Christine Montel de Penvenan dit s’être ici essayée à copier le tableau d’un peintre dont elle n’a pas gardé le nom en mémoire. Elle ne m’en voudra pas si je dis que ses souliers ont été certainement inspirés à ce peintre par cette huile sur toile de Vincent Van Gogh, un thème que celui-ci a décliné sur plusieurs angles. Mais, ne serait-ce qu’à l’apparence même des chaussures, on perçoit d’emblée qu’on a changé d’époque. Il n’empêche, avec ses pastels, Christine Montel a apparemment voulu se confronter à un peintre de référence. Quoi de plus normal ! L’essentiel est de respecter les règles qui prévalent en matière de copie. Le résultat est pour le moins prometteur. Mais, ce qui m’intéresse ce jour, c’est la réponse à cette question : est-ce que le bâtonnet rouge qu’elle a utilisé pour colorer le dessus de la semelle contient un pigment à base de cochenille ou bien est-il à base de pigments synthétiques ?

    C’est la lecture, tout fraîche, d’un livre passionnant (La cochenille: de la teinture à la peinture, une histoire matérielle de la couleur, Éd. Gallimard) écrit par le philosophe et historien d’art Georges Roque qui m’amène, au sortir de cette exposition, à vous faire partager cette interrogation, car, comme je vais tenter de vous le faire admettre, c’est un sujet qui nous concerne tous indirectement, nous les consommateurs de colorants.

     

    Ti ar skol: première exposition de l’été

    Variété sylvestre de cochenille, État de Morelos, Mexique (Photo Georgers Roque)

     

    Au fil de quelque trois cents pages, Georges Roque nous embarque dans une belle histoire, celle de la cochenille des cactus (Dactylopius coccus), dite mexicaine, qui fut en son temps un produit phare du négoce international, une reine quasiment incontestée au sein de cette famille d’insectes qui compte près de 8500 espèces dont celle qui peuple les chênes des garrigues. De son broyage, les teinturiers, mais également les artistes peintres, depuis la fin du XVe jusqu’au début du XXe siècles, ont extrait le carmin donnant une teinte rouge vive.

     

    Ti ar skol: première exposition de l’été

    Cochenille femelle, vue micrographique numérisée prise du dessous, par balayage électronique d'un microscope, l'original mesurant approximativement 2 mm. Cette photo illustre la couverture du livre de Georges Roque (Photo Greta Hanako, 2017, Instituto de Ecolagia de Xalapa, Veracruz, Mexiqque)

     

    Les Espagnols ont su tirer profit de l’abondance de ces insectes peuplant les cactus au Mexique pour faire fructifier leurs propres intérêts. Les Flamands, un temps placés sous l’autorité de l’empereur Charles Quint, en feront de même, tout comme les Vénitiens. Ce qui fait, pour s’en tenir au seul aspect de la peinture, que la cochenille a pris sa part dans des chefs d’œuvre que l’on doit à Velasquez, Titien, Véronèse, Rembrandt…et Van Gogh, pour ne citer qu’eux.

    La couleur rouge vif est très présente dans le tableau de Christine Montel, mais à base de pigments synthétiques. Le doute pouvant s’insinuer quand on scrute les souliers de Van Gogh, Georges Roque aiguise notre capacité à voir. Bien que déjà habitué à utiliser des pigments synthétiques confinés dans des tubes, comme nombre de peintres, impressionnistes ou autres, Van Gogh s’est servi, nous assure Georges Roque, de la cochenille mexicaine pour les ombres et tout particulièrement dans la chaussure droite et le sol. Au premier coup d’œil rien d’évident, mais il n’y a aucune raison de mettre en doute la parole de cet important théoricien de la couleur

    Ce qu’il convient de retenir de la lecture de son livre, c’est que la cochenille du cactus, comme la chenille des chênes des garrigues (Kermes vermilio), a donné au rouge, durant de longs siècles, la couleur du pouvoir, qu’il soit politique ou ecclésiastique. La cochenille mexicaine finira par  bousculer profondément la primauté des autres pigments donnant cette teinte rouge, ce qui n’empêchera pas, au début du XXe siècle, nos braves Poilus de sen aller au combat, avec le résultat que l’on sait, vêtus d’uniformes rouge garance.  Si on s’en tient au tableau de Van Gogh, force est de constater que le caractère symbolique du pouvoir s’est totalement dilué sur des thèmes moins seyants. Celui des Brancardiers de la Croix-Rouge de Mathurin Méheut, désormais visible dans le nouveau musée de Lamballe, donne à ce soi-disant pouvoir une image fortement contrastée.

    Leçon d’histoire, leçon de peinture, mais pas que…

     

    Ti ar skol: première exposition de l’été

    Les brancardiers de la Croix Rouge, (Mathurin Méheut, 1916)

     

    Dans sa narration, George Roque nous fait savoir que la production de la cochenille des cactus, qui s’était effondrée avec la concurrence grandissante des pigments synthétiques, atteint de nouveau celle qu’elle était encore au XIXe siècle. Le Pérou et le Mexique représentent actuellement les deux grands centres de production. « Une étude, nous dit-il, a montré que les colorants rouges synthétiques utilisés dans l’industrie étaient cancérigènes ». D’où un retour vers les colorants à base de pigments naturels, ce qui, par effet boomerang, a permis à notre cochenille de regrimper dans les faveurs, tout particulièrement de l’industrie alimentaire, cosmétique et pharmaceutique.

    Je ne vais pas citer ici les marques de ces produits autorisés à la vente et dûment estampillés, par l’Union Européenne, du nom de colorant E120. Il vous faudra peut-être des bons yeux pour le dénicher sur l’emballage.

    Le risque de toxicité de cet additif alimentaire, selon Que Choisir, reste limité, mais ce colorant étant « associé à des résidus d’extraction provenant de l’insecte », une consommation excessive peut avoir des effets d’allergies respiratoires ou provoquer des éruptions cutanées ainsi qu’une hyperactivité chez les enfants.

    En toute fin de son ouvrage, Georges Roque évoque le cas d’une boisson à base de lait, teint en rose avec de la cochenille, que son fabricant américain a dû retirer de la vente, suite à la protestation véhémente de la communauté végane, arguant que le colorant est d’origine animale. Il faut quelque 70000 insectes pour faire une livre de pigment.

    Que les adeptes de ce mouvement ne prennent pas la mouche si je leur dis qu’il leur faudrait, en toute logique, protester contre les autorités marocaines qui viennent d’engager un programme de destruction de la cochenille des cactus, laquelle met à mal les figuiers de barbarie. Faut-il également laisser faire ces cochenilles qui en font voir de toutes sortes de couleurs aux jardiniers sans avoir, quant à elles, le pigment qui secrète cette teinte rouge ? En France, un peu plus de 400 espèces sont présentes dans 18 familles recensées. Sur ce nombre, plusieurs espèces sont de grandes ravageuses.  Alors ? 

     L’homme, l’animal, le végétal, le minéral ; la quadrature du cercle pour notre monde tout en rondeur mais balayé par les vents de la frayeur.

                                                                                                                                                               C.T.

     

     

     

     

     


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    Il court, il court, le furet,

    Le furet du bois, mesdames,

    Il court, il court, le furet,

    Le furet du bois joli.

    Il est passé par ici,

    Il repassera par là.

     

    Comment ne pas chantonner cette rengaine quand le matin, après une nuit agitée, vous apprenez par un autotest que vous êtes positif au Covid,  alors que, la veille encore, rien ne le laissait prévoir. ? Cela vous tombe comme un véritable coup de massue sur la tête avec, en sus, un vague sentiment de culpabilité, car, dès lors, comment ne pas faire appel à sa mémoire pour se souvenir de toutes les personnes avec lesquelles vous avez bavassé ces derniers jours, les yeux dans les yeux, en oubliant (consciemment ou non) de porter le masque protecteur. Il court, il court le Covid, il est passé par ici

    Ne craignez rien vous qui découvrez ces lignes, si tant est que nous ne faîtes pas partie de ces personnes ayant côtoyé des « infréquentables » !  Ce texte est, certes, transmis par une souris logeant dans un lieu que l’on peut croire désormais infesté, du moins pour un temps donné, par un variant du coronavirus, mais cet empêcheur de tourner en rond n’a pas encore réussi à emprunter la voie numérique pour amplifier sa capacité de nuisance. À cette remarque près : cette voie du numérique aura été le déversoir d’un flot (non tari à ce jour) de commentaires confinant à l’irresponsabilité.

    Coupables ? Nous le sommes peut-être, pour ne pas s’être sentis directement concernés alors que la presse a multiplié ces derniers temps les informations selon lesquelles nous en avions pas fini avec la pandémie ; comme ce fut le cas, pas plus tard que ce vendredi 24 juin, avec Ouest-France, qui en a fait son gros titre de Une. Les fortes chaleurs de ces jours derniers nous ont tous conduits à baisser la garde, même dans ce coin reculé de la grande Europe. Et puis nous avions la tête ailleurs : les législatives, l’Ukraine, le pouvoir d’achat et les probabilités d’orages et j’en oublie...  

    Cela dit, pas de panique ! Selon le Centre européen de contrôle des maladies, il n’y a aucune preuve que le BA 5, le nouveau variant d’Omicron, soit associé à une gravité accrue de l’infection ; mais, comme notre immunité collective perd en efficacité, la vigilance s’impose à nouveau. La nécessité d’une nouvelle dose de vaccin se fait jour. Pour les « infréquentables » que nous sommes, une semaine de quarantaine ce n’est pas la mer à boire. Nous aussi avons toutes les raisons de penser que l’été sera festif. À l'image de son logo coloré, l'Amicale de Kermouster est à poste pour qu'il en soit ainsi.

     

    Que la fête soit !

     

    D’ores et déjà, cochons sur l’agenda la date du 30 juillet ! Le dernier samedi du mois prochain la rue de l’école, du moins dans sa partie allant de la chapelle à la place du Crec’h, se transformera en farfouille villageoise, la mairie ayant donné son feu vert à l’Amicale de Kermouster pour l’organisation, dans ce format, d’un vide-greniers, qui sera réservé aux résidents du hameau. Seuls les Kermoustériens pourront, en effet, étaler sur la place publique leurs vieux trésors.

    Que les amateurs de brocantes vivant sous d’autres cieux s’en persuadent : trésors il y aura à récupérer et ce jour là, tout comme c’est le cas ce samedi –où flotte dans l’air le fumet d’un cochon grillé - et le sera tout au long du mois de juillet, il fera bon se balader dans le hameau. Avec en prime : une visite de cette chapelle, mémoire d’un riche passé patrimonial. De courageuses petites mains ont retroussé leurs manches ce jeudi pour décrocher les toiles d’araignées, toiletter les statues et balayer la poussière. Tout est en ordre pour accueillir les amateurs de belles choses... et de beaux paysages.

    Que la fête soit !

     

                                                                                                                                          Claude Tarin

                                                                                                                            Samedi 25 juin 2022

     

    Que la fête soit !


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    Qui pourrait dire le contraire ? Comme il aurait fait bon pouvoir, cette semaine, pouvoir s’attabler sur la terrasse de La Cambuse pour siroter un rafraîchissement tout en échangeant sur les couleurs du temps. Mais, un courriel de l’Amicale de Kermouster est venu, ce vendredi après-midi, nous dire qu’il nous fallait faire encore preuve de patience, une quinzaine de jours. C’est au sortir d’une réunion avec le maire que les responsables de l’Amicale ont obtenu quelques précisions se rapportant à La Cambuse.

    D’abord, il nous faut savoir que l’affaire opposant les gérants de la société Breizh Colibri à la municipalité concernant le bar crêperie épicerie ne sera traitée que le 27 juin prochain alors que l’on s’attendait à en savoir plus sur les tenants et les aboutissants au début de cette semaine. Est-ce à dire que c’est ce dernier lundi du mois de juin que les juges trancheront le contentieux? Rien n’est moins sûr.

    Cela dit, la municipalité a concocté un plan qui doit permettre à La Cambuse d’assurer le service durant les deux mois d’été, du 1er juillet au 31 août. Tous les Kermoustériens sont supposés avoir l’info à l’heure qu’il est.

    Dans le courriel, adressé par l’Amicale, il est dit qu’on y trouvera boissons, glaces et dépannage épicerie. La commune a prévu de salarier un contractuel à cet effet. Des volontaires sont déjà sélectionnés, mais il reste des plages (horaires) non pourvues.

    Les horaires seraient de 9h30 à 14h30  et de 15h30 à 20h30, mais cela reste à confirmer. D’ici au 1er juillet, on espère bien évidemment avoir de plus amples et nécessaires précisions.

     

    Préserver la licence IV

     

    De fait, la Commune se devait de sortir d’un statu quo qui dure depuis bientôt trois ans. Il lui fallait procéder à une réouverture pour préserver la licence IV de l’établissement, sans laquelle celui-ci perdait toute sa raison d’être. Propriétaire des lieux, la Commune, malgré l’affaire en cours, est en droit de procéder à cette réouverture ; fut-elle transitoire.

    La licence IV ? Tiens donc, parlons en de cette licence qui autorise la vente de boissons alcoolisées !

     

    La Cambuse ouverte cet été

     

    L’instauration de cette réglementation remonte à la loi du 24 septembre 1941. À cette époque, qui aurait dit que la cour de l’école deviendrait terrasse d’un bistrot épicerie. D’ailleurs, le 21 septembre 1941, l’école avait été transférée dans un corps de ferme de Kernharant, pour permettre aux Allemands de transformer les lieux en poste vigie au-dessus de l’estuaire. La notion de point de vue avait alors une autre connotation. Il n’est pas inutile de le rappeler alors que les bombes pleuvent sur le Donbass en Ukraine.

    On doit donc cette loi au gouvernent de Vichy. C’est dans cette commune de l’Allier que Philippe Pétain avait choisi de s’installer pour présider aux destinées de la France « en zone libre ». Outre les sources thermales, cette ville offrait l’avantage d’avoir toute la structure hôtelière pour accueillir toutes ces personnalités de haut rang condamnées de facto à quitter Paris pour se donner l’apparence d’une liberté qui n’en était pas une.

    Cette loi du 24 septembre 1941 ne faisait qu’endurcir des résolutions du 23 août 1940, prises, sous l’impulsion des ligues antialcooliques, deux mois après que l’Allemagne nazie eut contraint la France à signer un armistice déshonorant. Rien ne nous interdit de penser qu’à Vichy on n’en sera pas venu, pour autant, à ne boire que de l’eau, du moins dans les hautes sphères de ce pouvoir inféodé, durant toutes ces années d’asservissement.

    Une licence IV peut rester cinq ans sans être exploitée. Au-delà, la licence est perdue. Là se situe donc la première motivation de la Commune : préserver la licence. Ce qui, bien entendu, nous amène à penser qu’au-delà de cette réouverture limitée dans le temps l’intention de maintenir un point de convivialité au cœur du village est toujours dans les cartons. L’avenir dira ce qu’il en sera.

     

                                                                                                                                           Claude Tarin

                                                                                                                               Samedi 18 juin 2022

     

     


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    Plein soleil alors que la Presqu’île se relève tout juste des dégâts causés par de violents orages. Cela devrait durer jusque dimanche prochain. Météo France annonce à nouveau des orages pour le 19 juin. Tant dans le ciel que sur terre plane le risque de surchauffe puisque ce dimanche marquera la fin du long, trop long feuilleton électoral, en surtension à quelques heures du deuxième tour des législatives. Il y a de l’électricité dans l’air, mais pas seulement ; les petites phrases assassines inondent aussi les réseaux numériques. De quoi décourager encore plus nombre d’électeurs.

    Que l’on ne s’y trompe pas ! Je ne viens pas absoudre les trop nombreux abstentionnistes du premier tour des législatives, ceux dont le réflexe démocratique s’est gravement émoussé. Sur la palette électorale, ce n’est pourtant pas le choix qui fait défaut, mais peut-être en sont-ils arrivés à se contrefiche totalement de qui aura la lourde tâche de diriger le pays. Les abstentionnistes constituent aujourd’hui une majorité de citoyens ; une majorité sans chef de file. Attention ! Danger !

    Je sais que, écrivant cela, je prends le risque de heurter quelques sensibilités – peut être-vous qui me faîtes l’honneur de me lire  – mais j’en suis ce jour arrivé à applaudir des deux mains tous les citoyens et citoyennes qui ont pris le temps d’aller, dimanche dernier, déposer leur bulletin de vote dans les urnes ; même ceux qui contrarieraient fortement l’idée que je me fais de la vie démocratique si le scrutin final confie la conduite du pays à leurs mandants. Que les abstentionnistes, qui pensent, à tort, que la politique ne sert à rien, ne viennent pas, après coup, se plaindre d’un tel scénario.

    Alors autant dire qu’en ce début de semaine « je l’ai plutôt mauvaise ». Même baignant sous un plein soleil, ce pays (encore) verdoyant montre un visage excessivement désolant. Le débat est nécessaire, inhérent à la démocratie, pour permettre de situer les enjeux, mais quand il prend cette tournure il ne peut qu’être contreproductif.

    Ayant utilisé le mot scénario me revient le souvenir de ce moment de télévision, capté par le plus grand des hasards, durant lequel le jury du Festival de Cannes remettait à une actrice iranienne le 1er prix d’interprétation féminine. Héroïne d’un thriller (Les Nuits de Mashad), Zahra Alir Ebrahimi déclarait sous l’emprise d’une émotion non feinte: « Ce soir j’ai le sentiment d’avoir eu un parcours très long avant d’arriver ici sur cette scène…un parcours marqué par des humiliations » a-t-elle dit en remerciant la France de l’avoir accueillie en 2008. Un pays avec « des gens heureux qui adorent être malheureux ». Cette femme avait été contrainte de s’exiler après la diffusion sur les « réseaux sociaux » de scènes sur sa vie privée. L’Iran n’est pas le seul pays, hélas, à asservir sa population. Point n'est besoin d’en faire l’énumération.

    Sans nier les difficultés que nous rencontrions déjà mais que la situation internationale aggrave, certes à des degrés divers selon nos revenus, force est de reconnaître qu’au regard de ce qui se passe dans d’autres parties du monde, nous ne pouvons faire que des envieux. Merci à Zahra Alir Ebrahimi  de nous l’avoir rappelé. Ne gâchons pas cette chance!

     

     

                                                                                                                                     Claude Tarin

                                                                                                                           Mardi 14 juin 2022


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