• Combien existe-t-il d’espèces de coquillages marins ?  Aux dires des naturalistes, plus d’un millier. Mais cette estimation, fruit de longs siècles d’observation, ne donne qu’une vague idée de ce qui se cache réellement sous la surface des océans. Aux quelques coquillages que nous avons, ici, loisir de cueillir, à mains nues sur l’estran, avant d’éprouver le plaisir de la dégustation, s’ajoute une  multitude de gastropodes brouteurs et de bivalves filtreurs qui tapissent les fonds marins de la planète bleue. Et nombreux sont ceux qui, à défaut de n’offrir aucun intérêt alimentaire, sont récoltés pour la beauté de leur forme et de leur manteau, sous lequel se cache souvent la nacre, objet de bien des convoitises.

    Pour Sophie Le Merdy, qui expose des créations à Kermouster (22-28 juillet), le coquillage est simplement source d’inspiration.

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

     

    Faut-il encore présenter Sophie Le Merdy ? C’est un visage familier,  une signature, une personnalité déjà bien connue sur la Presqu’île. Anciennement productrice documentaires pour l’Education nationale et la Télévision, elle assure la correspondance, depuis cinq ans, pour La Presse d’Armor sur Lézardrieux, Pleudaniel, Pleumeur-Gautier, Tréguier et Minhy Tréguier.

    « Quand j’ai pris ma retraite, j’ai souhaité pouvoir trouver une occupation  qui me permette de maintenir le contact avec les réalités du secteur. La Presse d’Armor m’a offert cette opportunité.» Nantaise d’origine, Parisienne de longues années durant de par sa profession, Sophie Le Merdy, qui  demeure désormais à Camarel, a, ainsi, renoué avec ses racines profondes, puisque sa branche familiale s’est développée non loin de là, à Tréguier. « Mais c’est avant tout l’esprit de ce pays et la  beauté des paysages qui ont déterminé ce choix. »

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

    Sophie Le Merdy

    Son exposition, Coquill’art, a pour premier mérite de nous faire toucher des yeux une approche artistique fort originale. C’est une exposition qui nourrit les neurones du visiteur. Certes, Sophie Le Merdy ne fait ici que prendre le sillage d’artistes artisans qui ont donné au coquillage, au fil des siècles, sa robe de noblesse. Tant dans la joaillerie que dans la décoration. En se mirant devant de grands miroirs encadrés de coquillages ramenés par ses marins, Louis XIV devait, de Versailles, éprouver le sentiment narcissique d’être le roi soleil éclairant la mer. Si Sophie Le Merdy met le coquillage « en majesté », elle ne le fait que pour assouvir sa passion.

    Cette passion s’est cristallisée lors d’une visite du jardin de Kerdalo en Trédarzec. « Le jardin en continu » comme l’a défini, voilà une dizaine d’années, l’écrivain académicien Eric Orsenna. Dans cet écrin de verdure, Sophie Le Merdy a, quant à elle, porté un regard tout particulier à la grotte couverte de fresques représentant des personnages marins réalisés à partir de coquillages. Le prince Peter Wolkonsky, propriétaire des lieux, s’était alors inspiré des jardins italiens où la grotte est un point de rencontre, si ce n’est de passage, entre l’univers aquatique et le terrestre. «  C’est après avoir contemplé ces fresques que l’idée m’est venue de dépasser le stade de l’intention. » résume Sophie Le Merdy

    En donnant corps à sa passion, tout d’abord au travers de ce travail d’orfèvre qui consiste à donner aux miroirs une valeur artistique,  Sophie Le Merdy n’a pour seul objectif que de se faire plaisir et si, de cette exposition, elle tire la certitude qu’elle en procure à d’autres, cela ne pourra que l’encourager à élargir le cadre de ses créations.

    Elle nous en révèle déjà un aspect avec une série de têtes qui ne sont pas sans rappeler les tableaux du peintre italien Guiseppe Arcimboldo (1527-1593). On doit à ce peintre toute une série de portraits caricaturaux formés de plusieurs fruits, légumes et végétaux, dont ses célèbres Quatre saisons. Les visages de Sophie Le Merdy vous immergent dans un face à face avec des êtres du monde de l’imaginaire.

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

     

    Des êtres inquiétants ou rigolos, selon le regard qu’on leur porte. Comme celui-ci aux sourcils d'un vert ombrageux, façonnés avec des moules de Nouvelle-Zélande (Perna canalicula) et le crâne couronné de couteaux (Solen marginatus). Pour d'autres ce sont des coquilles d’huîtres (Ostrea gigas) ou des coquilles Saint Jacques (Pecten maximus) qui dessinent le contour du visage. Nez droits et larges  à base de Conus blancs. Bouches en Cypraea , laissant apparaître, sous un rictus, la pensée de celui que vous regardez. Toutes les créatures de Sophie Le Merdy vous interpellent. Elles  portent en elles la beauté d'une nature profonde.

    Mais s’il serait prétentieux, pour ne pas dire ridicule, pour ce qui me concerne, d’étaler ici un savoir qui, de fait, ne se limite qu’à pouvoir faire la distinction entre les familles des Littorines, dont fait partie notre célèbre bigorneau, des  Pectinidés (coquilles et péttoncles), des Ostreidae (huîtres) , des Mytilida (moules) et autres Veneridés (palourdes, praires).

    Cette multitude d’espèces inconnues de nos rivages nécessiterait un savoir encyclopédique qui m’est hors de portée. Et s’agissant de parler d’une exposition d’œuvres d’art, totalement superfétatoire.

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

     

    Contentez vous, si ce n’est déjà fait, de retenir que ces visages,  dont le regard émerge d’ orbites nacrées à travers des iris en forme d’olive colorée , ont pour noms Poséidon, Gaspard, Papagena, Pleine Lune, nommée ainsi pour sa rondeur, et Anémone ! Rien à voir, pour cette dernière, avec l’anémone de mer, qui, elle, est dépourvue d’exosquelette. « J’ai voulu simplement rendre hommage à l’actrice que j’appréciais beaucoup » souligne Sophie Le Merdy.

    A raison, l’artiste ne se lance pas dans des explications par trop savantes. Ses coquillages, elle les « pêche » en flânant sur les grèves, dans les brocantes, où certains se séparent d’une collection bâtie au fil de leurs pérégrinations lointaines. Mais pour toutes les espèces en provenance du Pacifique, des mers d’Asie ou des Caraïbes, elle sait trouver sur le grand filet du Net celles qui lui conviendront, en couleur et en taille.

     

    Les coquillages "en majesté de Sophie e Le Merdy

     

    Une précision s’impose ! Sophie Le Merdy ne peint pas les coquillages. Elle les assemble sans y ajouter un coup de pinceau. Donc, la robe verte des moules de Nouvelle Zélande et de ces deux gros "bigorneaux" qui reposent sur le front de Pleine Lune n’est que le fruit de la nature. C’est ainsi que ces Turbo crasus cultivent leur différence au sein de la grande famille des Turbinadae. Le Turbo crassus est un mollusque des Philippines.

    Cette exposition est en quelque sorte une invitation pour un voyage de rêve dans le monde des abysses.

     


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  • Le vide n’a pas fait le plein, mais ce fut un beau dimanche

     

    Rien ne sert de se voiler la face. Le vide-greniers de ce dimanche 21 juillet n’a pas été complètement à la hauteur des attentes de l’Amicale, son premier grand rendez-vous de l’été. Le vide n’a pas fait le plein. Et pourtant, dès le lever du jour, le soleil était au rendez-vous. Seulement une grosse vingtaine d’exposants. Dont une large partie constituée par des résidents du hameau, ce qui, toute considération faîte, colle bien à l’esprit même d’un vide-greniers.

    Un vide greniers, c’est, au départ, l’affaire d’un village, d’un bourg ou d’un quartier. L’objectif premier est de créer une animation locale. C’est un espace temps et d’échange, certes sous-tendu par des transactions financières, mais où chacun peut savourer une passion avec d’autres. Des voisins, mais également des gens venus des environs immédiats, désireux eux aussi de saisir cette opportunité pour se séparer d’objets dont le poids du passé fait plier les étagères et craquer les armoires. Ce qui, d’ailleurs, ne se fait pas toujours de gaieté de cœur. Mais si le vendeur sent que l’acheteur y trouve son bonheur, le délaissement coûte moins. Il y voit l’assurance que cet objet devenu encombrant va retrouver un nouveau souffle. Les objets ont-ils une âme ? Vaste débat !

    A quoi tient ce fléchissement de la participation? L’explication la plus plausible : le trop plein de manifestations de ce type, le même jour, dans un rayon d’une trentaine de kilomètres. Des vide-greniers en veux tu en voilà ! Durant cette période estivale, il en pousse autant que de chatons sur les branches des châtaigniers. La beauté du cadre du parking de l’île à Bois a valeur d’atout, mais ce n’est pas une carte suffisante pour donner au rendez-vous que l’Amicale propose, chaque année, à cette époque, son côté incontournable. Peut-être conviendrait-il de repenser la date ?

    On se souvient qu’en 2016, le vide-greniers de Kermouster avait établi un record avec quelque soixante-dix exposants. Mais il avait bénéficié de l’annulation soudaine de plusieurs brocantes aux alentours. Le 24 juillet de cette année là, le hameau avait été littéralement asphyxié par un flot incessant de voitures. A l’extrême limite du supportable. En moyenne, compte tenu aussi des capacités d’accueil du terre-plein, le vide greniers de Kermouster peut réunir, tout au plus, une grosse quarantaine d’exposants.

    Dimanche dernier, hormis ce léger regret, un seul vrai motif de mécontentement. Celui de l’indélicatesse d’une poignée d’exposants qui n’ont pas pris sur eux le temps d’avertir les organisateurs qu’ils n’honoreraient pas leur réservation. Comme par hasard, toutes ces personnes s’étaient engagées sur des nombres de mètres linéaires conséquents.

    Tout en sachant qu’il peut y avoir des moments dans la vie qui viennent contrarier vos plans au dernier moment, tout laisse à penser qu’il y en a qui ont encore oublié, ce matin là, quelques règles de base de la vie en société. Le respect de la parole donnée, la prévenance voire la politesse tout court.

    Mais qu’à cela ne tienne ! Comme il est courant de le dire, ce n’est pas toujours le nombre qui fait la qualité.

    A écouter les commentaires, venu le temps de recharger les voitures avec les invendus, les participants ont globalement fait état de leur satisfaction. Les chineurs ont, quant à eux, été au rendez-vous et les transactions ont donné lieu à un courant continu. Et puis, parmi les brocanteurs d’un jour, il y a eu un autre vrai motif de satisfaction. Celui d’avoir fait des affaires dans un cadre exceptionnel, baignant dans une ambiance bon enfant.

     

    Le vide n’a pas fait le plein, mais ce fut un beau dimanche

     

    Pour les plus courageux, si ce n’est impatients, quelle satisfaction d’avoir vu se lever le soleil, tout là-bas, entre l’île Saint Maudez et Bréhat. Un spectacle de toute beauté, sans bourse à délier. Certains se sont peut-être, tout comme nous, souvenus que c’était un matin où il fallait également poser un regard attentif sur la Lune. A cette heure là, elle flottait encore dans un ciel bleu nuit au-dessus de la ligne de crêtes verte des châtaigniers qui bordent la descente vers l’île à Bois.

     A 6h du matin, il y avait tout juste cinquante ans, Neil Amstrong et Buz Aldrin, les deux premiers hommes à avoir marché sur la Lune, n’avaient toujours pas regagné Eagle, le module qui les avait déposés, la veille au soir, sur la Mer de la Tranquillité. A l’heure du soleil levant sur une mer d’huile en baie du Paradis, il faisait bon savourer le souvenir tenace de ces images perçues un demi siècle plus tôt par écran télé interposé.

     

    Le vide n’a pas fait le plein, mais ce fut un beau dimanche

     A l'heure où s'installaient les premiers exposants la Lune brillait encore deans le ciel

     

    Carpe diem

     Il est une expression dont je fais un usage immodéré dans les conversations de tous les jours. Il s’agit de la locution latine Carpe Diem dont l’auteur est un certain Horace. Je l’utilise toujours dans sa traduction la plus positive : « Cueille le jour », ce qui revient à dire « Savoure le présent ». Ce dimanche matin 21 juillet 2019 il y avait donc matière à savourer le présent.

    Mais que les indélicats ne se fassent aucune illusion, ce contentement aura perduré tout au long de ce dimanche, même quand il s’est agi pour les membres de l’Amicale de faire jouer l’huile de coude, pour redonner, au plus vite, son rôle plein et entier au parking. Ici, qu’on se le dise, on a à cœur de faire en sorte que l’on s’y sente bien.

    Aussi, vais-je conclure, par une anecdote qui montre bien que l’indélicatesse à laquelle je viens de faire allusion peut ressurgir là où on ne l’attend pas.

    Vous mettez tout en œuvre pour que les touristes qui ont couché la case Kermouster dans leur périple découverte puissent disposer au plus vite des lieux.  Las ! Alors que stationnent encore nombre de voitures entre la place du calvaire et le carrefour de la chapelle – en cette fin d’après-midi il y avait également concert à La Cambuse – voici que vous vous trouvez, remorque chargée à ras bord,  nez à nez avec un camping-car dont les occupants ne prennent pas le temps de comprendre la situation, estimant certainement qu’au titre de visiteurs, il convient de leur accorder la priorité. Bien que vous ne soyez plus vraiment en situation d’opérer toute manœuvre, voici que pleuvent alors sur vous des noms d’oiseaux. Quelle triste image ont donné du camping-cariste ce jour là ces vacanciers qui, visiblement, ne se ressourcent pas à l’esprit du poème d’Horace.

    Sur le parking de l’île à Bois, tout a été mis en œuvre, voilà deux ans, pour que chacun, camping-caristes compris, y trouve son compte. Dans ce mouchoir de poche, il est à souhaiter que ne s’installent pas de tels esprits chagrins, fort heureusement, si peu représentatifs de ces adeptes du couchage sur quatre roues.

    Là encore, il appartient aux offices du tourisme du secteur de souligner le caractère sensible des lieux, même en dehors de toute fête locale.

     


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    Il y a des jours comme ça où l’on se sent coupable de ne pas voir pensé à telle ou telle solution pouvant devenir suggestion, si on n’est pas en mesure de l’apporter soi-même, et, ainsi, éviter, à d’autres, toute contrariété. C’est ce qui s’est passé ce jeudi 18 juillet, sur le seuil de la chapelle.

    Sur la vingtaine de personnes ayant répondu à l’invitation de Capriol & Cie, compagnie qui nous proposait ce soir là de nous faire découvrir l’œuvre  du compositeur breton Guillaume Tessier, une seule aura dû se contenter d’y assister en restant à l’extérieur. Et pour cause, elle est handicapée. Elle ne peut se déplacer qu’en fauteuil électrique, dont elle ne peut s’extirper que très difficilement. Or, à regret, il nous a fallu constater que rien n’avait été prévu pour permettre à de telles personnes de franchir la haute marche qu’il vous faut descendre pour pénétrer dans la chapelle. Même impossibilité par la porte latérale.

    Il y a de ça quelques années, la municipalité d’alors avait répondu à une suggestion consistant à permettre aux spectateurs assis loin du chœur de pouvoir, a minima, voir les visages des artistes. Depuis lors, chanteurs et musiciens se produisent sur une estrade qui, durant cette période des visites,  n’altère en rien l’esthétisme originel du lieu. Pour quelques planches supplémentaires, il n’aurait guère fallu du temps pour que le menuisier municipal conçoive  une rampe d’accès, amovible elle aussi. Encore fut-il y avoir pensé ! Mea culpa ! Mea culpa !

    L’heure n’étant pas aux récriminations, ni à une excessive flagellation, rassurons d’emblée nos édiles ! Cette personne nous a dit, à l’issue de ce concert, avoir quand même pu apprécier ce qu’il nous a été donné d’entendre. Même satisfaction des autres spectateurs.

     

     

    Ce concert est le fruit de la passion qu’éprouve cette compagnie à mettre en lumière la musique profane de la Renaissance. Capriol & Cie est une habituée des lieux (Chroniques des 17 juillet 2014 et 29 juillet 2016).  Cette année, dans un périple à travers la Bretagne, la compagnie rend hommage  à un compositeur dont elle n’a connu l’existence qu’à la suite d’un travail réalisé par les Presses universitaires de Rennes sur la musique en Bretagne, publié il y a déjà quelques années.

    Qui est donc ce Guillaume Tessier qui a posé ses notes sur des textes écrits par des poètes de son époque ? A vrai dire, on ne sait toujours que très peu de choses sur lui, si ce n’est qu’il était Breton et qu’il a vécu au XVIe siècle. De lui ne subsiste qu’un petit recueil d’airs accompagnant des textes en vieux François, en Espagnol et en Italien, mais pas en Breton, l’ensemble étant accompagné d’une dédicace adressée à Henri III, alors roi de France. A cette époque, compte tenu de la rareté du papier, ne pouvaient être publiés que des œuvres ayant obtenu l’autorisation du roi lui-même.

    Autre trace, celle d’une supposée audience devant la reine Elizabeth à Londres.

    Et pourtant, c’est à partir de ces bribes d’informations que Capriol & Cie a su construire un spectacle qui vaut assurément le déplacement. Non sans en avoir, assurément, « bavé » pendant de longs mois, pour en arriver à juxtaposer les quatre voix qui donnent à cette œuvre tout son relief. Une récitante, Ingrid Vasse, nous aura permis, au fil de la soirée, de mesurer le chemin qu’il leur a fallu parcourir pour atteindre l’harmonie.

    Il a d’abord fallu remonter à la source. Ce qui a conduit Isabelle Diverchy et ses collègues à plonger, dans un premier temps, dans les archives de la Bibliothèque Nationale de France, puis de remonter jusqu’à une salle de la Bibliothèque Mitterrand pour trouver les bonnes clefs.

     Sans chercher à rentrer dans la technicité du chant à quatre voix, résumons :Capriol & Cie est arrivée à ses fins en confiant la basse à la viole de gambe de Nathalie Le Gaouyat, la voix ténor à la vieille à roue d’Ingrid Blasco, Isabelle Diverchy assurant celle de la soprano et, l’autre chanteuse du groupe, Martine Meunier, se voyant confié celle de l’alto, dont Capriol & Cie n’a pas encore, à ce jour, trouvé la moindre trace écrite. Quoi qu’il en soit, enrichi par les percussions digitales de Mathias Mantello, l’ensemble réussit là un véritable tour de force, puisque derrière tout ce travail de mise au point il y a, pour l’auditeur,  une totale adhésion.

    A la satisfaction de l’écoute, s’ajoute celle de la compréhension. Placé sous le titre quelque peu énigmatique (Je le veux pour amy), cette soirée musicale s’est avérée être une porte ouverte sur ce qui sous-tend notre propre culture. La mise en main d’un programme détaillé, les précisions apportées par la résistante en ont facilité l’approche.

     

     

    Si nous pouvons admirer les tableaux de Botticelli, Léonard de Vinci, Michel Ange, Titien, Le Tintoret et aimer entendre déclamer des poèmes de Joachim du Bellay ou de Ronsard, cette musique profane ne peut que nous aider à se faire une idée d’ensemble de ce que fut la palette des arts au XVIe siècle, dans une période marquée par d’incessantes guerres de religion. Elisabeth 1ere devenue reine d’Angleterre et d’Irlande restaurera l’autorité protestante anglaise aux dépens de l’église catholique. Quant Henri III, roi de Pologne un an durant sous le titre d’Henri 1, il aura régné par la suite, sur une  France continuellement secouée par les discordes religieuses.

    En rendant hommage au compositeur Guillaume Tessier, sur une thématique vieille comme le monde, les amours contrariées, Capriol & Cie contribue à sa façon à enrichir cette palette. Ce n’est pas là son moindre mérite.

     

     


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  • Ode à la Lune

     

    Avez-vous eu la curiosité de lever les yeux au ciel, ce mardi 16 juillet, à l’heure où la Lune s’est « éclipsée » durant quelques tours d’horloge ?  Si ce n’est pas le cas, vous avez loupé un beau spectacle. La voici telle qu’elle se présentait alors qu’elle se trouvait, vers 23 h, à la verticale de Plounez, s’apprêtant à franchir le pont sur le Trieux. Des spectacles de ce type il y en aura bien d’autres à venir, tout aussi, sinon plus, impressionnants. Mais, comme je l’ai récemment écrit, il nous faut tourner présentement un regard attentif, si ce n’est attendri, vers celle qui éclaire nos nuits.

    Depuis plusieurs jours déjà, la Lune fait, en tout cas l’objet, d’une attention particulière de la part de ses congénères de l’univers sidéral. Au soir du 13 juillet, Jupiter lui servait en quelque sorte de garde rapprochée, sous le regard envieux de Saturne. Trois jours plus tard la planète aux anneaux en faisait tout autant. Les conditions météorologiques étant on ne peut plus favorables, hormis l’assèchement inquiétant des nappes phréatiques par manque de pluie, nos planètes nous offrent actuellement un merveilleux ballet. Il y a des spectacles naturels qui vous élèvent !

    Suis-je porté, en écrivant cela, par l’intention de vous faire partager mes vieilles lunes ? Loin de moi l’idée d’endosser le costume de celui qui fait la leçon pour un oui pour un non. Mais que voulez-vous, je ne peux taire le fait que mes pensées gravitent présentement autour de cette boule céleste. Cet été 2019, c’est celui du 50ème anniversaire des premiers pas de l’Homme sur la Lune. La perspective de ce cinquantième anniversaire y est bien évidemment pour beaucoup, mais ces pensées vont bien au-delà.

     

    Ode à la Lune

     La carte du ciel samedi 13 juillet (Stelvision)

     

    Ode à la Lune

     La carte du ciel mardi 16 juillet (Stelvision)

     

    En écoutant la Symphonie du Nouveau Monde

     Pour autant, reportons nous d’abord à cet historique 21 juillet 1969 ! Les images télévisuelles de Neil Amstrong foulant le sol lunaire tournent en boucle depuis lors. Elles ont encore la force du symbole même si, comme je vais le souligner ci-après, ce symbole semble être sérieusement écorné. Mais cette nuit là, il y a eu la célèbre phrase du premier homme à mettre le pied sur la Lune et ces images venues d’un autre monde. Pour ma part, je retiens également que pour ce voyage à nul autre pareil l’équipage d’Apollo 11 avait emporté avec lui une version de la célèbre Symphonie du Nouveau Monde.

    Si vous êtes un habitué de ce blog, vous n’avez pas été sans remarquer que la musique dite classique sert souvent de toile de fond au propos du jour. A chacun ses marottes ! Précédemment, c’était Vivaldi et ses Quatre saisons. Aujourd’hui, c’est d’Anton Dvorak qu’il s’agit.

     A quel moment précis Neil Amstrong, Buz Aldrin et Michael Collins ont-ils pu prendre le temps de se laisser porter par cette musique quasi céleste ? Avant l’alunissage ? A même la Mer de la Tranquillité ? A vari dire, peu importe. Ce qu’il faut retenir c’est que les Américains ont eu la bonne idée d’associer à leur exploit une musique qui leur parlait de leur pays, mais qui a été composée, aux Etats-Unis, par un Tchèque. Or, tout en s’appuyant sur des sonorités locales, Dvorak n’en a pas moins conçu une œuvre à la tonalité slave, une œuvre qui, dès les années qui ont suivi sa création, est devenue symphonie pour le monde entier.

    Mesure après mesure, la Symphonie du Nouveau Monde secoue notre univers intérieur. C’est une musique de fraternité. Il serait bon que les commentateurs qui vont saluer l’événement n’oublient pas de le souligner ?

     

    Star Wars, de la fiction à la réalité ?

     Ne serait-ce, et c’est évidemment un profond regret, pour nous faire saisir l’énorme contraste qu’il y a entre le symbole qui s’est attaché à ce « premier pas » pour l’humanité et la situation que nous connaissons présentement. La fraternité se dissous également dans l’espace.

    Il y a cinquante ans, Russes et Américains se livraient déjà à une bataille de suprématie technologique. En ce lendemain de tristesse où nous avons appris la mort de Johnny Clegg, le chantre de la lutte anti-apartheid de l’Afrique du Sud, nous n’oublions pas, non plus, que le pays où s’élève la statue de la Liberté aura freiné des quatre fers pour envoyer dans l’espace un astronaute afro-américain. L’Amérique de Trump n’en a toujours pas fini avec ses vieux démons.  Et alors que John Fitzgerald Kennedy tentait, peu avant son assassinat, en pleine Guerre froide, de convaincre Nikita Kroutchev qu’il serait bon de conjuguer leurs forces dans la conquête de l’espace, son inconséquent et belliqueux successeur n’a de cesse que de provoquer des tensions qui, si elles perdurent, auront des effets calamiteux.

    Vingt ans après la mise en orbite de la navette spatiale, fruit d’une grande coopération internationale enfin aboutie, le virus de la guerre, qui n’a de cesse de faire des ravages sur notre bonne vieille Terre,  semble également se propager au-dessus de nos têtes. 

    Star Wars pour de vrai ! C’est pour quand ? N’y sommes nous pas déjà ?

     

    "Petite Lune si haute dans le ciel"

     Les Chinois ayant investi la face cachée de la Lune, Trump veut y renvoyer dare-dare des Américains pur jus, en chair et en os. Pour lui, la Lune est inscrite sur la bannière étoilée. Donc, pas touche ! On n’en oublie pas, non plus, ses prétentions d’acquisition de la planète Mars

    Notre ciel, celui que l’on voit bleu, se fait donc menaçant. « Un premier pas pour l’Homme. Un grand bond pour l’Humanité ». Assurément, mais suivi d'un navrant bond en arrière compte tenu de l’espoir qu’avait suscité la réussite de la mission Apollo 11. Non sans raison, s’appuyant sur le principe des réalités, la France entend se doter, quant à elle, d’un système de défense dans l’espace. On en est arrivé à cela !

    Ce mardi soir, il aurait été bon de déclamer ces vers extraits de l’ode à la Lune qui accompagne la musique composée par Anton Dvorak pour son opéra Rusalka, créé en 1900

     

    Petite lune si haute dans le ciel,

    Ta lumière transperce le lointain,

    Tu vas de par le vaste monde,

    Tu vas jusque chez les humains

    (…)

    Lune, ne te cache pas, ne te cache pas,

    Lune, ne te cache pas !

     

     

    Puisse la Lune continuer à transpercer le lointain et, ainsi,veiller au destin de la Terre !

     

    Le puits à sec 

     

    Ode à la Lune

     

    Après Enedis, Veolia. Le virage conduisant de la place du Crec’h à la chapelle aura été, trois jours durant, sujet à des interruptions de trafic. Après un problème d’électricité, il s’est agi cette fois de trouver la parade à une fâcheuse conséquence de la sècheresse qui n’épargne pas la Bretagne. Un puits qui ne permet plus de rendre tous les services requis et voici une pelleteuse qui s’en vient chercher le bon endroit pour installer une dérivation sur le système collectif de distribution de l’eau.

     Sous le granit de la Presqu’île l’eau s’en vient à manquer drastiquement. Cela est déjà arrivé dans le passé, mais, aujourd’hui, le réchauffement climatique nous fait craindre que la fréquence de cette évaporation va s’accélérer. Que nos visiteurs de l’été se gardent d’y voir de la malice, mais il serait bon que les nappes phréatiques reprennent du tonus.

    Cet incident de portée locale montre bien que, contrairement d’ailleurs à ce que pense le pensionnaire de la Maison Blanche, également impétueux sur ce plan là, il est urgent de prendre en considération ces questions qui touchent à la survie des espèces, y compris la nôtre, à plus ou moins long terme. L’accès à l’eau est une nécessité vitale. La sècheresse ne durera pas, mais le problème de fond demeurera.

    Prenons acte de l’engagement de la toute nouvelle présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen, qui s’est engagée,devant le Parlement européen, ce mardi, à agir, sans attendre, pour un « green deal », c’est-à-dire un pacte vert ! Le même jour, la France se voyait, quant à elle, contrainte de confier la charge de conduire la transition écologique à un nouveau ministre, en l’occurrence une autre femme, Elisabeth Borne, qui coiffe également la casquette de ministre des Transports. Curieux télescopage !

     Pour une sombre histoire de frais dispendieux, François de Rugy avait le matin même présenté sa démission. L’histoire ne dit pas si les homards qu’il aurait offerts à ses invités lorsqu’il était Président de l’Assemblée nationale – le conditionnel est toujours de mise –provenaient du secteur. Mais ce prince de la mer qui peuple nos rivages n’est-il pas l’un des meilleurs ambassadeurs de la cuisine française ?

     


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    « Quelle vue ! ». Du haut de sa nacelle, accolée à un poteau dressé aux abords du panorama, le technicien d’Enedis n’a pu taire son émerveillement. Une vue plongeante sur l’estuaire, le Ferlas, Bréhat, L’Arcouest et Loguivy-de-la-Mer. Apparemment, il découvrait le secteur sous un angle de vue privilégié, mais pas question pour lui de prendre le temps de méditer. Il lui fallait le plus vite possible réparer les dégâts qu’un oiseau, un gros oiseau non identifié par des témoins oculaires de la scène, venait de provoquer une heure auparavant sur le réseau électrique, en fin d’après midi, ce samedi13 juillet.

    En voulant passer en dessous des fils, cet imprudent voire impudent volatile a brisé en plusieurs morceaux le câble d’alimentation de l’éclairage public. Celui-ci, mis en contact, suite au choc, avec les autres fils électriques, a provoqué, dans une gerbe d'étincelles vertes, une coupure de courant, limitée au secteur allant de la chapelle à la place du Crec’h. Compte tenu du danger potentiel, les pompiers de Lézardrieux sont intervenus aussitôt pour neutraliser le secteur.

    But de l’intervention d’Enedis: désolidariser les morceaux de câble qui pendouillaient le long de deux poteaux et  faire tomber celui qui s’était emmêlé sur les autres fils. Chose faite, les agents techniciens ont rendu opérationnel le transformateur de la rue Saint-Maudez. Les voyants lumineux des congélateurs, Frigidaires, télévisions et ordinateurs se sont remis à clignoter et le quartier  a pu s’éviter une nuit à la bougie.

    Un incident sans conséquences durables, mais qui a fait rejaillir une sourde interrogation : pourquoi ne pas enfouir sous terre ces fils électriques ?

    Dans une des toutes premières chroniques de ce blog, mise en ligne le 11 septembre 2012, nous avions évoqué ce problème. Pour illustrer notre propos, toute une série de photos « retravaillées » laissant apparaître ce à quoi pourraient ressembler certains secteurs du hameau débarrassés des poteaux électriques.  Si vous ne vous en souvenez pas, cliquez dans la case recherche : « Enfouissement du réseau : de la réalité au rêve » !

    Sept ans ont passé et les hirondelles ne trouvent, quant à elles, rien à y redire. Bien au contraire !

    Comment ne pas l’admettre ? Quand elles en viennent à se poser en groupe sur les fils électriques, l’inesthétique devient source de poésie. A chaque fin d’été, quand elles s’apprêtent à repartir vers le grand sud, on croirait lire la partition du troisième mouvement (presto) du célèbre concerto L’Eté de Vivaldi.

     

    Des étincelles qui font rejaillir une interrogation

     

    Je ne doute pas un instant que cette image ne suffira pas à taire, chez de nombreux Kermoustériens, toute envie de voir disparaître ces poteaux et ces fils qui, à bien des égards, font tâche dans le paysage. On nous dit que Les Quatre Saisons, dont fait partie ce concerto, ouvrent le recueil Il cimento dell’armonia et dell’invenzionne, c'est-à-dire « l’épreuve entre l’harmonie et l’invention ». Nous sommes donc, au-delà du clin d’œil, au cœur du sujet qui nous préoccupe.

    Dans notre vie courante, nous ne pouvons plus nous passer des vertus de la fée Electricité. Les hirondelles si, malgré tout.  Mais depuis la mise en place des premiers poteaux, l’homme n’a eu de cesse d’améliorer les techniques. A commencer par celle de l’enfouissement du réseau. C’est ce dont a déjà pu bénéficier tout le secteur de l’île à Bois il y a une vingtaine d'années . Mais je vous parle d’un temps où l’EDF cherchait à promotionner cette technique, au point de le faire à ses frais. Aujourd’hui, face aux coûts que cela peut engendrer, les communes se montrent réticentes à délier les cordons de la bourse.

    Avec la loi NOTRE celles-ci ont même perdu la main, puisque ces problèmes d’enfouissement sont de la compétence des intercommunalités. Mais pour combien de temps encore ?

    La loi « Engagement et proximité » que le gouvernement entend faire adopter bientôt se propose de redonner des compétences aux élus locaux, histoire de revitaliser les vocations. Notamment pour ce qui concerne la distribution de l’eau et l’assainissement. Si cette loi est votée, la commune aura de nouveau à se prononcer sur ce qui est également en débat à Kermouster: la mise aux normes de l’assainissement. Elle pourrait être à nouveau directement confrontée à ce problème. Et si, comme cela a déjà été récemment évoqué, il lui faut en passer par la mise en place d’un réseau souterrain mettant au rebus bien des fosses septiques, se posera alors la question de l’opportunité qu’il y aurait à procéder à l’enfouissement simultané du réseau électrique.

    Que les hirondelles se rassurent, l’an prochain, elles pourront toujours se donner l’allure de croches ou doubles croches. Ce n’est pas la veille que les fils qui leur servent de portée auront disparu. Les amoureux d’un bleu azur sans zébrures devront faire preuve de patience si tant est que leur souhait soit pris en compte. Mais qui sait si d’autres goélands, rapaces, choucas ou corbeaux ne viendront pas forcer et accélérer la prise de décision en s’en venant jouer L’Oiseau de feu au-dessus de nos toits. Ils y laisseraient des plumes, ce qui nourrirait la nôtre.

     


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