• La tentation...d'une éclipse

    La nébuleuse M 16 dite "Piliers de la Création" dont le télescope Hubble, qui tourne sur orbite terrestre depuis vingt-cinq ans, nous a révélé l'existence en 1995. L'image ci-dessous a été saisie en 2014. (Photo Nasa/ESA/HHT/C&E)

    Dans le jargon journalistique, il y avait de la « matière » à traiter ces jours derniers. Pensez donc ! Une éclipse du Soleil, une « marée du Siècle » et par-dessus le marché des élections cantonales nouvelle formule. Et pourtant, ce blog est resté muet jusqu’à ce mardi 31 mars. Il en va de la motivation comme de la pression atmosphérique. Il y a des hauts et des bas, sans que l’on puisse parfois en expliquer précisément le pourquoi.

    L’éclipse du 20 mars dernier n’a pas tenu ses promesses. A cause de cette épaisse couverture nuageuse qui couvrait toute cette frange du littoral. Certes,  une heure durant, la luminosité a baissé, mais rien de bien spectaculaire. Pourquoi vouloir alors raconter l’invisible ?

    La marée ! Là encore, la montagne a accouché d’une souris. Malgré de forts coefficients (119), le flot ne s’est pas fait submergeant. A basse mer, on s’est certes rapproché du zéro des cartes et les paniers des pêcheurs à pied ne sont pas restés vides, mais six heures plus tard la notion de marée du siècle faisait un flop. A part quelques éclaboussures de vaguelettes, la digue qui relie l’île à Bois est demeurée praticable à l’étale. Bref ! Circulez !  Il n’y a rien à voir !

    Les élections ! La tentation de donner notre grain de sel n’a pas manqué, mais nous avons préféré céder à celle…de l’éclipse. Celles et ceux qui nous font l’honneur de nous lire depuis la création de ce blog ont déjà certainement su le faire entre les lignes et savent donc de quel côté penchent nos convictions. Le scrutin étant clos, nous reprenons le droit à commenter.

    La démocratie a parlé. Le verdict est sans appel. Les vaincus doivent s’interroger sur les raisons de leur défaite. Quant aux vainqueurs, il va leur falloir très vite oublier les bulles de Champagne pour se coltiner les réalités d’un terrain qui se dérobe de plus en plus sous les pieds des politiques.

    Plus que jamais France rime avec défiance. Il y a urgence à rétablir la confiance entre l’élu et le citoyen. Le militant pleure ou se félicite, le citoyen non encarté, quand il s’est exprimé, n’a pas donné quitus, il a le plus souvent choisi par défaut. Au point même d’accorder sa voix à ceux qui nous invitent à renverser la table, à ceux qui nous assurent qu’ils laveront plus blanc que blanc. Coluche nous faisait rire en ce moquant des réclames de lessives, mais cette grande lessive que préconisent les partisans d’une France « médiévale », qui en appellent aux cendres de Jeanne d’Arc, porte en elle un danger extrême.

    Nous sommes nombreux (trop ?) à avoir grandi avec les « Trente Glorieuses », c'est-à-dire dans ces années d’après guerre qui nous ont révélé les horreurs du populisme, du fascisme et du nazisme. Dans leur grande majorité, nos parents ont adhéré aux valeurs de la Résistance. Des valeurs qui ont redonné du lustre aux frontons des édifices publics : Liberté, Egalité, Fraternité.

    Face à un monde en mouvement, il nous a fallu apprendre à vivre sans empire, ce pré carré qui nous a permis d’être ce que nous sommes encore, citoyens d’une des plus puissantes économies. Mais le mouvement s’est accéléré et a basculé tous nos repères. Le monde est un vaste puzzle. Ce monde de déchirures suinte à travers nos écrans. Ce monde « anxiogène » nous tétanise, au point de nous faire perdre toute lucidité. La tentation du repli est une réalité, mais elle est suicidaire.

    Personne n’est véritablement capable de décrire le monde que connaîtront nos petits-enfants quand ils auront atteint l’âge de la retraite. Celui que nous vivons présentement, même au sein d’un continent privilégié, génère plus d’angoisse que de satisfaction. Les craintes que nous éprouvons pour nos enfants et petits-enfants ne doivent pas, cependant, nous amener à fuir notre responsabilité. Nous ne sommes pas que des spectateurs d’un monde « en pleine déconfiture ». Nous sommes tous acteurs de ce monde. Il ne suffit pas de déléguer un pouvoir à des élus. Il faut, là où nous sommes, avec les moyens qui sont les nôtres, demeurer vigilant mais coopératif et solidaire. Le vivre ensemble ne doit pas devenir une formule creuse, vide de sens. Malgré nos différences d’appréciation sur la méthode pour conduire les affaires, nous avons tant de choses à faire ensemble pour que le hameau, le village, la presqu’île, le département, la région, le pays, l’Europe et, pour finir, la planète entière finissent à faire taire les peurs et les craintes.

    Arrêtons d’avoir peur avant d’avoir mal ! Agissons pour mettre en synergie nos compétences, car chaque homme, chaque femme a la faculté d’apporter sa pierre à l’ouvrage ! Puisons à la source de la dignité ? Mais surtout, donnons à nos petits enfants cette part de rêve sans laquelle les difficultés du parcours paraissent insurmontables.

    Le monde que nous leur avons donné est à des années « lumières » de celui dans lequel nous avons grandi. En un peu plus d’un demi-siècle, nous sommes passés du poste à galène à la tablette numérique. Ce monde là, ils ne l’ont pas choisi. Nous l’avons créé. La Planète est devenue un gros village. Nous n’occultons en rien les effets pervers que peuvent générer les nouvelles technologies mais rien ne sert de les diaboliser à l’extrême. Accompagnons nos chères têtes brunes, rousses  et blondes pour leur apprendre non pas à les manier – ils sont instinctivement plus habiles que nous -  mais à les maîtriser, c’est-à-dire savoir en tirer profit pour se construire une personnalité curieuse et passionnée. Et n’en déplaise aux tenants des contes d’Andersen, le rêve reste à portée de la main avec ces outils modernes qui permettent même à l’œil de contempler ce qu’il lui est impossible, par exemple, de pourvoir regarder à cause d’une présence nuageuse. Regarder une éclipse de soleil sur son écran c’est aussi s’ouvrir le chemin du rêve.

    Dans un monde soumis au productivisme, il convient de défendre le droit d’avoir « la tête dans les nuages ». Le droit au rêve est un droit fondamental de l’humanité. Et ce rêve il peut nous porter jusqu’aux « piliers de la création ». En avril prochain, le télescope  spatial Hubble fêtera sa vingt-cinquième année en orbite terrestre. On lui doit une masse impressionnante d’images de toute beauté. Si vous n’avez pas encore eu ni le temps ni la curiosité de consulter les sites qui suivent ce qui se passent à des millions d’années lumière de la Terre, n’hésitez plus à le faire ! C’est aussi, sinon plus, fantastique qu’une éclipse du soleil. C’est une invitation à nous transcender. Là encore, il ne sert à rien de se voiler la face, de faire comme l’autruche  - Mais pourquoi se cache-t-elle la tête ? Qui peut nous le dire ? – pour ne pas regarder cette réalité cosmique dont la Terre, réduite à son niveau de grain de sable, est partie intégrante. C’est tout simplement « vertigineux ». Il est vrai à mille et une années lumière de nos préoccupations quotidiennes.


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  • Ce jeudi 5 mars, La Cambuse se sera faite cocon. C’est en effet dans la salle attenante au bar que l’association Le Papillon de la Presqu’île a en quelque sorte, après deux bonnes heures d’échanges,  quitté sa forme chrysalide pour prendre son envol. Il y avait là une trentaine de personnes venues des quatre coins du territoire, pour mettre la dernière main à ce projet. Cette association sera officiellement déclarée le 19 mars prochain, après la réunion du conseil d’administration, à Pleudaniel. Ce jeudi, il s’agissait de l’assemblée constitutive. Les membres du conseil d’administration vont finaliser la déclaration en préfecture, construire l'organisation et mettre au point le fonctionnement et le calendrier. Le Papillon de la Presqu’île se donne pour objectif « de favoriser les liens entre les habitants de la Presqu’île, en initiant ou en soutenant les projets visant à renforcer la vie sociale et culturelle ainsi que le développement local. » 

    D’aucuns s’étonneront peut-être du choix du nom. N’aurait-il  pas été plus sage de s’en tenir à une appellation plus classique, donc plus parlante,  telle que « Association de défense de… » ou « Association de sauvegarde des… » ?  Et puis le papillon n’a-t-il pas pour caractéristique d’être éphémère, ce qui, avouons-le, paraît contradictoire avec une démarche qui entend s’inscrire dans la durée ? Ces arguments - on ne peut plus recevables -   ont été exprimés au cours des débats. Les initiateurs du projet ont su trouver la parade pour justifier leur choix.

    Le dessin ci-dessus, qui sera en quelque sorte l’emblème  de cette nouvelle association, a pour intérêt de bien situer les enjeux. Il se trouve en effet que le contour de la Presqu’île offre une similitude avec une aile de papillon. Ne serait-ce que pour cela, l’idée de recourir à ce concept  du lépidoptère n’est en rien saugrenue. Mais surtout, derrière l’image, il y a le symbole. Celui d’une volonté de bien faire, d’agir dans l’intérêt général, c’est-à-dire pour tous les secteurs de la Presqu’île.

     Cette nouvelle association entend réaliser un inventaire des talents, des savoirs, des compétences et des bonnes volontés. Elle va assurer un repérage des initiatives et des projets émanant du territoire.  Elle papillonnera donc, un peu à la manière de cet insecte ailé qui s’en vient pomper, grâce à sa longue trompe, le nectar dans les corolles des fleurs, mais qui, sans le savoir, lui, contribue, comme les abeilles, à la pollinisation de notre environnement. Le Papillon de la Presqu’île  n’entend pas se substituer à telle ou telle association qui butine le terrain depuis longtemps déjà. Elle souhaite agir dans la transversalité, comme un facilitateur, pour renforcer le mouvement. Son nectar, c’est celui de la solidarité et de la cohérence globale d’un développement local. Parmi bien d’autres sujets de fond , cette nouvelle association se montre, par exemple,  d’emblée réceptive aux attentes des écoles.

    Une école, c’est en quelque sorte une ruche bourdonnante dont on tire le miel de demain. Sans école, un bourg peut mourir ou, pour le moins, sombrer dans une profonde léthargie. Les Kermoustériens qui sont nés dans le hameau savent de quoi il en retourne. Ici l’affaire est définitivement entendue, mais ailleurs, sur la Presqu’île, le danger menace. L’école du bourg de Lézardrieux ne vient-elle pas de subir une forte bourrasque ?

    Il est évident que les élus qui vont bientôt avoir la charge de diriger notre nouveau canton auront pour première priorité le devoir de tout faire pour que le territoire redevienne, lui aussi, terre d’emplois. Le chômage est notre frelon asiatique. Pas de boulot, moins de classes. Souffle alors le vent de la désertification ! La tâche s’annonce  rude pour les futurs conseillers départementaux  Mais la survie d’un territoire ne repose pas sur les seules épaules de celui et de celle qui seront sortis vainqueurs des urnes. Le vivre ensemble repose sur la capacité de tous à labourer le terrain pour espérer faire renaître les fruits de la sérénité. Défendre une école passe aussi par un soutien effectif et constant. Le Papillon de la Presqu’île, association ouverte à tous,  ne restera pas à l’écart de ce combat, un parmi tant d’autres. Le culturel, qu’on se le dise une fois pour toutes, est l’un des meilleurs ingrédients de la cohésion sociale.

     


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