• Une exposition, deux atmosphères

    Une exposition, deux atmosphères

    Il y a des rencontres improbables qui finissent par nous surprendre. Il en est ainsi avec l'exposition (jusqu’à ce dimanche 16 juillet inclus) qui rassemble une artiste peintre et un photographe d’art. Christine Lecaulle y exprime ses ressentis par des collages en papier, rehaussés à la peinture et contrecollés sur toile, Philippe Simoneau se saisit du réel pour créer, par la photo, des ambiances nourries de lumière.

    Cette cohabitation est le fruit croisé de l’amitié et de l’esprit de famille. Christine Lecaulle est la nièce de Jean-Marie Jacquot dont les Kermoustériens n’ont plus grand-chose à apprendre puisque cet artiste peintre a déjà exposé, de nombreuses fois, ses huiles et aquarelles. Philippe Simoneau, quant à lui, vit depuis une dizaine d’années à Kerbors et ses recherches artistiques lui ont permis de créer du lien avec Jean-Marie Jacquot. C’est donc par le biais de ce dernier que s’est construit ce projet d’exposition en commun.

    Autant le souligner d’emblée : la petite salle d’exposition du hameau nous propulse dans deux univers artistiques aux antipodes l’un de l’autre. Les cimaises ont été habilement réparties pour permettre un franchissement de latitude sans la moindre confusion.

     

    Philippe Simonneau : la photo  onirique

     

    Une exposition, deux atmosphères

    A l’heure du selfie triomphant, les photographes d’art ne désarment pas. Ils ont des choses à dire et leur talent consiste à nous faire voir l’indicible, à donner une réelle profondeur au cliché. Philippe Simoneau est de cette lignée.

    L’an passé, au même endroit, il avait levé le voile sur son « itinéraire ». Que de chemin parcouru pour cet ancien opérateur photo en studio. De Mainz en Allemagne au lac d’Annecy , en passant par Montpellier, Paris et Nantes, Philippe Simoneau n’en a pas pour autant négligé son désir de réaliser in situ ses propres clichés. Aujourd’hui c’est en Presqu’île qu’il continue à affiner son art. La Presqu’île, il la connaît depuis une quarantaine d’années, mais pour y vivre désormais en permanence, à Kerbors,  il n’en continue pas moins à nous en révéler des angles de vue jusqu’à lors insoupçonnés..

    Si, pour l’essentiel, ses clichés nous font entrevoir des paysages qui nous semblent habituels, Philippe Simoneau nous invite à y regarder de plus près. Non pas au travers d’une démarche naturaliste, qui aurait, si tel était le cas,  ses propres vertus, mais pour nous engager sur un autre chemin du beau, au bout duquel chacun peut trouver sa part de rêve.

    Photo après photo, c’est donc à un voyage onirique que nous sommes conviés. Un voyage qu’il convient d’effectuer pas à pas, en prenant son temps.

     

    Christine Lecaulle : peinture et psychanalyse

     

    Une exposition, deux atmosphères

    Avec Christine Lecaulle nous quittons le réel transcendé pour l’imaginaire visualisé, celui de son univers intérieur. Originaire du Pays de Caux, cette autodidacte, fille d’un marin au long cours, a d’abord cherché à se trouver dans d’autres horizons, bien loin de sa Normandie,  avant de donner corps à cette envie de peindre qui la tenaillait depuis son enfance.

    Un premier regard d’ensemble, circulaire, nous fait apparaître des points de convergence entre tous ses tableaux, ici exposés. Il y a peu, dans cette même salle, les nouvelles compositions de l’artiste peintre Sylvain Lecoq évoquaient le Labyrinthe. Avec Christine Lecaulle, le Minotaure surgit de toute part. Et voici Kermouster devenu centre du royaume de Minos (Crète).

    Là encore, comme pour les photos de Philippe Simoneau, il convient de prendre le temps, si possible, en feuilletant, au passage,  les carnets de notes et de croquis qui accompagnent les tableaux de cette infirmière en psychiatrie. Ne serait-ce que pour pouvoir remonter à la source de son inspiration.

    Le pluriel serait d’ailleurs de mise car pour s’être nourrie, alors toute jeune femme, des préceptes des psychanalystes  Françoise Dolto et Bruno Betthelheim, Christine Lacaulle s’est retrouvée en symbiose avec des pensées aussi diverses que celles du poète philosophe Giacomo Léopardi ou du romancier américain John Steinbeck, à qui l’on doit notamment Les raisins de la colère. Ces « carnets de bord » révèlent un esprit bouillonnant, que l’on pourrait de prime abord qualifier de brouillon. Mais ces projections de l’instant ne sont de des pense bêtes à partir duquel le peintre va structurer son œuvre..

    Christine Lacaulle a pour caractéristique de ne pas peindre totalement isolée. C’est le cas aujourd’hui au travers de sa participation au sein du collectif Pigment et Matière qui réunit des peintres, des graveurs et des sculpteurs de la région de Massy (Essonne), comme c’est le cas à titre professionnel Aux côtés d’un thérapeute, l’infirmière psychiatrique peint avec ses patients

    La peinture de Christine Lecaulle transgresse les codes, à commencer par ceux de son oncle Jean-Marie Jacquot. En peinture, filiation ne rime pas obligatoirement avec imitation. En deux mots, elle résume le sens de sa démarche : « trouver une forme à ce qui n’en a pas ».

     

     

    Une exposition, deux atmosphères

    Sur un carnet de Christine Lecaulle, croquis du Minotaure, fil d'Arianne de son exposition à Kermouster


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