• Suggestion pour la cloche : « retour de battant »  

    Suggestion pour la cloche : « retour de battant »   

    1) Joug, 2) Anses, 3) Cerveau, 4) Epaule, 5) Robe, 6) Panse, 7) Pince, 8) Lèvre inférieure, 9) Battant, 10) Faisure

     

    On gagne beaucoup à tendre l’oreille. Il est même parfois conseillé à l’heure où l’estomac réclame son dû de nourrir le cerveau. Le rendez-vous que nous propose France Inter, chaque jour de la semaine avant 13 h, est à ce titre éloquent ; Tenez ! Pas plus tard qu’il y a deux jours, alors que frétillait un poisson dans la poêle, cette question concernant la structure de la cloche : comment appelle-t-on la pièce qui provoque le son?

    Je pense qu’il vous est arrivé bien des fois de pester contre vous-même, d’avoir sur le bout des lèvres la bonne réponse, mais de vous trouver dans l’impossibilité de la donner. C’est ce qui est arrivé ce jour là. Et bien évidemment, alors qu’à l’autre bout de la France les candidats sélectionnés se trouvaient dans le même embarras que moi, c’est un « oui, bien sûr, je le savais » qui a jailli quand l’animateur énonça le mot. En l’occurrence le battant.

    Le dessin ci-dessous présente l’intérêt de mettre à nu le corps d’une cloche. Je dis bien corps car on remarque que les fondeurs, les hommes de l’art, n’ont pas hésité à plonger dans le vocabulaire humain. Si vous ne le saviez pas encore, retenez le une fois pour toute : une cloche a un cerveau, des épaules, une panse et une lèvre inférieure.

    Justement, c’est le bouche à oreille qui nous laisse à penser que notre suggestion consistant à redonner, quotidiennement, vie à la cloche de la chapelle n’a pas l’heur de convenir à tout le monde. Nous avions pris le soin d’indiquer qu’il ne s’agissait que d’une suggestion et qu’il faudrait bien évidemment la soumettre au débat et, pourquoi pas, au vote, mais autant, très vite, mettre une sourdine à ce qui nous vaut un « retour de battant ».

    L’argument de celles et ceux qui s’inquiètent est bien évidemment recevable. Je parle notamment de celles et ceux qui louent des gîtes. Pas sûr, pas sûr du tout, selon eux, que leurs locataires à la petite semaine apprécieraient d’entendre la cloche sonner matines.

    Aujourd’hui, en effet, il suffit d’un pas grand-chose pour que l’hôte d’un jour se transforme en redoutable colporteur. A l’heure du numérique, un clic et quelques appréciations ravageuses du type « Gîte propre, avec tout ce qu’il faut, mais malheureusement exposé à un réveil matin insupportable ». Pas besoin de développer pour vous faire prendre une claque.

     Le touriste ? Tout en nous préservant de toute généralisation, force est de constater qu’il n’est malheureusement plus toujours en mesure d’apprécier l’authenticité d’un lieu. Or, quoi de plus authentique pour un village qui puise ses racines dans les us et coutumes de la paysannerie qu’une sonnerie de cloche. Quand Jean-François Millet peint L’Angélus, en 1859,  il souligne avec force, ce rapport au temps. Cent soixante ans après, on ne vit plus dans la même temporalité. L’homme pressé a un regard différencié sur son environnement.

    C’est donc une donnée qu’il faut prendre en compte. Alors, reformulons notre suggestion : 1) On réactive de la cloche ; 2) Elle ne sonne pas à 7 h du matin ; 3) Elle sonne les douze coups de midi ; 4) Maintenir le rappel de la fin du travail à 19 h ne devrait pas gêner les vacanciers.

    Cela dit, je ne peux m’empêcher d’exprimer un regret. Et pourquoi pas une critique. Envers celles et ceux qui s’en viennent à la découverte d’un pays, d’une région, d’un lieu en imposant d’emblée leur façon de voir.

    Si on raisonne Presqu’île, par exemple, on doit s’interroger sur quel type de touristes tous les efforts des uns et des autres doivent converger. Sans en faire un lieu d’exception à nul autre pareil, la Presqu’île, dans son ensemble, mérite des visiteurs susceptibles d’en apprécier son authenticité, fût-elle teintée de rusticité.

    Il m’est tout à fait insupportable de savoir qu’il y a des endroits où des gens ayant quitté la ville pour s’installer dans la campagne proche s’empressent de pétitionner pour que l’on fasse taire le coq. Faudra-t-il, en cette terre, tuer les coqs qui, à certaines périodes de l’année, ont la fâcheuse habitude de saluer la naissance du jour bien avant que les cloches se mettent en branle ? Idem pour les tourterelles, les merles et les goélands. Faudra-t-il limiter dans le temps le déplacement des tracteurs sur les routes pour permettre au flot grandissant des voitures et des camping-cars de circuler à leur aise ? Faudra-t-il empêcher les poneys de se soulager sur les chemins vicinaux pour que les semelles ne soient pas souillées ?

    Je suis persuadé qu’avec une communication bien travaillée au niveau de l’Office du tourisme, la Presqu’île saura se vendre à un tourisme curieux et respectueux, tout en restant suffisamment nombreux pour permettre à cette activité saisonnière de contribuer pleinement à l’économie du secteur. En un mot : la Presqu’île, ça se mérite ! Si le slogan est repris, je ne réclame aucun droit d’auteur.

    110 coups ce dimanche 31 mars, à partir de midi

    J’en termine avec ce qui va constituer un temps fort de ce dimanche 31 mars, jour marqué par l’ouverture officielle de la crêperie en lieu et place de La Cambuse.

    A midi tapant, la cloche sonnera cent dix fois de suite. Pour honorer le 110e anniversaire de l’ouverture, jour pour jour, de ce qui fût tout d’abord une école.

    C’est en effet au tout début du XXe siècle que les plumes Sergent Major ont commencé à crisser sur le papier à Kermouster. En ce temps là ça sentait bon l’encre violette. A dater de ce dimanche, c’est le fumet du blé noir qui va titiller nos narines. Une autre page d’histoire qui s’ouvre.


  • Commentaires

    1
    claudie
    Samedi 30 Mars 2019 à 19:07

    Une bonne question pour le super banco : qui a un cerveau, une robe, une épaule, mais aussi une panse, un joug et des anses ? Je te suggère de l'envoyer à Nicolas Stouflet…

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