• Pasquale Destremau : le magnétisme des rochers

    Pasquale Desretmau : le magnétisme des rochers

    « Je crois que je n’ai pas épuisé le sujet. J’ai besoin d’aller un peu plus loin dans ce travail ». Depuis une dizaine d’années, Pasquale Destremau peint essentiellement des rochers, des chaos de rochers. Elle nous invite, jusqu’à la fin de ce mois d’août, à pénétrer dans ce champ magnétique où le minéral est source d’esthétisme. « J’ai trouvé dans ces grandes étendues de granit, dans ces formations de roches magmatiques vieilles comme la terre,  les éléments dont j’ai toujours eu besoin depuis mes débuts en peinture : rythme, volume, couleur, lumière, ordre, désordre » ajoute-t-elle pour souligner le sens profond d’une démarche pour le moins originale. Sur cette côte nord de Bretagne, l’artiste-peintre a trouvé, au travers d’une formation géologique « exceptionnelle », matière à satisfaire ces différentes exigences.

    Pasquale Destremau peint depuis l’âge de douze ans. Ce qui l’a amenée tout naturellement à pousser la porte des Beaux Arts. «  A Saint-Etienne ». Ce temps de l’apprentissage n’est désormais qu’un souvenir lointain, mais elle n’a pas oublié que c’est dans ce creuset, où elle a abordé tous les genres, du classicisme à l’abstrait, qu’elle a trouvé matière à poursuivre pour atteindre un niveau de maîtrise suffisant et se lancer dans une carrière non pas de peintre mais  de designer. Ce qui va la conduire à dessiner des « maquettes » de bijoux, de meubles et d’imprimés pour tissus, « pour des grandes marques ». A  Paris ; à Lyon.

    Entre ces deux grands pôles de la vie culturelle, Pasquale Destremau n’a eu de cesse de penser peinture mais sans pouvoir s’y adonner tout à loisir. Jusqu’au jour où elle se décide à créer, d’abord à Lyon puis à Paris, son propre atelier de gravure et de peinture. Tout en répondant à des commandes,  elle y dispensera ses enseignements. « Pendant presque vingt ans j’ai eu des groupes de huit élèves ». C’est dans ce lieu qu’elle a donné corps à ces créations picturales qu’il nous est donné de contempler à l’occasion de cette exposition. A deux pas de la Seine, les rochers de nos côtes émergent sur la toile. « Je fais des aquarelles et des croquis sur place, mais c’est à Paris que je finalise ». Sa maison de Kermouster, qui fut d’abord, au début du siècle dernier, celle d’Henri Joly, ce marchand de tableau peintre amateur que la récente exposition Le Lézardrieux des peintres a remis en lumière, cette maison, où elle séjourne très souvent, est un promontoire idéalement placé entre Bréhat et Port-Blanc, son terrain d’investigations depuis plus de vingt ans. « Nous avons découvert Kermouster en 1992, au retour d’une croisière dans les îles anglo-normandes. Au soleil couchant. Magnifique ! Le coup de foudre »..

    Pourquoi les rochers et pourquoi seulement ce thème ? « J’ai fait beaucoup de drapés ; autour de corps ; et travaillé d’autres aspects de la nature. » Nous en avions effectivement eu un aperçu lors d’une journée portes-ouvertes, en juin dernier, dans un jardin de Pleudaniel où étaient exposés quelques uns de ses tableaux, d’une tonalité verte, qui laissaient eux-aussi transparaître ce souci de la ligne de force et des jeux de lumière, ici entre tiges et troncs. Mais ce sont assurément les espaces rocailleux qui l’inspirent le plus « Je ne cherche que très rarement à représenter des paysages. » Et de fait, rares sont ses tableaux  où se dégage une ligne d’horizon voire un petit coin de ciel bleu.  Quelques pastels laissent apparaître des plans plus larges. Mais Pasquale Destremau concentre plus son regard sur des détails d’où se dégage « une beauté sculpturale ».

    Jaillissement, écroulement, vibration sont des mots clefs pour rentrer dans ses huiles réalisées uniquement au pinceau.. « J’ai un goût pour les couleurs sobres ». Dans cette dominante de couleur terre, sur ces masses enchevêtrées, vierges de toute vie animale, le peintre cherche à reproduire la marche de la lumière. « Selon l’heure la couleur est différente. La lumière donne du volume. C’est elle qui fait comprendre le relief ».Il est évident que pour cette artiste peintre il y a d’autres failles, d’autres crevasses, d’autres mares, d’autres diagonales, d’autres masses à découvrir. Emergeant à la frontière océane, cette peinture se positionne entre figuratif et abstraction. Elle nous transporte en quelque sorte au-delà du réel.

    Contact: pasquale.destremau@free.fr

    Pasquale Desretmau : le magnétisme des rochers


  • Commentaires

    1
    Agnès Pormenté
    Mardi 27 Août 2013 à 19:52

    j'aime infiniment;c'est un travail que je comprends au plus haut point...je viens demain.
    Cet article est parfait,vraiment.Merci

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