• On va enfin pouvoir rire de bon cœur !

     

    Ce n’est pas encore gagné, loin s’en faut, mais on commence à avoir de sérieuses raisons d’y croire : nous pouvons espérer, alors que s’annonce l’été, pouvoir bientôt reprendre une vie (presque) normale.

     Qu’est-ce qu’une vie normale ? Pas sûr que nous ayons tous la même réponse à apporter à cette question. Mais on peut se rejoindre au moins sur ce point : une vie normale, c’est pouvoir enfin ne plus avoir à se méfier des autres et de soi-même, parce que rassurés que nous serons de ne plus trimbaler en nous le Covid 19.

    Les autres ? La famille bien évidemment, mais les amis, les voisins et tout ce petit monde qui peuple des lieux de vie où il fait bon vivre son humanité. La sociabilité est une vertu cardinale. Surtout quand elle se vit sans écran interposé.

    On nous a dit, redit et répété depuis près d’un an et demi que les premiers symptômes révélateurs de la présence du coronavirus sont la perte du goût et de l’odorat. De nombreux témoignages ont attesté qu’il en était ainsi. Mais le goût des autres, lui, est tout aussi fondamental. Il ne s’est pas délité avec la pandémie. Le confinement, auquel nous avons été  et demeurons, peu ou prou, soumis, n’a fait qu’accroître son ardente nécessité. Patience ! Encore un peu de temps et nous serons en mesure de lui donner à nouveau sa pleine mesure.

    C’est en tout cas ce que nous laisse entrevoir le message, quasi subliminal, que viennent de nous transmettre les responsables de l’Amicale de Kermouster, en détaillant les rendez-vous de l’année.

     

    On va enfin pouvoir rire de bon cœur !

     

    L’AK hisse à nouveau les voiles. Elles sont, comme le souligne le logo que les Kermoustériens ont collectivement choisi l’an dernier, porteuses de lendemains enchanteurs. Et d’ores et déjà, un rendez-vous à inscrire sur nos agendas: le nettoyage des grèves le 17 juin, à la veille de la naissance d’un nouvel été.

    Il y a un an tout rond, nous pensions naïvement que nous étions tirés d’affaire. Malgré les avis des experts. Il nous a fallu affronter, au sortir de l’été, une deuxième vague, puis une troisième. Une quatrième est dans l’ordre des choses, si la vigilance s’en vient à nouveau à faire défaut. Nous sommes prévenus ! Il serait déprimant de se voir à nouveau interdit l’accès aux grèves comme cela a été le cas. L’AK serait contrainte d’affaler les voiles. Mais, restons optimistes, ce scénario du pire ne peut être qu’une vue de l’esprit ! Le 17 juin nous arpenterons les grèves, sac poubelle à la main, les uns pas très loin des autres, très certainement sans masque et le sourire aux lèvres.

    Le goût des autres enfin pleinement partagé, c’est aussi l’assurance programmée d’un rire régénérateur. Le 21 mars 2020, alors que nous nagions en plein brouillard, je « chroniquais » sur l’absolue nécessité de continuer à rire. Il était d’ores et déjà prévisible que nous allions nous trouver encalminés dans une mauvaise passe. Nos étranges lucarnes commençaient à nous saper le moral à force de bulletins « météosanitaires » peu enthousiasmants. Coincés entre nos meubles, les occasions de rire se sont alors démultipliées, mais essentiellement par le seul canal du numérique. La saveur du partage n’aura été que trop rarement au rendez-vous.

    « Amis lecteurs, qui ce livre lisez,
    Despouillez vous de toute affection ;
    Et, le lisant, ne vous scandalisez :
    Il ne contient mal ne infection ;
    Vray est qu'icy peu de perfection
    Vous apprendrez, si non en cas de rire ;
    Aultre argument ne peut mon cueur elire,
    Voyant le dueil qui vous mine et consomme
    Mieulx est de ris que de larmes escripre, 

    Pour ce que rire est le propre de l'homme. »

     

    De qui, ce texte, en vieux français ? Je ne vous apprends peut-être rien en vous disant qu’il s’agit là de l’avertissement que François Rabelais adressait à celles et ceux qui s’apprêtaient à feuilleter son Gargantua.

    Le rire propre de l’homme ?

    Il se trouvera certainement des avis selon lesquels certains primates partagent avec nous cette spécificité. Mais il aura fallu tout son talent de dessinateur pour que Benjamin Rabier (1864-1939) nous prouve par a plus b que nos amis les bêtes pouvaient rires. « Mon métier, disait-il, est plus difficile à exercer qu’on ne le croit. Dessiner des bêtes c’est l’enfance de l’art, leur donner une expression triste ou joviale, tout est là (…) Passe encore pour le chien, mais faire rire une vache .» Il y est arrivé et la vache qui rit lui a survécu.

    J’ai, ici, souvent rappelé combien j’apprécie l’œuvre du linguiste Alain Rey, lequel nous a quittés en octobre dernier à l’âge de 92 ans. On lui doit nombre de dictionnaires dont Le Grand Robert de la langue française, un ouvrage que je me réjouis d’avoir à portée de la main, même à l’heure de Wikipêdia.  Je garde ancré en moi le plaisir qu’il y avait à écouter sa chronique «Le mot de la fin » sur France inter. Une poignée de minutes et nous nous sentions plus savants, plus riches d’un nouveau vocable décortiqué avec humour sur les ondes. Alain Rey n’est plus là. Je n’aurais donc jamais la réponse à cette énigme : comment se fait-il que lui qui aimait à dire que son auteur favori était François Rabelais n’a-t-il pas maintenu dans ses ouvrages le mot agélaste ?

    Un agélaste ne rit jamais. C’est un misanthrope aux lèvres gercées quelle que soit le degré de chaleur humaine qui l’entoure. C’est un individu qui manque aussi cruellement d’humour. On doit ce néologisme à François Rabelais, lequel avait, comme on peut s’en douter,  une aversion totale envers les agélastes.

    Une question sans réponse, mais qui en appelle une autre ? Et ce sera le mot de la fin.

    Si l’étau d’un confinement sanitaire strict devait perdurer, ne risquerions nous pas, à terme, toutes défenses psychologiques balayées par la lassitude, de devenir des agélastes ? Sauvons, sans plus attendre, notre capacité à rire ! Et si possible, de bon cœur.

     

                                                                                                                                               Claude Tarin

                                                                                                                                  Mercredi 12 mai 2021

     

    On va enfin pouvoir rire de bon cœur !

     

    Malgré les apparences, le soleil ne nous a pas abandonné. Nous devons à nouveau ces « clins d’œil » à Feilippe Mota. Grand merci à lui de nous faire partager de si beaux spectacles.

     

    On va enfin pouvoir rire de bon cœur !

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