• Michel Champion : copiste, donc artiste-peintre

    Michel Champion: copiste, donc artiste-peintre

    Entre les rivages de la Presqu'île Sauvage et ceux des îles du Cap Vert, thème central de l'exposition de Michel Champion

    L’an passé, il y a tout juste un an, il faisait « un tabac » sur la terrasse de La Cambuse. A l’occasion de l’exposition Le Lézardrieux des peintres, Michel Champion, maître copiste au musée d’Orsay nous avait introduits dans les arcanes de son métier, car c’est un vrai métier que de reproduire des oeuvres réalisées par d’autres peintres. Loin des idées reçues et de l’image du faussaire, le copiste est lui-même un artiste-peintre et nombreux sont ceux qui complètent ce savoir-faire en s’offrant des espaces temps qui leur permettent de s’affranchir des contraintes assumées de la reproduction et donner libre cours à leur inspiration. Tout au long de cette semaine, Michel Champion nous invite à découvrir  son autre visage, à travers ses propres œuvres.

     Nous avions brièvement évoqué, à l’occasion de sa prestation oratoire, le parcours de cet artiste-peintre par nature éclectique puisque amené à copier des œuvres très différentes par leur style ou leur technique. Nous laissions entendre que, peut-être, il s’en était fallu de peu que cet ancien PDG..- il a dirigé l’entreprise multimédias Neuro Concept – laisse mourir en lui une passion refoulée. Enfant, Michel Champion aura suivi son père - « un excellent aquarelliste qui nous a malheureusement quitté en mai dernier » - dans tous les musées de France et de Navarre. L’overdose le guettait. Tant et si bien qu’il ne fut plus question de peinture de longues années durant. Et puis, ce fut le « miracle » du Noël de l’An 2000. « J’avais  vendu mon entreprise en 1999 et, après une année de repos bien méritée, je commençais à m’ennuyer. Maryse (son épouse) a eu la bonne idée de m’offrir une boite de peinture à Noël. Je me suis jeté de suite dans la peinture et trois mois plus tard j’étais au musée d’Orsay et j’ai vu des copistes à l’œuvre. Je me suis dit « c’est génial » et j’ai immédiatement fait ma demande d’accréditation comme copiste au musée d’Orsay. Quinze jours plus tard je recevais l’autorisation de copier et je me retrouvais salle Kaganovich à copier mon premier Vlaminck. Trois ans plus tard je passais professionnel. » Aujourd’hui Michel Champion est Secrétaire de l’Association des copistes de Musée Français.

    http://www.copiste.fr

     

    "Je ne travaille qu’à l’huile"

     

    Cela fait donc tout juste quatorze ans que Michel Champion cultive son art de la peinture à l’huile. « L’aquarelle ne m’a jamais attiré. J’ai besoin de matière et elle est transparence. La gouache idem, elle est opaque mais manque de matière pour moi. L’acrylique m’a toujours paru un peu « plastique » d’aspect et les empâtements acryliques ont tendance à s’aplatir, même si avec les acryliques « heavy body » on retrouve une tenue proche de l’huile. De plus, pour mes copies de toiles de maîtres,  je ne travaille qu’à l’huile, donc je m’en tiens à cette peinture que je maitrise bien et qui me convient parfaitement ».

     

    Pour cette exposition de Kermouster, Michel Champion a travaillé sur le thème  d’une « conversation » entre les rivages de la Presqu’île Sauvage et ceux des îles du Cap Vert, mais ce dernier semestre, il lui a fallu honorer de gros contrats de copies et n’a donc pas eu le temps nécessaire pour faire la vingtaine de toiles prévue. Seules huit des toiles exposées traitent de ce thème. Le reste de l’exposition porte sur des toiles antérieures, réalisées à partir des paysages et des scènes de la Presqu’île. S’y ajoutent des copies d’œuvres célèbres. Un Gauguin, deux Van Gogh, un Corot et un. Pissaro. « Le Corot est une commande que le client n’est jamais venu chercher et les deux Van Gogh et le Pissarro sont des copies que j’avais réalisées au musée d’Orsay de mon propre chef et qui jusqu’à présent ornaient mon salon de Suresnes. ».. Quant au Gauguin, c’est tout simplement un cadeau de remerciement pour son épouse, sans laquelle, qui sait, nous n’aurions pas le plaisir de découvrir ou de revoir un artiste-peintre accompli, qui a eu l’heureuse idée de jeter l'ancre à Lanmodez, son port d’attache depuis 2005..Il y a installé un atelier et y séjourne plusieurs mois dans l’année.

     

    Quand il parle de ses propres réalisations, deux mots reviennent souvent : matière et couteau. Il s’en explique : « J’aime sculpter la peinture. Travailler au couteau,  c’est travailler en trois dimensions. J’aime le rythme que le couteau donne à la peinture quand il la lisse, la coupe et la gratte. J’ai vraiment l’impression que le couteau guide ma peinture. Je la sens  « venir » au fur et à mesure que je mets de la pâte sur la toile. En un mot mon couteau à raison.  C’est lui qui fait tout le boulot ».

     Un peintre éclectique

    La présente exposition nous montre un peintre dégagé d’une influence quelconque. L’est-il vraiment ? « Au début, précise Michel Champion, j’ai beaucoup travaillé au musée d’Orsay car je me sentais plus attiré par les Impressionnistes,  mais,  maintenant j’aime tout autant un De Vinci, un Delvaux, un Archimboldo ou un Caravage. Ce qui me plait le plus est de comprendre le travail exceptionnel d’un grand maître et d’arriver à le reproduire le plus fidèlement possible ». Le copiste ne limite pas son travail à la seule reproduction des toiles de maîtres. Il peut répondre à des commandes de particuliers pour ne pas dire particulières. « Il nous arrive d’avoir à reproduire des tableaux propriétés de famille dans le cadre d’un divorce 

    Concernant les toiles de maîtres, il peut même prendre quelques libertés avec l’original.  Michel Champion nous cite l’exemple de ce commanditaire qui souhaitait apparaître dans un tableau célèbre du surréaliste Jacques Delvaux. Son vœu a été exaucé  Idem pour ce chef d’entreprise désireux de se substituer à Bonaparte franchissant le Grand Saint-Bernard  comme l’a si bien campé Jacques-Louis David. Bref ! Le pinceau – Ici il n’est plus question de couteau - de notre copiste est à disposition. Alors, si le cœur vous en dit, vous pouvez vous faire tirer un portrait original. Tenez !  A la manière de Guiseppe Arcimboldo, ce peintre italien des « Quatre saisons ». L’une des dernières réalisations de Michel Champion est une reproduction de L’Automne, un des tableaux de cette célèbre série. En cette fin d’été, imaginez-vous ainsi dans quelque temps !

    * L'exposition, qui a ouvert ses portes ce lundi, dure jusqu'au dimanche 24 août inclus

    Que regarde cet homme vu de dos? Assurément la mer. Nous sommes dans la peau du peintre, mais nous sommes également cet homme et nous voyons la mer.

    Ce cliché a été pris lorsque Miachel Champion a réalisé pour lui-même la copie du célèbre tableau de Vincent Van Gogh :L'église d 'Auvers-sur-Oise

    L'Automne de Guiseppe Arcimboldo. Une des plus récentes copies réalisées par l'artiste-peintre. Ce tableau n'est pas exposé à Kermouster.


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