• Le jour du rossignol

    Il a fait bon se balader hier après-midi. Le temps s’y prêtait. Soleil radieux, voire trop ardent pour les tonsures et calvities non couvertes. La grisaille de ce vendredi et le léger rafraîchissement ne changent rien à l’affaire.  Le printemps est là et bien là. En tout cas, on veut y croire.

    Dans les jardins le gazon repousse à vue d’œil. Comme s’il ne pouvait pas lui aussi prendre son temps. Pour laisser souffler les tondeuses. Chiendent, liseron, mouron ne sont pas en reste. Arrachage, sarclage, bêchage en vue.

    Il fait bon désormais se promener dans un hameau qui semble sortir de sa torpeur. Sur le chemin, en boucle, plus de visages, plus de sourires que les jours derniers. Comme si de rien ? Bien sûr que non ! Une liberté recouvrée pour partie, appréciée, mais limitée dans le temps et soumise aux gestes barrières.

    Ni bises, ni serrages de main. On se croise, chacun sur son côté du chemin. On prend le temps d’échanger sans s’approcher. Cordialité distanciée. Rude apprentissage pour vivre différemment le voisinage. Se côtoyer autrement.

    Les masques ? Ne nous voilons pas la face ! Même si les petites mains du village s’attèlent encore à la tâche, on n’en a guère l’usage ici. Les masques, c’est pour la ville, les courses, le marché. Partout où cela est vraiment nécessaire. Mais sur notre éperon rocheux, face au grand air du large ?  Avec la gravité, les postillons ne restent pas en suspension en l’air, ils tombent et se dispersent. Méfiance cependant. Ne baissons pas la garde !

     

    Le jour du rossignol

     

    Ce vendredi, 39e jour du confinement. Dix sept jours à vivre encore à ce régime. Supportable à bien des égards. Ici on peut respirer à pleins poumons, mais on aspire à mieux !

    Dans une semaine on fêtera le travail. Combien de nouveaux chômeurs d’ici là ? Autre source d’inquiétude pour des millions de personnes.

    Le muguet est abondant, mais les clochettes blanches n’auront pas leur fragrance habituelle. A leur toxicité naturelle va s’ajouter l’effluve imperceptible de cet autre poison, le coronavirus. Mais rappelons tout de même que vous pouvez, sans attendre, leur faire l’honneur d’un vase. Ce dimanche sera le  septième jour du mois de Floréal. Les Révolutionnaires fêtaient le muguet ce jour là (Chronique du lundi 20 avril).

    Ce vendredi, le cinquième jour de ce mois de Floréal, c’est le rossignol qui est à l’honneur. Un jour où il ferait bon réécouter Luis Mariano nous chanter Rossignol, rossignol de mes amours. Que de fois ai-je entendu ma grand-mère se lancer dans un karaoké qui ne disait pas encore son nom.

    Une complainte du confinement, puisqu’elle nous raconte l’histoire d’une princesse, au cœur plein de tristesse, enfermée nuit et jour, au sommet d’une tour. Mais un jour, prenant son vol, un gentil rossignol lui apporta l’espoir. Et c’est pour le revoir qu’elle chantait le soir « Rossignol, rossignol de mes amours ». La suite, vous la connaissez certainement. Si tel n’est pas le cas, je vous la laisse découvrir.

     

                                                                                                     Claude Tarin

                                                                                         Vendredi 24 avril 2020

     

       Le haïku du 39e jour

     

     Sur le sentier

    Gémissement d'un arbre-

    Séparation

     

    Le jour du rossignol


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