• Kristina Kuusisto et sa "boîte magique"

    Pour avoir déjà pu apprécier son talent, nous savourions à l’avance le plaisir que nous allions éprouver en assistant, le samedi soir 22 août, au concert de  Kristina Kuusisto. Une nouvelle fois, la chapelle allait se faire caisse de résonance d’un instrument, le bandonéon, que cette musicienne d’origine finlandaise appelle Taikalaatikko. Traduction :  « boîte magique ». La magie a opéré à nouveau, mais cette fois, en solo.

     

    Kristina Kuusisto et sa "boîte magique"

     

    En juillet 2010, Kristina Kuusisto s’était produite à Kermouster accompagnée par sa compatriote Mari Mäntyla et son décacorde. Deux talents conjugués qui ont donné corps au duo Dryades. En août 2013, c’est Roger Eon, guitariste de renommée internationale, professeur à l’école de musique du Trégor, qui était à ses côtés. Le duo Silb qu’ils ont constitué, vient de se produire à Erquy ce jeudi 27 août.  Cinq jours auparavant, Kristina Kuusisto nous aura démontré que le bandonéon avait la capacité de captiver un auditoire par et pour lui-même.

     

    Sensualité, envoûtement

     Voici un instrument que des mains d’hommes ont rendu « diabolique » en lui attribuant le souffle du tango argentin au début du XXe siècle. Pedro Maffia, Anibal Troilo,  Leopoldo Federico mais surtout Astor Piazzolla, pour ne citer que ces grands maîtres de la spécialité,  lui ont donné, par la suite, ses lettres de noblesse, en l’extirpant des bouges et des bordels où il semblait devoir rester confiné. Tout comme ses glorieux prédécesseurs, Dino Saluzzi travaille aujourd’hui à élargir son répertoire. Kristina Kuusisto  aussi.

     Le tango conserve indéniablement son caractère incontournable dans un concert mettant en scène le bandonéon. Sous les doigts de fée de Kristina Kuusisto, il devient même plus sensuel, plus charnel, encore plus envoûtant. Comment  demeurer insensible au charme d’une artiste qui, avec grâce et maestria, vous donne à écouter une  musique qui vous fait frissonner jusqu’au tréfonds de vous même. Tantôt lumineuse, tantôt empreinte de gravité, tout son corps en vibration avec les anches de son instrument. Mais si elle aime nous faire partager sa passion pour cette musique d’outre-Atlantique, elle n’entend pas s’y enfermer. Elle s’exprime sur d’autres registres. A commencer par des transpositions du grand répertoire.

     

    Kristina Kuusisto et sa "boîte magique"

    Bach aurait certainement aimé composer pour le bandonéon

     Nous aurons eu ainsi l’heur, entre autres interprétations, d’entendre de nouvelles sonorités sur Syrinx, une pièce composée par Claude Debussy pour la flûte de pan, et sur un prélude et une fugue de Johann Sebastian Bach. Kristina Kuusisto aime à dire que si le kantor de Leipzig avait eu en sa possession un bandonéon, il aurait composé pour cet instrument Mais  Bach n’était plus de ce monde depuis bien longtemps quand l’Allemand Heinrich Band (1821-1860) a conçu cet instrument à vent et à clavier auquel on allait associer son nom. A l’origine, instrument de musique folklorique,  le bandonéon offrira également l’intérêt de pouvoir se substituer à l’harmonium et à l’orgue dans les églises de la confédération germanique avant de conquérir l’Amérique du sud au fil de l’émigration. Retour aux sources en quelque sorte dans la chapelle de Kermouster.

    Retour aussi aux racines. Kristina Kuusisto ne se contente pas d’interpréter. Elle compose. En puisant notamment dans la littérature de son pays d’origine. La pièce Vaka Vanha qu’elle a exécutée est une création inspirée d’un recueil de poèmes finnois, le Kalevala.

     

    Un instrument « illogique »

     Kristina Kuusisto est née à Hyvinkaa, à 40 kilomètres au nord d’Helsinki. Professeur d’accordéon classique diplômée de l’Académie Sibélius, elle a succombé à « un véritable coup de foudre » en découvrant, à Paris, les rondeurs et la flexibilité du bandonéon, un instrument qu’elle qualifie de totalement illogique.  Elle joue sur un modèle conçu en 1930 par le facteur Alfred Arnold, l’un des tout premiers bandonéons bi-sonores. 38 boutons sur le clavier droit, 33 sur le clavier gauche. A chaque bouton correspond  une note, mais celle-ci varie selon que l’on ouvre ou ferme le soufflet. Avec un tel instrument, qui couvre 6 octaves,  il y a 12 manières de jouer en do majeur. C’est en suivant les cours de l’argentin Juan José Mosalini, professeur à l’Ecole nationale de musique, que l’accordéoniste a réussi, voilà vingt ans, à comprendre puis maîtriser la complexité du bandonéon.

    Ayant choisi de vivre depuis quelques années à Loguivy-Plougras, en plein coeur de la Bretagne profonde, elle a su prendre la mesure de la région pour ouvrir d’autres chemins sonores. En témoigne La Prophétie de Gwenc’hian tirée du Barzaz Breiz, recueil de chants populaires bretons.

     Des chemins qui ne l’écartent en rien de sa trajectoire internationale. Avant d’entamer sa tournée des chapelles qui ‘l’ont amenée jusqu’à nous, Kristina Kuusisto s’était produite en Suède et en Norvège. En octobre prochain elle retrouvera Mari Mäntyla dans le cadre du festival de musique String 136, à Pékin.  Nous ne pouvons que vous inviter, encore une fois, à faire plus amplement connaissance avec cette artiste talentueuse en consultant son site Internet.  

    http://bandoneon.wix.com/kristinakuusisto

     

    Kristina Kuusisto et sa "boîte magique"

    Juillet 2010:  Kristina Kuusisto accompagnée par sa compatriote Marina Mäntyla et son décacorde. Le duo Dryades va particpier en octobre prochain à un festival de musique à Pékin

     Kristina Kuusisto et sa "boîte magique"

     Août 2013: Kristina Kuusisto er le guitariste Roger Eon avec lequel elle forme le duo Silb


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