• Jeanne-Marie Gilbert et "ses" Dames du temps jadis

    Jeanne-Marie Gilbert et ses Dames du temps jadis

     

    Depuis sept ans, Jeanne-Marie Gilbert s’en vient, chaque été, en Trégor défendre le répertoire du temps jadis, mais c'est la première fois que cette ménestrelle s’est produite (le 21 juillet) en la chapelle de Kermouster. Est-ce le fait d’une date trop rapprochée avec le précédent concert ou la nature même de ce répertoire ? Ce n’est que devant une vingtaine de personnes qu’elle a pu exprimer son art alors que, trois jours auparavant, les chaises de la chapelle étaient copieusement garnies, pour Jean Baron et Sophie Pagnon ? Il y a certainement un peu des deux à la fois.

    Deux concerts en l’espace de si peu de temps, c’est certainement un de trop, d’autant que Kermouster n’est pas seul au monde. Il suffit de feuilleter les pages loisirs des journaux pour constater le très grand nombre de sollicitations qui fleurissent journellement dans les alentours. Certes, sur des registres différents mais, même si l’on peut comprendre l’empressement des artistes à se saisir de la période de grande concentration allant de la mi juillet à la mi août, le public espéré ne peut pas honorer systématiquement tous les  rendez-vous.

    Par ailleurs, le répertoire que défend Jeanne-Marie Gilbert n’est pas celui qui à la faveur d’une programmation en « prime time » sur les écrans de nos télévisions, ni même à des heures plus tardives, sauf à de rares, très rares exceptions. Et ce, malgré l’indéniable renouveau de la musique baroque. Il faudra certainement du temps pour que les sonorités du luth, de la chifonie, sorte de vielle, ou de la guiterne, instrument médiéval à cordes pincées, puissent recouvrer l’oreille du plus grand nombre.

     

    Luth…contre l’oubli 

    Jeanne-Marie Gilbert et ses Dames du temps jadis

    Précisons que nous-mêmes n’avons pas eu la possibilité d’assister à ce concert ! Pas plus que quiconque nous ne sommes dotés du don d’ubiquité. Nous avions à l’heure dite d’autres obligations. Mais,  ayant eu l'opportunité de rencontrer Jeanne-Marie Gilbert, quelques heures avant qu’elle ne se mette en scène dans le chœur de la chapelle, et pris quand même le temps de venir fixer quelques images, nous pouvons compenser le regret de n’avoir pas pu être là de bout en bout.

    Regret est bien le mot qu’il convient d’employer car, même si ce répertoire n’est pas celui qui entre le mieux dans nos cordes, nous sommes de ceux qui pensent qu’une telle proposition cadre bien avec l’esprit des lieux. D’autant plus, qu’au-delà du simple plaisir de l’écoute, cette immersion dans la musique du Moyen Age nous permet d’accroître nos connaissances et, par là même, de comprendre et d’adhérer au bien fondé de ce qui peut s’apparenter à un combat contre l’oubli.

     

    De Villon à Brassens 

    Jeanne-Marie Gilbert et ses Dames du temps jadis

    C’est sur toute une série de portraits de femmes, avec de nombreuses références à la Vierge, que l’artiste a conçu son programme de l’été 2017. Or nous avons pu faire acte de présence au moment même où Jeanne-Marie Gilbert déclamait le célèbre poème de François Villon (1431-1453), « Ballade des Dames du Temps Jadis ». Il n’échappera à personne que c’est cette ballade d’un temps révolu qu’un certain Georges Brassens a remis en musique. Preuve s’il en est qu’entre poètes le temps ne fait rien à l’affaire quand on partage ce désir de donner toute leur saveur aux subtilités de notre langue.

    .Le plus curieux en cette circonstance, c’est d’avoir entendu Jeanne-Marie Gilbert nous dire, bien que s’étant produite l’an passé non loin de là, dans la chapelle de Kermassac’h en Lanmodez, qu’elle n’a su, qu’au début de cette année, que Georges Brassens avait maison à Lézardrieux Cette « découverte » s’est faite à l’occasion d’une première visite en la chapelle de Kermouster, dans le courant de l’hiver.

    Il se trouve que cette artiste est l’épouse d’Yves Gilbert qui a créé Les Ateliers de la Chapelle, un société d’ébénisterie et menuiserie d’art, sise à Sèvremoine, agglomération proche de Cholet. Cette société a répondu à l’appel d’offre lancée pour une éventuelle restauration des bois polychromés de la chapelle Saint Maudez. Sans que cela ait le moindre rapport de cause à effet, Damme Gilbert se devait de passer par le hameau.

     

    La Suzanne de la Bible et des peintres 

    Jeanne-Marie Gilbert et ses Dames du temps jadis

     Suzanne au bain, 1550) par Tintoret (Musée du Louvre). On aperçoit les deux vieillards dans le coin supérieur à droite du tableau

    Pour honorer ces « dames du temps jadis » Jeanne-Marie Gilbert s’appuie sur les poètes et trouvères qui n’ont pas tous l’heur d’avoir la renommée de François Villon. Nous nous garderons de jouer les connaisseurs, mais citons ici quelques noms : Guillaume de Machaut (1300-1377), Christine de Pisan (1364-1430), considérée comme la première femme de lettres françaises ayant vécue de sa plume, Gautier de Coincy (1177-1236) et tout particulièrement, Didier Lupi Second, un compositeur du XVIe siècle à qui l’on doit Suzanne d’un jour (1548).

    Cette mélodie, tirée d’un récit apocryphe du prophète Daniel, raconte qu’une très belle jeune femme, prénommée Suzanne, va subir, pendant son bain, le regard libidineux de deux vieillards qui  ajouteront à leur concupiscence exacerbée mais non satisfaite la volonté de lui nuire. Mais c’était sans compter avec le prophète Daniel.

    Comme c’est souvent le cas, de la musique à la peinture il n’y a qu’un pas. Il se dit que cette scène biblique est celle qui a suscité l’un des nus les plus reproduits de toute l’histoire de l’art. Le Tintoret, Véronèse, Rubens, Rembrandt, Delacroix se sont emparé du corps de Suzanne. Pablo Picasso aussi. Et nous ne citons là que les plus connus.

     Pour en savoir plus

     http://www.volutes.net

     

     

     

     


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