• Il n’y a pas que la poule qui philosophe !

     

    "Pour des raisons indépendantes de ma volonté" . Ces raisons font que….il n’y aura point de chronique ce lundi, ni les jours suivants. Cela ne veut pas dire que je ne serai pas sans humeurs, mais à l’impossible nul n’étant tenu, elles resteront confinées dans la boîte crânienne. Non sans regret, bien évidemment, car j’ai le sentiment de manquer un rendez-vous.

    Au lendemain d’une élection municipale, il aurait été bon de tirer les leçons de cette consultation citoyenne qui aura animé le centre bourg ce dimanche 14 mars. Cela dit, entre satisfaction ou regret, je peux, dès aujourd’hui, résumer ce que serait la nature du propos.

    Aux perdants, j’aurais adressé tous mes encouragements à dépasser le sentiment de frustration ; pour très vite redonner du souffle à leur engagement citoyen ; la vie ne s’arrête pas au lendemain d’un scrutin qui ne vous a pas été favorable.

    Aux vainqueurs, j’aurais adressé mes félicitations, comme il est d’usage, mais en leur rappelant que convaincre des électeurs de voter pour vous est une chose, se montrer efficace, sur la durée, dans la gestion du navire en est une autre. Bref ! Au travail, Mesdames et Messieurs !

    Aux électeurs, que je vais être moi-même, qu’il ne faut pas s’en tenir à la célèbre citation : alea jacta est !

    Durant toute cette campagne hors norme, compte tenu des contraintes sanitaires qui ont en quelque sorte muselé la parole, des engagements ont été pris, par écrit. C’est à partir de cette feuille de route qu’il faut désormais que le nouveau conseil municipal se retrousse les manches. Et fasse tout pour ne pas décevoir !

    Je retiens pour ma part que les deux candidats au fauteuil de maire ont manifesté l’intention d’agir et de décider en prenant en permanence le pouls de la population.   Comités de quartier, conseils citoyens ou conseils consultatifs, plus que jamais il convient d’en favoriser l’émergence. Encore faut-il que cela ne résonne pas comme des mots creux. Ces cellules de réflexion partagée, si elles dépassent le stade du faux-semblant, ne peuvent que donner encore plus de consistance à la cellule de base de la démocratie qu’est une commune.

    Le souffle démocratique ne s’arrête pas avec la fermeture d’un bureau de vote. Il doit pouvoir se faire sentir au quotidien. Si la mairie est le noyau de cette cellule démocratique, les citoyens électeurs contribuables en sont les protéines et autres acides acétiques. Ce n’est pas d’un seigneur des anneaux (de plaisance) ou d’un seigneur du hameau (Kermouster) et autres écarts dont Lézardrieux a besoin, mais d’un homme et d’une équipe capables d’éviter l’anémie d’un corps électoral qui vient de lui confier les clefs  de la maison commune.

    La commune « du monde d’après Covid » reste à inventer. Mais cela ne se fera que si l’on en offre la possibilité à l’ensemble des acteurs qui forment cette communauté. Cette réflexion citoyenne s’exprime déjà à travers les nombreuses associations, mais cela ne suffit pas à éviter le risque de léthargie dans laquelle sombre, trop souvent après-coup, le corps électoral. En clair, il ne suffira pas que l’on nous donne, à nous autres citoyens de base, les moyens de nous faire entendre sur les projets ou les actions menées par nos élus, il nous faudra saisir la perche et nous prouver à nous-mêmes que nous avons vraiment soif de citoyenneté.

    Donc, pas de chroniques plusieurs jours durant. Mais à ces quelques lignes d’explication, complétées par une réflexion sur ce qu’il conviendrait de vivre tout au long de ce nouveau mandat, je n’ai pas résisté à la tentation de coucher par écrit les quelques pensées qui hantent mes jours et mes nuits, fort intensément depuis quelques semaines. Hanter est bien le verbe approprié puisque c’est de fantômes, plus précisément de revenants, qu’il va s’agir.

    Suite à des lectures et des paroles récemment entendues, nourri par une actualité qui ne permet pas de sommeiller tranquillement, je vous invite  à me suivre sur le chemin de la philosophie.

    Si, maxime bien  connue, « c’est la poule qui philosophe », à défaut de pouvoir glousser comme elle, nous avons tous, par contre, le moyen de gloser, c’est-à-dire de commenter des faits ou des textes, fussent-ils émis par de grands esprits, dont certains ne sont plus de ce monde. Mais, leur empreinte reste vive ! Au point de s’en venir, par intermittence, jouer les revenants.

    Donc, il n’y a pas que la poule qui philosophe ! Trop de gens ignorent qu’ils sont eux aussi des philosophes du quotidien. Tout est politique ! C’est possible. Tout relève de la philosophie. Même le dépôt d’un bulletin de vote dans une urne. Soyons en convaincus !

     

                                                                                                                                    Claude Tarin

                                                                                                                         Samedi 13 mars 2021

     

    Tout simplement Pascalien

     

    Je ne ferai pas l’affront aux Lézardriviens de rappeler ce qui fait qu’ils ont à leur disposition une salle, ce dimanche transformée en bureau de vote, portant le nom de Georges Brassens. Mais peut-être ne se souviennent-ils pas que Tonton Georges, ce tonton flingueur de nos travers sociétaux, a mis un jour un fantôme au diapason de sa guitare.

    C’était tremblant, c’était troublant,

    C'était vêtu d'un drap tout blanc

    Ça présentait tous les symptômes,

    Tous les dehors de la vision,

    Les faux airs de l’apparition,

    En un mot, c’était un fantôme

    Le fantôme tel qu’il demeure ancré dans nos mémoires. Un drap blanc, percé de deux trous. De beaucoup moins terrifiant que Dracula, mais suffisamment troublant pour vous avoir fait frissonner de nombreuses fois depuis votre tendre enfance.

     

    Vivre avec nos morts

     

    C’est à un livre que je dois d’abord de m’être accroché à cette image du fantôme. Vivre avec nos morts, c’est son titre ; un livre écrit par une jeune femme dont vous avez certainement déjà aperçu le regard lumineux sur vos écrans.

    Delphine Horvilleur est une femme rabbin française. Nombre de gens de sa famille n’ont pas survécu aux camps de concentration. Un temps journaliste, Delphine Horvilleur fait assurément partie de ces gens qui inspirent d’emblée la confiance, par cette capacité qu’ils ont à révéler une large ouverture d’esprit. Sa foi, ses engagements religieux n’étant pas des œillères, l’écrivaine nous livre ici un récit émouvant.

    A l’heure où tant de gens souffrent de n’avoir pas pu accompagner l’un des leurs dans les derniers moments de sa vie, pour cause de pandémie, je ne puis que vous inciter à lire ce livre. En me limitant à ces quelques lignes extraites du texte en quatrième de couverture : « Je me tiens aux côtés de femmes et d’hommes qui, aux moments charnières de leurs vies ont besoin de récit. Le rôle d’un conteur est de se tenir à la porte pour s’assurer qu’elle reste ouverte. Et permettre ainsi à chacun de faire la paix avec ses fantômes ». Ici ce n’est plus de cette silhouette indéfinie  couverte d’un drap blanc, mais de cette capacité que nous avons tous à vivre avec nos propres revenants, parents, grands-parents, frères, sœurs, cousins, cousines, amis et amies. Nous avons cette capacité à les faire revivre en nous mêmes.

    Mais c’est un propos tenu récemment à la radio qui a déclenché cette envie soudaine de philosopher à tout-va. Ne craignez rien ! Je ne suis pas assez féru en la matière pour donner à cette chronique l’allure d’un cours magistral à partir des Pensées d’un certain Blaise Pascal. Même si son nom n’a pas été prononcé au cours de cet entretien radiophonique, il a surgi, tel un revenant dans mes propres pensées. Souvenez-vous, il y a peu, c’est son portrait qui illustrait le billet de 500 francs!

     

    Confinés sur orbite terrestre

     

    Il n’y a pas que la poule qui philosophe !

     La Terre vue de la Station spatiale internationale dans laquelle Thomas Pesquet va une nouvelle fois se confiner pour six mois

     

    Les œuvres de Blaise Pascal (Les Provinciales, Pensées) ne reposent pas sur ma table de chevet. Mais comme tout un chacun, je peux glisser dans la conversation « le cœur a ses raisons que le raison ignore ». C’est peu et insuffisant je vous le concède pour prétendre parler d’un écrivain philosophe lequel, à ce que je sais, ne peut être snobé par quiconque, puisque faisant toujours référence.

    Au micro de France Inter, l’autre matin, c’est Thomas Pesquet, le spationaute ambassadeur de la culture  scientifique française dans l’univers interplanétaire, qui était interrogé. En avril prochain, Thomas Pesquet remettra sac à bord pour un deuxième séjour prolongé dans l’ISS, la station spatiale internationale. Quatre ans après un premier confinement de six mois (17 novembre 2016-2juin 2017), il rempile pour une même durée de temps.

    Depuis qu’elle tourne sur son orbite, à 400 km au-dessus de nos têtes, l’ISS n’a cessé d’être un laboratoire. Des spationautes Américains, Russes, Japonais, mais aussi Canadiens, Italiens, Allemands et Belges ont déjà eu, comme Thomas Pesquet, l’heur de connaître les joies de l’apesanteur. L’ISS pourrait continuer à servir encore six à sept ans.

    Au menu de Thomas Pesquet, une centaine d’expériences portant sur des recherches variées pouvant trouver des prolongements sur Terre : sur des bactéries, sur des cellules souches du cerveau pour mieux en cerner le vieillissement, sur une pince acoustique pouvant piéger des particules. Mais aussi avec, en toile de fond, l’objectif de rendre possible la vie humaine sur la Lune et, à plus longue échéance, sur Mars.

    Pour se trouver au cœur de cette aventure humaine, Thomas Pesquet n’en conserve pas moins les pieds sur terre. Son enthousiasme est évident, mais il n’embraye pas sur les divagations euphoriques du richissime industriel Elon Musk. C’est cet homme d’affaires américain  qui finance le vaisseau SpaceX qui propulsera Thomas Pesquet et de nouveaux compagnons jusque l’ISS. Elon Musk, qui a bâti pour partie sa réputation sur la voiture électrique, se voit comme celui qui aura permis, rien que ça, de changer le monde et l’humanité en instaurant la vie interplanétaire, en commençant par installer une colonie sur Mars.

    Mais que d'obstacles à franchir sur le chemin pour espérer vivre "ce jour de gloire". La mise en place d'AsterX fait planer le doute. Le pire peut accompagner le meilleur. L'homme a déjà transmis son virus de la guerre dans l'espace. AsterX est un système de défense des satellites français, créé en 2017. Emmanuel Macron a assisté ce vendredi 12 mars à une simulation. AsterX met ses pas dans la Space Force des Etats-Unis. Le concept "Guerre des étoiles" est devenu réalité à l'heure où on se plaît à se féliciter de l'entente internationale qui règne à bord de l'ISS. 

     

    Les deux infinis

     

    Il n’y a pas que la poule qui philosophe !

    En 1969,l a Banque de France honorait ce mathématicien scientifique essentiellement connu pour ses écrits philosophiques. 

     

    C’est en pensant à tout cela que Blaise –excusez cette familiarité !-  est venu me taper sur l’épaule, pour briser l’hypnose produite par cet entretien sur mon propre imaginaire. Je ne puis cacher l’intérêt que je porte à cette aventure spatiale, tout en épousant les réserves émises, voici près de quatre siècles par cet illustre penseur. Les deux infinis, l’infiniment petit, l’infiniment grand, donc du Covid 19 à la planète Mars, Blaise a déjà dit ce qu’il pensait de tout cela. Ce n’est pas une raison pour ne plus chercher à en savoir plus. Saura-t-on anticiper sur les effets pervers qu'une telle conquête de l'esprit humain pourrait engendrer?

    A défaut d’être sur la table de chevet, les Pensées de Pascal attendaient patiemment sur une étagère, derrière la vitrine de la bibliothèque. Depuis une douzaine d’années. Des deux infinis, il en est question notamment dans le fragment intitulé Disproportion de l’homme. Ce qu’il faut en retenir : ce n’est pas parce que l’homme aura mis les pieds sur Mars qu’il aura la maîtrise de l’univers ou qu’il sera arrivé aux sources de la complexité de la vie bien qu’ayant  fini par faire rendre gorge aux coronavirus .

    A son questionnement perpétuel, une seule réponse selon Pascal: Dieu. Voilà un sujet de réflexion qui dépasse de très loin les enjeux de ce scrutin dominical, mais qui, si vous avez pris sur vous le temps de lire cette chronique avant de prendre le chemin de l’isoloir, vous aura peut-être aidé à évacuer le trop plein de stress qui accompagne généralement cet acte de la vie citoyenne. En en relativisant la portée, sans en nier toutefois l’importance.

    « Qu’il s’agisse de notre place dans l’univers, de notre interrogation face à la mort ou des signes artificiels du pouvoir, qu’il s’agisse des limites de nos savoirs ou des richesses du cœur, chaque formule de Pascal est à elle seule un monde à explorer » Tel est le point de vue de  Roger-Pol Droit, journaliste écrivain, philosophe lui-même. Roger-Pol Droit a, voici une douzaine d’années, supervisé la publication chez Flammarion de toute une série d’ouvrages se rapportant à des philosophes. Il ne pouvait bien évidemment pas faire l’impasse sur Blaise Pascal.

    Propos d’un zélateur ? Non, puisque Roger-Pol Droit ne croit pas en l’existence d’un dieu créateur, ni à l’immortalité de l’âme, ni à la vie après la mort. Pour avoir consulté préalablement quelques écrits se rapportant à lui, je retiens un propos que je n’ai aucun scrupule à faire mien puisque le partageant : « Je sais combien cette peur du néant est un fantasme. Personne ne se lamente du néant qui précède sa naissance. Celui qui suit notre décès n’est pas plus terrible ».

     

    Fragilités et solidités des vérités philosophiques

     

    Evoquant les Pensées, Roger-Pol Droit nous dit qu’au travers de ces quelques mille chroniques rassemblées sous ce titre, « le principal geste de Pascal consiste à montrer comment les vérités philosophiques sont à la fois solides et fragiles, fondées mais partielles. Elles contiennent une part de vérité, mais trop courte ». A  méditer !

    Je me sens, quant à moi, tout simplement Pascalien, au sens profond de cette démarche qui consiste à affronter les points de vue.

    Cela va faire un an tout rond que nous avons appris à vivre confinés. Par contrainte. Dans une longue période de sa vie, retranché dans son cabinet d’écriture, volontairement retiré du monde, Blaise Pascal n’en conservera pas moins sa lucidité pour scruter notre condition humaine. Ainsi écrit-il dans ses Pensées :  « J’ai souvent dit que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer au repos dans une chambre. »

    La « tour d’ivoire » permet d’échapper à l’agitation et aux vanités de ce monde. Mais peut-on le suivre sur cette voie sans lui dire qu’entre confinement contraint et confinement volontaire il y a une marge d’appréciation importante. Une vérité vécue tout autre !

    Thomas Pesquet et ses compagnons dans leur capsule spatiale ont volontairement accepté un confinement qui, malgré les difficultés de l’exercice, leur offre un regard sur la Terre dont ils disent tous ne pouvoir se lasser. Ce samedi 13 mars, il a fait bon prendre l’air pour se persuader que ce monde vu d’ici, malgré ses turbulences, ses iniquités, son épuisement, peut encore nous offrir des perspectives lumineuses.

    Au fin fond de la baie du Paradis, puis à même l’estuaire, entre deux giboulées chargées de grêle, un arc-en-ciel en soulignait subrepticement l’extraordinaire beauté. 

     

    Il n’y a pas que la poule qui philosophe !

     

    (                                                                                                        ( Photo Filipe Mota)

    Il n’y a pas que la poule qui philosophe !

     

    Haïkerm pour des chevreuils

     

    C’est encore et toujours de beauté qu’il nous faut parler avec cette belle photo qu’ont transférée Pierrick et Françoise Auger. Une photo prise en fin d’après midi il y a déjà quatre jours. Dame nature dans son entière sérénité avec ces quatre chevreuils broutant l’herbe d’un pré, à proximité des grèves de l’île à Bois. Comme tant d’autres coins et recoins de la presqu’île, Kermouster dévoile toute la palette de ses charmes. Comme le souligne très justement cet haïkerm qui accompagnait la photo, elle sait se montrer généreuse en cadeaux de ce type. A qui sait la contempler!

     

    Cadeau de la vie

    Juste avant le couvre-feu

    Quatre beaux chevreuils.

     

    Il n’y a pas que la poule qui philosophe !

     


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