Lanmodez et Kermouster, l’histoire d’un vieux couple, longtemps  uni au sein d’une même paroisse. Je vous parle d’un temps d’avant Révolution, c’est-à-dire bien avant que ne roulât au pied de l’échafaud la tête de Marie Antoinette d’Autriche, reine de France déchue. En ce temps là, Kermouster était une frairie, une subdivision de la paroisse de Lanmodez (Cf : chronique du 14 septembre 2012).

Pourquoi remonter à si loin dans le temps ? D’abord pour rappeler que cela fait tout juste deux cents trente ans que Kermouster est rattaché à Lézardrieux. Il se dit que les Kermoustériens d’alors ont applaudi à la chose. S’il n’y avait pas eu le Covid 19, d’aucuns auraient peut-être pensé donner une coloration toute particulière à la fête nationale du 14 juillet, quitte,  comme ce fut le cas à l’époque, à froisser à nouveau l’amour propre des communes voisines, lesquelles ont de tout temps contester la primauté administrative de Lézardrieux. La Révolution, ni l’Empire, ni la République n’auront jamais réussi à tuer l’esprit de clocher. Il subsiste peut-être encore à l’heure de l’intercommunalité.

Or voici que, deux siècles et trente ans plus tard, le village qui honore Saint Modez est en passe de retisser un lien avec son ancienne paroisse, par le biais… du tout-à-l’égout. C’est ce qui est dans les cartons de  Lannion-Trégor Communauté (LTC). L’assainissement ! Un sujet qui préoccupe moult Kermoustériens.

Lors du conseil municipal du vendredi 10 juillet, ce problème n’a pas été abordé dans sa globalité. On y a uniquement parlé de la fosse septique qu’il convient de mettre aux normes, le plus rapidement possible, pour permettre à la crêperie, dont la rénovation a été freinée par le confinement, de pouvoir tirer profit de ce qui reste de l’été.

Tout le monde étant supposé savoir de quoi il en retourne, je me contente de résumer la décision de la municipalité : travaux en deux phases ; une première phase consistant à creuser une fosse de 4 m3 ; une deuxième phase dans le courant de l’automne, pour donner à cette fosse, destinée par ailleurs à des toilettes publiques, une capacité d’absorption suffisante. Coût global de l’opération : 21585 € HT.

L’urgence qu’il y a à favoriser la réouverture de La Cambuse ne se discute pas. Les touristes sont là et bien là. Et il n’y a pas que les gérants pour espérer que disparaissent les vespasiennes qui trônent sur le parking, au cœur du panorama ouvrant large sur l’estuaire. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, cela est entendu, mais il nous paraît souhaitable d’exprimer ce souhait.

Comme il nous semble indispensable de pouvoir obtenir des « tuyaux » plus précis sur ce projet qui consisterait à installer des canalisations reliant des maisons du hameau à la station d’épuration de Lanmodez. Tout en sachant que LTC, suite aux élections municipales qui ont fait émerger en son sein de nouveaux acteurs, entame actuellement sa réorganisation, je continue à croire, fort des avis ici et là recueillis, qu’une réunion d’information serait la bienvenue, fut-elle organisée simplement à l’échelon des élus locaux.

Certes, tous les Kermoustériens ne sont pas logés à la même enseigne. Certaines maisons, trop à l’écart, peuvent penser (à raison ?) qu’elles seront exclues de ce projet. Pour d’autres propriétaires se pose la question de savoir s’ils doivent engager les frais d’une mise aux normes individuelles alors que l’on pourrait leur annoncer très vite que la canalisation va passer devant leur porte. Ce que peut, peut-être, plus facilement digérer la commune avec cette fosse septique dédiée à l’ancienne école.

Ce dossier de l’assainissement ayant été engagé par la précédente équipe municipale, il serait bon de nous en faire un rapport d’étape, en profitant, en cette période d’été, de la présence d’un grand nombre de propriétaires, tous ne résidant pas à l’année à Kermouster. L’occasion serait ainsi offerte à la nouvelle équipe municipale de se faire une idée du questionnement qui tourne autour de ce dossier de l’assainissement.

Ce mercredi, le nouveau Premier ministre a, à bon escient, bâti tout son discours autour de la notion du territoire, donc de la proximité. La commune est remise sur son piédestal. Ce qui se pense au niveau national ne peut qu’être approuvé et mis en application au niveau local : décider ce qui va dans le sens de l’intérêt général en étant au plus près des attentes des citoyens.

Ce dossier de l’assainissement du hameau pourrait être une illustration de ce qu’il nous faut espérer : un regain de la démocratie participative.

Ti Skol du Hameau du Monastère

Mais revenons à Marie-Antoinette qui, contrairement à ce que peuvent penser celles et ceux qui n’ont pas l’habitude de feuilleter La Presse d’Armor, ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe dans cette humeur du jour. C’est à elle que l’ami Daniel Hertzog fait allusion dans une tribune libre de cet hebdomadaire. Pour y contester le choix du nom de la salle d’exposition. C’est bien évidemment son droit, mais la tonalité de cette tribune est trop condescendante, si ce n'est blessante, pour taire la réprobation qu'elle mérite.

Au travers de Ti Skol, choisi majoritairement, ce néo-Kermoustérien de longue date reproche à des néo-Kermoutériens n’ayant pas, comme lui, autant de décennies de présence, de former un terreau quasi mystique « sur lequel ont poussé tous les mouvements nationaux ». Rien que ça !

Bref ! Nous serions les nostalgiques d’une Bretagne bretonnante, oublieux des services rendus par l’école de la République.

Si on s’inscrit dans ce raisonnement, il y a belle lurette que Kermouster aurait dû s’effacer devant cette traduction française : Hameau (ou Ferme) du Monastère. Et Lanmodez serait Pays de Modez. 

Je puis comprendre sa déception, lui qui militait pour donner le nom de l’artiste peintre Charles Thorndike à cette salle. Comme je l’ai déjà écrit, j’ai soutenu un temps cette idée et puis réflexion aidant je me suis rallié à une proposition qui avait encore plus de sens.

Qu’il se rassure, les Kermoustériens ne subiront pas les foudres de Jean Castex qui, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, a clamé son intention de combattre tout communautarisme.

Et s’il faut le convaincre encore, je ne puis que lui rappeler qu’une frairie, en dehors de toute connotation religieuse, est une joyeuse partie de plaisir et de bonne chère (dixit Le Grand Robert de la langue française). Et que vouloir fêter Ti Skol, ne serait-ce qu’autour d’un pique-nique villageois, ne relèverait pas d’une provocation envers l’Etat central.

La démocratie participative a ses règles. Elle peut parfois ne pas donner entière satisfaction à tous les citoyens. Le regretter est une chose, la contester en est une autre.

                                                                                                        Claude Tarin

                                                                                                Jeudi 16 juillet 2020