• Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Le Grand Robert et Le Petit Larousse ne tranchent pas. Ces deux dictionnaires de référence retiennent deux orthographes pour l’instrument qu’il vient de nous être donné d’entendre, ce samedi 17 août, dans la chapelle : le cymbalum ou czimbalum. Ce n’est pas la première fois que la jeune cymbalumiste biélorusse Nadzeya Karakulka, 25 ans révolus, se produit en Bretagne en compagnie de sa toute aussi jeune compatriote Anna Rubanez, toute aussi talentueuse, quant à elle, dans l’art de faire chanter son violon. L’an passé, ces deux artistes avaient joué dans les rues de Paimpol, de Tréguier et donné un concert à La Roche Derrien. Elles sont revenues dans la Presqu’île Sauvage à l’invitation de Ulle Huth. Vivant le reste de l’année à Solingen, petite ville située à 20 km de Düsseldorf, Ulle Huth (en photo en compagnie de Thérèse Jamet et des deux concertistes) séjourne tous les étés, depuis 1996, dans sa maison de Saint Adrien, à deux pas d’ici.

    Si ce samedi nous avons eu la chance de pouvoir applaudir Nadzeya Karakulka et Anna Rubanez à Kermouster, c’est parce qu’un jour le malheur s’est abattu sur Tchernobyl. A vol d’oiseaux, Minsk, la capitale de la Biélorussie est à moins de 500 km de ce site nucléaire ukrainien qui a tristement défrayé la chronique en avril 1986. De nombreux habitants de Solingen se sont mobilisés pour venir en aide aux populations directement frappées par ce malheur et c’est ainsi que des contacts ont été pris avec des écoles de Minsk, et c’est ainsi que de solides  relations se sont établies. Ulle Uth connaît Nadzeya depuis dix ans et Anna depuis quatre ans. Cette dernière, qui pratique le violon depuis l’âge de 5 ans, poursuit sur cette voie dans le cadre de l’Académie de musique  Robert Schumann  de Düsseldorf. Nadzeya Karakulka, quant à elle, également pianiste accomplie, poursuit sa carrière à Minsk. Diplômée de l’Académie de musique de cette ville, lauréate de nombreux grands prix, elle y enseigne désormais son art.

    Ce samedi, grâce à ces deux talents conjugués, les murs de la chapelle se sont donc enrichis de nouvelles sonorités, au travers d’un programme couvrant une large gamme du répertoire classique. Il ne s’est agi que de transcriptions car le « piano tzigane », comme on le surnomme, n’a que faiblement, au contraire de son complice d’un soir, retenu l’attention des compositeurs. Instrument de musique populaire dans les pays d’Asie et d’Europe centrale, puisant ses racines dans la nuit des temps, le cymbalum, ancêtre du clavecin, comme le précisera Ulle Huth dans un court préambule, peut cependant s’honorer d’avoir retenu l’attention de Franz Litz, de Bela Bartok, de Zoltan Kodaly et d'Igor Stravinsky. Claude Debussy, dont  Rêverie  figurait au programme de ce samedi soir, l’a introduit dans un arrangement populaire (La plus lente). Pierre Boulez et Henri Dutilleux n’y sont pas non plus restés insensibles. Cyril Dupuy, un cymbalumiste français ayant accompagné le violoniste virtuose Lorin Maazel dans une tournée internationale en 1998,  n’hésite pas à écrire sur son site Internet ( http://www.cyrildupuy.com/cymbalum.php?page=aujourdhui ) : « Le piano, qui est d’une certaine manière un cymbalum mécanisé, même s’il est mis en fonctionnement par le meilleur des virtuoses, ne peut entrer en concurrence avec les possibilités rythmiques d’un cymbalum joué par un instrumentiste de haut niveau ». Pour lui, le cymbalum n’a pas encore eu l’heur de prouver qu'il a du potentiel.

    Nadzeya Karakulka vient, pour sa part, de nous révéler quelques unes de ses facettes, au travers d’un programme couvrant trois siècles de belle musique. De Wolfgang Mozart (1756-1791) à Astor Piazzolla (1921-1992) en passant par Johannes Brahms (1833-1897), Manuel de Falla (1876-1946) et Enrique Granados (1867-1916) elle a fait montre d’une grande virtuosité, tantôt frappant avec ses marteaux, coincés entre le majeur et l’index, les 78 cordes métalliques, tantôt en les pinçant.  Le cymbalum se trouvant de facto être la « vedette », Anna Rubanez quittera la scène pour quelques instants  afin de permettre à sa collègue  d’exécuter en solo une petite fantaisie d’excellente facture ( Buona notte, Federico !) du compositeur biélorusse Viktor Kopytsko.  Comme il fallait s’y attendre, le public (la chapelle était comble !) a voulu toucher des yeux cet instrument à la fin du concert ponctué par une chardas, danse traditionnelle hongroise. A ceux là mais également à celles et ceux qui n’ont pu assister à cette belle soirée musicale nous ne pouvons que conseiller de cliquer sur l’adresse suivante : http://www.youtube.com/watch?v=MtlVqg6pm-8 . Ils y retrouveront Nadzeya Karakulka associée à la pianiste Tatiana Ryasbaya et à la cymbalumiste Yana Slavashevica dans Mama Cholly, un pot pourri d’airs du répertoire international, dont les célèbres Yeux Noirs et Summertime. Preuve s’il en est que le cymbalum, qui pour nous Occidentaux émerge du Moyen-âge, est un instrument des temps modernes.

    Un instrument d’avenir donc mais qu’il serait bon d’honorer dès à présent comme il se doit. Au risque de le contrarier, nous préférerions que Cyril Dupuy, qui se définit comme cymbaliste, le fasse sous l’appellation cymbalumiste. Qui le veuille ou non, pour nous le mot cymbale évoque un autre type d’instrument. Nous en appelons aux Académiciens pour qu’ils intègrent les cymbalumistes aux côtés des violonistes, violoncellistes, altistes, pianistes et autres trompettistes. Nous comptons sur Eric Orsenna, qui vient de nous faire découvrir La Fabrique des mots (1)  pour qu’il porte cette revendication sous la Coupole. Cela permettrait de réparer un oubli si ce n’est une injustice. Et puisqu’il s’agira de s’en tenir aux deux orthographes définissant ce vénérable instrument, cela ne fera que combler les adeptes du Scrabble puisqu’ils auront ainsi matière de placer un mot de treize lettres tout en se débarrassant de ce  Z  souvent plus encombrant que le Y.    

     

    1) La Fabrique des mots, 140 pages, Edition Stock

     

     

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  • Commentaires

    1
    MP
    Mardi 20 Août 2013 à 20:17

    Une découverte, et un enchantement.

    Merçi

    2
    Dimanche 10 Mai 2015 à 18:28

    Bonjour , Je souhaiterai avoir la possibilité de joindre Nadzeya KARAKULKA , pour des concerts avec mon orchestre en SUISSE ( fin août 2015 ) .Merci de me contacter très rapidement .Cordialement ,Christian MENDOZE , directeur musical. Mon tél . 04 94 90 31 60

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