• Croire ou ne pas croire?

    Croire ou ne pas croire?

     

    Belle photo de Filipe Mota. On a envie de s’exclamer : « Dieu que c’est beau ! ».

    Dieu ? Depuis longtemps déjà vous n’ignorez pas que je suis de ceux qui doutent de son existence. Pour autant, je me dois, pour être cohérent avec moi-même, de donner la parole à celles et ceux qui trouvent dans la foi la ressource nécessaire pour faire face à notre condition humaine. Surtout en ce mercredi 25 mars où l’Eglise fête l’Annonciation.

    Dans un message adressé par les services paroissiaux, que des amis de la rue Saint Maudez ont relayé, nous sommes conviés en ce jour à vivre « une journée avec Marie ».

      L’Annonciation à la vierge Marie ? Simple réminiscence d’une éducation religieuse : c’est la fête de l’Incarnation puisque Dieu commence en Marie sa vie humaine qui conduira Jésus à la Croix et à la Résurrection.

    A midi et à 18 h, vous avez encore la possibilité de vous associer à la prière de l’Angélus.

    L’Angélus ? Je ne vais pas ici me renier. Je suis de ceux qui aimeraient entendre sonner la cloche à l’heure de l’Angélus. Mais renégat je suis et le demeure ! Il ne s’agirait pour moi  que de revivre des souvenirs d’enfance débarrassés de toute implication religieuse.

    Cette suggestion n’a pas eu l’heur de faire l’unanimité. La cloche sera restée muette tout au long de la journée. Du moins jusqu’à la mise en ligne de cette chronique. L’Eglise ne convainc plus les foules.

    Croire ou ne pas croire ? Vaste débat. Celles et ceux qui me font l’honneur de suivre les humeurs de ce blog se souviennent peut-être de ce que j’avais écrit au lendemain du pardon de l’été dernier.

    Flash back !

    Le dimanche 25 août, nous étions nombreux sur la terrasse de La Cambuse. Le traditionnel pot du maire après l’office, ça ne se rate pas. Mais ce n’est pas de la pluie et du beau temps qu’il m’a fallu débattre avec un général en retraite affichant ouvertement ses convictions religieuses. Sur fond de brouhaha, le verre de Kir à la main, nous devisions sur le thème de la foi et de la nécessaire religion. 

    Arguments contre arguments. Dans une écoute réciproque. Sincérité toutes voiles dehors, alors que sous nos yeux, dans le cadre majestueux de l’estuaire du Trieux, se disputaient les dernières manches de la 41ème régate des Lilas blancs. Bataille était alors livrée dans les parages du phare de La Croix, le bien nommé en cette circonstance.

    C’est sur cette belle image, assortie d’une question piège,  que notre échange s’est achevé. « Ne peut-on voire la main de Dieu dans cette beauté  qu’il nous est donnée de contempler? »

    Aujourd’hui, pas plus que ce jour là, je n’ai pas trouvé la parade susceptible d’ébranler la foi de mon interlocuteur. Je suis même certain qu’il ne serait pas sans trouver la riposte si je tirais profit de la situation pour lui dire que son Dieu prend un malin plaisir à nous faire des misères. Ce Dieu tout clément a la main lourde par les temps qui courent. J’aurais beau jeu de dire que c’est suite à une réunion d’évangélistes que le Coronavirus s’est propagé sur l’ensemble du territoire national et bien au-delà. Mais je me garde de ne pas extrapoler plus qu’il ne le conviendrait.

    Si Dieu existe et si c’est lui le grand architecte de tout, pourquoi avoir créé les virus ? A cause du péché originel ?  

    Sur la terrasse de La Cambuse, il y avait au moins un terrain d’entente ce jour là. Lui comme moi, comme tous les invités du maire, nous savourions un double plaisir : celui de tremper nos lèvres dans le breuvage d’un chanoine hors norme tout en contemplant un spectacle magnifique. On ne se lasse pas d’admirer ce paronama. Chaque jour, chaque heure, c’est un plaisir renouvelé. Merci Filipe !

     

    Croire ou ne pas croire?

     

    Mais je saisis la perche qui m’est tendue ce jour d’Annonciation pour évoquer à nouveau – décidément le désert est riche en sables mouvants dont je ne peux m’extirper – un vécu ayant un rapport direct avec cette question de la foi.

    Durant les quatre jours de treck dans le sud marocain, à l’heure du bivouac, nous avons pu voir nos accompagnateurs dans l’exercice de leur foi. Nous les avons vus s’éloigner du camp, grimper aux sommets de dunes pour s’y agenouiller et, dans un silence de cathédrale, implorer la clémence d’Allah !  Même si Saïd, le guide qui a organisé ce treck, nous glissait subrepticement dans l’oreille les préceptes de la religion, tout ceci s’est déroulé dans une tolérance réciproque.

    Personnellement, j’ai, à l’occasion de cette solitude dans les grands sables, renforcé ma conviction que cette question de la foi relève de l’individu et de lui seul. J’en avais l’expression sous les yeux. Il y a des lieux, des instants où l’on côtoie l’indicible. Là et seulement là se trouve le mystère de la foi.

    Sur la crête des dunes, le bédouin est seul face à son dieu, face à lui-même. Il est en prise directe. Il n’a pas besoin d’un prêche. Certes ce n’est pas cela qui a dû lui manquer dès son plus jeune âge. Lui aussi a été conditionné. La mosquée,  comme l’église pour les catholiques, le temple pour les protestants, la synagogue pour les juifs,  est un lieu où les musulmans viennent renforcer les convictions. Quitte à se faire sermonner.

    Un Dieu unique, mais de multiples religions dont notre histoire est riche en querelles. Là encore, pourquoi ce Dieu ne règle-t-il pas ce problème ?

     

                                                                                                                 Claude Tarin

                                                                                                      Mercredi 25 mars 2020


  • Commentaires

    1
    Le Guen Louis & Anne
    Mercredi 25 Mars 2020 à 14:17

    Merci de ce que tu écris , cher Claude ...vaste programme en ces jours de confinement , que l'on pourrait partager pendant des heures ... devant notre beau paysage , devant la solidarité ou ailleurs . Merci d'y avoir ajouté cette photo du désert , nous y sommes un peu , en ces temps difficiles .

    Les bougies , les cloches sont aussi un moyen de nous réunir tous , en faisant de la lumière ou du bruit ...comme si nous étions " main dans la main " alors que nous ne le pouvons pas .

    Bonne fin de journée à tous ...et que de nombreuses lumières nous éclairent tous et éclairent ceux qui nous gouvernent et prennent soin de nous 

     

    Anne 

      • Mota Anne-Sophie
        Mercredi 25 Mars 2020 à 15:32
        Une longue traversée du désert, il est vrai que cela y ressemble !
        Tous ensemble sous cette même voute étoilée avec ce soleil qui chaque matin nous nargue !
        Aujourd’hui nous aurons une pensée pour La grand mère d’un ami qui sera inhumée sans aucune famille à Dax. Notre ami Laurent qui doit rester confiné chez lui car son épouse infirmière libérale est malade à cause de vous savez quoi ...
        Ce soir j allumerai une bougie pour elle
        Je sais que la vie continue et je m excuse de plomber le blog de kermouster mais je vous invite à mettre vous aussi une bougie à votre fenêtre.
        Anne-Sophie Mota
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