•   « On a traversé le village. La longue troupe s’est frottée contre les murs. Elle a regardé les granges, les étables avec la paille mais, là-bas, loin dans les champs, la tête du troupeau tire et entraîne tout.

      Voilà encore des champs, des champs, des coteaux et des bois.

      Vers le midi, on a traversé un grand camp de convois de ravitaillement. Toute l’eau lente des convois venait s’y lover en tourbillons, y dormait en bouillonnant lentement avec des bruits de harnais et de ferraille. Puis, on a marché sur des routes au milieu des canons et des voitures, avec de la boue sur les mains et sur la figure, et, dans la tête, l’amertume et l’aigreur du sang. »

       S’il en avait eu le temps, tout laisse supposer qu’Yves Marie Le Cleuziat eut apprécié de lire ces lignes extraites du roman Le grand troupeau de Jean Giono. La métaphore parle d’elle-même. Comment qualifier autrement ces longues files d’hommes  harassés, couverts de boue, le regard éteint par l’angoisse, ne marchant plus au pas comme pour une parade, mais toujours aux aguets, prêts même à se retourner pour faire face à l’ennemi qui semble quant à lui porté par le vent glorieux de la victoire.

       Il se serait également retrouvé dans cet extrait du roman Les croix de bois de Roland Dorgelès, un autre livre qui fait référence à la matière.

       « Le régiment s’ébranla. En tête, la musique jouait la marche du régiment, et, à la reprise victorieuse des clairons, il me sembla que les dos se redressaient.

       Le départ avait été pesant, mais, déjà, la cadence se faisait plus nette, et les pieds talonnaient la route d’un rythme régulier. C’étaient des mannequins de boue qui défilaient, godillots de boue, cuissards de boue, capotes de boue, et les bidons pareils à de gros blocs d’argile.

      Pas un des blessés n’avaient quitté les rangs, mais ils n’étaient pas plus blêmes, pas plus épuisés que les autres. Tous avaient sous le casque les mêmes traits d’épouvante : un défilé de revenants. »

     

     Yves Marie Le Cleuziat empoisonné par les gaz

     Georgees Bertin Scott (1873-1943) 

      Engagé volontaire dès le début de la Guerre, dans le 74e régiment d’infanterie, Roland Dorgelès aura également mené combat au début de l’année 1915 en Champagne, dans le secteur de Mesnil-les-Hurlus. Les Croix de bois a été publié dès 1919. Giono aura commencé à écrire son roman en 1929. Il sera publié en 1931

      Si l’écrivain de Manosque, qui sera lui légèrement gazé en 1918, et Roland Dorgelès ont survécu à l’enfer, le marin du Trégor y a laissé sa vie.  Car c’est en tant que marin que le fils aîné d’Yves Marie Le Cleuziat et de Marie Louise Le Minter avait embrassé la carrière militaire.

       Pour l’inscrit maritime du quartier de Paimpol, ce sera d’abord quatre ans de service au 2e dépôt des équipages de la flotte, à Brest, d’avril 1900 à septembre 1904. En 1910, l’ancien matelot, alors âgé de 30 ans, sera versé à l’armée de terre. Entre-temps il aura été affecté dans la Compagnie des chemins de fer de l’Etat. A cette époque, on est loin de penser que le train va être amené, dans peu de temps, à jouer un rôle stratégique. Mais, face aux difficultés rencontrées par les différentes sociétés qui se partagent le réseau existant, l’Etat a décidé d’en devenir pour partie propriétaire. Le 1er novembre 1908, il rachetait la Compagnie des  chemins de fer d’ l’Ouest et les gares parisiennes et c’est à Paris que Yves Marie Le Cleuziat a été affecté. Il y a trouvé l’âme sœur. Le 5 septembre 1910 il épousait Marie Yvonne Jouan à Saint-Denis.

     Yves Marie Le Cleuziat empoisonné par les gaz

     

      A peine venait-il d’être révoqué, Yves Marie Le Cleuziat recevait son ordre de mobilisation. Le 31 mai 1915, il incorporait le 248e régiment d’Infanterie. Il s’est éteint le 3 novembre 1915 à l’hôpital militaire du camp de Châlons, situé à Mourmelon.

      Six ans après Le grand troupeau, Jean Giono, l’ancien 2e classe du 140e régiment d’infanterie, démobilisé en 1919,  écrira dans Refus d’obéissance :

      «  Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l'entends, je la subis encore. Et j'ai peur. Ce soir est la fin d'un beau jour de juillet. La plaine sous moi est devenue toute rousse. On va couper les blés. L'air, le ciel, la terre sont immobiles et calmes. Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marquent ».

      L’horreur, Yves Marie Le Cleuziat l’aura affrontée cinq mois durant. Son régiment n’aura eu de cesse de contenir l’ennemi dans sa longue transhumance sur cette terre de Champagne qui n’est plus que désolation. Le Champagne n’y coule plus à flot comme à la Belle Epoque. Reims, la ville des sacres est sous la botte allemande.

      Après avoir combattu dans les tranchées de Souain, tout comme l’a fait à la même époque Jean Giono, Yves Le Cleuziat défend son pays et sa peau aux environs de Mourmelon-le-Petit. Au lieu dit La Source, il va être gravement affecté lors d’une attaque ennemie par les gaz. Deux semaines de soins à l’arrière du front, mais la grande faucheuse a fini par avoir le dessus.

      Les gaz ! Le 22 avril de cette année 1915 est une date qui a fortement marqué les esprits. Pour la première fois depuis le début des hostilités, l’armée allemande a utilisé des gaz à Ypres. D’autres gars du pays vont en mourir, trois Lézardriviens du 73e régiment d’infanterie territoriale, Jean Marie Lasbleiz, Edouard Le Flem et Yves Marie Le Thomas. Pierre Marie Garel, un Kermoustérien de cœur, s’en est sorti ce jour là.

     

     Yves Marie Le Cleuziat empoisonné par les gaz

     Premiers masques (1915) par Georges Bertin Scott (1873-1943)

      Depuis le 14 octobre 1914, Pierre Marie Garel et le 73e régiment d’infanterie territoriale ont pris pied en Belgique, dans les Flandres. Ils combattent dans la région Boezinge-Langemark, dans le nord d’Ypres. Soudain, en fin d’après-midi ce jeudi 22 avril 1915, ils voient venir vers eux, poussé par le vent d’étranges vapeurs jaunes.

      Devant une commission d’enquête, quelques semaines plus tard, le lieutenant Jules-Henri Guntzberger, commandant de la 2e compagnie de ce régiment donnera sa version des faits.

      « Le nuage s’avançait vers nous, poussé par le vent. Presque aussitôt, nous avons été littéralement suffoqués (…) et nous avons ressenti les malaises suivants : picotements très violents à la gorge et aux yeux, battements aux tempes, gêne respiratoire et toux irrésistible. J’ai vu, à ce moment, plusieurs de nos hommes tomber, quelques-uns se relever, reprendre la marche, retomber, et, de chute en chute, arriver enfin à la seconde ligne, en arrière du canal, où nous nous sommes arrêtés. Là les soldats se sont affalés et n’ont cessé de tousser et de vomir »

      Sur un front de six kilomètres, l’armée allemande, au mépris des engagements internationaux des conventions de La Haye, signées en 1899 et 1907, avait ouvert des réservoirs remplis de plus de 150 tonnes de chlore sous pression. Selon les bilans, près de 15000 hommes ont été intoxiqués et plus d’un millier ont perdu la vie. Une date sombre qui est restée dans l’histoire. Mais on n’en restera pas là.

      Les Allemands vont remplacer le chlore par du phosgène, plus toxique, incolore et inodore. Ce sera le tristement célèbre gaz moutarde ou ypérite, qui sera répandu pour la première fois en 1917, à nouveau  à Ypres.

      Sous la croix n° 2353, Yves Marie Le Cleuziat a été enterré dans la nécropole de Mourmelon-le-Grand. Le corps de son camarade de régiment Jean-Baptiste Le Chevanton, un Pleubaniais de 36 ans, décédé dans le même secteur, pour les mêmes raisons, sera, quant à lui, restitué à la famille. Il repose dans le cimetière communal.

     

     Yves Marie Le Cleuziat empoisonné par les gaz

     Yves Marie Le Cleuziat empoisonné par les gaz

     

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    La lettre d’adieu de François Marie Le Mével 

      

     

     

     


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  •   Samedi 8 août 1914, Cherbourg. Louis Lahaye, 35 ans, le plus jeune fils du boucher Jouan Lahaye, quitte le casernement qu’il a intégré depuis quelques jours. Avant de tenir boutique, tout juste après son mariage avec Marie Joseph Léon, Jouan Lahaye était domestique laboureur. Il est décédé depuis six ans. 

       Bien qu’ayant effectué son service dans la marine,  Louis Lahaye a été incorporé dans le 225e régiment d’infanterie composé en grande partie d’hommes issus du département de la Manche. Le train va l’emmener vers Rethel, dans les Ardennes. Comme Yves Ernot et Yves Marie Le Cleuziat, du 248e régiment d’infanterie, et Hyppolite Ernot, du 19e régiment d’infanterie, Louis Lahaye est soldat du 11e corps d’armée. Ce corps fait partie de la Ve  armée.

       Samedi 8 août 1914, Bonn. L’artiste peintre August Macke, 27 ans, reçoit son ordre de mobilisation. Admiratif de l’œuvre de Cézanne, ami de Paul Klee et de Guillaume Apollinaire, August Macke bénéficie déjà d’une grande notoriété. Les Impressionnistes français l’ont profondément influencé, mais c’est en tant que peintre expressionniste qu’il jouit alors d’une solide réputation. Engagé volontaire, il espère comme tant d’autres camarades que cette guerre sera courte. Pour autant, le doute n’est pas absent. Comme envahi par un sombre pressentiment, il vient de peindre Abschied (Sépartion). Ce sera son dernier tableau.

     

    Louis Lahaye, l’adieu en Champagne

     Abschied (1914), huile sur toile d'August Macke, Musée Ludwig, Cologne 

     

      Louis Lahaye, un anonyme parmi des millions d’autres, et August Macke, célébrité du cercle des arts, ont pour seul point commun d’être tombés au champ d’honneur sur le même terrain, dans le secteur de Souain Perthes-les-Hurlus. Deux communes qui n’en font plus qu’une désormais, après avoir été ravagées par la violence des combats qui y ont été engagés de la fin décembre 1914 jusque ce mois de septembre 1915, où s’est noué le destin de ces deux hommes. Ici, le souvenir tourne autour de la vallée de l’Aisne, des fermes de Navarin et de Wacques, du bois Sabot, du bois jaune, de la Main de Massiges, des buttes de Tahure de Mesnil, du Trou Bricot ou du moulin de Souain.

      Louis Lahaye et August Macke reposent non loin l'un de l’autre, dans cette terre de Champagne. Le gars du Trégor dans la nécropole nationale de Suippes-Ville, l’artiste peintre de Rhénanie dans le cimetière militaire de Souain-Perthes-les-Hurlus, où on été rassemblés les corps de soldats allemands. Ils sont morts à une quinzaine de jours d’intervalle.

     

    Louis Lahaye, l’adieu en Champagne

     Cimetière allemand de Souain-Perthes-les-Hurlus

      Louis Lahaye est décédé le 10 septembre, dans une ambulance, aux abords du bois Sabot. A cinq heures du matin du 405e  jour de guerre. Cela fait tout juste un an qu’il partageait, sans le savoir, la même angoisse, les mêmes peurs, aux mêmes moments, aux mêmes endroits, que celui qui fut certainement un ami d’enfance, Yves Ernot.

      Lui aussi se trouvait aux environs de Tourteron, dans les Ardennes, le 30 août 1914, quand Yves Ernot succomba. Son régiment battait alors en retraite après avoir mené quelques jours bataille en Belgique. Louis Lahaye, comme Hippolyte Ernot, le frère d’Yves, aura crapahuté, souffert et vécu les affres de l’angoisse dans la Marne, en septembre 1914, à Lenharrée tout particulièrement. 

      Après quasiment un an d’affrontements stériles sur cette Champagne céréalière émaillée de tranchées et de murs de barbelés, l’Etat major des armées va estimer, aux regards de ce qui se passe sur d’autres fronts, notamment la Pologne, que le temps est venu de changer de stratégie. Louis Lahaye n’est déjà plus de ce monde quand va être donné l’ordre, le 25 septembre, de passer à l’offensive. En finir avec la guerre ! Dans ce secteur, le terrain est relativement plat, largement ouvert, donc propice à permettre des vagues d’assaut. Mais on  mettra fin très rapidement à cette stratégie, dès le début du mois d’octobre.

      Le front a progressé, mais seulement de 3 à 4 kilomètres. Il n’a pas été percé. Les régiments sont saignés à blanc. Quand l’heure viendra de tirer le bilan de ces quelques jours de bataille, le nombre de tués, côté français, sera évalué à 27 851 soldats. Celui des blessés culmine à 98 305. Par ailleurs 53 658 soldats ont été faits prisonniers. Les pertes ont été plus faibles côté allemand. La distribution massive du nouveau casque, le casque Adrian, du nom de son concepteur, laisse espérer que cela permettra de freiner l’hémorragie. C’est dans l’urgence que les responsables militaires ont fini par prendre cette décision. Mais tout reste à repenser pour ce qui concerne la coopération entre les différentes armes, notamment entre l’artillerie lourde et l’infanterie.

      28 septembre 1915, ferme de Navarin, Louis Frédéric Sauser, 28 ans, un Suisse, engagé volontaire dans l’armée française,  est grièvement blessé. Sous l’uniforme, un écrivain, qui s’est fait connaître, voilà trois ans, par un premier roman signé sous le pseudonyme de Blaise Cendrars. Son régiment, le 3e régiment de marche de la Légion étrangère ayant été dissous en juillet dernier, il a continué à combattre sous le drapeau du 2e régiment de marche du 2e étranger. Pour son courage, il a été promu caporal. Ce jeudi 28 septembre va mettre un terme à son engagement. Une rafale de mitrailleuse lui entaille profondément le bras droit. Il sera amputé au-dessus du coude et réformé.

      Naturalisé français en février 1916, il écrira, de la main gauche, au lendemain du conflit, plusieurs récits sur la Grande Guerre, mais on retient surtout La main coupée qui sera publié en 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Comme de nombreux autres écrivains, Cendrars aura été un acteur sur le terrain, mais aussi un témoin extrêmement lucide. Et, à bien des égards, plus critique.

     « Je m’empresse de dire que la guerre ça n’est pas beau et que, surtout ce qu’on voit quand on y est mêlé comme exécutant, un homme perdu dans le rang, un matricule parmi des millions d’autres, est par trop bête et ne semble obéir à aucun plan d’ensemble mais au hasard. A la formule marche ou crève on peut ajouter cet autre axiome : va comme je te pousse ! Et c’est bien ça, on va, on pousse, on tombe, on crève, on se relève, on marche et l’on recommence.

     De tous les tableaux de batailles auxquelles j’ai assisté je n’ai rapporté qu’une image de pagaïe. Je me demande où les types vont chercher ça quand ils racontent qu’ils ont vécu des heures historiques ou sublimes. Sur place, dans le feu et l’action on ne s’en rend pas compte. On n’a pas de recul pour juger et pas le temps de se faire une opinion. L’heure presse, c’est à la minute. Va comme je te pousse. Où est l’art militaire là dedans ? Peut-être qu’à un échelon supérieur, à l’échelon suprême, quand tout se résume à des courbes et à des chiffres, à des directives générales, à la rédaction d’ordres, méticuleusement ambigus dans leur précision, pouvant servir de canevas au délire de l’interprétation, peut-être qu’on a alors l’impression de se livrer à un art, mais j’en doute.

     La fortune des armes et jeu de hasard. »

      Plus de trente ans ont passé quand il couche ses mots, mais l’impact du vécu demeure. Comme pour tous ceux qui ont connu l’enfer des tranchées. Cendrars n’aura jamais tiré gloriole de cet intermède passé dans les basses-fosses peuplées de rats, dans la crasse et l’eau croupie. A l’appui de ce commentaire on ne peut plus critique pour le commandement, l’affaire dite des caporaux de Souain, fusillés pour l’exemple.  

      Le 10 mars 1915, après deux mois d'accrochages sans résultat tangible dans le secteur, les poilus de la 21e compagnie du 336e régiment d'infanterie, épuisés après plusieurs jours de tranchée, démoralisés par les précédents insuccès, et ayant sous les yeux le spectacle des cadavres de leurs camarades tombés dans les fils de fer intacts, refusent, ce jour-là, de sortir des tranchées. D’autant plus que l’artillerie, au lieu de secouer les positions allemandes, laboure le terrain d’assaut.

     

    Louis Lahaye, l’adieu en Champagne

     L'exécution capitale (1915). Encre et aquarelle de Mathurin Méheut. Musée Mathurin Méheut, Lamballe.

     

    Le général Réveilhac, qui a ordonné l'attaque, a demandé à l'artillerie de canonner les positions françaises pour obliger les soldats à sortir de leurs tranchées.. Mais qu’importe ! Vingt quatre soldats vont être immédiatement déférés devant une cour martiale. Quatre caporaux seront fusillés pour l’exemple, six jours plus tard.

    Sur le site de ce la ferme de Navarin se dresse un monument visible à des kilomètres à la ronde. Une imposante pyramide, œuvre du sculpteur Maxime Real del Sarte, qui sera quant à lui amputé de l’avant-bras gauche après avoir été grièvement blessé en janvier 1916, aux Eparges. Dans la crypte de ce mémorial, les restes de 10000 soldats ayant combattu dans ces parages 

    Louis Lahaye, l’adieu en Champagne

    La nécropole de Suippes-Ville, où repose Louis Lahaye, tombe 2029, regroupe 4 853 corps de soldats tués sur le territoire de Suippes et de Perthes-lès-Hurlus. Dans ce même cimetière est enterré l’un des quatre caporaux fusillés pour l'exemple.

    Louis Lahaye, qui aurait alors pris la relève de son père dans les champs,  est peut-être un de ces domestiques dont Joseph Le Goaster, qui tenait ferme près de l’île à bois, déplorera la mort aux combats ?  

    Louis Lahaye, l’adieu en Champagne

    Louis Lahaye, l’adieu en Champagne

     

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