• Un dimanche à La Cambuse avec Barbara

    Un dimanche avec Barbara

    Un timbre de voix suave, un très bon doigté, le duo Barbara & Teck nous a réellement enchanté, ce dimanche 23 juin, en fin d’après-midi, sur la terrasse de La Cambuse. Devant un public garni, Barbara Poulain et  Vincent Jézéquel, dit Teck Dewee, ont su, durant deux tours d’horloge, nous entraîner sur un chemin musical parsemé de pépites, une compilation « en live » de dix-huit chansons fleurant bon la belle romance. Le public, fortement représenté par la génération « baby boom », a savouré cette escapade, à rebours du temps qui passe.

    Les deux comparses ont conforté ce sentiment que le temps, contrairement aux dires de Léo Ferré, n’efface pas tout. « Avec le temps on n’aime plus » a-t-il clamé haut et fort dans Avec le temps. Ne lui en déplaise, lui qu’on a tant aimé, au point de faire nôtre cette chanson comme bien d’autres d’ailleurs, on l’aime encore et on n’a pas oublié son visage ni sa voix. Ni celles, d’ailleurs, de tous ces chanteurs décédés, poètes ou non, auxquels Barbara Poulain a prêté la sienne, ce dimanche, pour remettre en scène, charme naturel dépourvu de tout artifice, des airs qui continuent et continueront à trotter dans les têtes.

    Même si son ciel n’est plus aussi pur qu’auparavant, en tout cas moins pur que celui qui règne au-dessus de l’estuaire, on continue à chanter Paris comme l’a si bien fait Yves Montand. Dans un monde anxiogène, on conserve toujours l’espoir, depuis Piaf,  de voir la vie en rose. On ne se lasse toujours pas de ramasser les feuilles mortes à la pelle. Jacques Prévert ! Joseph Kosma ! Le mot, la vibration, l’émotion.

    Que reste-t-il de nos amours ? S’est inquiété, en son temps (1942), Charles Trenet ? Vingt ans plus tard Bourvil (1963) et Marie Laforêt (1964) lui ont en quelque sorte répondu, sur une musique d’Hubert Giraud. L’amour n’étant plus là, il reste la tendresse ! Mais s’il faut encore espérer l’amour alors, dixit Serge Gainsbourg, dansons et dansons encore la javanaise… le temps d’une chanson !

    Ce n’est pas là la moindre gageure pour Barbara Poulain que de donner vie à sa passion du chant en affrontant devant un public, à chaque prestation, l’incontournable comparaison avec autant de voix si différentes les unes des autres, de Barbara à Brassens, voix dont nous sommes nombreux à ne pas avoir oublié l’intensité et le timbre. Qu’elle se rassure !  Elle a su séduire son auditoire.

    Un auditoire somme toute, pour une large partie, moins branché que celui du plateau télé de « N’oubliez pas les paroles ! », l’émission du célèbre animateur Nagui à laquelle elle a participé, mais des auditeurs qui, tout en se montrant trop souvent incapables de la soutenir à la lettre prés dans nombre de refrains – Ah ! Cette mémoire qui flanche ! -  n’ont pas oublié qu’il fut un temps où leurs parents et grands parents s’étonnaient quelque peu de leur goût prononcé pour des chanteurs bousculant leurs propres codes dans les décennies d’après guerre. Le répertoire sur lequel s’appuie Barbara Poulain se contrefiche fort heureusement des barrières générationnelles.

    Enzo Enzo, Les yeux ouverts, Pink Martini, Je ne veux pas travailler, il suffit de pianoter sur le Net pour constater qu’elle peut plus largement varier le programme. Barbara Poulain puise large. Sur toute la palette de la chanson française, certes, mais pas seulement. En glissant harmonieusement sur les accords de son accompagnateur, elle nous ramène sous des horizons lointains qui nous faisaient rêver. In other words, Bei mir bist du schoen. Le bon vieux temps !

    Fan, depuis ce temps, de ces guitaristes aussi talentueux qu’étaient Django Reinhardt, John Leslie Wes Montgomery ou B B King, pour ne citer qu’eux, ce public d’un jour ne trouve rien à redire également sur la manière qu’a Teck à s’inscrire dans leur sillage. Le blues, le jazz manouche, le reggae, le swing, aucun style ne lui semble inaccessible. Il en avait déjà donné confirmation ici même, lorsqu’il s’était produit avec un autre guitariste, Yvonnick Le Penven, son partenaire du duo Band Call ? C’était le 19 mai dernier. 

    Soleil aidant, à Kermouster la chanteuse et son guitariste nous ont immergé, quelques instants durant, dans une atmosphère teintée de saudade, ce sentiment fruit de la nostalgie et du désir d’ailleurs.

    A la fin des années 50, Dario Moreno, qui, plus tard, sera le  Sancho Pança de Jacques Brel dans L’Homme de la Mancha, nous invitait, sur un air de samba, à monter là haut…à Rio de Janeiro. Dès les premières mesures de ce dimanche musical, Barbara Poulain nous y a amenés, au rythme d’une bossa nova, en nous remettant en mémoire une chanson de Nino Ferrer que les succès de Mirza et du Sud ont assurément remisée dans l’ombre.

    Le chanteur franco-Italien composa La rua Madureira il y a tout juste cinquante ans. Une complainte poignante qui, selon les connaisseurs, emprunte au Prélude n°4 de Chopin, et à laquelle Nolwell Leroy a récemment donné un nouveau souffle.

    Cette tonalité toute brésilienne a été incontestablement un temps fort de ce concert puisque le duo nous a livré, en deuxième partie, une Manha de Carnaval de fort belle facture. Là encore, cette bossa nova  sonnait comme un anniversaire puisque elle est tirée de la bande sonore d’Orpheu Negro, un film de Marcel Camus, Palme d’or du festival de Cannes en 1959. Totale émotion !

    Puisque tout se dit et se sait désormais par le canal du numérique, notons cette information ! Barbara Poulain a peut-être rêvé un jour d’être chanteuse professionnelle, mais cette mère de famille, Lanionnaise, passionnée de théâtre, ingénieure en recherche et développement chez Orange, a notamment travaillé sur la détection de l’émotion dans la voix. Une grande partie de son art repose peut-être sur ce savoir

    « Rappelle toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour là », « Il pleut sur Nantes et je me souviens, le ciel de Nantes rends mon cœur chagrin », il est facile d’imaginer qu’il n’est pas rare qu’on lui réclame d’interpréter ces deux bijoux du répertoire. Ce dimanche 23 juin, il pleuvait peut-être à Brest et à Nantes. Au-dessus de la terrasse de La Cambuse le soleil rayonnait. Nous étions aux anges. Que Barbara s’en souvienne ! Nous, on ne l’oubliera pas.

     

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