• Sur le chemin de l’école : Rémy Toullic

     

    Quoi de plus rassurant pour un gamin haut comme trois pommes que de mettre le pas dans ceux de ses sœurs aînées pour s’en aller, après avoir lâché la main de sa maman, s’asseoir aux côtés d’autres enfants du même âge et se confronter au regard de cette grande personne que l’on appelle maîtresse. Rémy Toullic aura eu cet avantage d’entendre à la maison ses sœurs parler de cette école d’où l’on ramène des devoirs mais surtout de belles histoires entre camarades de classe. Être initié gomme bien des appréhensions.

    Même si, comme toutes celles et ceux, dont sa sœur Nicolle, qui l’ont précédé dans l’exercice, Rémy avoue s’être torturé les méninges pour accoucher d’une rédaction nourrie par les souvenirs de ses premières années de scolarité, il jette à son tour un regard quelque peu nostalgique sur toute cette période. Un mélange d’odeur d’encre de chine et de senteurs marines.

    En ce début des années 1970, il n’y a pas que les nouvelles méthodes pédagogiques qui bousculent l’ordinaire à Kermouster. La page de la cantine de chez Chinie est tournée. La cantine, comme on a pu le lire précédemment, aura été un temps fort, tout particulièrement pour les élèves qui habitaient dans les écarts. Ce qui a été le cas pour Rémy. Désormais c’est Louise Nicolas, Madame Le Moullec qui, de chez elle, assure le service. Cela dit, ce n’est pas parce qu’on n’habite à proximité de l’école que l’on ne peut pas se sentir appartenir au village. Cinquante ans après, Rémy Toullic se sent toujours aussi Kermoustérien. C’est d’ailleurs cela qui l’a poussé à prendre la plume. On peut se faire douce violence, par plaisir.

     

                                                                                                                               C.T

                                                                                                          Dimanche 6 décembre 2020

     

    Sur le chemin de l’école : Rémy Toullic

     

    Les élèves de l’école, années 1973-1974, pour une photo de groupe avec Monsieur Sebille l’instituteur

    De gauche à droite en haut: Nadine Le Rolland , Nadia Evenou, Evelyne Roudot, Nicole Toullic, GIlbert Prigent, Vincent Le Bitoux, Yvon Le Rolland, Bruno Evenou,

    Rangée de milieu de gauche à droite: Viviane Poilpot, Pierre-Yves Le Berre , Sylvie Meudal, Rosine Toullic, Hervé Perrot , Yannick Le Gentil , Pascale Berthou, Rémy Toullic

    1 ère rangée assis: Stéphane Evenou, Christelle Evenou, Jean-Yves Roudot, Eric Evenou , Marc Hervé, Hervé Le Gentil, Mireille Perrot, Guy Roudot.

     

    * Pour agrandir la photo, cliquer sur le dosument

     

     

    Les « lipous » de la cantine

     

    Et voilà, cela fait quatre ans et demi que mes deux grandes sœurs, chaque jour, s’impatientaient de rentrer à la ferme familiale de Kerlodac’h pour revoir leur petit frère que je suis. Aujourd’hui, 14 septembre 1971, je vais enfin rejoindre l’école de Kermouster avec mes sœurs, Nicole 8 ans et demi et Rosine 6 ans et demi. Mes parents sont enfin soulagés de ne plus m’avoir dans « leurs pattes ». Mais maman regrette quand même de ne plus entendre, du matin au soir, le joli « zozottement » de son petit dernier.

     

    Très régulièrement, nous nous rendions à pied  à l’école avec une halte au cimetière de Kermouster, où nous attendions Evelyne, Guy et Jean-Yves Roudot pour poursuivre notre chemin vers l’école. A l’époque, aucun souci de danger de circulation dans les rues. Peu de parents accompagnaient les enfants en voiture ; Nous étions tous du « village ».

    J’ai commencé à écrire à l’encre de chine et utilisé encore et encore des buvards ! Ma blouse neuve, achetée à la rentrée lors du passage du camion Barbe Bleue à la ferme faisait aussi office de chiffon à l’occasion !

    J’ai un souvenir de cette cloche qui sonnait pour la rentrée en classe. Même rituel chaque jour. Nous posions nos cartables sur les pupitres en bois composés d’ardoises et d’encriers. Rapidement, le stylo plume est arrivé. Le Bic Christal. Puis le quatre couleurs.

     Il y avait la classe des grands et des petits. L’ambiance était très familiale. Nous fêtions très souvent les anniversaires des uns et des autres en mangeant en classe, avec l’accord de nos institutrices, des gâteaux confectionnés par nos parents.

     Je n’ai connu qu’une seule année scolaire la journée de repos fixée au jeudi. En 1972, cette journée libérée est passée au mercredi pour tous les élèves.

     Les journées n’étaient pas très longues car les récrées s’éternisaient.

     

    Sur le chemin de l’école : Rémy Toullic

    C'est dans cet appentis lui appartenant  que Louise Nicolas/Le Moullec va assurer quelques années durant le service de la cantine 

     

    A la cantine, nous étions deux ou trois « lipous », les gourmands comme on le dit encore dans les campagnes, qui restions finir les gamelles de riz au lait de notre cantinière, Madame Louise Nicolas.

    A partir du mois d’avril, nous allions les après-midi entiers jouer à colin-maillard avec l’institutrice sur les plages, tantôt à Goas Luguen, tantôt sur celle de l’île à bois.

     Les cours étaient essentiellement orientés sur le français, les mathématiques, l’histoire et le dessin.

    Le soir, j’avais, malgré tout, hâte de rentrer à la maison pour regarder, sur l’une des trois chaînes de notre télévision en noir et blanc, les séries cultes de Aglaé et Sidonie, Chapi-Chapo, Waly Gator, Flipper le Dauphin, Zorro, Goldorak, puis l’Île aux Enfants. Très souvent, j’allais chez les parents de Mimie Séguillon chercher des bonbons avant de rentrer en vélo  à la maison.

     Le mercredi après-midi, Sylvie Meudal, dont les parents étaient gardiens de l’île à bois, m’invitait à aller passer l’après-midi sur l’île. Je la parcourais de fond en comble. Trop génial !

    Le samedi, j’allais mouler et fabriquer des soldats de plomb chez Franz Schillinger, le fils de l’institutrice. Il avait une impressionnante collection.

    Au mois de mai, nous, les élèves, nos parents et l’institutrice et sa famille organisions la kermesse de l’école. Les bénéfices nous permettaient surtout de partir en voyage scolaire. Les parents étaient nombreux à venir passer la journée en car. Direction Saint-Malo, Quiberon, etc.

     Puis approche la fin de cette première étape de ma vie scolaire où je dois me rendre à l’évidence qu’il me faut quitter ce village pour rejoindre un collège. Quelques mauvais souvenirs vont ainsi me rester et alimenter ma nostalgie de cette époque à Kermouster.

     

                                                                                                                                    Rémy Toullic

     

    Sœur Anne, ne vois tu rien venir ?

     

    Que sera demain, quand le coronavirus aura été terrassé  ou, pour le moins, maîtrisé? Selon l’humeur du jour, on passe du scepticisme à l’optimisme,  vice et versa.

    Il y a ceux qui espèrent que d’un mal sortira un bien, c’est-à-dire un monde plus solidaire, débarrassé des scories d’une longue histoire entachée par des erreurs et des terreurs répétées ; il y a ceux qui doutent de notre capacité à changer, ne serait-ce qu’à cause de notre nature profonde d’homo sapiens, englués que nous sommes dans un champ d’incohérences ; il y a ceux qui prophétisent l’Apocalypse, en exacerbant nos peurs, et ceux qui baignent, corps et âmes,  dans une béatitude pouvant nous faire perdre toute lucidité. La seule chose que l’on peut affirmer, c’est qu’il y a inexorablement un avant et un après et que le monde de demain sera ce nous en ferons, collectivement et individuellement.

    Dans son récit, Rémy Toullic évoque le camion Barbe Bleue qui  venait livrer des vêtements à même la porte de la maison. Prochainement, Corinne Hervé/ Marjou évoquera celui de Magasin bleu, société concurrente. Récemment, en 2013, la seconde société a absorbé la première et le service à domicile, effectué par cette société établie au Rheu, près de Rennes, couvre encore tout le territoire national. Sans remonter à la Première Guerre Mondiale, point de départ d’une activité créée par une société de Roubaix, la société Mulliez, ces camions « bleus » auront marqué la vie des villages de campagne durant toute la deuxième moitié du XXe siècle. Aujourd’hui, sans oublier les petites camionnettes jaunes de la Poste, repérables,  quant à elles, quotidiennement, nombre de sociétés sont sur ce créneau et il y a fort à parier que cela va continuer à façonner nos modes de vie.

    A la source de cette activité, les développements phénoménaux de la Toile dont Amazon a su, présentement, tirer profit à son avantage. Internet ?  Jusqu’où cela va nous mener ?

    C est ce samedi qu’a été enterré, à Authon, commune du Loir et Cher, l’ancien Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, dans la plus stricte intimité. Des commentaires, souvent  élogieux, qui ont précédé l’enterrement depuis l’annonce de son décès, m’est revenu en mémoire un fait totalement oublié. C’est sous son septennat que le téléphone a connu un essor prodigieux. Au téléphone électromécanique succédait le téléphone électrique, tous deux ancêtres de la communication numérique. Pour l’avoir souvent entendu dire, tous les Kermoustériens de longue date se souviennent des seuls téléphones qu’ils avaient, avant cela, à portée de la main. Chez Chinie, l’épicière. Chez les Séguillon qui tenaient café. Chez Chinie, pendant toute l'occupation, la ligne étant coupée, le téléphone mural, cependant judicieusement "masqué", aura servi de porte-manteaux. 

     

    Sur le chemin de l’école : Rémy Toullic

     

    Au début de années 1970, les Français n’étaient toujours pas logés à la même enseigne. Une moitié attendait la tonalité alors que l’autre attendait le téléphone. Récemment j’évoquais l’humoriste Robert Lamoureux, mais il y en a un autre qui, à cette époque « moyenâgeuse »  nous aura fait bien marrer, c’est Fernand Raynaud, notamment avec son fameux « 22 à Asnières ». Un sketch qui remonte à 1966, huit ans avant l’élection de Giscard d’Estaing.

    C’est sous sa Présidence que les téléphones crapauds  vont, peu à peu, s’installer sous les toits, mais viendra aussi le temps de la cabine téléphonique, installée à même l’extérieur. Mais là encore, le temps a, depuis, fait son œuvre. Ces cabines accessibles à n’importe quelle heure de la journée ont disparu du paysage, ici comme ailleurs. Demain, nous bénéficierons tous du « haut débit » et de sa cohorte de développements. L’usage de l’ordinateur ne posera plus aucun problème à quiconque. Kermouster sera totalement sous Toile.

    D’aucuns le regretteront peut-être, mais  la seule question qu’il convient de poser ce jour est de savoir, si tout effet pervers bien repéré, quels sont les avantages que des résidents d’un village du bout du monde pourront en tirer.

    Quand j’ai découvert la prose de Rémy Toullic, cette histoire de Barbe Bleue m’a d’abord fait sursauter. N’ayant pas connu ces camions et n’ayant donc pas ce souvenir à partager, je me suis dit spontanément « qui a eu cette idée folle, non pas d’inventer l’école, mais de ce donner pour enseigne l’image de ce monstre à la barbe bleue qui dévorait ses épouses ? » Pour autant, je ne peux que le remercier de m’avoir ainsi permis de replonger dans la magie et les frayeurs des contes de Charles Perrault (1628-1703). La Barbe Bleue est assurément celui qui m’aura fait le plus trembler, mais Le Petit Chaperon rouge, La Belle au bois dormant, Cendrillon et le Petit Poucet n’étaient sans provoquer le frisson.

     

    Sur le chemin de l’école : Rémy Toullic

     

    A ceux qui d’inquiètent  d’un lendemain qui ne chantera plus, j’aimerais trouver les mots qui leur redonnent de l’espoir, être en quelque sorte cette « sœur Anne » qui, comme le raconte si bien Charles Perrault dans ce conte,  redonne de l’espoir. « Sœur Anne, ne vois tu rien venir ? » s’exclame la malheureuse épouse de ce Barbe Bleue prêt à lui plonger son poignard dans le cœur. Si vous avez oublié la fin de l’histoire, Relisez Perrault ! Pour ma part,  je me limite à  dire que je fais partie du clan des optimistes, mais que, fort de cet adage populaire, je ne puis jouer le rôle de « prophète en son pays ».

                                                                                   

                                                                                                                                                        C.T

     

     

     

    Haïkerm alla cappella

     

    Sur le chemin de l’école : Rémy Toullic

     Les jeux de lumière de ces derniers jours d’automne provoquent bien des émotions quand on prend le temps de les saisir. Ce samedi, la chapelle a bénéficie d’un éclairage changeant tout au long de la journée, avec pour point d’orgue, l’amorce d’un arc-en-ciel. Il n’en fallait pas plus pour susciter

     

    Alla cappella

     

    Pluie Grêle et Soleil-

     

    Couleurs changeantes

     

    Sur le chemin de l’école : Rémy Toullic

     

     Pour suivre : 

     

    Sur le chemin de l’école : Jean-Yves Roudot

     

    Précédemment : 

     

     Sur le chemin de l'école: Nicole Toullic / Guillou

     

     

    Sur le chemin de l'école: Claudie Asselain / Missenard

     

     

    Sur le chemin de l'école: Pascal Perrot

     

    Sur le chemin de l'école: Dominique Le Bleiz

     

    Sur le chemin de l'école: Yvon Perrot

     

    Sur le chemin de l'école: Marie-Hélène Baibled / Costiou

     

    Sur le chemin de l'école: Jean-Pierre Le Dantec

     

    Sur le chemin de l'école: Yvon Corlouer

     

    Sur le chemin de l'école: Michel Le Troadec

     

    Sur le chemin de l’école : Marie Françoise Séguillon

     

     Sur le chemin de l'école: Michel Le Cam

     

    Sur le chemin de l'école: Marie-Claire Beauverger / Pochat

     

    Sur le chemin de l'école: Marie Françoise Arzul / Parenthoën

     

    Sur le chemin de l’école : Jean Bourdon  

      

    Sur le chemin de l'école : Huguette Arzul / Le Berre

     

    Sur le chemin de l’école : Marie Anne Beauverger / Ernault 

      

    Sur le chemin de l’école : Rosalie Le Blouch / Le Lay 

     

    Sur le chemin de l'école : Ernest Lavisse 

     

    Sur le chemin de l'école : Mathurin Boscher 

     

    Sur le chemin de l’école : Isabelle Marrec 

     

     Sur le chemin de l’école 

      

    Le Kermouster d’Yves Saindrenan 

      

    Adieu Monsieur…l’Instituteur!   

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Toullic
    Jeudi 2 Novembre 2023 à 19:48
    toullicjm@yahoo.fr
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