• Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Septembre 1968, alors que Pascal Perrot (chronique précédente) rentre en pension au collège Saint Yves de Tréguier, c’est autour de Nicole Toullic de prendre place dans la petite classe de l’école de Kermouster. L’école n’est pas en soi un monde nouveau. Elle a déjà eu à connaître celle de Pleubian. La famille habitait au lieu dit Kerlodac'h en Pleumeur-Gautier, mais c’est à Pleubian que Nicole Toullic a effectué ses premiers pas d’écolière. Kermouster, une nouvelle école, de nouveaux maîtres, et bientôt de nouvelles copines et copains. Rosine, sa sœur cadette, quatre ans à peine révolus, l'accompagne ce jour là,

    Un demi-siècle plus tard, Nicole Guillou, malgré la difficulté évidente qu’il lui a fallu surmonter, elle aussi,   pour mettre en ordre de si lointains souvenirs, évoque  avec un brin de nostalgie ce passé, aujourd’hui partagé en famille, puisque Rémy, le petit frère, n'aura pas tardé à leur emboîter le pas. Kermouster n’est plus au centre de leur quotidien, mais le lien demeure solide. Les amitiés forgées sur le chemin menant à l’école, dans la cour de récréation et sur les grèves des alentours ont résisté à l’épreuve du temps. Elles se sont, à les entendre, même renforcées.

    Toute appréhension dominée, c’est avec un évident plaisir que Nicole Toullic / Guillou s’est donc attelée à la tâche. Une rédaction, comme au temps où il lui fallait raconter ses souvenirs d’un dimanche, d’une fête de famille  ou d’un événement exceptionnel. Depuis plusieurs années, le corps enseignant est alors en quête de nouvelles approches pédagogiques. L’éveil de l’enfant par lui-même constitue un  axe évident de développement de la connaissance. « Connais toi toi-même ! », a dit Socrate. Apprendre, dès le plus jeune âge, à être soi parmi les autres. L’école, le creuset de notre sociabilité. Après le cocon familial du temps des couches-culottes, le tout premier moule de notre future personnalité.

                                                                                                                                            C.T.

                                                                                                                      Samedi 5 décembre 2020

     

    Les petits reporters de « Sur le Creac’h »

     

    Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il fasse beau, je revenais de l’école à pied, l’aller se faisait en voiture, quel privilège! Nous habitions à Kerlodac'h, à environ deux kilomètres de l’école.  Nous étions heureux de nous retrouver en bande de copains. Nous avions pour habitude, chaque matin, de retrouver près du cimetière, Yveline, Guy et Jean-Yves Roudot, pour faire le reste du chemin ensemble. Que de bons souvenirs partagés !

    Les premiers souvenirs sont lointains et diffus. Rentrée scolaire avec de belles blouses de couleur achetées la plupart du temps chez Louison à Pleubian ou Annick Nouveauté à Paimpol. La préparation du cartable et l’achat de nouvelles fournitures nous excitaient. Souvenirs d’odeur de vieille ardoise ; règle en bois ou métallique ; apprentissage de l’écriture avec la plume ; l’encre et le buvard.

    Ma première classe, section des petits, je l’ai effectuée  avec Madame  Annie Raoult. Ensuite, dans les grandes sections, ce sera son mari Yvon Raoult. Une famille très sympathique. Emotion très vive quand Monsieur et Madame Raoult ont quitté Kermouster à la fin de l’année scolaire 1971-1972. Ils étaient nommés à Pleumeur-Bodou.  

    Françoise, leur fille, aura été une très bonne copine de ma sœur Rosine. Son frère Olivier également. Nous sommes restés en relation quelque temps, jusque la disparition tragique de Françoise suite à un accident. Des autres camarades, j’ai surtout en tête le souvenir des Evenou. Ils étaient tellement nombreux.

    J’écrivais de la main gauche. Monsieur Raoult a voulu m’apprendre à utiliser l’autre main. Je n’y suis pas arrivée. Il n’a pas insisté. Mais à me voir écrire au tableau, cela le faisait rigoler.

    La récréation se faisait sous le préau en temps de pluie et dehors dans la cour. Souvent nous nous contentions de regarder  passer les agriculteurs, avec leurs vaches. Sinon, on jouait à la marelle, mais également aux billes. Avec Rosine, ma sœur, Yveline Roudot, Nadine Rolland et d’autres copines, pendant l’interclasse de midi nous avons passé pas mal de temps à fabriquer des porte-serviettes en tissus, que nous brodions.

    Ma hantise était d’aller aux toilettes à la turque. La porte pouvant s’ouvrir toute seule. J’entends encore Monsieur Raoult me dire en rigolant : « N’aies pas peur Nicole, tu ne tomberas pas le trou ».

    Nous mangions à la cantine. Nos parents étaient agriculteurs et ne pouvaient nous récupérer pour le déjeuner. Nous mangions bien, tout en apprenant les bonnes manières. Ensuite on achetait des bonbons chez « Chinie ». Nous raffolions de longues barres torsadées au chocolat caramel, les fameux Mousquetaires*. Pour les savourer au retour le soir. On n’en trouve plus désormais.

    Quand le temps le permettait, nous descendions à Goas Luguen et vers l’île à bois faire des jeux de découverte sur le sable.

    Une anecdote me revient. Rémy, mon petit frère buvait du chocolat Poulain le matin, mais ne le supportait pas bien. Donc il lui arrivait souvent d’emprunter un change appartenant à Olivier Raoul. Lorsque notre petite troupe s’apprêtait à prendre le chemin du retour, cela me valait souvent d’être rappelée à mes devoirs par Madame Raoult : « Nicole, n’oublies pas encore le petit sac de Rémy. »

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     De gauche à droite : Pascale Berthou, Pierre-Yves Le Berre, Rosine Toullic, Sylvie Meudal, Pascal Le Berre, Guy Roudot, Françoise Raoult

     

    J’adorais l’époque de Noël. Il fallait préparer le spectacle. D’où de nombreuses répétitions à Lézardrieux. Toujours à pieds. Souvent sous la pluie, mais avec parapluie, Pour le spectacle commun avec les élèves de l’école du bourg, le cœur n’y était pas vraiment. Entre eux et nous, ce n’était pas le grand amour. Noël, c’était l’époque de la fameuse orange, des gâteaux ; Retour en car.

    Autre temps fort : la fin de l’année scolaire. Au mois de juin, la bonne et dynamique équipe des parents organisait la kermesse ; nombreuses animations, beaucoup de monde. Les recettes servaient à partir en « voyage » ;  une journée d’évasion avec pique-nique à la clef. Au Mont Saint Michel et dans bien d’autres lieux. Que du bonheur !

    Avec Monsieur et Madame Raoult, nous sommes aussi devenus des petits reporters avec la création d’une brochure intitulée « Sur le Creac’h ». Chaque enfant racontait soit son week-end, soit une anecdote, soit un lieu insolite ou la vie de famille. Que du plaisir à le relire !

    De mon passage dans la grande classe, je ne garde pas de bons souvenirs, tout particulièrement de Monsieur Sebille, le nouvel instituteur. Bon instituteur mais nerveux, très sévère. En cours, pas droit au dérapage ni au bavardage ; beaucoup de punitions.

     Pour autant, ce n’est pas sans regret que j’ai quitté Kermouster « habité par des sauvages » pour le collège de Tréguier. La ville ! Un monde à part ! L’inconnu ; de nouveaux professeurs. Beaucoup de mal, par la suite, dans certaines matières, mais j’ai réussi à suivre

    Je ne me puis conclure qu’en remerciant mes parents de nous avoir suivis et accompagnés pendant notre scolarité. Et puis cette école de Kermouster nous a permis de nouer de nombreuses relations.  Entre parents et élèves.  Que plaisir avons-nous eu ensuite à nous retrouver, en toutes circonstances. Une très belle époque.

                                                                                            

                                                                                                                         Nicole Toullic / Guillou

     

    * Les 3 Mousquetaires ou 3 Musketiers. A l’origine cette barre chocolatée, créée en 1970 par la société britannique Calbury, s’appelait Curly Wurly.

     

     

    Crech ? Creach ?  Crec’h ? Creac’h ?

     

    Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais j’y perds encore mon latin.

    Si, de cela tout le monde semble d’accord, par Crech ou Creach, avec ou sans apostrophe, il faut comprendre « Sur la hauteur », je n’ai trouvé nulle part une traduction qui réponde à cette question : pourquoi ces écritures différentes ?

    Ni dans les dictionnaires Breton-Français (électroniques), où, d’ailleurs, ces mots ne figurent pas, ni par les quelques contacts établis avec des bretonnants. Un élément de réponse toutefois : le manque d’homogénéité du parlé breton sur tout le territoire où il fut, des siècles durant, le seul vecteur de communication, essentiellement par la voie de l’oralité. Je m’en remets donc à des esprits « éclairés en la matière ».

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    En attendant d’y voir plus clair, je me borne à constater que les élèves de la génération de Nicole Toullic / Guillou, ceux qui ont fréquenté l’école de la place du Crech, ont été les rédacteurs d’un petit opuscule qui s’appelait  Sur le Creac’h. La pédagogie de l’éveil par l’art de se raconter. Une initiative de Monsieur et Madame Raoult, les premiers instituteurs que ces élèves ont eu à connaître.

    Ils se sont exprimés. Redonnons leur la parole !

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

    Sur le chemin de l’école : Nicole Toullic / Guillou

     

     

    Pour suivre : 

     

    Sur le chemin de l’école : Rémy Toullic

     

    Précédemment : 

     

    Sur le chemin de l'école: Claudie Asselain / Missenard

     

    Sur le chemin de l'école: Pascal Perrot

     

    Sur le chemin de l'école: Dominique Le Bleiz

     

    Sur le chemin de l'école: Yvon Perrot

     

    Sur le chemin de l'école: Marie-Hélène Baibled / Costiou

     

    Sur le chemin de l'école: Jean-Pierre Le Dantec

     

    Sur le chemin de l'école: Yvon Corlouer

     

    Sur le chemin de l'école: Michel Le Troadec

     

    Sur le chemin de l’école : Marie Françoise Séguillon

     

     Sur le chemin de l'école: Michel Le Cam

     

    Sur le chemin de l'école: Marie-Claire Beauverger / Pochat

     

    Sur le chemin de l'école: Marie Françoise Arzul / Parenthoën

     

    Sur le chemin de l’école : Jean Bourdon  

      

    Sur le chemin de l'école : Huguette Arzul / Le Berre

     

    Sur le chemin de l’école : Marie Anne Beauverger / Ernault 

      

    Sur le chemin de l’école : Rosalie Le Blouch / Le Lay 

     

    Sur le chemin de l'école : Ernest Lavisse 

     

    Sur le chemin de l'école : Mathurin Boscher 

     

    Sur le chemin de l’école : Isabelle Marrec 

     

     Sur le chemin de l’école 

      

    Le Kermouster d’Yves Saindrenan 

      

    Adieu Monsieur…l’Instituteur!   

     

     

     


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