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Sur le chemin de l’école : Marie Françoise Séguillon
Au carrefour de la mémoire, les souvenirs se télescopent, se juxtaposent quand ils ne se superposent pas. Aussi, quand il s’agit d’évoquer « les belles années de la petite école », il faut souvent retenir sa plume pour ne pas réveiller une cruelle douleur. Mais se taire complètement relève de l’impossible quand cette souffrance a pesé sur tout le temps de l’adolescence, et bien au-delà.
Avec pudeur et retenue, Marie Françoise Séguillon évoque ainsi le souvenir de son frère, lourdement handicapé à sa naissance. Bien sûr, elle partage avec tous les Kermoustériens et Kermoustériennes de sa génération nombre de souvenirs d’écolière, qu’elle se remémore non sans plaisir. Mais la vie de l’école n’est pas tout. C’est un passage indispensable, un laps de temps d’ailleurs trop souvent, à tort, vécu comme une épreuve. Un mot vide de tout sens quand il faut, simultanément, affronter, dès votre plus jeune âge, celles que vous ont réservées les aléas douloureux et cruels de la vie.
La photo ci-dessous, que Marie Françoise Séguillon a conservée, ne lui parle pas d’un souvenir précis. Etait-ce un dimanche au sortir de la messe, à Lanmodez ? A-t-elle été prise à l’issue d’une séance de catéchisme avec l’abbé Brochen ? Mais qu’importe ! Elle a valeur de document car, pour nombre de Kermoustériens et Kermoustériennes, ces intermèdes religieux sont, tout comme l’école de la République laïque, source de souvenirs. « Plus ou moins glorieux » puisque il s’agissait souvent de défendre, au cours d’une bataille rangée, son honneur face aux Lamnodéziens. Bon ! C’était avant tout essentiellement une affaire de garçons
Il n’est pas sûr qu’à cette époque le roman La Guerre des boutons de Louis Pergaud, écrit en 1912, ait été lu par tous les belligérants. Pas plus qu’ils n’avaient encore pu s’inspirer du film qu’Yves Robert a tiré de ce roman. Disons qu’ils ne faisaient que respecter une longue tradition.
Marie Françoise est alors en passe de faire sa Communion et ce n’est qu’en 1962, donc quatre ans plus tard, que ce film sera porté à l’écran. Les échauffourées entre les deux villages sont inscrites dans l’histoire locale. Mais, n’était-ce pas ce qui passait partout ailleurs, dans les campagnes ?
C.T.
Vendredi 20 novembre 2020
Rang du haut, de gauche à droite : ..?..,Adèle Guillou, Nicole L’Anthoen, .. ?.., .. ?.., Noëlle Guillou, Yvette Bastard, Charlotte Merrer
Rang du dessous : Eugénie Bourgès, Joëlle Bourgès,.. ?.., .. ?.., Marie Manuelle Bouder (tenant la pancarte Lanmodez), .. ?.., .. ?.., Marie Paule Capitaine, Marie Thèrèse Guillou
Au 2ème rang : .. ?.., .. ?.., Sylvie Briand, Marie Françoise Séguillon, Maria Hervé, Marie Hélène Baibled, .. ?.., Nicole Allain, Germaine Le Boubennec, Marie Paule Le Boubennec, Yveline Toanen.
Au 1er rang : Michel Le Troadec, Jean Pierre Le Dantec, Pierre Thépaut.
Abbé Brochen
* Pour agrandir la photo, cliquer sur le document
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Avant ceux de l’école, le souvenir du frère
Dans le peu de souvenirs qu’il me reste de cette époque, une image forte : l’arrivée en scooter de Monsieur et Madame Madiou. Je devais avoir une dizaine d’années. Etait-ce le premier jour de leur arrivée à Kermouster ? Peut-être ! Toujours est-il que c’est cette image qui me revient quand il m’arrive de penser à l’école. Monsieur et Madame Madiou venaient remplacer Monsieur et Madame Gallo.
Mes premières années d’école, je les ai passées dans la seule salle de classe de l’époque. C’est Madame Le Cam qui était mon institutrice. Monsieur Le Cam s’occupait des grandes sections. Mais je n’ai qu’un vague souvenir de cette période. Je me souviens que l’on rentrait dans cette salle par la porte qui donnait sur le préau. Est-ce que toutes les sections étaient mélangées ? J’ai l’impression que oui, mais je ne peux en rien l’affirmer. Je n’avais que cinq ans et quelques mois.
J’ai plus de souvenirs se rapportant à Madame Le Gallo. A cette époque, il y avait désormais deux classes séparées. Je me rappelle bien avoir vu construire la salle qui allait accueillir les élèves de la grande classe. Je n’y suis allée qu’à la fin de mes études
Je garde un bon souvenir de Madame Le Gallo. Je pense qu’elle m’a aidé à faire des progrès. J’allais chez elle, dans le logement réservé aux instituteurs, jouer avec Marie Annick et Hélène, ses filles. Elles étaient, toutes les deux, plus jeunes que moi. De Monsieur Le Gallo, je me rappelle surtout qu’il aimait venir chez nous boire sa bière et discuter avec mon père.
Je n’ai jamais quitté la maison où je vis. Elle a d’abord appartenu à mes grands parents et c’était déjà un café. Mes parents ont pris la relève en 1945. Un an avant ma naissance. J’y suis née. Raymond, mon frère aussi, un an plus tard, mais hélas l’accouchement s’est mal passé. Notre vie familiale a été profondément chamboulée. Un grand malheur ! C’est surtout à cela que je pense, bien avant l’école. Très vite, il a fallu que je seconde mes parents en m’occupant de mon frère qui, lui, n’aura pas pu aller à l’école.
Que dire de l’école, si ce n’est que je n’ai pas pu en tirer tous les bénéfices. Les conditions dans lesquelles j’ai grandi n’ont guère été favorables.
Quand je me suis retrouvée dans la grande classe avec Monsieur Madiou, il a fallu composer avec ses obligations militaires. J’étais en dernière année et Monsieur Madiou a été remplacé. Nous avons alors changé plusieurs fois d’instituteurs. Ou plutôt d’institutrices ! Dont j’ai un vague souvenir. Il y a eu Mademoiselle Leroux, qui venait de Lézardrieux et une sœur de Madame Madiou. De mémoire, Madame Lescouet. Autant dire que ce fut une période compliquée.
Quelques anecdotes pêle-mêle :
Mes doigts bleus, notamment. Bien avant le stylo-bille, il a fallu apprendre à écrire avec le porte-plume. Sans parler des tâches d’encre sur le papier, il y avait celles qui immanquablement me collaient aux doigts.
Puis, le poêle de la classe. Comme d’autres camarades, j’ai eu mes tours de chauffe. Il fallait arriver bien avant le début des cours pour allumer le feu.
Côté punitions. Une parmi d’autres. Dans la cour des filles, il y avait des bacs à fleurs. Les instituteurs s’en occupaient. Je me souviens d’ailleurs du potager qu’il y avait à l’endroit du point de vue, là où il y a maintenant la boîte à livres. Je revois Monsieur Madiou s’occupant de ses légumes. Mais ce jour là, pendant la récréation, les fleurs de la cour en avaient pris un sacré coup. Ce qui nous a valu une punition collective. Peut-être une dictée supplémentaire !
Je ne crois pas que l’on coiffait le bonnet d’âne. Mais il y avait la mise au piquet. Je me souviens de ce cousin, un petit dur en son genre, qui a dû rester au piquet après la classe. Quand l’institutrice est revenue, il n’était plus là. Il était partie par la fenêtre. Sur le tableau noir, écrit à la craie : « Au prochain voyage ». A-t-il été plus sévèrement puni ? Je n’en sais rien. Renvoyé ? Je ne le crois pas. Est-ce que l’on renvoyait à cette époque ?
Sinon, il m’est arrivé d’avoir droit au coup de baguette, pour faute évidente d’inattention à ce que disait la maîtresse.
Pour ce qui est des balades scolaires, un nom me revient. Tonquédec ! Pourquoi? Le château, très certainement. Sinon, on a eu, à chaque année de fin scolaire, l’occasion de découvrir la région
C’est difficile d’être plus précise. Les souvenirs se mélangent. Le village vivait autrement que maintenant.
A cette époque on voyait passer les troupeaux de vache que l’on emmenait paître vers l’île à Bois.
Aux beaux jours, au cours du dernier trimestre, notre café était au cœur du marché de pommes de terre. Exclusivement de la Duke, de la pomme de terre primeur. Les cultivateurs déposaient leurs sacs à même la cour du café. Mon père endossait alors le rôle de courtier.
Avant l’arrivée des négociants, il fallait trier les patates. Celles qui avaient la taille commerciale d’un côté, la grenaille de l’autre. Monsieur Libouban, négociant de Lézardrieux, avait fourni à mes parents une trieuse. C’est au café que se faisaient les transactions.
Je revois le grand-père de Médéric et de Pascal Perrot qui venait de la ferme, aujourd’hui poney-club, livrer en charrette ses pommes de terre. A cette époque il y avait un anneau scellé dans le muret de la cour pour attacher la bride des chevaux.
C’était une autre époque.
Marie Françoise Séguillon / Le Briand
Haïkerm de perspective
C’est un fait ! On peut passer des années sans le voir, sans que cela vous frappe et imprime la rétine.
Confinement ou pas, la boucle qui consiste à descendre la rue Goas Luguen, pour s’en aller, par la grève, rejoindre l’île à Bois, est une balade dont on ne se lasse pas. Pas après pas, l’œil s’approprie un paysage de toute beauté, paysage changeant selon la hauteur d’eau ou les lumières du jour, mais que l’on pense connaître dans le moindre détail. A voir !
En effet, ce jeudi, il y eut un instant magique, surprenant, jamais vécu jusqu’à ce jour. Sous un ciel bleu, lumineux, le phare de la Croix s’est fondu dans la roche. Une mise au point, le zoom et une perspective ont permis de le fixer cette fusion. Un instantané et un haïkerm …tout en perspective
Instant magique
Phare épousant le rocher-
Illusion d’optique
Pour suivre :
Sur le chemin de l’école : Michel Le Troadec
Précédemment :
Sur le chemin de l'école: Michel Le Cam
Sur le chemin de l'école: Marie-Claire Beauverger / Pochat
Sur le chemin de l'école: Marie Françoise Arzul / Parenthoën
Sur le chemin de l’école : Jean Bourdon
Sur le chemin de l'école : Huguette Arzul / Le Berre
Sur le chemin de l’école : Marie Anne Beauverger / Ernault
Sur le chemin de l’école : Rosalie Le Blouch / Le Lay
Sur le chemin de l'école : Ernest Lavisse
Sur le chemin de l'école : Mathurin Boscher
Sur le chemin de l’école : Isabelle Marrec
Sur le chemin de l’école
Le Kermouster d’Yves Saindrenan
Adieu Monsieur…l’Instituteur!
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