• Renouveau printanier et renouveau démocratique?

    Une, puis deux, puis trois, les hirondelles sont de retour. Hirondelles de cheminée ? De fenêtre ? De rivage ? Pour en faire le distinguo, il faudrait pouvoir disposer d’une acuité visuelle exceptionnelle ou, pour le moins, bénéficier d’un savoir nourri par de longues périodes d’observation ciblée. Ce n’est pas quand la cataracte vous pend au bout du nez que la chose devient aisée. Aussi en vient-on à se contenter de n’être que spectateur lambda de ces ballets aériens de haute voltige, annonciateurs d’un nouveau printemps, quoi que puisse laisser penser le vieil adage. Car le printemps semble en mesure de s’imposer. Le week-end pascal aura même bénéficié d’une météo estivale. Mer d’huile, soleil plein et entier. Un temps idéal pour les traditionnelles « chasse à l’œuf ».

    Mais, à bien y réfléchir, n’est-ce pas cette tradition qui fait que la gente volatile donne de la voix plus que d’habitude ? Si les poules acceptent, bon gré mal gré, que l’on tue dans l’œuf leur aspiration à couver, il n’en va pas de même pour tous ces oiseaux qui s’accrochent aux branches pour assurer la survie de l’espèce. Même avant de rentrer dans son nichoir, la mésange à tête noire y regarde à deux fois avant de pénétrer dans ce gîte façonné par la main de l’homme. Ici, la focale rétinienne vous permet, du fait de la grande proximité, de coiffer la casquette de l’ornithologue, tant le degré de confiance de ce passereau envers nous semble haut. Mais il convient de mériter cette confiance en s’interdisant de troubler l’intimité du nid. A regret, notre perception auditive étant ce qu’elle est, nous sommes dans l’impossibilité de savoir si les longues mélopées de la grive musicienne sont d’incessants messages d’alerte pour tous ses congénères.

    Ce qui nous semble acquis, c’est que tous ces compagnons du quotidien se contrefichent de nos états d’âme. Disons qu’ils s’adaptent tant bien que mal aux conséquences de nos agissements. Ils ignorent tout des canards qui viennent nous informer chaque matin sur l’état du monde, un monde pour lequel il n’y aura pas vraiment eu de trêve pascale. Las, quelque peu découragé, je n’ai guère envie, en ce matin du mardi 23 avril, de vous importuner avec cette sourde inquiétude que le renouveau printanier n’a pas été en mesure d’éteindre. Malheureusement, ce ne sont pas les oiseaux de mauvais augure qui manquent. Je me contente de rebondir sur une information que mon canard préféré a déposée au pied du bol de café.

    On connaît maintenant le nom du cabinet d’architectes qui va avoir la charge de redessiner La Cambuse, sélectionné après appel d’offres. By architectes, une société de Saint-Michel-en-Grève. A vol d’oiseaux, quarante kilomètres séparent Kermouster de ce lieu de cogitation.

    D’ici fin 2019, nous annonce le journal, le bar épicerie sera opérationnel. A l’abri des morsures des vents d’est, les nouveaux gérants pourront y confectionner leurs galettes et crêpes, la remorque qui leur permet d’assurer la transition étant appelée à opérer en d’autres lieux.

    Pour ce qui est de la transformation de l’ancien logement de fonction en gîte d’étape, il faudra patienter jusque l’année prochaine.

    Pour ce qui est des sanitaires publics, la précision de date n’est pas donnée quant à la mise en place définitive d’un local efficient.

    Cette précision, peut-être aurais-je pu vous la donner si j’avais eu l’opportunité d’assister au conseil municipal qui a traité de ce dossier le jeudi 18 avril au soir. Mais, confessons le d’emblée, je n’ai plus le ressort suffisant pour s’en venir assister à une réunion où, quelle que soit la nature du dossier, les jeux sont en partie faits d’avance. Un conseil municipal, c’est l’aboutissement d’un travail préalable en commissions.

    Je sais ne pas être un cas d’espèce. Rares sont ceux, en effet, qui vont désormais au bout de cette démarche citoyenne. A quoi cela tient-il ? A l’évolution de notre mode de vie. Le rythme du travail, l’hypnose télévisuelle, les raisons sont multiples, mais cela tient aussi au rôle dans lequel on se trouve confiné. Le public n’a pas le droit à la parole. C’est sur ce droit à parole qu’il conviendrait de réfléchir alors que s’exprime une vindicte populaire à l’encontre de nos élus. Or, c’est bien la commune qui est le premier échelon incontournable de la vie démocratique

    Ce n’est assurément pas lors de la séance du conseil municipal qu’il convient de se faire entendre. Il faut que cette parole s’exprime en amont, qu’elle nourrisse déjà les réflexions des conseillers municipaux qui en débattront au sein des différentes commissions. La loi le permet déjà. Une équipe municipale peut soumettre à référendum tout projet se rapportant aux compétences de cette collectivité.

    Bref ! Plutôt que d’avoir a enregistré des doléances, il ne serait pas inutile de mettre en place un système qui permettrait de recueillir des avis, des suggestions, des contributions, avant de prendre des décisions qui vont toucher à l’harmonie sociale.

    Cette année, plus que jamais, ce n’est pas tant le renouveau printanier qui est le fruit de notre impatience, mais bien celui d’un renouveau démocratique fondée sur une véritable volonté de dialogue, débarrassée de tout slogan à l’emporte-pièce.


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