• Le 3 août 2014, nous mettions en ligne un article (Les Poilus et Marins de Kermouster), qui soulignait la contribution humaine du hameau durant la Grande Guerre. Pour pouvoir évoquer, alors que des milliers d’hommes partaient vers la mort,  le souvenir  des quatorze victimes dont les noms sont gravés sur une plaque de marbre dans la chapelle, nous avions bénéficié des travaux de recherches de François Souquet, ancien officier mécanicien de la marine marchande. Membre du Souvenir Français, François Souquet réside à Lézardrieux après avoir séjourné, quelques années durant à Kermouster. L’année prochaine, à la date du 11 novembre – Ce sera un dimanche – il ne serait pas inutile que le hameau s’associe pleinement, une nouvelle fois, aux cérémonies qui marqueront le Centenaire de l’Armistice.

    Le Président Macron a manifesté l’intention d’inviter à Paris des délégations des 80 pays belligérants. L’initiative mérite d’être saluée. Mais la France ne se résume pas à Paris. Partout en province, jusque dans les plus petits villages, donc ici, il conviendra de fêter la Paix recouvrée, que l’on pensait alors définitive.

    Ce samedi, il pleuvait dru devant le monument au mort de Lézardrieux. N’en déplaise à Brassens, icône de la Commune, chantre de la pluie à ses moments (é)perdus, un petit rayon de soleil aurait été le bienvenu. Ecrire cela, ce n’est pas  oublier les conditions qu’ont connu les Poilus durant les deux derniers hivers de ce conflit. La température dans les tranchées atteignit parfois durant la nuit les – 20°. 

    Comme les années précédentes, Marcel Turuban, le maire, aura prononcé une allocution chargée d’espérance. Plus jamais ça ! On connaît le refrain et le monde d’aujourd’hui nous fait craindre le pire. Mais raison de plus pour saisir toutes les occasions qui rappellent l’absurdité de la guerre. Nous autres humains avons autres choses à faire que de nous entretuer. Nous sommes tous passagers d’un vaisseau spatial dont il nous faut partager le destin. C'est ce messsage que nous a transmis, voilà fort longtemps, Paul Fort (1872-1960), à travers son poème La Route autour du Monde (voir ci après). Paul Fort,  « Prince des Poètes » en 1912. Un homme de coeur auquel Brassens a su rendre hommage

    Cette Grande Guerre, comme l’a d’ailleurs souligné l’exposition qui s’est tenue cette semaine, salle Georges Brassens, a été qualifiée, à juste titre, de Première guerre mondiale. A l’occasion de ce 11 novembre, Lézardrieux a pu bénéficier, une semaine durant ,  du travail d’archives effectué par l’Espace Léopold Sédar Senghor  que Jean-Claude Raoult, Lézardrivien mais ancien maire de Verson, avait créé, en son temps, dans cette commune du Calvados. Verson s’honore d’avoir été un lieu de résidence pour celui qui fut le premier président de la République du Sénégal, de 1960 à 1980, après avoir été un homme d’Etat français. Léopold Sédar Senghor (1906-2001), décédé à Verson,  est également célèbre en tant que poète écrivain. Il fut le premier Africain à siéger à l’Académie française.

    Cette exposition itinérante  – qui se tient maintenant à Plouec-du-Trieux - a eu pour grand mérite de nous rappeler la contribution des frères d’armes de nos anciennes colonies. On a trop longtemps minoré, si ce n'est oublié, le rôle qu’ont joué tous ces braves venus d'ailleurs. Même si elle n’a pas eu le rayonnement souhaité, pour diverses raisons, il convient de ne jamais oublier le message que cette exposition nous a transmis. Il ajoute à celui de Paul Fort.

    Compte tenu du petit volume de documents exposés, tous de qualité comme nous l’avons constaté à l’issue de la cérémonie du 11 novembre,  il nous semble que cette exposition aurait pu se tenir à Kermouster, dans une salle certes moins centrale mais aux dimensions plus appropriées que ne l’a été la salle Georges Brassens. Dans la perspective d’une commémoration du Centenaire de l’Armistice, il y a lieu de penser « à marquer le coup ». Ne pourrait-on pas préparer une exposition qui amplifierait par des témoignages familiaux la documentation que nous avons déjà en notre possession concernant les Kermoustériens morts au combat ?

    Qu’elle ait lieu ou non, Kermouster se devra cependant être à l’unisson de ce qui sera un grand moment de recueillement teinté d’une grande espérance. Et si l'idée de faire sonner les cloches de toutes les églises de France, d'Europe et d'ailleurs, à l'heure pile de la signature de l'Armistice, pouvait prendre effet, Kermouster pourrait faire également entendre sa voix. Il n'y a rien de plus simple et de moins onéreux que faire sonner une cloche.  Cette fois, en dehors de toute considération religieuse, il ne s’agirait pas de sonner le tocsin mais d'entonner un véritable hymne à la joie. Nous avons un peu moins d’un an pour donner corps à l’utopie.

     

    La ronde autour du monde (Paul Fort)

     

     

    Si toutes les filles du monde voulaient s' donner la main

    Tout autour de la mer, elles pourraient faire une ronde

    Si tous les gars du monde voulaient bien êtr' marins

    Ils f'raient avec leurs barques un joli pont sur l'onde

    Alors on pourrait faire une ronde autour du monde

    Si tous les gars du monde voulaient s' donner la main


    Si tous les gars du monde

    Décidaient d'être copains

    Et partageaient un beau matin

    Leurs espoirs et leurs chagrins

    Si tous les gars du monde

    Devenaient de bons copains

    Et marchaient la main dans la main

    Le bonheur serait pour demain


    Ne parle pas de différence

    Ne dites pas qu'il est trop blond

    Ou qu'il est noir comme du charbon

    Ni même qu'il n'est pas né en 
    France

    Aimez-les n'importe comment

    Même si leur gueule doit vous surprendre

    L'
    Amour c'est comme au régiment

    Il n'faut pas chercher à comprendre


    J'ai mes ennuis et vous les vôtres

    Mais moi je compte sur les gars

    Les copains qu'on ne connaît pas

    Peuvent nous consoler des autres

    Le 
    Bonheur c'est une habitude

    Avec deux cent millions d'amis

    On ne craint pas la Solitude...


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  • Chapelle : un "rectif" et une rénovation

    Dans notre toute dernière chronique, nous avons écrit que La Marya, ex-voto de la chapelle, était sortie pour la dernière fois au grand air, pour le pardon de septembre 1938. La photo ci-dessus dément cette affirmation. Nous la devons à Claudie Missenard. Elle a été prise vingt ans plus tard, en 1958 ou 1959

    Dans sa contribution « à la vérité historique », Claudie ajoute cette précision : La procession revient de l’île à Bois et passe devant l’ancienne ferme Chevanton, à l’entrée du chemin qui mène à l’ancienne ferme Briand. Dont acte !

    Mais ce rectificatif soulève d’emblée une question. Si La Marya a dressé sa mâture à l’air pur en 1958, ne l’a-t-elle pas fait à l’occasion d’autres pardons qui ont dû avoir lieu après la guerre ? Poser la question c’est espérer une réponse

    Chapelle : un "rectif" et une rénovation

    Si, comme, nous le signalions, La Marya et les autres ex-voto du même tonneau ne réintègreront pas les vitrines de la chapelle avant le printemps prochain, le grand vitrail de derrière le maître autel, aujourd’hui en cours de rénovation, devrait avoir retrouvé sa place dans son ogive de pierre avant la fin du mois de novembre..

    Le maître verrier Julien Lanou  a procédé, la semaine dernière, à la dépose de cette verrière. Un grand panneau en  polycarbonate a été posé à cet emplacement pour assurer la protection de la chapelle Les deux parties du vitrail endommagées vont être remplacées. Toutes les barlotières vont être changées.

    Pour pouvoir ouvrir le chantier, il aura fallu au préalable démonter le retable. Il ne pouvait être question de poser un escabeau et une caisse à outils sur un mobilier qui est classé. Saint Nicolas et Saint Maudez, les deux grandes statues qui encadrent l’autel,  ont donc été forcés de mettre pied à terre.

    Chapelle : un "rectif" et une rénovation

     

    Chapelle : un "rectif" et une rénovation

     

    Chapelle : un "rectif" et une rénovation

     

     


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  • La grand carénage des ex-voto

    Ce jeudi 14 septembre, les ex-voto de la chapelle ont quitté leur port d’attache. Ils vont être placés sous l’œil des experts pour un grand carénage. Ce travail a été confié à la société Atelier 56b de Tours. C’est à Tours que sont formés les futurs spécialistes. On y dispense un diplôme national de Conservation-restauration, diplôme qui nécessite une large connaissance des différents types de matériaux employés par les artistes et leur action dans le temps.

     Le transfert a été opéré par la conservatrice Agnès Blossier. La Marya en tête, toute la « flottille «  a mis le cap sur les rives de la Loire. Elle  reviendra à Kermouster dans quelques mois, au plus tôt début du printemps. Rappelons, concernant La Marya, assurément l’ex-voto le plus lourdement chargé d’histoire (puisque sa réalisation remonte au XVIIe siècle), que cette maquette a déjà fait l’objet d’une remise en état en1989. Sa dernière sortie « au grand air » remonte au pardon de 1938.

    Dans un premier temps, comme nous l’a expliqué Agnès Blossier, il va d’abord s’agir d’éliminer tous les parasites clandestins qui ont, depuis des lustres, trouvé  matière à se reproduire dans les coques et mâtures de ces « vénérables » objets. Par anoxie, ce qui consiste à priver d’oxygène ces insectes xylophages. En clair, cela passe d’abord par la phase conservation. Ce n’est qu’après que pourront s’engager les travaux de restauration.

    Dès la semaine prochaine, c’est le grand vitrail de la façade Est qui va faire l’objet d’une attention toute particulière. Il va d'abord falloir procéder minutieusement au démontage du retable qui, lui aussi, est classé aux monuments historiques. Là encore, ce chantier de restauration va demander un certain temps.

     

     


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  • La chapelle sous l'oeil de Vigipirate

    « Atmosphère ! Atmosphère ! » En cette fin f’été, l’atmosphère, dans tous les sens du terme, n’est pas au mieux de sa forme. Le moins que l’on puisse dire c’est que cette première quinzaine de septembre aura fait l’effet d’une douche froide. On espérait un temps plus clément. Certes, il en faudrait plus pour décourager les inconditionnels de la baignade. Ils nous le disent, l’eau est encore à bonne température. Mais ça sent quand même l’automne à plein nez.

    Les hirondelles « rustiques » se préparent à leur grand voyage. Dix mille kilomètres à tire d’ailes, les insectes volants dont elles se nourrissent commençant à faire défaut. Bien sûr il n’est pas exclu que nous puissions bénéficier d’un été indien courant octobre, mais si on en croit les augures, de ce lundi 18 au vendredi 22 septembre, jour de l’équinoxe, le soleil va devoir continuer à composer avec les nuages. Les averses font partie du quotidien. Mais bon, on ne le dira jamais assez. La terre a besoin d’eau.

    Si côté météo, cette fin de saison n’est pas au top, que dire de l’atmosphère qui pèse sur les esprits. On ne va pas ici évoquer les tempêtes sociales qui vont souffler dans la rue cette semaine, mais une petite affichette posée à même la grande porte de la chapelle nous a rappelé que le hameau ne vivait pas à l’écart du monde. A l’occasion des journées du patrimoine, la préfecture a demandé aux mairies de signaler que tous les édifices donnant lieu à des visites étaient placés sous surveillance. La chapelle s’est trouvée sous l’œil de Vigipirate.

    Elle n’aura été, de fait, ouverte que le samedi, qui plus est, à la demande d’un groupe. Dimanche, la porte sera restée close toute la journée. Durant les deux mois d’été ce sont quelque 1700 personnes qui ont pu visiter cet édifice religieux. Les travaux de réhabilitation vont bientôt commencer. Les statues vont, sans tarder, faire l’objet d’un traitement adéquat pour gommer les morsures du temps. Le mercredi 10 octobre, le haut du retable qui surplombe l’autel sera déposé pour permettre au maître verrier Julien Lannou de démarrer la réparation du grand vitrail de la façade ouest. A noter que ce samedi 23 septembre, l’Amicale de Kermouster va remettre à la mairie un chèque de 1500€ pour participation à ces travaux de réhabilitation qui devraient s’achever avec le retour du printemps.


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    Expositions : la peintographie pour clore le cycle

    C’est sous un soleil ragaillardi, dès le début de l’après-midi, que s’est clos, ce dimanche 3 septembre,  le cycle des expositions à Kermouter. Une saison estivale 2017 qui aura fait la part belle à la photographie. En juillet, comme en août. Avec, au final, une sorte de transgression puisque qu’il nous a été donné de contempler  des œuvres associant, sur la même toile,  peinture et photo, fruit d’une grande complicité entre le photographe Sten Léna et le peintre Michel Champion.. A force de se défier dans les galeries depuis l’invention de la photographie, les deux techniques en sont arrivées à fusionner, ouvrant ainsi une nouvelle voie à l’expression artistique.

    En zyeutant sur la Toile - entendez par là Internet ! -  tout laisse à penser que nos amis de Lanmodez ne sont pas les premiers défricheurs du genre, mais nous leur sommes gré de nous avoir  offert l’occasion de pénétrer, pour le première fois et de façon convaincante, dans le curieux et subtil univers de la peintographie.

    Il y a deux ans, Sten Léna et Michel Champion avaient exposé de concert, l’un présentant ses photos, l’autre ses peintures reproduisant à l’identique le sujet. Avec la peintographie, le photographe conserve la primeur du thème. Il choisit l’angle de vue et garde ainsi la main sur les lignes de fuite. Le peintre, par le glacis, la brosse ou le couteau ajoute de la matière, de l’épaisseur, donc du relief et de la profondeur. Il s’agit toujours d’accrocher la lumière.

    Sten Léna et Michel Champion ont choisi de travailler sur le même format que lors de  l’exposition précédente, hormis un tableau déstructuré représentant le Sillon du Talbert. Ils n’ont pas eu ainsi à repenser l’espace dans lequel ils allaient, à nouveau, présenter leurs nouvelles œuvres. D’où, comme la fois précédente, un nombre restreint de toiles canevas sur châssis carré  (une quinzaine). Une façon de procéder qui favorise, d’emblée,  la compréhension de la  démarche dans sa globalité. De la photo sans peinture au tableau peint entièrement. « Ces toiles, explique Sten Léna, sont apprêtées pour recevoir les encres pigmentaires d’une imprimante 12 couleurs. Elles ont l’avantage de résister au temps. »

    Sten Léna, dont le métier est de mettre en valeur le travail des autres, fait de la photographie pour son seul plaisir. Appareil photographique suédois, de la famille de ceux qui ont illustré la conquête spatiale, et optiques françaises, ce Lorientais de souche accorde sa préférence à des univers maritimes, allant même jusqu’à privilégier les espaces portuaires industriels. Hormis la représentation du Sillon et du Gouffre de Plougrecant, les deux acolytes nous font ainsi naviguer du Pays bigouden à la Hollande en passant par les ports du Havre et de Rouen. Tout l’art du peintre consiste alors à choisir les espaces sur lesquels il va poser l’huile sur la toile.

     

    Les sumi-e de Jean Ducouet

     

    Expositions : la peintographie pour clore le cycle

     

    Cette exposition faisait suite à celle que nous a proposée, à la mi août, Jean Ducouet, un autre photographe de la région, demeurant à Penvenan. Là encore, il s’est agi de montrer qu’il pouvait y avoir des passerelles entre la photographie et la peinture, même si, dans ce cas, ce n’est plus la main du peintre qui vient travailler le cliché, mais un logiciel de traitement.

     Jean Ducouet ayant lui-même mis l’accent sur ce point, nous avons donc focalisé sur ses approches « japonisantes ». Pour partie, Jean Ducouet exploite la veine du Sumie-e, une technique chinoise de peinture reprise par les Japonais. Le peintre joue sur la dilution de l’encre, la position du pinceau pour peser sur l’épaisseur et la netteté des lignes.

    Sur diverses thématiques, marines ou autres, Jean Ducouet cherche ainsi à créer l’illusion qui consiste à plonger des paysages qui nous sont familiers dans une atmosphère empreinte de philosophie bouddhiste.

     

     


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