• Le goût des autres

     

    Les personnalités « hors du commun » n’échappent pas à cette règle impitoyable qui nous vaut (vaudra) de passer de la vie à trépas. Mais, bien que n’ayant jamais fait partie de nos intimes, leur disparition engendre souvent une émotion d’ampleur nationale à laquelle il nous est difficile d'échapper. Ils  et elles emportent dans la tombe une partie de nous-mêmes ; que nous les ayons honnis ou appréciés. Ils et elles sont des marqueurs du temps passé.

    En haut de l’affiche du film réalisé par sa comparse Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri est le dernier en date des saltimbanques à être descendu des tréteaux. Il y a tout juste vingt ans Le goût des autres nous révélait un acteur prompt à endosser le costume de l’éternel râleur. En un mot : typiquement Français. Râleurs, nous le sommes trop souvent, mais tout aussi souvent capables du meilleur, à l’instar de ce patron en mal d’amitié que campe Bacri. Ce n’est pas sans plaisir que j’ai revu ce film que France 2 a rediffusé mercredi dernier, pour un dernier coup de chapeau à l’artiste. Le message de ce film : lutter contre les préjugés et l’exclusion. Bref ! Avoir le souci de l’autre.

    Jean Pierre Bacri n’a pas inscrit son nom dans la déjà trop longue liste des victimes du Covid 19. Si la maladie qu’il a combattue n’était pas venue à bout de son envie de vivre, il ne rentrerait pas non plus dans la catégorie « personne fragile à vacciner en priorité », mais sa disparition à l’âge de 69 ans  montre bien que la Camarde a plus d’un tour dans son sac et qu’elle se contrefiche des âges pivots. Tout au plus, avec ce coronavirus, elle vient de se trouver  un pourvoyeur efficace, d’autant plus redoutable qu’il porte en lui un fort potentiel de destruction du lien social.

    Hormis les misanthropes et ceux qui entendent vivre en ermite, nous ne pouvons donner du sens à notre vie qu’au contact des autres. Ce Covid 19 et ses avatars, qui défrayent à leur tour la chronique, sont des poisons mortels. Ils nous privent également de la présence de nos enfants et petits enfants. Ils ramènent à la portion congrue les plaisirs d’une table partagée avec les copains de toujours et les nouveaux amis. Notre désir des autres non assouvi s’en trouve démultiplié. Faute de pouvoir en savourer le goût, nous naviguons quotidiennement entre résignation, consternation, frustration, incompréhension et exaspération.

    S’ajoute à cela un mal pernicieux : un possible sentiment de culpabilité.

    Non sans raison, les observateurs louent la capacité que nous avons eue, collectivement, à accepter tout un tas de contraintes. Le Gaulois râleur n’est pas aussi rebelle qu’on veut bien le dire. Pour autant, ce n’est pas l’envie de déroger à la règle qui nous fait défaut. Et cela peut se produire par un relâchement aux conséquences imprévisibles, dont nous pourrions être tenus pour responsables au regard des autres. Ce n’est pas tâche facile que d’être en permanence vigilant, pour soi-même, mais surtout vis-à-vis des autres.

     

    Propos d’un homme « arénié »

     

    Le faire savoir ? Le taire ? Non sans hésitation, j’ai fini par penser qu’il valait mieux en parler. De quoi ? De ce vaccin ARN messager de la société américaine Pfizer qui, depuis ce vendredi matin, est à la tâche dans mon propre corps. Charge pour lui de fabriquer suffisamment d’anticorps pour que je puisse faire un pied de nez au Covid 19.

    En temps normal, comme pour la grippe saisonnière, cela n’aurait pas dépassé le cadre de la cellule familiale. Mais nous ne sommes pas dans une situation « normale ». A la pandémie s’est ajoutée une consternante schizophrénie sociétale. Et le vaccin y prend, après les masques et les tests, toute sa part. De quoi susciter une humeur du jour.

     Il y a peu, nous en étions presque à rire sous cape en voyant les Britanniques se presser vers les centres de vaccination. Au pays du Lièvre et la Tortue on préférait camper dans le Wait and See. « Messieurs les Anglais, tirez le premiers ! ». Quinze jours plus tard, voici que, chez nous, les plateformes téléphoniques croulent sous les demandes de vaccination. Et comme elles ne peuvent pas toutes être satisfaites dans l’immédiat, la polémique repart de plus belle. Justifiée dans des lieux où les vaccins n’ont pas été livrés comme prévu, mais le plus souvent alimentée  par une rhétorique insupportable.

    Alors qu’il y a trois semaines, le fait d’afficher votre souhait d’être, au plus vite, vacciné  pouvait vous valoir d’être considéré comme un doux dingue s’en allant à l’abattoir, voici que ce jour, devenu « homme arénié » (pour ARN), je me trouve à culpabiliser de faire partie des chanceux, tant est grande désormais la déception chez tant d’autres. Mon seul privilège, c’est d’avoir bénéficié d’un environnement où la fracture numérique n’est plus un handicap.

    Et puisque j’en suis à me mettre à nu, autant consacrer quelques lignes à cette vaccination inimaginable voici tout juste un an.

    Un formulaire à remplir. Premier impératif, la case numéro de Sécurité Sociale. Incontournable passeport!  Puis cocher celles qui indiquent les possibles contradictions, mais à ce stade cela ne devrait être déjà plus qu’une piqûre de rappel. Pour ce qui est de l’injection, bras gauche bras droit à votre convenance, c’est tout comme le vaccin contre la grippe. Sans la moindre douleur, la seringue s’invite dans la chair, déverse sa dose et il ne vous reste plus qu’à patienter un petit quart d’heure avant de retrouver l’usage de vos jambes.

    Ce vendredi 22 janvier 2020 nous avons été une quarantaine à confier notre avenir à une infirmière chapeautée par un docteur, dans un service de l’hôpital de Paimpol dédié à cette opération.

    Il était 10 h ce vendredi. Ce samedi, tout juste vingt-quatre heures après, le constat est on ne peut plus parlant. Pas la moindre céphalée ; une nuit paisible ; la satisfaction d’un nouveau jour.

     

    Cocorico !!!!!!!

     

    Le goût des autres

     

    Ce témoignage, je le sais, ne suffira pas à convaincre celles et ceux qui contestent (encore) le bien fondé de la vaccination. Malgré cet argument massue que je réitère : sans le TABDT, le BCG et que sais-je encore, il n’est pas dit que nous qui sommes classés « fragiles », en raison de notre âge, aurions pu être témoins de ce bond prodigieux que vient de faire la science, en l’espace de quelques mois. Les gouvernements de l’époque ont su prendre leurs responsabilités.

    Dans le dénigrement systématique auquel est soumis le gouvernement de Jean Castex, les arrières pensées politiciennes de certains opposants baignent trop souvent dans la mauvaise foi. Oui au questionnement ! Non au coup bas tous azimuts. Mais, si vous continuez à vous informer, vous en savez autant que moi sur ce sujet. Vous savez que le laboratoire américain a ralenti ses livraisons, ceci expliquant cela.

    A la manière de ce nouveau vaccin, j’ai donc rejoint, ce vendredi, le premier bataillon des « messagers de l’espoir ». C’est cette vérité que je continuerai à défendre sur ma toile, puisque arénié je suis. Non sans préciser que je suis bien conscient que ce qui est valable pour la très grande majorité d’entre nous peut produire des effets regrettables chez certains individus souffrant d’allergies sévères. L’exception peut mettre à l’épreuve la règle, mais la règle s’impose !

    Avec un vaccin ne nécessitant plus autant de contraintes pour ce qui est de sa conservation, on se doit d’espérer que l’an prochain, quand il s’agira une nouvelle fois de retrousser la manche, il nous sera possible, puisque cela semble se dessiner, de passer par la case de notre médecin généraliste ou celle du pharmacien. Le Pfizer/BioNtech, dont on mesure le casse-tête logistique qu’il engendre, ne le permet pas. Et pourquoi pas un vaccin « pasteurisé », susceptible de redonner des couleurs à notre propre industrie pharmaceutique ?

    Mais d’ores et déjà, réjouissons nous ! Nos élus de tous bords ont su trouver une solution à un problème existentiel. Désormais les cocoricos de nos coqs sont protégés par la loi. Ce samedi matin j’ai vraiment eu l’impression que ces maîtres chanteurs de nos basses-cours ont salué cette unanimité politique. Ne désespérons pas ! L’Union Nationale n’est pas une utopie.

                                                                                                                                        Claude Tarin

                                                                                                                        Samedi 23 janvier 2021

     

     

    Notre salut dans le vaccin

     

    Cela fait plus d’une semaine que Claudine Vandelenberghe m’a fait parvenir ce nouvel acrostiche. A la différence du vaccin ARN Pfizer/BioNTech, les mails n’ont pas besoin d’être conservés à basse température. Sachant que je ne serai pas sans résister à la tentation de vous faire part de mon humeur après m’être fait vacciné, j’ai préféré attendre ce jour pour l’inoculer. En somme, une double dose.

     

     

    Virus, virulent, variant

    Autant de mots effrayants chaque jour.

    Commentateurs, scientifiques, politiques,

    Chacun y va de son analyse et de ses critiques.

    Il y a heureusement un début de consensus :

    Notre salut est sans doute dans le vaccin!


  • Commentaires

    1
    Ponto
    Lundi 25 Janvier 2021 à 19:41
    • Il me semble que nous sommes en 2021?
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :