• L’intelligence collective peut porter ses fruits

     

     

    L’intelligence collective peut porter ses fruits

     

    Nous ne connaissons pas et connaîtrons jamais le nom de l’inventeur de la roue. Un Sumérien à ce qu’il paraît. Rien à voir avec le summer resident comme nos voisins d’outre-Manche désignent l’estivant. Là il s’agit d’un habitant de l’ancienne Mésopotamie, l’actuel Irak, qui, entre le Tigre et l’Euphrate, n’était assurément pas né de la dernière pluie. Mais qui qu’il fut,  qu’il sache, si tant est qu’il est encore en mesure de s’intéresser à notre sort, qu’à la veille de cet été son invention jette, plus que jamais, le trouble entre Trieux et Jaudy ; tout particulièrement dans notre encore paisible hameau.

    C’est peu dire qu’ici on s’attend à un tsunami de quatre roues. D’abord parce que, à l’heure d’aujourd’hui, le moindre coin ayant du charme ne peut échapper à l’appétit des amoureux des beaux paysages. Ensuite, parce que cet appétit, au sortir d’un an et demi de confinement mais toujours cadré par des contraintes sanitaires, va être féroce. L’étau qui se desserre va pousser les gens des villes à se propulser massivement sur les seules routes de France et c’est bien évidemment le littoral qui va tout particulièrement faire l’objet d’une gourmandise sans frein. Les dévoreurs d’espace sont dans les starting-blocks. Comment ne pas comprendre cette impatience !

    Alors que le 27 juin prochain Lézardrieux fêtera le Tour de France, il serait malvenu, ce jour, de crier haro sur tout ce qui nous propulse à tour de roues. Vive le Tour de France ! Vive le sport ! Vive le vélo ! Comment pourrait-on ne pas en pincer pour la « petite reine », au-delà d’une seule course cycliste ? Avec elle tout est silence et « son » moteur électrique n’y change rien. Faut-il pour autant nier les avantages que nous offre la voiture ? La réponse est bien évidemment non.

    Même si sur les routes, notamment celles de la presqu’île, la cohabitation entre le vélocipède et le quatre roues moteur n’est pas un compromis facile à établir, il ne saurait être question d’oublier les bienfaits que l’invention de notre Sumérien a apportés au fil des siècles. De la brouette au tracteur, de la diligence à la limousine, de la charrette  au camion semi-remorque, la roue a tourné depuis le IVe  millénaire avant J-C ; en rendant de plus en plus de services.

    Aujourd’hui, non sans raison, on s’interroge sur les méfaits engendrés par les pots d’échappement. Si tout est mis en œuvre pour y remédier, le véhicule automobile conservera de longues décennies durant toute sa raison d’être. Reste à canaliser ce sentiment de liberté qu’il nous procure.  Que ce soit dans les mégalopoles ou dans le plus humble village, voitures et consorts vont inexorablement se heurter à des contraintes de plus en plus drastiques en matière de circulation et de stationnement.

     

    L’intelligence collective peut porter ses fruits

     

    C’est à ce double problème que la municipalité de Lézardrieux a décidé de s’attaquer pour trouver à Kermouster  le point d’équilibre entre riverains, agriculteurs, commerçants et visiteurs de ce quartier excentré, désormais répertorié comme spot « à ne pas manquer ». La réunion qui s’est tenue, vendredi 28 mai, salle Ti ar Skol s’inscrit dans cette démarche. Une réunion volontairement limitée à douze personnes, le maire et son adjoint aux travaux compris, toujours en raison des contraintes sanitaires en vigueur.

    Cela dit, aux grandes réunions publiques, qui génèrent le plus souvent une cacophonie indescriptible, Henri Paranthoën dit vouloir préférer des réunions de travail regroupant un nombre limité de citoyens, pour  favoriser le temps de paroles des participants. Comme le voulait la thématique du jour, il s’est agi, ce vendredi 28 mai, de mettre autour de la table des Kermoustériens résidant à des points stratégiques. C’est sur ce seul critère qu’ont été lancées les invitations. Cette méthode mérite approbation.

     Il est apparu très vite que nos élus avaient, ce jour là, une priorité en tête : la circulation sur l’axe cimetière parking de l’île à Bois. C’est assurément la pénétrante qui génère le plus de trafic. On en mesure déjà un premier résultat avec la mise en place, dès ce mercredi, d’une signalisation à même le bitume invitant les tenants du volant à lever le pied de l’accélérateur.   C’est déjà ça, mais pour autant les Kermoustériens sont invités à cogiter pour définir les meilleurs emplacements de chicanes, style bacs à fleurs, que la municipalité envisage de mettre sur cet axe. Ces chicanes seraient mises à l’essai pour permettre, tout au long de l’été, d’en mesurer l’efficacité, avant une mise en place d’un dispositif fixe.

    Bien évidemment, nous pensions, à tort visiblement, que le maire et son adjoint allaient nous proposer des solutions clefs en main pour régler l’épineux problème de manque de parkings « dissuasifs » et l’aménagement du stationnement sur les secteurs du panorama, de la place du calvaire et aux abords des grèves de l’île à Bois. Les représentants des résidents de ces secteurs névralgiques espèrent avoir pu faire comprendre le bien fondé de leurs suggestions, suggestions qui vont dans le sens d’un stationnement confiné dans les limites du raisonnable.

    Une seule réunion n’aura pas réussi à résoudre la quadrature du cercle. Force est de reconnaître que la mise en place d’un plan de circulation et de stationnement qui puisse recueillir l’assentiment général va demander du temps. D’évidence tout ne sera pas d’équerre avant l’arrivée du flot des visiteurs. La patience est une vertu qu’il nous faut cultiver.

    La mairie nous donne à nouveau rendez-vous le 18 juin, même lieu, même contrainte du nombre. D’ici là nous sommes invités secteur par secteur à réfléchir à ce qu’il convient de mettre en place pour atteindre l’objectif d’une sérénité estivale. Nous ne devrions pas avoir trop de difficultés pour nous convaincre que l’intelligence collective peut porter ses fruits.

     

    L’intelligence collective peut porter ses fruits

     

    Il est révolu le temps où Kermouster pouvait reprendre à son compte cet adage selon lequel « pour vivre heureux, vivons caché ! ».  À l’heure même où une poignée de bénévoles s’escrimait, ce mercredi, à la dépoussiérer, une amie venue nous rendre visite nous disait combien la chapelle était, à elle seule…un produit d’appel sur la Toile.

    Les camping caristes, pour ne parler que d’eux, n’ont même pas besoin d’une carte routière pour s’engouffrer dans ce qui à l’allure d’un trou perdu garant d’un bon bol d’air marin. Le dieu GPS vous mène là où vous le souhaitez. Quitte à ce que vous y soyez voué aux Gémonies pour encombrement abusif.

    Même s’il m’arrive de penser que ce blog y contribue à sa manière, Kermouster n’a donc pas attendu d’être ainsi mis à l’honneur pour susciter de l’intérêt. Ce blog c’est une goutte d’eau microscopique dans l’océan des interconnexions numériques. L’humilité s’impose. Pour autant comment ne pas s’en saisir pour lancer,  telle une bouteille à la mer, un message à destination de ces visiteurs qui, au hasard d’un clic, découvrant cette chronique, auraient pris le temps de la lire :

    « Kermouster ne demande pas mieux que d’être à la hauteur de votre attente. Ceux qui y vivent à demeure cogitent actuellement pour trouver une parade à d’éventuels débordements. Aucune hostilité à votre égard, mais tout simplement une absolue nécessité de protéger une zone sensible. Ce village du bout du monde est un écrin, mais c’est aussi un mouchoir de poche. Si, poussés par votre légitime curiosité, vous vous trouvez dans l’impossibilité de stationner, remettez à plus tard l’envie de vous en approprier le charme ! Non loin du hameau, sur le vaste territoire de la presqu’île « sauvage », il se trouve des secteurs plus à même de vous convaincre d’abandonner vôtre quatre roues pour, à pied ou à vélo, vous en aller à la découverte de ce territoire. S’il ne vient à personne, ici, d’oublier que les gens souffrant d’une mobilité réduite puissent eux aussi pouvoir partager l’enchantement du lieu, mettez vous, vous aussi, une seconde à leur place. Que ne donneraient-ils pas pour pouvoir récupérer cette faculté que nous avons à nous déplacer uniquement à la force du jarret ?

    Vous souhaitez vous en mettre plein les yeux ? Faîtes confiance à vos jambes "

                                                                                                                                         Claude Tarin

                                                                                                                               Jeudi 6 juin 2021

     

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