• Fabienne Letondeur: on ne reste pas insensible!

    Exposer est une épreuve. C’est, en quelque sorte,  passer un examen. Après avoir planché sur la toile, on soumet sa copie aux regards d’un jury dont on ne peut connaître l’exacte composition. Exposer, c’est craindre le regard méprisant, condescendant, hypocrite, du néophyte, du critique, de l’expert ou prétendu comme tel. C’est espérer trouver de la compréhension et, par là même, de la considération.

    L’artiste peintre, qui souhaite bâtir une réputation, doit en passer par là. Après s’être confronté à lui-même, il lui faut relever le défi de la reconnaissance, sans se renier. Rares sont ceux qui, à ce jour, connaissent Fabienne Letondeur dont on peut découvrir les approches picturales à la salle d’exposition (jusqu’au dimanche 24 juin inclus). Pour une simple raison : son immersion récente dans le paysage.

    Ce n’est pas la première fois qu’elle expose à Kermouster. L’an passé, tout juste installée à Lézardrieux, en provenance de Rouen, elle avait nourri les cimaises de cette salle. Même si elle aime à souligner qu’elle peint depuis bien longtemps,  Fabienne Letondeur ne s’est lancée que très récemment dans le grand bain du marché de l’art. Peindre peut être une passion dévorante. Or,  si là n’est pas la véritable finalité, il faut espérer pouvoir faire vivre son art, donc en vivre. Le verdict du jury n’est donc pas sans conséquence. 

    Vous l’avez bien évidemment compris. je saisis l’opportunité des épreuves du baccalauréat pour aborder de cette manière l’exposition de Fabienne Letondeur, puisque l’un des sujets qui étaient proposés aux candidats, ce lundi 17 juin, portait sur le thème : « Peut-on être insensible à l’art ? ». D’où cette question : peut-on être insensible à l’œuvre de cette femme artiste peintre autodidacte ?

    Avant d’apporter ma propre réponse, réglons un préalable ! Doit-on connaître le vécu du peintre pour asseoir son appréciation ? Etait-ce nécessaire de savoir que Fabienne Letondeur a exercé le métier d’auxiliaire de vie avant d’écrire ses lignes ? Bien évidemment, non. Ce qui compte en priorité, c’est notre ressenti face à un tableau que nous découvrons. Rien à voir avec celui que nous éprouvons devant une œuvre dont on sait déjà tout par avance. Là, notre jugement est conditionné par diverses considérations, même si notre liberté d’appréciation reste entière.

    Pour ce qui me concerne, voici le regard que je porte  sur ce qui nous est donné d’apprécier :

    Je ne suis pas resté, loin s’en faut, insensible au travail de Fabienne Letondeur. Qu’elle en soit assurée ! Certes, de par la manière dont elle a conçu son exposition, on sent d’emblée que nous sommes en présence d’une artiste qui se cherche. La cohérence de la démarche n’est pas au rendez-vous.

    Je ne suis pas convaincu du bien fondé de la thématique qu’elle s’est choisi pour affronter le regard des autres. Si la peinture s’exprime par elle-même, elle ne peut, il est vrai, échapper au pouvoir des mots. Mais nous n’avons pas ici l’expression d’une « folie », fut-elle qualifiée « d’abstraite » comme cela nous est annoncé. Le bouillonnement des images et du désir de couleur nous est commun. L’artiste a en lui le pouvoir de leur donner corps. Fabienne Letondeur a cette capacité.

    « Si une œuvre  est bonne en tant qu’art, le sentiment exprimé par l’artiste, moral ou immoral, se transmet de lui-même aux autres  hommes.  S’il se transmet à eux, ils le sentent, et toutes les explications sont superflues. S’il ne se transmet pas à eux, aucune explication ne pourra rien pour y remédier. L’œuvre d’un artiste ne saurait être expliquée. Si l’artiste avait pu expliquer en paroles ce qu’il désirait nous transmettre, il se serait exprimé en paroles. S’il s’est exprimé par la voie de l’art, c’est précisément parce que les émotions  ne pouvaient pas nous être transmises par une autre voie. » Le moins que l’on puisse dire c’est que Léon Tolstoï ne portait pas les critiques d’art en haute estime. « D’habiles écrivains, instruits et intelligents, mais chez qui la capacité d’être émus par l’art est tout à fait pervertie ou atrophiée ». Un jugement sans appel pour cet écrivain qui ramène le sens de l’art au seul sentiment religieux.

    Bien que n’ayant pas vocation à me positionner comme critique d’art, je me garde de le suivre sur cette voie, mais je pense, tout comme lui, qu’une œuvre se suffit à elle-même. On vibre ou pas ! Au-delà du simple premier coup d’œil ! Soyons honnêtes avec nous-mêmes !

    Et quitte à jouer au jeu de la vérité jusqu’au bout, c’est le tableau ci-dessous qui m’interpelle le plus chez Fabienne Letondeur. Dans la veine du cubisme, suinte la sincérité de la démarche d’une femme sensible.

    Pour en savoir plus:

    artmajeur.com/fabienne-letondeur-1

     

     

     


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