• Et la cloche sonna trois quarts d’heure durant

    Et la cloche sonna trois quarts d’heure durant

    Il était midi pile quand, soudain, retentit le son de la cloche de la chapelle. Elle aura sonné trois quarts d’heure durant. Elle aurait pu sonner plus longtemps car, une heure après avoir salué les premiers marcheurs du Tro Breiz, tous les participants à ce pèlerinage breton n’avaient pas encore franchi le contrebas de la baie de Pommelin. Ils étaient donc encore au Paradis, mais avec un feu d'Enfer sous les semelles.

    Pour ces nombreux retardataires, partis, comme tous les autres, le matin même de Pleubian , il restait à grimper sur les hauteurs de Ker Arzol puis, dernière difficulté avant la pause casse-croûte sur le parking de l’île à Bois et ses alentours, franchir le creux de Poulopry. Avec en sus, un passage quasi incontournable par la case chapelle, avant de pouvoir mettre au repos les chevilles et satisfaire l’estomac.  

    Sûr que les deux paires de bras qui ont su donner à la corde la tension idéale, pour soutenir le bon rythme sonore,  se souviendront de ce mardi 31 juillet 2018. A bien y regarder leur mérite est aussi grand que celui de ces quelque 1700 pèlerins portant fièrement sur leurs visages le plaisir d’avoir sué eau et sang pour la cause. Là il ne s’est agi que d’huile de coude, dans un geste de simple courtoisie, mais c’est tout un art que de savoir faire sonner une cloche. Investies de ce rôle au dernier moment, les deux novices ont montré qu’avec elles la relève était prête. Ce n’est d’ailleurs que sur injonction de l’autorité cléricale qu’elles ont dû, non sans regret, lâcher la corde.

    Et la cloche sonna trois quarts d’heure durant

     

     Le Tro Breiz (Tour de Bretagne) est un pèlerinage catholique qui relie les sept grandes villes des saints qui, selon la légende, ont fondé la Bretagne historique. Son origine remonte au Moyen Âge. Il puiserait ses racines au cœur des traditions pré-chrétiennes et des cultes druidiques. Une vielle légende bretonne affirme que tout Breton qui accomplit le Tro Breiz de son vivant est certain de gagner son paradis. En revanche, s’il ne l’accomplit pas de son vivant, il devra le faire après sa mort en avançant chaque année de la longueur de son cercueil. Nous sommes avertis !

    Cette rando qui rassemble est une initiative prise, en 1994, par l’association « Les chemins du Tro Breiz ». Elle propose chaque année à qui le veut, croyant ou non croyant, d’accomplir une des sept étapes  qui relient des grands centres religieux. Cette année, le départ a été donné à Tréguier (Saint Tugdual) et l’arrivée se fera à Saint-Brieuc, soit 140 kilomètres à accomplir en sept jours. Tugdual et Brieuc sont deux Gallois, venus, au Ve siècle, évangéliser l’Armorique.

    Dès 14 heures la caravane humaine s’est remise en route. Il ne lui restait plus qu’à franchir les derniers kilomètres qui séparent le hameau du centre bourg de Lézardrieux où elle se poserait pour la nuit.

    De son  passage à Kermouster, on retiendra le souvenir d’un flot humain visiblement porté par le souffle de l’esprit. Une foule quasiment silencieuse.

    Une armée de bénévoles, appuyée en la circonstance par les membres de l’association Chemins & Patrimoine qui ont guidé les marcheurs sur tout le territoire de la commune, a permis à ce flot de s’écouler sereinement.

    Sur le parking de l’île à Bois, la logistique a offert aux pèlerins tout le réconfort nécessaire. Nous ne désignerons pas à la vindicte ceux qui, pris, à leur corps défendant,  d’une ardente nécessité, se sont soulagés sur les hortensias qui bordent le mur de la propriété séparant les grèves de ce bout du monde. Fort heureusement, ils ne furent pas trop nombeux. On leur pardonne. Qu’ils aillent, non pas au diable, mais en paix !

    De fait, nous n’avons qu’une seule observation à faire. Elle repose sur une interrogation. Qu’est-ce qui a fait que cette grande boucle de 22 kilomètres sur les terres de Saint Modez n’a pas permis à la quasi-totalité des pèlerins de découvrir, ne serait-ce que le temps d’une œillade,  le point de vue sur l’estuaire place du Crec’h ? C’est, sans chauvinisme de notre part, l’un des plus beaux points de vue de ce territoire.

    Et la cloche sonna trois quarts d’heure durant

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