• Du hameau au bourg, commune citoyenne

    « Il faut y réfléchir.» Comme de coutume, la mairie s’est mise à l’écoute du hameau ce samedi 2 février et ce jour là, c’est le maire en personne qui a assuré la première permanence de l’année, dans la salle municipale. Marcel Turuban ne s’en cache pas. L’engagement pris durant la campagne électorale avait un très fort soubassement affectif. Ses racines familiales plongent dans les terres de son ancien village. Même si, depuis lors, il n’a plus droit à cette appellation, Kermouster conserve, à ses yeux, cette dimension de village.

    On ne gomme pas facilement les images de son enfance. Marcel Turuban a connu ce temps où Kermouster vivait au rythme de l’école. Et puis il y a ce respect dû aux anciens, à celles et ceux qui n’ont plus tout à fait les jambes pour s’en venir jusqu’au bourg évoquer leurs difficultés ou faire part de leurs suggestions. Engagement pris, engagement tenu. Mais pour quel bilan ?

    C’est avec ce questionnement en tête que je m’en suis allé au rendez-vous du premier premier samedi du mois. Est-ce que cette manière d’établir le dialogue avec les citoyens vivant dans un écart  a porté ses fruits ? « Il faut y réfléchir. »  C’est un bilan en demi-teinte  que tire le maire.

     Trop souvent, la permanence a eu, selon lui, un goût de trop peu. Ce samedi, par exemple, Marcel Turuban aurait pu tranquillement lire son journal ou profiter d’être au calme pour consulter tel ou tel dossier si je n’étais pas passé par là. Durant les deux tours d’horloge qu’aura duré notre tête à tête, personne d’autre n’aura franchi le seuil de la permanence.

    Bien qu’il n’ait en rien dévoilé des intentions, tout laisse à penser que notre maire est prêt à rempiler pour un nouveau mandat de six ans. Dans un an, en effet, il nous faudra reprendre le chemin des urnes pour choisir nos représentants au niveau local. Que le temps passe vite ! Mais que ce soit lui ou un hypothétique successeur, il y a tout lieu de penser que la manière d’établir le contact avec le hameau, le seul écart ayant ce privilège, sera modifiée. Très probablement, il faudra assurer en fonction de la demande. Pour être sûr d’avoir en face de soi des interlocuteurs.

     

    Les vertus du dialogue

     

    De fait, cela nous amène à poser le problème de notre engagement citoyen. A l’heure du Grand Débat, né de la crise dite des Gilets Jaunes, il faut en effet que nous nous posions à nous-mêmes la question : sommes nous des citoyens exemplaires ?

    La conjoncture nous amène à cette nécessaire introspection. Mascarade, enfumage, pour les uns, belle opportunité à saisir pour les autres, nous voici, en quelque sorte, mis au pied du mur. Face à nos contradictions !

    Il est de bon ton de critiquer le politique, mais nous citoyens de base, n’avons-nous pas notre part de responsabilité ? Que pouvons nous proposer à nos élus pour qu’ils conduisent une politique qui ne génère plus tant d’incompréhensions ? Du Grand Débat voulu par le Président de la République ou des consultations qui semblent s’organiser par d’autres voies, il nous faut espérer sortir par le haut, satisfaits d’avoir, peu ou prou, apporté notre contribution à la rénovation de notre bien commun. Et, de mon point de vue, nombre de  problématiques qui sont à la source de la colère reposent sur notre capacité à agir là où nous sommes. Redonnons tout son sens à cette notion fondamentale : la commune est la cellule de base de la démocratie !

    A priori, il n’est pas dans l’intention du maire d’organiser une réunion citoyenne dans le cadre de ce grand débat, mais Marcel Turuban ne ferme pas la porte à cette suggestion. Si la demande en est clairement exprimée, il jouera son rôle de facilitateur. Pouvons-nous ? Voulons-nous saisir la perche ?

    Si oui, il faudrait, selon moi, que cette première assemblée consultative ne se limite pas uniquement à recueillir des doléances. Un cahier est mis à cette fin à notre disposition à l’accueil de la mairie. Il se remplit au goutte à goutte. On a jusqu’au 15 mars pour y poser notre contribution.

    Il faudrait que cette première réunion soit constitutive d’une nouvelle manière de vivre notre rapport à la cité. Il y aura un avant et un après Gilets Jaunes. Sur de nouvelles bases ? Marcel Turuban ne s’en cache pas. Il constate, comme de nombreux maires, que  le vent de l’individualisme souffle fortement sur les communes. Lézardrieux n’y échappe pas. Il faut bien entendu tenir compte des demandes individuelles, mais cela ne suffit pas à bien prendre le pouls de la population dans son ensemble.

    S’il est inscrit sur l’intitulé du document de l’Association des maires ruraux de France, « Les maires ont la clé », c’est bien nous autres, citoyens lambda, qui devons être moteur ! Sur notre territoire comme un peu partout en France, de multiples associations contribuent au mieux vivre ensemble, mais celles-ci agissent le plus souvent en dehors de toute considération politique. En nous mettant autour d’une table ronde citoyenne, nous pourrions retrouver le goût du collectif pour les affaires de la cité.  Et cela, sans déroger aux prérogatives institutionnelles de l’équipe municipale !

    L’expression orale dans un face à face  doit nous amener à peser et soupeser le mot, à apprendre ou réapprendre à s’écouter, à retrouver les vertus du dialogue.

     

    Réunion d’Initiatives Communales

     

    Certes, pour éviter, toute cacophonie, pour faire en sorte que la réunion débouche sur du positif, il conviendrait de se doter d’un ou des modérateurs, pour que chacun puisse se faire entendre. Nous nous devons un respect mutuel. Un tel débat ne peut pas, ne doit pas être monopolisé par ceux qui ont la langue bien pendue, fût-elle bien disante.

    Ceci revient à dire que cette assemblée se doit d’être l’affaire de tous, pas uniquement de vieux sages bénéficiant d’une retraite, fût-elle dégradée par la contribution CSG. Agriculteurs, ostréiculteurs, enseignants, commerçants, artisans, employés, ouvriers, fonctionnaires, tous forment la clef de voûte de la maison commune. Si, à Lézardrieux, l’équipe municipale a eu la bonne idée de donner vie à un conseil des jeunes, la parole de cette relève, celle à qui il nous faut penser en priorité, doit également pouvoir s’exprimer au sein d’une telle assemblée dont le souffle ne pourrait que favoriser la prise de décisions de nos élus. Appelons ça, une R.I.C, Réunion d’Initiatives Communales.

    Ce n’est qu’après avoir établi la méthode que nous pourrions aborder les différentes   thématiques ? La santé, la mobilité, l’école, la fracture numérique, l’environnement mais aussi ce qui fait le socle économique du secteur.

    Sur cette base, en espérant qu’un tel processus s’établisse par ailleurs, nous pourrions collectivement apporter notre contribution sur l’ensemble de la Presqu’île. Lannion Trégor Communauté organisant deux fois par an une réunion du pôle « presqu’île », nous pourrions, à ce moment là,  si on décidait d’ouvrir cette réunion au public, vérifier si les messages adressés en amont ont bien été répercutés et compris au niveau de cette nouvelle instance, celle qui a désormais la main sur notre territoire. Marcel Turuban semble, quant à lui, ouvert à cette suggestion.

     

     

    L’école, la maison de santé…et les migrants

     

    Je ne peux déjà que le remercier d’avoir pris le temps de m’écouter, bien que subodorant à l’avance qu’il ne pourrait, sur le champ, trouver la réponse adéquate aux vœux que j’ai exprimés lors de ce tête à tête. L’acquiescement ne vaut pas décision. Je dis bien vœux et non pas doléances, n’ayant pour ma part aucune récrimination à formuler.

    Etant du genre à jouer cartes sur table, voici  en quelques lignes l’essentiel des suggestions que j’apprécierais voir reprises par nos élus pour qu’ils en défendent l’intérêt à plus haut niveau.

    La première des priorités porte sur le maintien des écoles, quel que soit le nombre d’élèves. C’est dans la salle de classe que se prépare l’avenir de nos territoires. S’il est bon d’avoir dédoublé des classes dans ce qu’il est convenu d’appeler des zones difficiles, il faut, même si le nombre d’élèves est inférieur au quota retenu, saisir cette chance de pouvoir instruire nos petits villageois là où ils n’ont pas choisi de naître mais là où vivent leurs parents. Que vive la ruralité !

    En second lieu, j’ai rappelé l’urgence qu’il y a de remettre à flot la maison de santé. La voie des médecins salariés, comme cela se fait déjà dans le département, ne semble pas, ici, à écouter le maire, remporter l’adhésion. Du moins, pour l’instant. Mais il est clair qu’il va falloir que LTC se retrousse au plus vite les manches pour trouver la solution à ce problème. La Presqu’île, avec ses 8000 âmes, se doit d’avoir un service médical proportionné. Une assemblée citoyenne, élargie aux sept communes du secteur, pourrait se faire l’écho d’une telle nécessité.

    Dans un troisième temps, j’ai mis l’accent sur un point qui me tient particulièrement à cœur : l’accueil d’une famille de migrants ayant fui la guerre. Une par commune.

     Cette question je l’ai abordée dans une précédente chronique, il y a tout juste un an, très précisément le 4 février 2018 (cliquer sur la page 12). Je ne développe pas plus si ce n’est pour dire qu’il y a là, pour nous, citoyens de la patrie des Droits de l’Homme, moyen d’aider, à hauteur de nos possibilités, notre pays à faire face à cette exigence humanitaire.

    Je n’ignore pas qu’une telle suggestion va rencontrer un vent debout. Mais je me dis, que dans le cadre d’une assemblée où l’écoute est devenue la règle il y a moyen d’aborder ce problème posément, en balayant les fantasmes et nos peurs.

     

    Cambuse, fibre optique et site Internet

     

    Du hameau au bourg, commune citoyenne

    Que retenir par ailleurs de cette conversation à bâtons rompus, deux heures durant, avec le maire ? Tout d’abord une confirmation. La Cambuse va bien reprendre vie au  1er avril, comme cela vient d’être indiqué par voie de presse.

    La mairie va faire procéder à toute une série de travaux qui permettront aux nouveaux gérants de pouvoir utiliser l’arrière salle du café épicerie. Une porte d’accès va être percée dans le mur arrière. Des sanitaires, accessibles par l’extérieur, vont également être disponibles à cette date du 1er avril.

    La crêperie provisoire fonctionnera comme prévu, à même l’ancienne cour d’école. Une terrasse en bois, surélevée, permettra à ceux qui se restaureront, tout en bénéficiant de la douceur du nouveau printemps, de contempler la ronde des bateaux sur l’estuaire.

    Pour ce qui est de l’enfouissement des poteaux, sujet que nous avions abordé dans une toute première chronique (5 septembre 2012), l’espoir s’est envolé. Pour cause : l’installation de la fibre optique d’ici à un ou deux ans. Cela se fera par la voie aérienne, donc par d’autres fils suspendus.

    Du hameau au bourg, commune citoyenne

     

    Cet espoir de voir disparaître un jour toute zébrure dans l’azur n’est cependant pas tout à fait mort. Si le hameau doit passer à l’assainissement collectif, comme cela est à l’étude au niveau de Lannion Trégor Communauté, on pourrait alors faire d’une pierre deux coups en enfouissant l’ensemble du réseau électrique. N’y aurait-il pas là matière à organiser une réunion publique à même le hameau ?

    Mais en attendant, là où la fibre passera, il ne saurait être question de laisser les branches des arbres continuer à grimper au ciel. Message subliminal de Monsieur le maire alors même que les enfants de la Presqu’île viennent tout juste de sortir de l’imaginaire auquel les ont plongés, salle du Sillon, les artistes du spectacle Arbre à pixels. Quand la poétique s’accorde avec le numérique !

    Puisque du numérique il a été question, Marcel Turuban nous a fait part du projet de toilettage du site Internet. Rien ne vaut le contact, les yeux dans les yeux, mais le maire sait aussi qu’il faut asseoir la nécessaire communication en s’appuyant sur les évolutions du numérique et ce qui constitue une manière de vivre des nouvelles générations. Il convient, par cet autre biais, de les sensibiliser à la vie communale. A cette fin, il est prévu de rendre plus attractif ce site, pour en faire un outil de l’interactivité. Bref ! De le rendre plus efficace.

     

    70km/h et appel aux gendarmes

     

    Pour conclure cette chronique « citoyenne », deux autres points sensibles. En premier, la limitation de vitesse sur la départementale menant du centre bourg de Lézardrieux à L’Armor-Pleubian.

    Alors que l’on soupèse l’intérêt des 80 km/h, je suis de ceux (mais combien sommes-nous ?) qui pensent qu’il serait bien de limiter la vitesse à 70 km/h sur ce tronçon. Sur un peu moins de dix kilomètres, cette route départementale regorge de pièges. La moindre inattention peut avoir des conséquences douloureuses. Suggestion, là aussi, à débattre entre bons citoyens.

    Car, hélas, tout citoyen n’est pas bon! Ce n’est effectivement pas faire preuve d'un esprit civique que de s’en venir canarder la bernache cravant, une espèce protégée. Cela s’est passé il y a quelques jours, sur la grève de l’île à bois. Un bruit sec ! Un oiseau mort et un individu, selon des témoins, étranger au hameau, qui s’enfuit en voiture sans demander son reste. Ayant colporté ce fait, une légère réprimande du maire : «Il fallait signaler ce fait à la mairie. Nous avons un référent à la gendarmerie. »

    Force doit rester à la loi ! Tout citoyen qui se respecte ne doit jamais l’oublier.


  • Commentaires

    1
    Rg
    Vendredi 15 Février 2019 à 21:43
    Quand est il de l assainissement collectif ou semi collectif a kermouster ? Promesse de campagne...
      • Samedi 16 Février 2019 à 07:55

        Je ne suis pas en mesure de vous préciser quoi que ce soit. Le dossier est maintenant géré par Lannion Trégor Communauté. Ce qui est sûr, c'est que ce chantier, si chantier il y a, ne sera pas engagé avant la fin du mandat.

        Bien à vous

         

         

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :