• Critique d’art le temps d’un été  

     

    Et si vous deveniez, vous-même, le temps d’un été, critique d’art ? Cela consiste, par exemple, à venir au contact d’un artiste peintre et de son œuvre. La salle Ti Skol vous tend les bras et L’humeur du jour n’attend que votre contribution.

    D’accord, ce n’est pas ce qu’il y a de plus évident. Dans critique, il y a une notion qui peut rebuter. Nul n’a envie de froisser quiconque, à commencer par cet (te) artiste que l’on se doit de questionner pour qu’il (ou elle) nous explique sa démarche. J’entends d’avance l’argument : « Et puis, je n’y connais rien en peinture ». Argument recevable, mais qui ne peut s’avérer être un obstacle insurmontable. Pour une seule et unique raison : face à un tableau votre ressenti se doit d’être sans fard. Qu’importe le regard des experts autoproclamés. Ça plaît ou ça ne plaît pas. Les goûts et les couleurs…vaste débat. Mais c’est ce ressenti qu’il faut s’empresser de fixer par des mots, des qualificatifs les mieux à même de le traduire. En trempant bien évidemment votre plume dans l’encrier de l’entière sincérité.  Quoi que vous puissiez penser : votre avis « nous » intéresse.

    Au travers de ce blog, depuis sa mise en ligne courant 2012, je me suis essayé progressivement à cet exercice. Guère plus connaisseur que quiconque si ce n’est un penchant grandissant à saisir toute opportunité pour baguenauder dans les salles des musées ou des galeries d'art.  En n’oubliant jamais que derrière le pinceau, il y a la main d’un homme ou d’une femme, c'est-à-dire quelqu’un qui ose s’exposer au regard critique des autres.

    Ils ou elles savent d’avance qu’il va leur falloir croiser des regards dubitatifs, peu convaincus. C’est la règle du jeu : exposer, c’est s’exposer.

     

    Critique d’art le temps d’un été   

     

    Ce jour, je vous invite, si vous ne l’avez pas encore fait, à aller au devant de Michel Frémin. Ne serait-ce que pour vous essayer et, qui sait, vous amener à saisir cette plateforme, pour nous faire partager plus amplement vos impressions.

    Sur d’autres registres, celui du commentaire de l’air du temps ou celui de la poésie, je ne puis que remercier Monsieur Chambouletout, alias Covid 19, d’avoir poussé quelques Kermoustériens à graver leur signature sur ce blog. Ecrire, c’est aussi s’exposer. Aujourd’hui c’est Claudine Vanlerenberghe, qui désormais signera Claudine Vanlé, qui nous revient avec une poésie de fort belle facture que je m’empresse, ci-après,  de soumettre à votre appréciation.

    Mais revenons salle Ti Skol ! Masque sur le nez et la bouche. Mais les yeux grand ouverts.

    Michel Frémin a, pour lui, de savoir vous mettre à l’aise s’il perçoit chez vous une envie d’en savoir un peu plus sur la raison même de son travail. C’est en tout cas l’idée que je m’en suis fait au sortir d’une visite de son exposition.

    Cet ancien architecte, qui aura fait carrière au sein du Ministère de la Culture, service des Monuments historiques ne vous met pas sa carte de visite sous le nez pour vous impressionner, avec l’air de dire « Voyez à qui vous avez à faire ! » Il force peut-être le trait de son personnage, mais sa désinvolture tranche vraiment avec la suffisance de certains congénères trop imbus de leur savoir faire.

    Ce n’est pas la première fois que ce Parisien, ayant choisi de vivre sa retraite à Ploubazlannec, expose à Kermouster. Mais c’est la première fois qu’il m’est donné d’en parler. L’homme en lui-même sait se rendre sympathique. L’artiste peintre  ne souhaite qu’une chose : que l’on comprenne bien que chaque tableau est une part de lui-même et que ce tableau, qu’il vous plaise ou non, a été pour lui source de plaisir.

    Ayant grandi au sein d’une famille de musiciens, c’est d’abord par l’aquarelle, et ce dès le plus jeune âge, que Michel Frémin a pris un autre chemin pour s’exprimer. Et puis est venu le temps de l’acrylique. Ne lui parlez plus de la peinture à l’huile ! « Ça sèche trop lentement. Avec l’huile, le pinceau a tendance à trop glisser. » D’ailleurs, il ne peint plus que très rarement avec un pinceau. Son arme favorite, la petite carte plastique type carte bancaire.

    Pas la peine de chercher à le mettre en correspondance avec un courant artistique. Son fil rouge : la transformation du figuratif vers l’abstrait. Au gré de l’inspiration du moment.

     

    Critique d’art le temps d’un été   

    Une exposition  sur le principe de la Petersburger Hängung

     

    Je mentirais en disant que j’ai quitté la salle sans avoir ici et là entrevu quelques tableaux ayant suscité de l’intérêt. Mais, ayant d’ailleurs pu ouvertement échanger sur ce thème, Michel Frémin a, selon moi, le tort « d’en mettre trop ». Son exposition aurait gagné en qualité en diminuant la quantité. 

    Quand je franchis le seuil de cette petite salle d’exposition, je ne demande qu’à être d’emblée séduit, par la qualité de la mise en scène. Ma préférence va à une exposition regroupant un nombre limité de tableaux, harmonieusement dispatchés sur les deux seuls murs se prêtant à cela.

    Evidemment, si vous contestez ce point de vue, je suis preneur de vos remarques. Je ne suis pas sans savoir qu’il peut souffrir la contestation fort d’une règle en la matière qui a ses partisans. Cette règle c’est la Petersburger Hangüng, c’est-à-dire à la suspension côte à côte de tableaux n’ayant ni par la forme, ni par le fond, le moindre rapport.

    Je dois à des amis allemands d’avoir appris cela. Cette façon de présenter les collections est appelée ainsi car elle a émergé dans les salles de l’Ermitage, le musée de Saint Pétersbourg. Les tableaux de différents formats sont regroupés de telle façon que l’œil ne se trouve en rien choqué par un tel resserrement. Ce dont je doute.

    L’essentiel ne repose-t-il pas sur la possibilité dans un tel enchevêtrement de repérer le tableau qui va vous subjuguer ? Bien évidemment. Mais je maintiens mon point de vue, une œuvre gagne à être observée dans un environnement qui ne trouble pas le regard. Et puis, je persiste et signe, dans la salle d’exposition de Kermouster une présentation harmonieuse et préférable à l’effet masse. Même si je n’oublie pas que pour l’exposant le plaisir est à son comble quand le visiteur se fait acheteur.

    Est-ce que la salle Ti Skol se prête à la Petersburger Hangüng?  Ma réponse est non. L’écrin est trop petit.

    Mais là n’est pas son seul problème. Il y a peu, Michel Champion, qui exposait une douzaine de tableaux, a pu dialoguer avec Yannik André, l’adjoint en charge des travaux, pour lui dire combien il serait important de revoir le système d’éclairage, pour que les œuvres exposées puissent tirer vraiment profit du jeu des lumières. Et tant qu’à faire, un rafraîchissement  des murs, par une peinture mieux appropriée, serait le bienvenu.

    Ce ne sont certes pas des chantiers prioritaires par les temps qui courent, mais il est à souhaiter que, dès l’été prochain, les créateurs qui donneront à la place du Crec’h son petit côté centre culturel puissent exposer dans une salle totalement propice à l’exercice. A charge pour eux ensuite de garnir les murs de la meilleure façon qui soit pour séduire d’emblée le visiteur, vous séduire vous qui êtes critique d’art en puissance. N’en doutez plus !

     

                                                                                                              Claude Tarin

                                                                                                 Vendredi 31 juillet 2020

     

     

    Juste  là….. 

     

    Juste là

    Sur un banc

    Dans l’ombre tiède

    Et protectrice

    Du grand pin.

     

    Les yeux clos

    Sans envie

    Sans douleur

    Sans rancœur

    Juste là

     

    N’être plus que soi

    Sans émoi

    Sans regret

    Moment capitonné

    De douceur intérieure

    Juste bien

     

    Se laisser aller

    À  n’être que bien être

    À juste exister

    Âme flottante

    Dans l’air transparent

    Sur ce banc

     

    Vide serein

    Sans vertige

    Parenthèse fragile

    Juste là

    Juste bien

    Sur un banc. 



     

    Claudine Vanlé

     Vendredi 31 juillet 2020 


     


  • Commentaires

    1
    Elisabeth
    Dimanche 2 Août 2020 à 07:16

    Merci Claudine pour ce joli poème.

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