• Chapelle: une harpe pour clore le cycle des concerts

    Chapelle: une harpe pour clore le cycle des concerts

    Le cycle des concerts de l’été dans la chapelle s’est achevé ce samedi 20 août. A l’affiche de cette soirée : la jeune harpiste Héloïse Darblay dont nous avions déjà pu apprécier le talent, l’été dernier à Kermouster, à l’occasion du vernissage de l’exposition de peintures de Jean-Marie Jacquot, son grand-père. Une ultime soirée musicale (nous y revenons ci-après) marquée par un léger redressement de la courbe des spectateurs.

    En juillet, nous n’avions pas manqué de constater que le public n’était pas au rendez-vous. Hormis la cas particulier des Sonerien an Trev, qui ont joué « à guichet fermé », le 11 août dernier (Cf notre article), tous les artistes qui se sont produits ces trois dernières semaines l’ont fait devant une assistance maigrelette. Et pourtant – c’est ce que nous soulignons dans les lignes qui suivent -  la qualité des prestations n’a jamais fait défaut.

    La cause principale de cet apparent désintérêt repose certainement sur les trop nombreuses sollicitations auxquelles nous sommes conviés, de la mi-juillet à la mi-août. La chapelle de Kermouster a du mal à se positionner dans la programmation des festivités de l’été, dans et à proximité de la Presqu’île. L’argument qui consisterait à dire qu’elle a souffert cette année de la durée du chantier de renouvellement du vitrail ne serait en rien recevable. Pour preuve, une fois encore, le succès d’audience des Sonerien an Trev.

    L’explication repose peut-être aussi sur un manque de communication, même si les affiches semblent avoir sauvé ce qui pouvait l’être. Quoi qu’il en soit, les responsables de la culture et du tourisme devraient se pencher sur le problème, car cela ne concerne pas uniquement la chapelle de Kermouster, ni le seul intérêt des artistes. Malgré son talent, Nathalie Dardenne, qui chante du Brassens en celtique, n’a pas eu, elle non plus, l’audience espérée en l’église Saint Jean-Baptiste de Lézardrieux, le 16 juillet dernier. Cela passe assurément par un dialogue soutenu pour une mise en adéquation avec les artistes qui sont demandeurs et une mise à plat des possibles télescopages de dates.

    Pour ce qui nous concerne, nous voulons dépasser ce constat pour souligner le plaisir qui fut le nôtre, et que nous savons partagé, de pouvoir voir et entendre des talents qui ont su, pour leur part, gommer leur déception en livrant le meilleur d’eux mêmes. Gageons que l’an prochain, cette chapelle sera à nouveau un lieu d’enchantement ! Eclairée par la lumière tamisée de son nouveau vitrail…dont la mise en place va se faire cette semaine. Julien Lannou, le maître verrier va en effet boucler ce chantier avant le jour J.   

     

    Le livre « bleu » de chevet de Marthe Vassallo

     Chapelle: une harpe pour clore le cycle des concerts

     Son concert ne figurait pas dans la programmation. Marthe Vassallo a surgi dans le paysage, le vendredi 5 août, au lendemain du concert d’H.Robert, auquel nous n’avons pas pu assister et dont on nous a dit grand bien. Doté d’un physique qui laisse à penser qu’il cherche à coller au plus près à l’image de Georges Brassens, H.Robert a fait forte impression, aux dires des personnes qui sont venues l’écouter, notamment par la qualité de ses textes. Sur un registre totalement différent, Marthe Vassallo a réussi, quant à elle, à créer d’emblée l’enchantement, en nous entraînant dans son monde, celui qu’elle fait renaître autour d’un livre transcriptions, Musiques bretonnes, réalisé en 1913 par Maurice Duhamel.

    Ce livre est un recueil de 430 mélodies populaires bretonnes. Dans le double sillage de François Marie Luzel (1826-1895) et d’Anatole Le Braz (1859-1926), co-auteurs de Soniou Breiz-Izel, un recueil du même genre publié en 1890,  Maurice Duhamel (1884-1940), alors jeune compositeur, a retravaillé tout ce pan de la culture bretonne, dont il fut, par la suite, sur le plan politique, un ardent défenseur.

    Après s’être s’immergée, à son tour, dans cet univers des gwerziou, Marthe Vassallo ne s’est pas contentée de construire un récital ; Elle a créé un spectacle, Les chants du Livre bleu, qu’elle mène avec talent, par la parole et le chant, en solo a capella, s’aidant ici d’un guide chant, là d’un piano jouet, tout en déambulant parmi le public pour s’en venir allumer des bougies. La scénographie est on ne peut plus habilement construite. L’artiste arrive à nous faire entrer dans son imaginaire.

    Grande voix de la musique bretonne, Marthe Vassallo exerce son talent sur bien d’autres registres. On se contentera de signaler sa collaboration, depuis près de vingt ans, avec Lydia Domancich, pianiste, résidant à Lanmodez. Là il s’est agi de mettre en musique des chansons françaises et anglophones composées par Marthe Vassalo..

     

    Pour en savoir plus

     

    http://www.marthevassallo.com

     

     Légendes croisées et chantées avec Ketiketan

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    Avec le trio Ketiketan (le lundi 15 août), la chapelle s’est à nouveau fait chambre d’écho de la chanson bretonne. Mais pas seulement, puisque le spectacle concocté par Brigitte Kloareg, sa fille Katell et Kristina Kuusisto réunit deux univers, celui du runolaulu de Finlande, plus précisément de Carélie, et celui du gwerz de Bretagne. Là encore, ce sont deux ouvrages anciens qui sont à la base du répertoire de ce trio, le Kalevala (1835), recueil de poésies chantées de la Carélie initié par Elias Lönnrot (1802-1884), médecin et écrivain finlandais, et le Barzaz Breiz (1839) du vicomte Théodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895).

    Lors de précédentes prestations en ce même lieu, en solo, la Finlandaise Kristina Kuusisto, talentueuse bandonéoniste, nous avait déjà donné à écouter les sonorités du Kalevala. En s’associant avec Brigitte et Karell Kloareg, elle jette en quelque sorte une passerelle entre la Carélie et la Bretagne, deux grandes terres de légendes.

    On saura gré à ces artistes d’avoir su donner le meilleur d’elles-mêmes devant un public peu nombreux. Tout comme pour Marthe Vassalo, l’enchantement a opéré. Et que dire de la note finale de cette prestation du Ketiketan ! Si ce n’est que le duo Brigitte et Katelle Kloareg mériterait le « prime time » sur nos chaînes de télévision. Ces deux femmes nous offrent un dialogue chanté – Ar Rannou (les séries) – au travers duquel elles font preuve d’une virtuosité vocale « à couper le souffle ». Même si on n’y retrouve pas toute la saveur du « live », on peut se procurer le CD que le trio  a tiré de ce spectacle.

    Restait pour nous à savoir ce que veut dire Ketiketan. Aux dires de Brigitte Kloareg, ce mot est tiré d’une expression du pays vannetais qui signifie « A qui mieux mieux ».

     

     

    Dernières vibrations avec Héloïse Darblay

    Chapelle: une harpe pour clore le cycle des concerts

     A notre connaissance, grâce à Héloïse Darblay, c’est la première fois que la chapelle ouvre son chœur à une harpe de concert.  Beaucoup plus grande, si ce n’est majestueuse, que la harpe celtique, la harpe diatonique est plus sophistiquée, plus à même de s’intégrer dans un orchestre symphonique. Ce samedi 20 août, la jeune musicienne, en solo, a fait vibrer les 47 cordes de son instrument sur toute la gamme de ses possibilités. Du baroque à la musique contemporaine.

    Comme nous l’avons signalé en préambule, ce n’est pas la première fois que cette jeune femme se produit à Kermouster. De la salle d’exposition à la chapelle il n’y avait qu’un pas à franchir. C’est chose faite et bien faite, même si, à l’entame du concert, l’on a pu percevoir une certaine tension.  C’est, pour tout interprète, gageure que de restituer tel qu’il est mémorisé par le plus grand nombre, le Prélude en do BWV 846 de Johann Sebastian Bach. Surtout quand il s’agit d’une transcription via les cordes d’un instrument autre que le piano..

    Le geste s’étant très rapidement libéré, Héloïse Darblay a su nous prouver que la harpe donne toute leur luminosité à des œuvres écrites au préalable pour piano. Avec notamment La jeune fille aux cheveux de lin, extrait des Préludes de Claude Debussy ou Nocturne de Mickaël Glinka. Pour autant, elle s’est faite l’ardente interprète de compositions dédiées à son instrument de prédilection avec Bleu Nuit de Jean-Louis Petit, élève d’Olivier Messiaen, ou Chanson dans la nuit de Carlo Salzedo (1885-1961). Elle créera l’étonnement, en y associant la voix, avec Haarpi de François Rossé, lui aussi ancien élève d’Olivier Messiaen, qui aime à se définir comme un « trouveur » et non un « créateur ». Ici la harpe se fait violence.

    Tout comme l’an passé, Héloïse Darblay exécutera  Les adieux du ménestrel à son pays nataldu Gallois John Thomas (1826-1913) que tout harpiste digne de ce nom doit, dit-on, inscrire à son répertoire. Chaudement applaudie, elle conclura sa prestation par un flamboyant Baroque Flamenco composé par la prestigieuse américaine Deborah Henson Conant. Dernières et sublimes vibrations profanes !

     

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