Deux heures après le couvre-feu, samedi 27 février, la Lune se mirait dans l'estuaire (Photo Filipe Mota)

Ce lundi 1^er mars aura été jour de grande marée. Depuis la veille et l’avant-veille, les amateurs de la pêche à pied ont déjà eu la possibilité  de savourer le  plaisir qu’il y a à retourner les cailloux sous lesquels nichent crabes, ormeaux. Racler le sable, c’est cultiver l’espoir de remplir son panier avec ces pépites que sont les palourdes, les praires et les coquilles Saint-Jacques. Le soleil ayant daigné être de la partie, on peut à proprement parler d’un alignement des planètes ; d’autant plus, comme nous le révèlent les photos qui sont mises en ligne ce jour, que la lune n’est pas en reste pour danser sur la piste aux étoiles, au rythme du flot et du jusant.

Mais c’est ce lundi que s’est ouverte officiellement la campagne électorale à l’issue de laquelle nous connaîtrons l’équipe municipale qui sera en charge des affaires, pour le reste d’une mandature bousculée d’emblée par ce mauvais coronavirus. Depuis un an, le Covid 19 n’a eu de cesse à faire des siennes. Il est à craindre qu’il jouera encore les empêcheurs de tourner en rond, de longues semaines durant, après les élections. Mais le propre d’une municipalité digne de ce nom, c’est de montrer sa capacité à décider et agir quel que soit le contexte. Disons que pour celui qui sera à la barre et pour son équipage,  la tâche n’en sera que plus compliquée.

Les contraintes sanitaires étant encore à l’ordre du jour, c’est donc une campagne électorale sous quatorzaine qui s’est ouverte ce jour. Ces contraintes vont incontestablement modifier les pratiques de la pêche aux voix. Il va falloir amurer pour convaincre les électeurs et pour espérer renforcer sa légitimité, en poussant, si possible, le citoyen tendance crabe dormeur a sortir de son trou malgré le risque potentiel que fait peser le coronavirus.

Les  professions de foi et programmes sur papier vont arriver dans nos boîtes aux lettres, mais pour ce qui est des réunions publiques, il va falloir que les candidats à nos suffrages jouent serré. Ces réunions publiques, même à l’extérieur, ne pourront se tenir que devant un nombre limité de citoyens, déterminé  en fonction d’un critère de jauge. Qui désignera celles et ceux pouvant approcher l’orateur ? Comment s’opèrera la sélection ? Il est d’ores et déjà acquis que les uns et les autres vont se servir de ce nouvel outil que constitue Internet pour contourner les obstacles dans la nécessaire communication.

Dans un temps plus ou moins proche, tout laisse à penser que le numérique sera devenu incontournable pour le citoyen électeur, mais nous n’en sommes pas encore là, du moins dans ce beau pays de France. Sans parler d’une méfiance non encore résorbée, loin s’en faut, il faut pouvoir toucher celles et ceux qui ne sont pas accrochés à la Toile par simple effet générationnel. Et comme le porte à porte est proscrit….

Campagne atypique donc ! Cette fois, de bout en bout. Avec à la clef, un jour de scrutin quasiment sous cloche. Non seulement il nous faudra avoir réussi à nous forger notre opinion en croisant tant bien que mal les engagements des deux parties, mais il nous faudra savoir patienter, visage masqué, pour accéder à l’isoloir. En n’oubliant pas de se laver les mains plutôt deux fois qu’une avant de déposer son bulletin dans l’urne.

Quant aux scrutateurs, il leur faudra, sans la présence des électeurs, procéder à un dépouillement en vase clos, à l’heure où le couvre-feu s’imposera. Sera alors venu pour eux le temps de mesurer le coefficient de marée, c'est-à-dire d’évaluer le taux de participation après avoir empilé les bulletins, sous le contrôle des représentants du préfet et des représentants des deux listes en compétition. Une fois validé le résultat, on peut penser que les téléphones portables crépiteront aussitôt à plein, soit pour clamer sa joie, soit pour dire sa déception de n’avoir pas été compris. Les dés auront roulé. Demain sera alors un autre jour !

Plateforme démocratique

Si les Kermoustériens se considèrent comme des Lézardriviens à part entière, c'est-à-dire des électeurs soucieux d’accorder leur confiance à l’équipe que chacun d’entre eux considère comme la mieux à même de défendre l’intérêt général de la commune, ils n’en restent pas moins habités par certaines préoccupations qui touchent aux spécificités du hameau. Ces préoccupations peuvent également peser dans leur bulletin de vote.

Tout en ayant récemment rappelé aux voisins et amis que L’humeur du jour s’en tiendra à une stricte neutralité durant cette quatorzaine, j’ai répondu positivement à la sollicitation de Philippe Le Grand me demandant de l’aider à donner sens à sa démarche. L’initiative qu’il a prise m’a paru, d’emblée, avoir du sens : recueillir le questionnement des résidents du hameau pour que les candidats à la mairie puissent y répondre avant le jour des élections. L’accueil réservé à cette initiative – plus d’une cinquantaine de réponses - laisse à penser que les Kermoustériens ont, par eux-mêmes, légitimé la démarche. Ils attendent des deux têtes de liste qu’ils en tiennent compte.

Notre contribution « collective »  va prendre la forme suivante :

Mardi 2 mars en fin d’après-midi : mise en ligne d’un questionnaire qui aura été adressé préalablement à Henri Paranthoën et Marcel Turuban. Avec une clause les invitant à faire connaître leurs réponses pour le dimanche 7 mars au soir. Pour une mise en ligne dès le lundi 8 mars, soit six jours avant le scrutin. Cela nous permettra de faire des copies papier pour les Kermoustériens ne surfant pas sur Internet et ne pourra que favoriser le temps de réflexion permettant de confronter ses a priori favorables ou non à l’aune des réponses qui auront été faites.

Ainsi, ce blog, dont ce caractère ne pouvait déjà pas être mis en doute, se transformera en plateforme démocratique. Je renouvelle cet engagement : pas le moindre commentaire de ma part. Comme j’ai déjà au l’occasion de le dire cela ne serait que contreproductif et n’aiderait guère « mon » candidat à s’asseoir dans le fauteuil du maire. Mais, je suis convaincu que, compte tenu des circonstances dans lesquelles va se dérouler cette campagne, cette mise en commun des attentes ne peut que concourir à renforcer le caractère  démocratique de ces élections.

Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Soit ! Mais les paroles s’envolent, les écrits restent. Gageons que de ce questionnement sortiront des engagements et des solutions qui redonneront à ce quartier excentré une sérénité en totale adéquation avec ses contraintes environnementales. Sans connaître bien évidemment la couleur du bulletin de vote des voisins et amis, il apparaît déjà, au travers des questions qui continuent à affluer,  que c’est ce à quoi aspire la très grande majorité des résidents. Sans exclusive pour eux-mêmes !

                                                                                                                    Claude TARIN

                                                                                                           Lundi 1^er mars 2021

Haïkerm entre Soleil et Lune

 Cela fera bientôt un an, Filipe et Anne-Sophie Mota, qui ont la chance d’avoir vue sur l’estuaire, nous aidaient à accuser le coup d’un strict confinement en nous livrant des instantanés à charge poétique, nous évitant ainsi de penser que le ciel nous était tombé sur la tête. Je les remercie d’avoir eu le réflexe de fixer, ce samedi, ces instants magiques que constituent toujours un lever de Soleil…ou de Lune.

Il n’en fallait pas plus pour relancer la « mécanique » du haïkerm, cette technique poétique qui nous vient du Japon méritait d’être plagiée. Un peu de douceur par ces temps de crispation ne peut que nous faire du bien.

A vos plumes !

De jour et de nuit

La Lune court après le Soleil-

Ça brille dans le ciel !