• Avec Diogo, sous le charme de la musique séfarade

    Avec Diogo, sous le charme de la musique séfarade

     

    « Un maillon dans la transmission de ces musiques anciennes et populaires vers les générations futures ». C’est ainsi que se présentent les musiciens qui forment le groupe Diogo. Jeudi 22 août, en la chapelle, la chanteuse Martine Meunier, la vielliste Ingrid Blasco, le percussionniste Mathias Mantello et le guitariste violoncelliste Gwen Tual nous ont gratifié d’un concert de très belle facture,  bâti autour de mélodies du Moyen Âge espagnol. Nous, car je suis en mesure d’affirmer que, parmi la soixantaine de spectateurs, pas une seule personne n’a pu échapper au charme d’une musique qui puise, pour l’essentiel, ses racines dans la culture séfarade

    Durant de longs siècles, avant que ne se lève le vent de l’Inquisition, le royaume ibérique aura été un formidable creuset œcuménique entre les musulmans, les chrétiens et les juifs. La marginalisation, l’épuration n’ont pas réussi à couper ces racines et il est heureux que nous ayons pu en savourer l’excellence à l’occasion de ce concert, dans le cadre d’une chapelle qui, comme cela va à nouveau se confirmer à l’occasion de la traditionnelle messe du Pardon, se fait, à son humble niveau, chantre de la réconciliation entre les hommes de bonne volonté.

    Diogo nous a proposé un prodigieux dépaysement à travers des thèmes musicaux chantant les souffrances de la vie, l’amour, la tristesse, l’éloignement. Ces trois musiciens, dont il nous a, déjà, été donné d’apprécier l’excellence au sein d’autres formations défendant elles aussi les répertoires anciens, sont à féliciter.

    Depuis 2003, Ingrid Blasco a jeté son dévolu sur la vielle à roue. Elle lui donne sa noblesse. Mathias Mantello révèle une maîtrise hors pair du tambour, du daf et du darbuka. Celle de Gwen Tual n’est pas en reste. Luthier de profession (à Trégrom), la guitare, le violoncelle et son « dessus de viole  à cinq cordes » lui ont livré tous leurs secrets. Il nous les fait partager. Martine Meunier, quant à elle, impressionne par l’amplitude de sa voix et cette gestuelle qui donnent corps à cette musique désormais intemporelle. Qui a déjà eu la chance de pouvoir visiter l’Andalousie retrouve, au travers d’un tel concert, ses émotions passées.

    Dans le petit dépliant (flyer) présentant ce concert, les membres de Diogo précisent les motivations qui sous-tendent cette performance musicale. Ils formulent le rêve « d’une Méditerranée qui soit autre qu’une barrière entre deux mondes, autre qu’un cimetière géant dans lequel tous les ans, sont engloutis des milliers d’êtres humains dans une indifférence assez générale ; mais au contraire un grand champ de possibles, une étendue d’espoir, un dialogue des cultures comme cela a été le cas jusqu’au XVème siècle ».

    Ayant déjà eu l’occasion d’aborder le thème de l’accueil des étrangers (Migrants : du Monde à la Commune, chronique du 4 février 2018), je ne peux bien entendu que partager ce rêve, tout en rappelant au passage, qu’une communauté de vie telle que Lézardrieux peut, à son niveau, apporter son concours à une noble cause.

    Tout comme ces artistes, je garde l’espoir que la raison l’emporte et que cette crise migratoire soit jugulée par l’esprit de solidarité entre les nations, à commencer par celles qui composent l’Union européenne. Mais, pour en rester sur un plan strictement culturel, comment pourrions nous encore douter, après un tel concert, que, loin de nous enfermer dans un carcan, la création artistique, dans toutes ses formes, révèle les bienfaits du brassage et du métissage.

     

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