• Art du bois et photo animalière salle Ti Skol

     

    Art du bois et photo animalière salle Ti Skol

     

    Souvenons nous ! Il y a peu nous apprenions, sans réelle surprise, que les gens des villes appréciaient de pouvoir entendre le gazouillis des oiseaux qui nichent au-dessus de leurs toits. Face à la menace du virus de l’Empire du Milieu, la gente humaine se faisait plus discrète dans les rues et sur les trottoirs. Puissent tous ces concentrationnaires transformés en touristes apprécier, au pays frontalier du goéland et du corbeau, le kiaou du premier et le croassement du second, tout en savourant, au gré d’une balade à la rencontre d’eux-mêmes, le tchripp des hirondelles de rivage, le tictictictictic des merles noirs, le tsip de la grive musicienne, si ce n’est, la nuit tombée, le Hou-ou de la chouette hulotte. 

    Pour nous gens de la campagne tout ceci est dans l’ordre des choses, même si nous avons pu constater que pendant le confinement les volatils, mais ils ne furent pas les seuls, avaient reconquis un peu de leur territoire, dans les champs et les jardins. Qui niera l’importance qu’il y a à voir voler et à entendre le peuple du ciel ? Haro sur ces hérétiques qui oublient, par simple condescendance citadine, que c’est un coq qui est, aux côtés de Marianne, le symbole de notre République !

     

    Art du bois et photo animalière salle Ti Skol

    Michel Méar (à gauche) et Jean-Yves Toullelan unis par la passion de la photo animalière

     

    Les oiseaux. Il vous suffit de franchir le seuil de la salle d’exposition pour les approcher de visu. Ils sont l’objet central d’une exposition de deux photographes animaliers, Michel Méar et Jean-Yves Toullelan que cette passion, cultivée en amateurs, a fait se rencontrer. En une vingtaine de clichés incrustés sur plaque Dibond, sandwich de polyéthylène et aluminium, les deux compères nous invitent à pénétrer plus à fond la vie animale.

    Au tout début de la période du confinement, j’ai eu l’occasion de présenter Michel Méar. Nous venions, avec d’autres Kermoustériens et assimilés, de vivre une belle aventure commune dans le sud-marocain: quatre jours de marche dans les grands sables du désert. J’ai conscience que pour nombre de Presqu'îliens, Michel est tout sauf un inconnu. De par sa maîtrise de la mise au point, il est en quelque sorte le photographe officiel de l’association Chemins et patrimoine. Pour un peu, il pourrait même revendiquer son identité kermoustérienne, au sens défini dans la chronique précédente par Claudie Missenard (Qu’est-ce qu’un Kermoustérien ?). Christine, son épouse, y a des racines et tous les deux demeurent à Kerlodach, à une centaine de mètres de l’autre côté de la « route nationale » (dixit Michel) qui sépare Pleumeur-Gautier de Kermouster. Mais c’est la première fois qu’il franchit la ligne de démarcation pour nous faire partager son goût et son art de la prise de vue.

     

    Art du bois et photo animalière salle Ti Skol

     

     Pour l’essentiel, ce sont ses photos qui constituent le fil rouge de cette exposition. Côté oiseaux, Michel a volontairement délaissé la corde exotique. Pour ce qui est, par exemple, des cochevis huppés, des traquets à tête blanche ou des moineaux blancs du désert, il nous faudra attendre une prochaine occasion. Pour cet insatiable arpenteur des contrées lointaines, le ravissement peut également se savourer à même les champs environnants, son lieu de vie. Ils nous aident à approcher ces animaux ailés, en quelque sorte, de compagnie, mais qui s’en tiennent toujours au réflexe naturel de la distanciation physique

    Aux oiseaux, Michel Méar ajoute quelques clichés de la faune sauvage qui prend ses aises alors que nos volets sont clos.

    Il faut une patience de Sioux pour saisir dans son intimité une tribu de renards roux. Il faut avoir patiemment préparé son coup en amont pour fixer le regard interrogatif d’un chevreuil. Il faut aussi de la chance d’avoir découvert un jour qu’un couple de chevêches d’Athéna avait choisi délibérément de nicher dans une échancrure d’un pignon de la maison, ancienne longère.

     

    Art du bois et photo animalière salle Ti Skol

     Chevêche d'Athéna (Photo Michel Méar) 

    Art du bois et photo animalière salle Ti Skol

     

    La complicité entre le photographe et ses hôtes semblent, ici, aller de soi pour ce que l’on en voit. Domestiqués sans l’être, mais se prêtant au jeu. Pour un peu, Michel aurait pu bâtir cette exposition sur le thème unique de cette petite chouette qui était, dit-on, l’attribut de la sagesse, chez les Grecs, de la déesse Athéna. Ne serait-ce que pour cela, venez croiser le regard jaune de ces oiseaux de nuit qui aiment surtout assister au lever et au coucher du soleil !

    Avant de parler de Jean-Yves Toullelan, qui n'expose que cinq photos de sa composition, un conseil : plantez-vous également un instant devant le lever de soleil au-dessus des rochers qui prolongent le Sillon du Talbert, que Michel Méar a su « immortaliser » dans le courant d’un mois d’avril. Tel un point sur un i ou un point d’exclamation renversé, comme pour nous rappeler combien l’on gagne à rester les yeux grands ouverts sur le spectacle que nous offre la nature. Quitte parfois à se lever tôt.

    Avec Jean-Yves Toullelan, on ne s’éloigne en rien de ce sentiment d’appartenance kermoustérienne. Pour ce Plourivotain, le hameau fait aussi partie de sa propre histoire. Ce n’est pas la première fois qu’il jette l’ancre dans cette salle d’exposition. Plusieurs années durant il y aura, au titre de président de cette association, accompagnés des artistes réunis au sein de Group’Art.

     

    Art du bois et photo animalière salle Ti Skol

    Eté 2013: Yves Toullelan, pour le plaisir de tous, les petits et les grands, aimaient révéler les petits secrets du tourneur sur bois

     

    Ici, on se souvient des animations qu’il provoquait, il y a sept et huit ans, à même la terrasse de La Cambuse. Les enfants, comme les plus grands, aimaient le voir sculpter le bois avec son tour, son autre passion. C’est d’ailleurs autour de ses dernières créations qu’il nous convie d’abord  à venir voir comment l’on peut transformer du noyer, du hêtre, du frêne, de l’acajou, du bois de tilleul en boîtes à bijoux et autres objets réalisés selon la technique du chantournage. Grâce à un collègue, rencontré à Lyon, lors d’un rassemblement de tourneurs sur bois, Jean-Yves Toullelan dit avoir progressé dans la mise en couleur de son travail.

    Il habille également les mécanismes pour en faire des stylos à bille élégants. Et que dire de ses célèbres toupies en if. Enterrée la saga des toupies plastique Beyblade, la toupie bois est inusable et demeurera l’un des vrais premiers objets d’étonnement des nourrissons pouvant enfin se maintenir debout. Mais, confidence du maître tourneur, le noyer prend le pas sur l’if. A cause d’une allergie qui le contraint à porter le masque.

    La nature est ainsi faite. Elle peut être d’une beauté meurtrière. Certaines parties d’un if, notamment le feuillu et les graines, sont toxiques car elles contiennent des alacaloïdes

    C'est peu dire que Jean-Yves Toullelan, qui aura exposé à Kermouster bien avant, au sein d'un groupe baptisé Violon d'Ingres, en a gros sur la patate. Certes, la menace persistante d'un méchant coronavirus laissait prévoir une exposition plus contrainte, mais il est contrit de découvrir une place du Crec'h devenue champ de tension, dont toutes les parties prenantes auraient pu faire l'économie si le projet de rénovation de La Cambuse avait été pensé dans le cadre de l'intérêt général.

    Lui aussi veut croire que ce lieu de vie retrouvera sa sérénité, ce qui en fait sa saveur. Ce n'est pas sans un brin de nostalgie qu'il évoque le souvenir de Jean-Michel et Sylvie Çaldugaray. Il avait eu grand plaisir à tailler une bombarde en buis pour Jean-Michel dont nous apprécions le toucher musical.

    Au passage, retenons cette certitude! Il ne suffit pas d'y résider pour être Kermoustérien de cœur.

                                                                                                        Claude Tarin

                                                                                                         Mercredi 5 août 2020

     

     

    Pour en savoir plus

     

    ArTournage de Jean-Yves Toullelan : http://art-tournage.jimdo.com

     

    Pixarmor.fr de Michel Méar : http://www.pixarmor.fr

     

    Michel Méar organise des stages photo. Ce site vous mettra en contact si l’envie  vous prend 

     

    Art du bois et photo animalière salle Ti Skol

     Chevreuil (photo Michel Méar)

     

     Art du bois et photo animalière salle Ti Skol

     Faucon crécerelle (photo Jean-Yves Toullelan)


  • Commentaires

    1
    Le Guen Louis & Anne
    Jeudi 6 Août 2020 à 08:27

    Belle découverte et merci pour TOUT ce que tu écris ...et il faut lire jusqu'au bout .

     

    2
    Elisabeth
    Dimanche 9 Août 2020 à 11:05

    Très belle exposition...

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