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    « Je t'ai donné mon coeur
    Tu tiens en toi tout mon bonheur
    Sans ton baiser il meurt
    Car sans soleil meurent les fleurs
    À toi mon beau chant d'amour
    Et pour toi seule il fleurira toujours
    Toi que j'adore ô toi ma douceur
    Redis-le moi... je t'ai donné mon cœur
     »

     

    Vous êtes nombreux certainement à vous souvenir de cette chanson qui venait bien souvent clôturer les repas dans les décennies d’après guerre. Elle est extraite d’une opérette romantique, Le pays du sourire, dont la première a été exécutée à Berlin en 1929. Cela fait donc quatre-vingt dix ans tout rond. Une opérette qui malheureusement n’aura pas pu enrayer la montée des haines en tout genre.

    Le sourire ! L’indispensable trait d’union de toute collectivité humaine. Quand j’entendais ma grand-mère entonner ces quelques rimes, je me transportais vers un ailleurs. Le pays du sourire avait le goût et la saveur de l’exotisme. Un pays inaccessible à une époque où voyager était l’affaire d’aventuriers ou de gens fortunés. Pour d’autres, c’était toujours l’exode, la recherche d’une terre promise. C’est encore une réalité.

    En fait, ce n’est qu’après avoir roulé sa bosse que l’on apprend que ce fameux pays du sourire est, cela ne dépend que de nous, dans notre champ visuel. Nous seuls pouvons lui donner corps. Ici comme ailleurs, le sourire donne des couleurs à la vie. Continuons à sourire !

    Même si depuis plusieurs jours nous cultivons le profond regret d’avoir perdu l’une des nôtres.

    Sophie s’en est allée vers l’au-delà. Nous n’aurons plus droit à ce petit signe de la main échangé à travers un pare-brise. Son sourire était lumineux, irradiant de sincérité. Nos pensées vont à sa famille, à ses enfants. Le sourire de leur mère ne s’effacera jamais. Il est éternel.


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  • Une, puis deux, puis trois, les hirondelles sont de retour. Hirondelles de cheminée ? De fenêtre ? De rivage ? Pour en faire le distinguo, il faudrait pouvoir disposer d’une acuité visuelle exceptionnelle ou, pour le moins, bénéficier d’un savoir nourri par de longues périodes d’observation ciblée. Ce n’est pas quand la cataracte vous pend au bout du nez que la chose devient aisée. Aussi en vient-on à se contenter de n’être que spectateur lambda de ces ballets aériens de haute voltige, annonciateurs d’un nouveau printemps, quoi que puisse laisser penser le vieil adage. Car le printemps semble en mesure de s’imposer. Le week-end pascal aura même bénéficié d’une météo estivale. Mer d’huile, soleil plein et entier. Un temps idéal pour les traditionnelles « chasse à l’œuf ».

    Mais, à bien y réfléchir, n’est-ce pas cette tradition qui fait que la gente volatile donne de la voix plus que d’habitude ? Si les poules acceptent, bon gré mal gré, que l’on tue dans l’œuf leur aspiration à couver, il n’en va pas de même pour tous ces oiseaux qui s’accrochent aux branches pour assurer la survie de l’espèce. Même avant de rentrer dans son nichoir, la mésange à tête noire y regarde à deux fois avant de pénétrer dans ce gîte façonné par la main de l’homme. Ici, la focale rétinienne vous permet, du fait de la grande proximité, de coiffer la casquette de l’ornithologue, tant le degré de confiance de ce passereau envers nous semble haut. Mais il convient de mériter cette confiance en s’interdisant de troubler l’intimité du nid. A regret, notre perception auditive étant ce qu’elle est, nous sommes dans l’impossibilité de savoir si les longues mélopées de la grive musicienne sont d’incessants messages d’alerte pour tous ses congénères.

    Ce qui nous semble acquis, c’est que tous ces compagnons du quotidien se contrefichent de nos états d’âme. Disons qu’ils s’adaptent tant bien que mal aux conséquences de nos agissements. Ils ignorent tout des canards qui viennent nous informer chaque matin sur l’état du monde, un monde pour lequel il n’y aura pas vraiment eu de trêve pascale. Las, quelque peu découragé, je n’ai guère envie, en ce matin du mardi 23 avril, de vous importuner avec cette sourde inquiétude que le renouveau printanier n’a pas été en mesure d’éteindre. Malheureusement, ce ne sont pas les oiseaux de mauvais augure qui manquent. Je me contente de rebondir sur une information que mon canard préféré a déposée au pied du bol de café.

    On connaît maintenant le nom du cabinet d’architectes qui va avoir la charge de redessiner La Cambuse, sélectionné après appel d’offres. By architectes, une société de Saint-Michel-en-Grève. A vol d’oiseaux, quarante kilomètres séparent Kermouster de ce lieu de cogitation.

    D’ici fin 2019, nous annonce le journal, le bar épicerie sera opérationnel. A l’abri des morsures des vents d’est, les nouveaux gérants pourront y confectionner leurs galettes et crêpes, la remorque qui leur permet d’assurer la transition étant appelée à opérer en d’autres lieux.

    Pour ce qui est de la transformation de l’ancien logement de fonction en gîte d’étape, il faudra patienter jusque l’année prochaine.

    Pour ce qui est des sanitaires publics, la précision de date n’est pas donnée quant à la mise en place définitive d’un local efficient.

    Cette précision, peut-être aurais-je pu vous la donner si j’avais eu l’opportunité d’assister au conseil municipal qui a traité de ce dossier le jeudi 18 avril au soir. Mais, confessons le d’emblée, je n’ai plus le ressort suffisant pour s’en venir assister à une réunion où, quelle que soit la nature du dossier, les jeux sont en partie faits d’avance. Un conseil municipal, c’est l’aboutissement d’un travail préalable en commissions.

    Je sais ne pas être un cas d’espèce. Rares sont ceux, en effet, qui vont désormais au bout de cette démarche citoyenne. A quoi cela tient-il ? A l’évolution de notre mode de vie. Le rythme du travail, l’hypnose télévisuelle, les raisons sont multiples, mais cela tient aussi au rôle dans lequel on se trouve confiné. Le public n’a pas le droit à la parole. C’est sur ce droit à parole qu’il conviendrait de réfléchir alors que s’exprime une vindicte populaire à l’encontre de nos élus. Or, c’est bien la commune qui est le premier échelon incontournable de la vie démocratique

    Ce n’est assurément pas lors de la séance du conseil municipal qu’il convient de se faire entendre. Il faut que cette parole s’exprime en amont, qu’elle nourrisse déjà les réflexions des conseillers municipaux qui en débattront au sein des différentes commissions. La loi le permet déjà. Une équipe municipale peut soumettre à référendum tout projet se rapportant aux compétences de cette collectivité.

    Bref ! Plutôt que d’avoir a enregistré des doléances, il ne serait pas inutile de mettre en place un système qui permettrait de recueillir des avis, des suggestions, des contributions, avant de prendre des décisions qui vont toucher à l’harmonie sociale.

    Cette année, plus que jamais, ce n’est pas tant le renouveau printanier qui est le fruit de notre impatience, mais bien celui d’un renouveau démocratique fondée sur une véritable volonté de dialogue, débarrassée de tout slogan à l’emporte-pièce.


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  • Journée historique ? N’abusons pas des superlatifs ! Mais il n’est pas faux d’écrire que Kermouster aura vécu un jour de transition en ce dimanche 31 mars, avec l’ouverture officielle de la crêperie en lieu et place de La Cambuse, cent dix ans, jour pour jour, après l’ouverture de ce qui fut d’abord une école. Un double événement en quelque sorte, avec en prime un soleil radieux associé à une brise de nord-est soutenue tout au long de la journée. Rafraîchissante certes, mais pas au point de dissuader les gens de s’asseoir aux tables de l’ancienne cour d’école requinquée en terrasse avec vue sur mer (voir précédents billets).

    Pour marquer le cent dixième anniversaire de l’ex-école, des Kermoustériens ont, en effet, pris l’initiative de faire sonner la cloche de la chapelle. La foule n’était pas au rendez-vous, le passage à l’heure d’été durant la nuit pouvant expliquer des retards à l’allumage, mais chacun savait à l’avance que, de chez lui, il serait le témoin auditif de cette commémoration.

    Le passé, la légende, l’avenir

    Il nous est déjà arrivé d’écrire que c’est tout un art de faire sonner une cloche. Cela l’est d’autant plus quand l’on vous impose un nombre précis de sonneries. Désormais, c’est à l’ami Jean-Pierre que revient le plus souvent le devoir de tirer sur la corde. Mais il est certainement plus facile d’apprendre à parler breton que de maîtriser totalement la mise en mouvement de la cloche. Bref ! Le défi qu’on lui avait imposé relevait de mission impossible. Combien de fois la cloche aura-t-elle fait entendre sa voix ? Plus de 110 fois assurément. Il ne s’est trouvé personne pour nous donner le chiffre exact, même parmi ceux qui, présents, ont compté au rythme de la cloche. Mais était-ce là l’essentiel ? Bien sûr que non. Il fallait marquer le coup. Il n’est pas inutile de « baliser » le passé.

    Avec la crêperie, qui prend ainsi le relais du café épicerie, l’histoire s’écrit au présent et se projette dans l’avenir. Jusque la fin d’après-midi, scotchés dans leur remorque « street food »,  Krystel Le Moal, à la galettière, et Benjamin Charpentier, à la caisse, ont fait face à une affluence soutenue.

    Le passé, la légende, l’avenir

    Evidemment, toutes celles et ceux qui jettent un œil sur ce blog, m’attendent au virage. « Alors ? Tes impressions ? ». Au risque de les décevoir, je n’ai pas vocation à jouer les critiques gastronomiques. Je me vois mal mettre les pieds dans le plat, si je puis m’exprimer ainsi. Le trait de plume qui s’amuse à traduire de multiples ressentis en bouche a toute chance de mettre à côté de la plaque.

    On ne le dira jamais assez, les métiers de la restauration sont des métiers difficiles, à risque quotidien. Il faut sans cesse veiller à ce que le client soit satisfait, au rapport qualité prix. Ce qui est valable pour la quiétude des propriétaires de gîtes (notre précédent billet) l’est encore plus pour celles et ceux qui souhaitent nous voir à leurs tables. Un tweet, un message sur Face book  peuvent faire plus rapidement du mal que le traditionnel téléphone arabe.

    Donc je fais l’impasse sur les considérations gustatives. Mais je ne m’interdis pas de traduire un sentiment. Tout personnel, cela va de soi.

    Le passé, la légende, l’avenir

    Pour parler de la crêperie Breiz Colibri, c’est sa raison sociale, il me semble de bon ton d’user de la métaphore de la greffe. Depuis plusieurs mois, le coeur du village avait cessé de battre. La relance d’un commerce vient de le réactiver.

    Donc hier, nous ne pouvions que nous réjouir. Le challenge que Krystel et Benjamin ont décidé de relever n’est pas mince. Cette première journée ne peut que leur avoir donné du baume au cœur après de longues semaines passées à préparer ce rendez-vous. Mais le savent-ils ? Pas sûr, bien qu’ayant des attaches en Presqu’île. Kermouster « ce n’est pas de la tarte !».

    Plagiant le slogan du brasseur qui s’affiche désormais sur la devanture de La Cambuse, telle une armoirie d'un preux chevalier, ils sont entrés de plain-pied dans la légende. Celle qui colle à la peau de ce village depuis un temps lointain. Il va leur falloir faire avec.

    Il est effectivement bien loin le temps où les petits Kermoustériens s’en allaient écouter la bonne parole lors des séances de catéchèse dans les paroisses environnantes. A cette époque, les anciens nous l’ont souvent rappelé, Kermouster avait une triste réputation : « Petit village habité par des sauvages ». Plus récemment, c’est un autre sparadrap qui s’est posé sur le hameau : « Kermouster ?  Village gaulois. » Evidemment, on fait tout de suite le parallèle avec Astérix et Obélix, ce qui, soit dit en passant, n’est pas pour nous déplaire. Mais pourquoi une telle réputation ? Parce qu’ici, plus qu’ailleurs, selon la rumeur, nous serions râleurs, « jamais contents ». Allons donc ! Restons sérieux ! Les gens d’ici n’ont qu’un seul souhait : que Kermouster conserve ce point d’équilibre entre renouveau et authenticité.

    En décidant de donner un second souffle à leur carrière à Kermouster, les nouveaux gérants de La Cambuse ont d’abord pensé que le cadre était un atout majeur. Ce n’est pas nous qui les contredirons. Le panorama qui s’ouvre devant l’ancienne école vaut assurément le détour. On ne s’en lasse pas ! Mais cela ne peut bien évidemment pas suffire à éviter le rejet au greffon.

    Il est évident que la récompense des efforts engagés dans cette affaire repose sur plusieurs paramètres, à commencer par celui qui consiste à faire venir une clientèle extérieure au village. Ce dimanche, nous en avons eu un premier aperçu. La promotion a joué. Et c’est très bien. A ceci près, que les contraintes demeurent.

    Le passé, la légende, l’avenir

    Je ne parle pas du supposé caractère de cochon des Kermoustériens. Par contraintes, il faut entendre l’exiguïté du lieu. Malgré les toutes fraîches lignes blanches, qui vont nous appeler à plus de discipline, la place du Crec’h était, en cet après-midi dominical, au bord de l’asphyxie.  Dans ce « mouchoir de poche » il ne faudrait pas que des esprits deviennent chagrins. La bonne composition des riverains ne doit pas souffrir de comportements abusifs. Faudra-t-il que la maréchaussée s’en vienne mettre son grain de sel pour en appeler au plus élémentaire civisme ? Ce serait nuire bien évidemment à l’intérêt général et à l’intérêt particulier des nouveaux gérants de La Cambuse.

    Je crois, pour conclure,  qu’il est bon d’insister sur ce qui caractérise le mieux l’esprit des lieux : le goût pour l’authenticité. Pour que l’osmose soit totale, postulat incontournable d’une réussite sur le long terme, il faut que La Cambuse retrouve pleinement le bon rythme cardiaque. Pour l’heure, il lui faut faire avec du transitoire. La remorque « street food » s’en ira un jour sous d’autres horizons. En lieu et place de ce qui était d’abord un préau puis un café épicerie, le Breiz Colibri pourra alors jouer sur toute la palette des services. Au pays de maître corbeau et de maître goéland, nous n’en doutons pas, ses premiers battements d’ailes lui auront permis de prendre toute la mesure du territoire sur lequel il entend assurer son avenir. Le cœur doit faire corps avec le village. C’est une loi naturelle.  

    Le passé, la légende, l’avenir

    Le passé, la légende, l’avenir


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  • Suggestion pour la cloche : « retour de battant »   

    1) Joug, 2) Anses, 3) Cerveau, 4) Epaule, 5) Robe, 6) Panse, 7) Pince, 8) Lèvre inférieure, 9) Battant, 10) Faisure

     

    On gagne beaucoup à tendre l’oreille. Il est même parfois conseillé à l’heure où l’estomac réclame son dû de nourrir le cerveau. Le rendez-vous que nous propose France Inter, chaque jour de la semaine avant 13 h, est à ce titre éloquent ; Tenez ! Pas plus tard qu’il y a deux jours, alors que frétillait un poisson dans la poêle, cette question concernant la structure de la cloche : comment appelle-t-on la pièce qui provoque le son?

    Je pense qu’il vous est arrivé bien des fois de pester contre vous-même, d’avoir sur le bout des lèvres la bonne réponse, mais de vous trouver dans l’impossibilité de la donner. C’est ce qui est arrivé ce jour là. Et bien évidemment, alors qu’à l’autre bout de la France les candidats sélectionnés se trouvaient dans le même embarras que moi, c’est un « oui, bien sûr, je le savais » qui a jailli quand l’animateur énonça le mot. En l’occurrence le battant.

    Le dessin ci-dessous présente l’intérêt de mettre à nu le corps d’une cloche. Je dis bien corps car on remarque que les fondeurs, les hommes de l’art, n’ont pas hésité à plonger dans le vocabulaire humain. Si vous ne le saviez pas encore, retenez le une fois pour toute : une cloche a un cerveau, des épaules, une panse et une lèvre inférieure.

    Justement, c’est le bouche à oreille qui nous laisse à penser que notre suggestion consistant à redonner, quotidiennement, vie à la cloche de la chapelle n’a pas l’heur de convenir à tout le monde. Nous avions pris le soin d’indiquer qu’il ne s’agissait que d’une suggestion et qu’il faudrait bien évidemment la soumettre au débat et, pourquoi pas, au vote, mais autant, très vite, mettre une sourdine à ce qui nous vaut un « retour de battant ».

    L’argument de celles et ceux qui s’inquiètent est bien évidemment recevable. Je parle notamment de celles et ceux qui louent des gîtes. Pas sûr, pas sûr du tout, selon eux, que leurs locataires à la petite semaine apprécieraient d’entendre la cloche sonner matines.

    Aujourd’hui, en effet, il suffit d’un pas grand-chose pour que l’hôte d’un jour se transforme en redoutable colporteur. A l’heure du numérique, un clic et quelques appréciations ravageuses du type « Gîte propre, avec tout ce qu’il faut, mais malheureusement exposé à un réveil matin insupportable ». Pas besoin de développer pour vous faire prendre une claque.

     Le touriste ? Tout en nous préservant de toute généralisation, force est de constater qu’il n’est malheureusement plus toujours en mesure d’apprécier l’authenticité d’un lieu. Or, quoi de plus authentique pour un village qui puise ses racines dans les us et coutumes de la paysannerie qu’une sonnerie de cloche. Quand Jean-François Millet peint L’Angélus, en 1859,  il souligne avec force, ce rapport au temps. Cent soixante ans après, on ne vit plus dans la même temporalité. L’homme pressé a un regard différencié sur son environnement.

    C’est donc une donnée qu’il faut prendre en compte. Alors, reformulons notre suggestion : 1) On réactive de la cloche ; 2) Elle ne sonne pas à 7 h du matin ; 3) Elle sonne les douze coups de midi ; 4) Maintenir le rappel de la fin du travail à 19 h ne devrait pas gêner les vacanciers.

    Cela dit, je ne peux m’empêcher d’exprimer un regret. Et pourquoi pas une critique. Envers celles et ceux qui s’en viennent à la découverte d’un pays, d’une région, d’un lieu en imposant d’emblée leur façon de voir.

    Si on raisonne Presqu’île, par exemple, on doit s’interroger sur quel type de touristes tous les efforts des uns et des autres doivent converger. Sans en faire un lieu d’exception à nul autre pareil, la Presqu’île, dans son ensemble, mérite des visiteurs susceptibles d’en apprécier son authenticité, fût-elle teintée de rusticité.

    Il m’est tout à fait insupportable de savoir qu’il y a des endroits où des gens ayant quitté la ville pour s’installer dans la campagne proche s’empressent de pétitionner pour que l’on fasse taire le coq. Faudra-t-il, en cette terre, tuer les coqs qui, à certaines périodes de l’année, ont la fâcheuse habitude de saluer la naissance du jour bien avant que les cloches se mettent en branle ? Idem pour les tourterelles, les merles et les goélands. Faudra-t-il limiter dans le temps le déplacement des tracteurs sur les routes pour permettre au flot grandissant des voitures et des camping-cars de circuler à leur aise ? Faudra-t-il empêcher les poneys de se soulager sur les chemins vicinaux pour que les semelles ne soient pas souillées ?

    Je suis persuadé qu’avec une communication bien travaillée au niveau de l’Office du tourisme, la Presqu’île saura se vendre à un tourisme curieux et respectueux, tout en restant suffisamment nombreux pour permettre à cette activité saisonnière de contribuer pleinement à l’économie du secteur. En un mot : la Presqu’île, ça se mérite ! Si le slogan est repris, je ne réclame aucun droit d’auteur.

    110 coups ce dimanche 31 mars, à partir de midi

    J’en termine avec ce qui va constituer un temps fort de ce dimanche 31 mars, jour marqué par l’ouverture officielle de la crêperie en lieu et place de La Cambuse.

    A midi tapant, la cloche sonnera cent dix fois de suite. Pour honorer le 110e anniversaire de l’ouverture, jour pour jour, de ce qui fût tout d’abord une école.

    C’est en effet au tout début du XXe siècle que les plumes Sergent Major ont commencé à crisser sur le papier à Kermouster. En ce temps là ça sentait bon l’encre violette. A dater de ce dimanche, c’est le fumet du blé noir qui va titiller nos narines. Une autre page d’histoire qui s’ouvre.


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  • Une cloche qui sonne au pays du matin calme?

     

     C’est en cette période de l’année qu’il fait bon mettre le nez dehors pour s’en venir contempler le réveil de dame Nature. A l’arrivée du printemps, le soleil se lève entre la pointe de l’Arcouest et Port Clos de Bréhat. Présentement, il tire profit d’un anticyclone pour émerger sans avoir, vent d’Est aidant, à chasser les nuages. Le spectacle, car il s’agit bien d’un spectacle, était de toute beauté ce mardi 26 mars. Impression, soleil levant toute kermoutérienne. Il fallait être au rendez-vous, à l’heure où le coq fait éclater sa joie.

    Un cocorico  au diapason du tictictictic des merles noirs, du tsips des grives musiciennes, du huitutu des mésanges charbonnières, du rourrr ronronnant des tourterelles  et du kiaou des goélands s’en allant au champ chercher pitance. Une symphonie pastorale pour  le roi Soleil, qui déroula alors un tapis d’or sur le  Ferlas, sous le regard teinté de jalousie d’une demi Lune perchée au-dessus du hameau. Ne manquait, en ces instants magiques, que le tintement de la cloche.

    Un point de vue qui laisse percer un regret, mais exprime un souhait, celui de pouvoir entendre, un jour prochain, la cloche de la chapelle chanter à l’unisson. Ce souhait, je le sais déjà partagé par nombre de Kermoustériens, ceux là même qui,  m’ayant fait part de cette idée, ont réveillé en moi d’agréables souvenirs d’enfance. A cette époque, les cloches des églises étaient les seuls métronomes de la vie quotidienne. Il y avait de la poésie dans l’air, au-delà de toute signification religieuse.

    Est-ce trop demander à nos élus de se pencher sur la question ? Après tout, pourquoi ce qui est admis en centre bourg ne le serait pas ici ?

    N’est-ce pas trop tirer sur la corde alors que la commune a incontestablement mis le paquet pour que La Cambuse se redonne un nouvel avenir ?

    Dernière illustration de cette implication, la mise en place, ce mardi 26 mars, à l’arrière du bâtiment, d’une toilette publique accessible à toute heure de la journée. La rumeur laissant entendre que cela ne se ferait pas était donc infondée.

     

    Une cloche qui sonne au pays du matin calme?

     

     Il ne s’agit que d’une installation provisoire, appelée à être remplacée pour un dispositif mieux adapté à nos petits besoins et à une préoccupation environnementale. Mais, le café crêperie ouvrant officiellement ses portes ce dimanche 31 mars, il convenait, là aussi, d’être au rendez-vous.

    Nonobstant l’impact financier et les difficultés techniques que la réactivation de la cloche générerait, est-ce qu’un tel souhait peut entraîner une adhésion de tous les résidents ?

     L’esprit démocratique devant prévaloir en toutes circonstances, est-ce qu’une telle idée ne pourrait pas être soumise au voix, comme ce fut le cas pour le choix du vitrail ?

    Recourir à la vox populi, c’est éviter le risque de transformer Kermouster en un nouveau Clochemerle.

    J’imagine que vous êtes nombreux à vous souvenir de ce joyeux roman de Gabriel Chevalier bâti autour de l’installation d’une vespasienne – n’ayons pas peur des mots – une pissotière  aux abords de l’église d’un village du Beaujolais dénommé, pour les besoins de la cause, Clochemerle. Une fiction certes, mais un récit mettant en scène toute une série de portraits on ne peut plus savoureux. Une histoire désopilante. A pisser de rire !

    Une chose est sûre. A Kermouster, pour ce qui des latrines publiques au cœur du hameau point n’aura été nécessaire d’établir une consultation. Pour l’ensemble des riverains de la place du Crec’h, c’était une nécessité absolue. Pour le crépi du pignon de la salle d’exposition aussi. Le consensus coulait donc de source. Reste maintenant à souhaiter que les usagers pressés par une soudaine envie n’oublieront pas que, même à l’abri des regards, le civisme est de mise.

     

    Une cloche qui sonne au pays du matin calme?

    L'Angélus (1857-1859), huile sur toile de Jean-François Millet. Musée d'Orsay

     

    Mais revenons à cette suggestion de faire sonner la cloche au pays du matin calme ! Point ne serait nécessaire de marquer toutes les heures de la journée. A titre personnel, nous devrions pouvoir nous contenter du rythme de l’Angélus. C'est-à-dire trois fois par jour, soit à 7 h du matin, midi et 19 heures. Là encore, je n’échappe pas à l’impact de ce célèbre tableau de Jean-François Millet. Ce mardi matin, en contemplant la naissance d’un nouveau jour, j’ai cru apercevoir ce couple de paysans dans le champ de Claudie.

    Ce mercredi 27 mars, bis repetita. Le soleil en majesté au-dessus de l’estuaire. Dans les airs, sur les branches, sur le faîte des toits, sur les fils électriques, dans les basses-cours les syrinx  de la gente volatile rivalisaient en vocalises. Le soleil quant à lui se mirait sur les vitres de La Cambuse. Comme un premier clin d’œil. Un signe évident de satisfaction.

     

    Une cloche qui sonne au pays du matin calme?

     

    Une cloche qui sonne au pays du matin calme?

    Une cloche qui sonne au pays du matin calme?

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