• Les vers de La Cambuse

    Malgré ce beau soleil, on peut avoir le moral dans les chaussettes. Encore heureux d’ailleurs qu’on ait cette possibilité d’enfiler des chaussettes. Toujours est-il que l’on a bien du mal à réchauffer l’enthousiasme tant le monde nous donne présentement des sueurs froides. Seuls, peut-être, le sourire d’Armel Le Cléach est venu, ce jeudi soir, nous aider à enclencher la machine à rêver.

    Ici, dans un pays de marins, on est à même de mesurer la valeur de l’exploit réalisé par le vainqueur du Vendée Globe. Quelques jours après celui de Thomas Coville,  le monde de la voile nous rappelle  qu’il y a toujours moyen d’amurer pour trouver les vents qui vous sortent du « pot au noir » et vous permettent de donner corps à vos espoirs.

    Mais point n’est besoin de prendre autant de risques pour aller à l’essentiel, c'est-à-dire au dépassement de soi. Sortir de soi-même pour se surprendre est un exercice ô combien salutaire. Et cela peut se faire également les deux pieds bien calés dans ses Charentaises, assis devant une feuille aussi blanche et impressionnante que la crête des vagues.

    Le 7 janvier dernier, Le Papillon de la Presqu’île s’est posé à La Cambuse pour le traditionnel échange de vœux. Une soirée ponctuée par la non moins traditionnelle galette des rois. En quelques tours d’horloge, le café épicerie s’est donné l’allure d’une ruche bourdonnante, type auberge espagnole. Depuis trois ans maintenant, cette association multiplie ses interventions dans différents domaines animée par un seul objectif : conforter, si ce n’est renforcer, le désir du mieux vivre ensemble.

    La nuit tombée, ce Papillon  a fini par s’envoler, en laissant derrière lui une trace de son passage : un petit cahier d’écolier sur lequel l’âme de poète qui sommeille en nous est appelée à s’épancher. La poésie est certes, d’abord, une affaire de gens maîtrisant le fil de la plume, doux rêveurs ou non, mais ce n’est en rien un domaine réservé. Aussi, les amis du Papillon nous invitent ils à plonger en notre for intérieur pour aller au bout du meilleur de nous-mêmes, le stylo à la main.

    Les vers de La Cambuse, titre on ne peut plus incitatif,  vous ouvrent la porte de votre propre imaginaire. N’ayez pas peur des mots ! Laissez vous porter par la rime ! Le mieux serait bien sûr de pouvoir écrire à main levée, au pied de votre verre, à même le comptoir, mais rien ne vous empêche de préparer la chose, dans l’intimité d’un lieu autre, plus propice peut-être à générer l’inspiration. Il ne vous suffira plus qu’à rejoindre La Cambuse et noircir une nouvelle page de ce qui sera bientôt un recueil.

    Pourquoi avoir placé un Morpho bleu en couverture ? A demandé Sylvie, la patronne . Question on ne peut plus légitime car on aura beau surveiller, jour et nuit, nous n’arriverons jamais à apercevoir un papillon de ce type en Presqu’île. Le Morpho bleu est un grand papillon d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Pour avoir vécu un temps en Guyane française, Sylvie s’en souvient très bien. Disons alors que Le Papillon de la presqu’île a tenu ainsi à la remercier de son accueil par un simple clin d’oeil.

    Ayant lu ces lignes, vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire. Avant de déclarer que ceci n’est pas votre affaire, réfléchissez y à deux fois ! Le Papillon ne nous pose pas un défi. Il nous invite à réaliser une « œuvre » collective. Vous pouvez bien entendu vous cacher derrière un pseudonyme, comme nous le montre l’exemple que nous avons sélectionné pour illustrer cette chronique. Et qu’importe si un jour cet anonymat vole en éclats. Mieux vaut en effet que ce « buveur anonyme » le sache : nous saurons un jour à qui nous devons ces vers qui ont le grand mérite de nous faire apprécier la poésie du lieu où ils reposent désormais.

     « La poésie, a dit Prévert, c’est le plus joli surnom que l’on donne à la vie ». A La Cambuse, le ver est libre. Vous pouvez vous frotter aux douze pieds de l’alexandrin  ou mettre vos pas dans ceux de ce poète qui a construit son univers en jouant avec les mots. Vous pouvez même vous inspirer du haïku japonais. Là il ne vous faudra que trois vers de quelques syllabes. La concision n’exclut pas l’émotion.

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  • Chapelle: qui aura l'idée "lumineuse"?

     

    Ne vous méprenez pas ! Nous n’allons pas, après avoir (notre  chronique de ce lundi) fait connaître notre intention - « avortée »-  de mettre fin à Point de vue de Kermouster, compenser un mois de silence par des billets au quotidien. Nous ne pourrions pas soutenir ce rythme. Ce sont simplement les circonstances qui nous amènent à reprendre aussitôt la plume. Pour compléter l’information qui indiquait que les services de la municipalité mettaient tout en oeuvre pour donner, durant quelques heures, à la tombée de la nuit comme à la naissance de l’aube, tout son éclat  au nouveau vitrail.

    Une précision qui a son importance : les deux techniciens qui, vendredi dernier, s’étaient attaqués à ce chantier, ont eu le bon réflexe de ne pas l’achever. Accrochés au haut du clocher alors que la tempête se renforçait de minute en minute, ils ont remis à plus tard cette opération. Sage décision !

    Ce lundi, ils étaient à nouveau sur place. Pas de vent, pas de nacelle, juste un jeu d’échelles. La chapelle étant ouverte, nous avons pu ainsi regarder comment avait été installé le projecteur chargé d’éclairer le vitrail. Il reposait sur une sorte de rail en bois allant de la première poutre transversale jusqu’au socle de l’ogive en pierre. Une solution qui ne pouvait être que transitoire puisque ce rail avait pour conséquence de masquer le vitrail, vu de l’intérieur.

    On a ainsi compris pourquoi cette installation temporaire n’avait pas eu l’effet escompté vu de l’extérieur. Quand on prenait du recul par rapport à la façade d’entrée, on ne voyait pour ainsi dire que le halo blanc du projecteur. Visiblement, la source lumineuse n’avait peut-être pas été installée à bonne distance. Beaucoup trop près du vitrail ? Ou, alors, la source lumineuse est elle trop forte?  Mais, répétons le, c’était du provisoire ! L’intervention de ce lundi y a remédié pour partie (photo ci-dessus). Mais, de face, on distingue  toujours le projecteur de l’extérieur. La solution viendra. Nous ne voulons pas en douter.

    Cependant, il restera alors un petit problème qui, si on n’y apporte pas une solution, peut être source à polémique. En voulant répondre à l’attente des Kermoustériens, la municipalité a installé une nouvelle strie dans le site. L’alimentation du projecteur étant synchrone avec l’éclairage public, il n’y avait pas de miracle à espérer. La Fée électricité peut beaucoup de choses, mais cela tient toujours à un fil. Et voici donc un nouveau fil électrique dans le ciel de Kermouster (photo ci-dessous), qui plus est installé au plus mauvais endroit, entre clocher et pilonne. On peut s’attendre à voir jaillir quelques commentaires ironiques, tant l’enfouissement du réseau électrique est souhaité par un certain nombre de résidents.

    Evidemment ce fil entre clocher et poteau électrique a un côté disgracieux. Les photographes amateurs amoureux  des chapelles bretonnes devront être des adeptes de Photoshop ou tout autre système  de correction pour obtenir un cliché sans tâche. Quand nous avions donné naissance à ce blog, nous nous étions amusés à faire ce travail (11 septembre 2012). Kermouster sans le moindre fil  ni poteau électrique serait assurément encore plus charmant.

    On va peut-être nous reprocher de soulever une polémique qui n’existe pas encore et qui n’aurait pas lieu d’être, la municipalité ayant à cœur elle aussi à préserver l’esthétique des lieux. Mais  en évoquant ce problème sans attendre, on espère tout simplement avoir favorisé l’ouverture de la boîte aux idées.   Qui aura l’idée « lumineuse » qui conviendra à tous ?

     

     

     

    Chapelle: qui aura l'idée "lumineuse"?


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    Première tempête, première image

     

    Première tempête, première image pour une première chronique de la nouvelle année.

     Autant le dire, l’idée de mettre fin à Point de vue de Kermouster a perduré tout au long de ces dernières semaines. Nous avons déjà eu la possibilité de nous en expliquer de vive voix avec des amis qui s’étonnaient d’un trop long silence. Ces explications, nous aurions fini par les mettre en ligne si nous avions donné un caractère définitif à ce qui n’était, certes, qu’une intention, mais une intention forte. On peut peut-être partir sans laisser d’adresse, mais la moindre des politesses c’est de dire au revoir ou, dans ce cas là, adieu.

     Sans refaire l’historique de ce blog que nous avons finalement décidé de maintenir, soulignons en, une nouvelle fois, la charpente philosophique : être un instrument supplémentaire au service du dialogue, dans le hameau, dans la commune voire au-delà. Tout dire, mais sans froisser quiconque, conscient que c’est par le respect de l’autre que l’on peut faire avancer  le schmilblick du « vivre ensemble ». Or, s’il est un sujet sur lequel le devoir d’information connaît des limites, c’est quand il repose sur  l’intime. En nous faisant « échotier » nous n’avons jamais eu l’indélicatesse de briser ces limites. Nous continuerons à agir dans ce sens.

     Oui ! Comme tous nos voisins de Kermouster, nous avons été profondément peinés par ce tragique accident qui a causé la mort de Roger Benois. Quoi de plus intime que la mort d’un être chéri par les siens. Le jour de son enterrement, les travées de l’église Saint Jean Baptiste  de Lézardrieux étaient chargées d’émotion. Preuve, s’il en est, que Roger Benois était un homme apprécié au-delà du cercle de ces intimes. Nous avons du mal à admettre que son sourire se soit éteint à tout jamais. Nous renouvelons nos condoléances à Armelle, son épouse, ainsi qu’à sa famille.

     Ce n’est pas la première fois que le hameau est frappé par une tragédie durant les festivités de fin d’année. La Camarde, comme l’a si bien décrite Georges Brassens, se joue de nos rites et de nos traditions. Avec elle, il n’y a  point de trêve de confiseurs qui vaille.  Face à son implacable cruauté, nous nous sommes, pour notre part, sentis, cette fois, totalement désarmés. Impossible de trouver les mots susceptibles de parler de cette tragédie qui n’a laissé, ici, personne indifférent. Il est des situations où le silence est de mise.

     Nous savons tous que nous aurions pu être, ce jour là,  à la place de Roger Benois, à l’heure dite. Cette route est la nôtre. C’est notre cordon ombilical avec le centre bourg. C’est de loin la route la plus dangereuse de la Presqu’île. Le croisement y est difficile, le doublement risqué. Limiter encore plus la vitesse du bas de la côte de Kermenguy jusqu’au stop à l’Armor Pleubian serait, de notre point de vue, une bonne initiative. Mais nous aurons toujours à nous méfier de la routine. C’est une départementale qui demande une vigilance de tous les instants. Formulons le vœu que nous saurons tous le rester !

     Il aura donc fallu découvrir ces deux hommes perchés dans une nacelle pour réamorcer Point de vue de Kermouster. Depuis deux jours déjà, le hameau avait perdu ses habits de lumière. Le grand sapin venu d’ailleurs s’en était reparti vers un destin qu’il n’est pas difficile à imaginer. Kermouster campait à nouveau dans son charme naturel. Mais que diable venaient faire ces deux hommes autour des fils électriques par un temps à ne pas coucher dehors ? La réponse nous est tombée dans l’oreille entre deux rafales de vent : raccorder à l’éclairage public le spot lumineux qui, de l’intérieur, donne de la couleur au nouveau vitrail pendant les premières et dernières heures de la nuit.

     Bien que n’ayant pu assister, le 6 janvier, à la cérémonie des vœux du maire, nous ne sommes pas sans savoir qu’une partie de son intervention a ciblé  Kermouster. Pour l’essentiel il s’est agi de confirmer des engagements portant sur la mise en valeur et sur la préservation du patrimoine culturel  de la chapelle. Il n’aura donc pas fallu attendre pour passer de la parole aux actes. Même si cette opération, somme toute ordinaire, a pris ce jour là, force est de le constater, un caractère dangereux. Les services météo avaient prévenu : le vent soufflerait très fort à partir de 16 h. Et à 16 h tapant, la nacelle et ses deux passagers se sont effectivement trouvés dans un champ de turbulences. Ils ont fort habilement réussi, très rapidement, à éteindre nos craintes.

     

     

     


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