• Pour ce Haut-Normand, natif de Dieppe, la Presqu’île a des allures de Terre Promise. Même si son cœur continue à battre pour la côte d’albâtre,  On n’efface pas d’un coup de pinceau ses années d’enfance et tout un passé éclairé par la lumière de peintres prestigieux, dont un certain Claude Monet pour ne citer que lui.  Mais Jean-Marie Jacquot, qui vit depuis onze ans à Lanmodez,  a trouvé ici matière à satisfaire pleinement son goût pour les espaces marins entrecoupés de récifs..

    A l’occasion d’une précédente exposition nous avions souligné sa vocation avortée. Il aurait voulu être marin. A défaut de pouvoir jeter l’ancre dans le Grand Bleu, c’est dans l’encre d’imprimerie qu’il aura fait carrière, après s’être plié aux injonctions de son père typographe. La peinture lui a permis de gommer cette frustration et depuis qu’il est à la retraite, il ne laisse pas filer un jour sans croquer sur le vif. Ces carnets sont des livres de bord sur lesquels figurent déjà tous les sites remarquables de sa terre d’adoption. L’exposition Côtes & Jardins, qui va fermer ses portes ce dimanche soir 30 août, est riche d’une trentaine de toiles, essentiellement des huiles, réalisées à partir de ces croquis. Un grand panoramique, ponctué de quelques dyptiques, allant des rochers roses de Bréhat jusqu’aux courbes du Trieux sous La Roche Jagu.

    Tout en privilégiant une fois encore les paysages entre terre et mer, Jean-Marie Jacquot a mis à profit cette troisième escale à Kermouster  pour, comme le révèle d’emblée l’intitulé de l’exposition,  dévoiler une autre source d’inspiration. Avec Odile son épouse, cheville ouvrière de L’Automne au jardin de Lanmodez (dont la 2ème édition se déroulera le dimanche 4 octobre prochain) l’artiste-peintre partage une passion pour les jardins et les fleurs. Quelques compositions sur cette thématique sont donc venues compléter une exposition qui révèle une intention : sortir des sentiers battus. Dans la thématique mais surtout dans la façon de peindre. Le trait s’estompe face à l’exigence de la couleur  Une nouvelle approche que laisse tout particulièrement transparaître un tableau où émergent, sous un foisonnement de fleurs aux couleurs veloutées, les falaises crayeuses de sa région natale. Nous sommes à Varengeville, à quelques kilomètres à l’ouest de Dieppe. Georges Braque y vécut. Il y repose, dans le petit cimetière d’une chapelle dont il a dessiné les vitraux. C’est un havre de paix, entouré de vastes étendues fleuries. Une source d’inspiration revisitée par le peintre de Lanmodez.

     Si peindre fut d’abord un loisir,  Jean-Marie Jacquot se savait déterminé à creuser en profondeur ce sillon. Il garde en lui l’empreinte de son apprentissage dans l’Atelier de la vigne, plus communément appelée L’Ecole d’Etampes, une école créée en 1969 par le peintre Philippe Lejeune, lui-même élève du célèbre Maurice Denis (1870-1949), qui fut, lui aussi, un amoureux de la Bretagne. Avec Côte & Jardins Jean-Marie Jacquot nous démontre, avec une dose d’humilité peu courante dans ce milieu, qu’un peintre doit se chercher en permanence.

     


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  • Pour avoir déjà pu apprécier son talent, nous savourions à l’avance le plaisir que nous allions éprouver en assistant, le samedi soir 22 août, au concert de  Kristina Kuusisto. Une nouvelle fois, la chapelle allait se faire caisse de résonance d’un instrument, le bandonéon, que cette musicienne d’origine finlandaise appelle Taikalaatikko. Traduction :  « boîte magique ». La magie a opéré à nouveau, mais cette fois, en solo.

     

    Kristina Kuusisto et sa "boîte magique"

     

    En juillet 2010, Kristina Kuusisto s’était produite à Kermouster accompagnée par sa compatriote Mari Mäntyla et son décacorde. Deux talents conjugués qui ont donné corps au duo Dryades. En août 2013, c’est Roger Eon, guitariste de renommée internationale, professeur à l’école de musique du Trégor, qui était à ses côtés. Le duo Silb qu’ils ont constitué, vient de se produire à Erquy ce jeudi 27 août.  Cinq jours auparavant, Kristina Kuusisto nous aura démontré que le bandonéon avait la capacité de captiver un auditoire par et pour lui-même.

     

    Sensualité, envoûtement

     Voici un instrument que des mains d’hommes ont rendu « diabolique » en lui attribuant le souffle du tango argentin au début du XXe siècle. Pedro Maffia, Anibal Troilo,  Leopoldo Federico mais surtout Astor Piazzolla, pour ne citer que ces grands maîtres de la spécialité,  lui ont donné, par la suite, ses lettres de noblesse, en l’extirpant des bouges et des bordels où il semblait devoir rester confiné. Tout comme ses glorieux prédécesseurs, Dino Saluzzi travaille aujourd’hui à élargir son répertoire. Kristina Kuusisto  aussi.

     Le tango conserve indéniablement son caractère incontournable dans un concert mettant en scène le bandonéon. Sous les doigts de fée de Kristina Kuusisto, il devient même plus sensuel, plus charnel, encore plus envoûtant. Comment  demeurer insensible au charme d’une artiste qui, avec grâce et maestria, vous donne à écouter une  musique qui vous fait frissonner jusqu’au tréfonds de vous même. Tantôt lumineuse, tantôt empreinte de gravité, tout son corps en vibration avec les anches de son instrument. Mais si elle aime nous faire partager sa passion pour cette musique d’outre-Atlantique, elle n’entend pas s’y enfermer. Elle s’exprime sur d’autres registres. A commencer par des transpositions du grand répertoire.

     

    Kristina Kuusisto et sa "boîte magique"

    Bach aurait certainement aimé composer pour le bandonéon

     Nous aurons eu ainsi l’heur, entre autres interprétations, d’entendre de nouvelles sonorités sur Syrinx, une pièce composée par Claude Debussy pour la flûte de pan, et sur un prélude et une fugue de Johann Sebastian Bach. Kristina Kuusisto aime à dire que si le kantor de Leipzig avait eu en sa possession un bandonéon, il aurait composé pour cet instrument Mais  Bach n’était plus de ce monde depuis bien longtemps quand l’Allemand Heinrich Band (1821-1860) a conçu cet instrument à vent et à clavier auquel on allait associer son nom. A l’origine, instrument de musique folklorique,  le bandonéon offrira également l’intérêt de pouvoir se substituer à l’harmonium et à l’orgue dans les églises de la confédération germanique avant de conquérir l’Amérique du sud au fil de l’émigration. Retour aux sources en quelque sorte dans la chapelle de Kermouster.

    Retour aussi aux racines. Kristina Kuusisto ne se contente pas d’interpréter. Elle compose. En puisant notamment dans la littérature de son pays d’origine. La pièce Vaka Vanha qu’elle a exécutée est une création inspirée d’un recueil de poèmes finnois, le Kalevala.

     

    Un instrument « illogique »

     Kristina Kuusisto est née à Hyvinkaa, à 40 kilomètres au nord d’Helsinki. Professeur d’accordéon classique diplômée de l’Académie Sibélius, elle a succombé à « un véritable coup de foudre » en découvrant, à Paris, les rondeurs et la flexibilité du bandonéon, un instrument qu’elle qualifie de totalement illogique.  Elle joue sur un modèle conçu en 1930 par le facteur Alfred Arnold, l’un des tout premiers bandonéons bi-sonores. 38 boutons sur le clavier droit, 33 sur le clavier gauche. A chaque bouton correspond  une note, mais celle-ci varie selon que l’on ouvre ou ferme le soufflet. Avec un tel instrument, qui couvre 6 octaves,  il y a 12 manières de jouer en do majeur. C’est en suivant les cours de l’argentin Juan José Mosalini, professeur à l’Ecole nationale de musique, que l’accordéoniste a réussi, voilà vingt ans, à comprendre puis maîtriser la complexité du bandonéon.

    Ayant choisi de vivre depuis quelques années à Loguivy-Plougras, en plein coeur de la Bretagne profonde, elle a su prendre la mesure de la région pour ouvrir d’autres chemins sonores. En témoigne La Prophétie de Gwenc’hian tirée du Barzaz Breiz, recueil de chants populaires bretons.

     Des chemins qui ne l’écartent en rien de sa trajectoire internationale. Avant d’entamer sa tournée des chapelles qui ‘l’ont amenée jusqu’à nous, Kristina Kuusisto s’était produite en Suède et en Norvège. En octobre prochain elle retrouvera Mari Mäntyla dans le cadre du festival de musique String 136, à Pékin.  Nous ne pouvons que vous inviter, encore une fois, à faire plus amplement connaissance avec cette artiste talentueuse en consultant son site Internet.  

    http://bandoneon.wix.com/kristinakuusisto

     

    Kristina Kuusisto et sa "boîte magique"

    Juillet 2010:  Kristina Kuusisto accompagnée par sa compatriote Marina Mäntyla et son décacorde. Le duo Dryades va particpier en octobre prochain à un festival de musique à Pékin

     Kristina Kuusisto et sa "boîte magique"

     Août 2013: Kristina Kuusisto er le guitariste Roger Eon avec lequel elle forme le duo Silb


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  • Le tempo des copains à La Cambuse

    C’est par une transposition jazz-manouche des Copains d’abord que le quintet Swing Bahtim a entamé, samedi 22 août, à La Cambuse, son concert « hommage » à Jean-Michel  Çaldugaray. Avec Jean-Louis Gest, le guitariste au chapeau feutre, Jean-Michel aura été à l’origine de ce groupe musical dont on a pu apprécier les qualités en cette fin d’après-midi. De Django Reinhart à Bireli Lagrene en passant par Tom Jobim, les cinq copains de Jean-Michel ont mis tout leur cœur à jouer cette musique qu’il aimait tant interpréter lui-même avec sa guitare. Ses amis de Kermouster, toute émotion contenue,  ont été nombreux à  honorer le rendez-vous. Un bon et sincère moment de partage.

    Le tempo des copains à La Cambuse

     

    Le tempo des copains à La Cambuse

     C'est avec Jean-Louis Gest que Jean-Michel a jeté les bases, en 2009, de cette formation 

    Le tempo des copains à La Cambuse

     Le contrebassiste Laurent Le Bot

    Le tempo des copains à La Cambuse

     Ivan Derrien, batteur, flûtiste et saxophoniste

    Le tempo des copains à La Cambuse

     Marc Danjon, guitariste

    Le tempo des copains à La Cambuse

     Philippe Martin, guitariste


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  • Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

    Il suffit parfois de peu  pour vous propulser dans un ailleurs, pour changer d’atmosphère. Au hasard des pérégrinations dans les rues du bourg, ce mercredi 19 août, nous nous sommes retrouvés, l’instant d’un cliché, sur les rives du Mékong. Grâce à cette femme au chapeau « chinois », l’une des 78 participants au concours Couleurs de Bretagne qui se déroulait ce jour là à Lézardrieux. Coiffée de son nôn, cette dame avait choisi son sujet dans la rue qui, partant de la grande place, descend vers la rive du…Trieux.

    Le gros du bataillon étant resté au bourg même, nous aurions pu multiplier les prises de vue illustrant cette métamorphose soudaine de Lézardrieux qui, dès les premières heures de la matinée, s’est livré au regard d’une horde de passionnés. Dans un climat bon enfant, malgré un ciel peu avenant, chargé de nuances de gris, ces peintres visiteurs ont pris possession des rues  avec délectation. Le pont suspendu au-dessus du Trieux, le clocher pignon de l’église Saint Jean-Baptiste et le port ont eu les faveurs du plus grand nombre. Le navire sablier Banco qui se trouvait à quai aura même, à lui tout seul, inspiré plusieurs concurrents dont l’un (en l’occurrence une concurrente) se verra attribué le prix toutes catégories. Mais c’est par Kermouster, ce qui n’étonnera personne, que nous avons choisi d’illustrer cette journée peu ordinaire.

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

     Le Banco aura captivé le regard de plusieurs peintres. Il a permis une concurrene, Catherine Penven, une Plouézecaine, d'obtenir le 1er Prix toutes catégories et toutes techniques confondues

     

    Autant l’avouer toute de suite, nous nous attendions à y voir plus de monde.  Il faut croire que le ciel chagrin a quelque peu gâché le pouvoir de séduction du hameau.

    La chapelle, malgré son côté incontournable, n’aura eu les faveurs que d’un seul aquarelliste. Sur la digue de l’île à Bois, ils étaient trois à se partager les angles de vue.

    A Goas Luguen, à l’heure du rendez-vous des adeptes du longe côte, un peintre posait déjà ses premières couleurs sur le trait de côte de Loguivy.

    A mi-chemin entre cette grève et Pors Gwenn, trois autres  concurrents avaient posé leur chevalet sur la hauteur, s’offrant une vue plongeante sur le Trieux, cette fois, côté Kermouster.

     Hermine Julien, qui intitulera son tableau La maison de Maria à Kermouster, espérait bien évidemment faire partie des lauréats. Le jury lui accordera le 1er prix dans la catégorie huile, acrylique, pastel gras. Mais elle n’ignore plus que, ce faisant, elle a ainsi rendu un  hommage implicite  à Louis Leurenguer, le mari de Maria, lequel de son vivant aura aimé peindre, lui aussi, et, surtout, agi pour faire partager sa passion, en organisant à Kermouster  La journée des peintres.

    Kermouster sera à nouveau à l’honneur avec une aquarelle d’une autre concurrente qui, elle, avait choisi de peindre le Trieux dans sa partie amont, en posant le regard sur Pors Gwen.

     Deux 1er Prix  à Kermouster

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

     

    Cette toile a obtenu le 1er prix dans la catégorie huile, acrylique et pastel gras. Ayant appris à qui appartenait la maison que l'on perçoit à l'arrière plan, Hermine Julien, son auteur, lui a donné pour titre  "La maison de Maria à Kermouster".

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

     

    Auitre 1er Prix concernant Kermouster, cette aquarelle "Pors Gwen" de Guilaine Ollivier

    De l'île à Bois à Goas Luguen en passant par la chapelle

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

     

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

    Couleurs de Bretagne autour de la maison de Maria

    Un seul concurrent aura choisi de peindre la chapelle

     

    L’an prochain à Pleubian ?

     C’était la première fois que Lézardrieux accueillait Couleurs de Bretagne, dont la création remonte à plus de vingt ans. Nous avons déjà eu l’occasion  de souligner l’intérêt de cette manifestation (chronique du 10 février 2015). Nous voulons croire que cette première aura su convaincre pleinement les élus de la Presqu’île que l’événement mérite d’être reconduit.  Il leur suffit d’en mesurer l’impact psychologique. Les Lézardriviens ont apprécié de découvrir ici et là ces visiteurs d’un jour qui ne seront pas sans revenir, conscients qu’ils sont qu’il y a matière à ravissement dans cette Presqu’île qu’ils ont été nombreux à découvrir.

    La toute nouvelle association Le Papillon de la Presqu’ile, qui ne cultive pas l’esprit de clocher tout en épaulant les manifestations locales, a milité pour qu’un tel événement puisse avoir lieu. Elle a su obtenir l’écoute de la municipalité de Lézardrieux puis, par ricochets, celle de la Communauté de communes. A l’heure de la remise des prix, salle Georges Brassens, il semblait acquis que Pleubian se proposera d'accueillir l'an prochain la deuxième édition de Couleurs de Bretagne en Presqu’île Sauvage.

     Les fidèles lecteurs de ce blog connaissent nôtre point de vue. Tout ce qui concourt à une ouverture d’esprit se doit d’être soutenu. Et tant mieux si cela peut favoriser le tourisme ou l’économie en générale. La peinture est un plaisir personnel qui peut être partagé, voire créer du lien. Ce plaisir, comme cela vient d’être démontré au cours de cette journée, ne concerne pas qu’une poignée d’artistes au talent solidement établi, trop souvent abusivement classés dans la catégorie élites. Certes du temps des Signac, Luce, Rivière, Faudacq, dont la maîtrise a magnifié le secteur, ce plaisir de peindre ne relevait pas du phénomène de société. Un temps révolu. Tous les participants à Couleurs de Bretagne ne pensent pas en être mesure de rivaliser avec ces célèbres prédécesseurs. Mais en se glissant dans leur sillage, ils nous convient à maintenir ce cap.

     


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  • Le charme de la harpe avec Hélodie Darbray

    Un vrai moment de grâce ! Ce mardi 18 août, en fin d’après-midi, nous avons eu le plaisir d’entendre la jeune harpiste Héloïse Darblay, à l’occasion du vernissage de la nouvelle exposition, à Kermouster, de l’artiste peintre Jean-Marie Jacquot (1). Un impromptu qui a son explication, Héloïse est la petite-fille du peintre et l’un et l’autre ont souhaité mettre à profit cette opportunité pour nous prouver, si ce n’est à eux-mêmes, que chez les Jacquot Darblay l’esprit de famille se vit intensément.

    Un vrai moment de grâce, car il n’est pas courant de pouvoir entendre, d’aussi près, vibrer les cordes d’une harpe « classique ». Au plaisir de l’écoute s’ajoute celui des yeux. Profanes en la matière, nous nous garderons bien de décortiquer un si bel instrument, préférant de beaucoup faire durer l’impact poétique de cet intermède musical, exécuté avec maestria.

    Un vrai moment de grâce, car nombre d’idées reçues ont volé en éclats. Certes, en Bretagne, la harpe a une résonance particulière. Alan Stivell a redonné à la harpe celtique ses lettres de noblesses. Son aura est désormais aussi forte que celle du  biniou kozh ou de la bombarde. Soit ! Mais pour ce qui concerne  la harpe de concert, aux sonorités différentes,  il faut avoir la possibilité de pouvoir suivre un orchestre symphonique pour capter  les spécificités de cet instrument, d’ailleurs souvent masqué sur scène par une forêt de violons. Et souvent livré  à des mains de femmes.

    Sensuelle ! Héloïse Darblay ne conteste en rien le qualificatif mais s’empresse de nous faire savoir  que la harpe se décline également au masculin. Et de nous citer les noms de Xavier de Maistre et d’Emmanuel Ceysson, devenus respectivement 1ère harpe de l’orchestre philharmonique de Vienne et de l’Opéra de Paris.  Tous les deux à 22 ans.

    Que dire également du répertoire propre à la harpe si ce n’est qu’il s’est nourri de la passion de compositeurs hommes. Beethoven, Dvorak, Ravel Debussy et bien d’autres ne l’ont certes pas ignorée, mais ce sont des compositeurs moins connus, en tout cas des profanes que nous sommes, qui ont donné à la harpe la possibilité de s’exprimer par et pour elle-même.

    A l’occasion de cette prestation kermoustérienne, Héloïse Darblay a, tour à tour, rendu hommage à François-Joseph Naderman (1781-1835), à Carlos Salzedo (1865-1961), à  Marcel Grandjany (1891-1975).. En y associant une pièce des Gymnopédies d’Eric Satie (1856-1925). Entre les cordes du piano et celles de la harpe la convergence est grande.

    Les hommes tiennent donc toute leur place dans l’univers de la harpe, univers que la harpiste américaine Deborah Henson-Constant a investi, quant à elle,  en faisant éclater les règles qui ont contribué à façonner l’image paisible de cet instrument  En interprétant Baroque Flamenco,  une des compositions de cette vedette internationale, Héloïse Darblay nous a en quelque sorte donné toutes les clefs pour parfaire nos connaissances dans ce domaine musical particulier et plus large qu’on ne le pensait avant de la voir jouer.

    Mais quelle n’a pas été notre surprise de l’entendre dire ex abrupto « Trop vieille ! ». Malgré la fraîcheur de ses vingt ans à peine révolus, Héloïse Darblay affirme ne plus être en mesure d’envisager une carrière de harpiste professionnelle. Est-ce à dire que l’image de  Duchesse interprétant ses Gammes et Arpèges va cesser d’imprimer ?

    Influencée par...Duchesse, des Aristochats

     Influencée par l’héroïne des Aristochats jouant de la harpe à son compagnon Thomas O’Malley, un chat de gouttière, Héloïse avait, du haut de ses quatre ans, jeté son dévolu sur cet instrument. Deux ans plus tard, elle maintenait son choix et c’est en tant qu’harpiste convaincue qu’elle a fait ses premier cours de musicienne. De là à en faire sa profession, il y avait un pas qu’elle vient à peine de franchir. « J’ai longtemps pensé à suivre des études de médecine. C’est en terminale que j’ai finalement opté pour la musique. Ce n’est qu’à 16 ans que j’ai vraiment commencé à aimer le solfège ».

    Trop vieille (donc) pour trouver place dans un orchestre symphonique, mais plus que jamais décidée à en vivre et faire partager sa passion L’ex élève du lycée Jean-Baptiste Corot de Savigny sur Orge – « Je jouais dans l’orchestre du lycée » - va préparer, à Orsay,  son diplôme universitaire de musicien intervenant. Deux années d’étude, à l’issue desquelles elle pourra intervenir dans le milieu scolaire. « Je pense m’investir pour des enfants de 6 à 10 ans ». Ce qui ne l’empêchera pas de pincer les cordes de sa harpe et même de tenir la baguette dans des orchestres amateurs.

    Si on en reste au ressenti de cet impromptu kermoustérien, tout laisse à penser qu’Héloïse a en elle le potentiel pour valider l’adage selon lequel il n’est jamais trop tard, mais, visiblement, elle tourne le dos à une carrière professionnelle sans trop de regret, peut-être avec raison,  mais  avec l’espoir de faire aussi bien que son ancienne professeur de musique qui aura su, malgré son peu de goût pour le solfège, lui faire tant aimer la musique et la harpe.

     1) L’exposition « Côte et jardins » de Jean-Marie Jacquot se tient jusqu’au 30 août inclus.

    Le charme de la harpe avec Hélodie Darbray

     

    Le charme de la harpe avec Hélodie Darbray

     

     

     


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