• Le « tombolo » de l’île à Bois vu par Henri Joly

            Huile sur toile (55x46cm) peinte par Henri Joly (circa 1920). Copyright : Armel Galerie
     

    Les amoureux de Kermouster le savent certainement déjà : la galerie Armel de Paimpol a dans ses collections un tableau d’Henri Joly (1876-1957) représentant le « tombolo » de l’île à Bois. Le « tombolo » ? Ce mot, force est de le reconnaître, ne figure plus ou peu dans le langage courant, mais point n’est besoin d’en donner la définition, l’image ci-dessus parle d’elle-même. Henri Joly, un marchand de tableaux parisien, peintre lui-même,  qui fit construire à Kermouster sa résidence d’été, a centré son travail sur ce cordon sableux qui  reliait à son époque l’île au continent. On ne connaît pas la date précise d’exécution. Le circa  de cette toile indique 1920. Ce mot latin, lui aussi peu usité,  signifie littéralement environ. Henri Joly ayant fait construire sa maison, rue des Pins, en 1912,  on peut penser que c’est effectivement dans ces années d’après Première Guerre mondiale que cette huile sur toile a dû être réalisée. En tout cas, avant le second embrasement de 1939  car, du fait de l’occupation allemande, le « tombolo » a disparu du paysage pour servir de soubassement à la digue actuelle. L’occupant tenait assurément à pouvoir ravitailler facilement les troupes installées sur l’île, et ce  par n’importe quel coefficient de marée.

    A ce propos, nous aimerions pouvoir confirmer l’existence d’une voie ferrée entre Pleumeur-Gautier et l’ïle à Bois, via le centre de Kermouster. Nous ne mettons pas en doute les témoignages qui confirment l’existence de cette liaison ferroviaire, mais Robert Mouly, grand connaisseur de l’histoire de la Presqu’île ne veut pas, quant à lui, se montrer affirmatif. Il a recueilli, par ailleurs, des avis selon lesquels cette voie rejoignait Bodic.

    Et s’il s’agissait d’une seule et même voie, reliant deux points stratégiques ?  Robert Mouly nous apporte toutefois cette précision : « Il s’agissait d’une voie Decauville, offrant un espacement de 60 cm ». Une précision qui nous a amenés à en savoir plus sur ce système dit Decauville. Voici le résultat de nos recherches :

    « Paul Decauville (1846-1922), initialement fils de l'agriculteur Armand Decauville spécialisé dans la production de betteraves et la distillerie, inventa (en 1875) un type de voie de chemin de fer de faible écartement (40 à 60 centimètres) qui prit le nom de « Decauville ». Il s’agissait alors de pouvoir évacuer un stock de 9 000 tonnes de betteraves attendant dans des champs détrempés et d'accès très difficile. La voie est formée d'éléments entièrement métalliques rails et traverses qui peuvent se démonter et être transportés facilement. Cette invention a trouvé des applications dans de nombreux domaines : exploitations minières et industrielles, desserte d'ouvrages militaires, etc. Les wagonnets étaient d'abord poussés à la main ou tractés par des chevaux. Par la suite, des voitures de formes diverses et des petites locomotives firent de Decauville un véritable système de chemin de fer. L'apparition des voies étroites Decauville, mais également d'autres fabricants, constituèrent une évolution majeure en permettant de déplacer aisément de lourdes charges à une époque où la brouette et le tombereau dominaient. »(Source Wikipedia)

    A Kermouster on dit se  souvenir des norias de « charrettes » tractées par des chevaux. Assurément, des « wagonnets », si voie ferrée il y a bien eu. Merci d’avance à toutes celles et ceux qui pourront enrichir – qui sait, photos à l’appui ? – ce point d’histoire.

    Le « tombolo » de l’île à Bois vu par Henri Joly

                                                         Le tombolo vu de l’île à Bois 

    Pour consulter le site d'Armel Galerie:

    www.armel-gallery.com


    votre commentaire
  • 14-18 : un premier « devoir de mémoire »

                         La plaque commémorative de la chapelle de Kermouster

     

    « Moi mon colon, cell’ que j’préfère, c’est la guerr’ de quatorz’-dix-huit ». Ah ! Brassens ! Ce Lézardrivien d’adoption n’aura eu de cesse de mettre l’accent sur « la connerie » de ce monde des « S’en va t’en guerre » et les stigmates qu’il a laissés et laisse encore, Et s’il y en a une  (guerre)  qui confine à l’absurde, c’est bien celle de 14-18. Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment a-t-on pu envoyer à la mort des millions de jeunes gens, fauchés à cause de vieilles rancoeurs forgées par des nationalismes exacerbés au fil des siècles ? On aimerait que le devoir de mémoire qui va s’effectuer tout au long de ces cinq années, à l’occasion du centenaire de la Première guerre mondiale, puisse persuader les esprits, encore trop nombreux  sous l’empreinte du doute, du bien fondé d’une Europe apaisée puisque unie. Car c’est dans le puzzle européen qu’est né ce conflit qui allait enflammer, pour la première fois,  la planète entière et générer, une vingtaine d’années plus tard, sur fond de braises non étouffées, la montée du nazisme et sa démence meurtrière.

    Ce devoir de mémoire est, pour ce qui concerne notre secteur,  illustré par le travail que viennent d’effectuer trois historiens locaux.. Après plus d’un an d’intenses recherches, Alain Bohée, Maurice Le Ner et Robert Mouly publient un fascicule qui remet en lumière tous ces hommes dont les noms sont inscrits sur le monument aux morts de la commune de Pleubian. Un vrai travail de bénédictins, puisqu’ils ont été confrontés à l’effacement des mémoires, ce qui renforce leur mérite d’avoir accompli une telle démarche.

    On se prend quand même à regretter qu’ils n’aient pas poussé leurs investigations jusqu’aux autres monuments du secteur. « Je travaille actuellement  à recueillir des renseignements sur les soldats morts pour la France dont les noms figurent sur le monument de Lézardrieux » nous informe Robert Mouly. Il va de soi que ses recherches l’amèneront également à resituer le parcours tragique de cette poignée de Kermoustériens dont une plaque de marbre, scellée à l’intérieur de la chapelle (notre photo), rappelle le souvenir. Il n’est pas un coin de France, de la Bretagne donc de la Presqu’île Sauvage, qui a échappé aux conséquences de cette « abominable boucherie ». Nous aurons assurément l’occasion d’en reparler..

    Ce fascicule, richement illustré, est disponible au prix de 15€. On peut se le procurer directement auprès de Robert Mouly:. Tél: 02 96 20 13 88

    14-18 : un premier « devoir de mémoire »

     


    votre commentaire
  • Le pardon de Kermouster  aura bien lieu le dimanche 31 août et non pas le dimanche 7 septembre comme on pouvait le supposer puisque, selon la tradition, on fête, ici, le saint Maudez chaque premier dimanche de septembre. Vendredi 11 avril, à l’occasion d’une réunion des adhérents bénévoles de l’Amicale de Kermouster (notre photo), la question se posait encore de savoir ce qu’allaient décider les responsables paroissiaux car, comme cela a pu se vérifier l’an passé, si la tradition est une chose, les impératifs de la mission évangélique en sont une autre. Le premier dimanche de septembre n’est donc pas gravé dans le marbre.

    Le pardon 2014 se déroulant le dimanche 31 août, reste à l’Amicale à prendre la décision d’organiser les festivités qui accompagnent l’événement, notamment le tout aussi traditionnel concours de boules. Tout repose sur le calendrier des boulistes de la Presqu’île voire d’un secteur bien plus large. L’an passé, le pardon ayant été avancé au dimanche 25 août, l’Amicale de Kermouster s’était trouvé dans l’impossibilité de coller à l’événement, Saint-Adrien organisant ce week-end là son concours de boules. A priori, le concours de Saint Adrien devrait se tenir le week-end des 23 et 24 août. C’est ce que nous a laissé entendre un des animateurs de ce rendez-vous, mais, soulignons-le, en indiquant que tout n’était pas encore calé. L’Amicale de Kermouster doit tenir son assemblée générale courant mai. D’ici là, on peut penser que tout sera clarifié.

    Le pardon fixé au dimanche 31 août


    votre commentaire
  • Le conseil municipal du mercredi 2 avril, au cours duquel ont été constituées les différentes commissions, a, sans attendre, mis le dossier du port sur la table. Décision a été prise de reporter le projet de construction d’une nouvelle capitainerie, la nouvelle majorité souhaitant réétudier le dossier. Dans l’immédiat, il est simplement prévu de procéder à quelques améliorations avant l’été, concernant notamment les sanitaires qui jouxtent la capitainerie. « Ils seront rafraichis pour une amélioration indispensable de l’accueil des usagers du port » a indiqué Thierry Buzulier, (cf Ouest-France du 4 avril) l’adjoint qui est désormais en charge du port. (photo ci-dessous)).

    Nous savons que tout ce qui se rapporte au port de Lézardrieux intéresse au plus haut point nombre de Kermoustériens. Et pour cause : nombreux sont ceux qui ont un bateau. S’ils disposent dans leur grande majorité d’un corps-mort à même les parages de l’île à Bois, ils n’en restent pas moins directement concernés par les décisions qui vont être prises dans les mois à venir, notamment en matière de carénage, passage obligé pour tout propriétaire d’une embarcation.

    Ne serait-ce que pour ça, nous sortirons de temps en temps notre « longue vue » pour regarder ce qui se passe en amont, à 2 milles nautiques de Kermouster. Mais aujourd’hui, concernant le port, une seule question nous turlupine et ce, depuis plusieurs mois : qui est ce Monsieur Brun à qui nous devons  cette vue (ci-dessus) du port en 1890 ? Cette question, nous nous la posons depuis l’été dernier, depuis l’exposition Le Lézardrieux des peintres . La propriétaire de ce dessin, qui l’avait prêté à cette occasion, n’a pas été à même de nous en dire plus, ni de certifier la date. Depuis,  nous avons effectué moult recherches. En vain.

    Cette gravure  relève assurément de la fin du XIXe siècle. Mais ce dessin a-t-il été exécuté, comme cela nous a été indiqué,  avant la visite que Félix Faure, alors Président de la République, effectua le 5 août 1896 ? A cette époque, il y avait déjà un port de commerce en gestation, mais les projets concernant un port militaire étaient toujours dans les cartons. Richelieu et Vauban s’étaient, bien avant lui, penchés sur le dossier.

     

    Qui est Monsieur A. Brun ?

     

    Mais revenons à notre affaire ! Qui est ce Monsieur Brun ? Plus précisément A. Brun…A pour André ? Alphonse ? Alex ? Achille ? Alain ? Adolphe ? Ou alors Albert comme ce bon Monsieur Brun sorti tout droit de l’imagination de Marcel Pagnol (1895-1974). Imagination ou plutôt - osons ce rapprochement ! -   réincarnation d’un personnage ayant existé ? L’auteur de la célèbre « trilogie marseillaise » a eu, en effet, pour compagnon de route Arno-Charles Brun (1898-1982), un ancien employé de l’administration des Douanes à Marseille, qui se fera scénariste puis homme de radio. Or, comme en témoigne Louis-Marie Faudacq (1840-1916), auquel on doit de nombreux fusains, mines de plomb et aquarelles (voir tableaux ci-après) de l’ancienne vasière du Prostern, lieu d’échouage des bateaux  de son époque à Lézardrieux, on était souvent douanier de père en fils.

    Partenaire de Panisse dans la célèbre partie de cartes les opposant à César et Escartefigue, le « patron » du « ferry-boat », Albert Brun campe dans « Marius » le personnage d’un vérificateur des Douanes. Pagnol a peut-être voulu rendre hommage à son ami collaborateur en donnant à ce personnage, qui sait, le prénom de son père ou d’un grand-père douanier cultivant, comme Faudacq, ce collègue de Bretagne, le goût du dessin et qui, tout comme lui, au gré des mutations, aura fini par traîner ses guêtres sur les premiers quais de Lézardrieux.  C’est fou ce que l’imagination vous amène à écrire. Mais si c’était, là, vérité établie, alors nous pourrions plus naturellement projeter sur le port un autre regard. 

    Non sans raison, Thierry Buzulier a rappelé que l’usager était, avant toute chose, un client du port et qu’en tant que tel le port avait des devoirs envers lui. Nul ne peut y trouver à redire ! Mais, au travers de cette digression qui nous a fait dériver jusqu’au célèbre Vieux-Port de Marseille, nous nous sommes mis en tête que le port de Lézardrieux avait un bel atout à mettre sur le tapis pour séduire sa clientèle. Niché dans un cadre de toute beauté, il lui faut effectivement se repenser pour amplifier la force de cet atout. La gestion des bassins est une chose, celle des quais aussi. Un port c’est un « outil économique » mais c’est aussi un lieu de vie et s’il y a une chose que le navigateur apprécie quand il met pied à terre c’est la poésie des lieux. Idem pour celui qui n’a nulle envie de mettre sac à bord mais qui s’en vient rêver en flânant sur les quais.

    Un port de plaisance, cela nous « fend le cœur » d’avoir à le dire, pêche trop souvent par son inertie. Que de bateaux ventouse, qui plus est de couleur quasi uniforme ! Lézardrieux n’échappe pas à cette regrettable  évolution. Mornes pontons ! Les aller et venue des bateaux des Phares & Balises ne suffisent pas à compenser ce côté « port sans âme » sur une grande partie de l’année Espérons que les services liés aux hydroliennes constitueront une véritable alternative à l’activité du sable que d’aucuns aimeraient faire disparaître de leur champ visuel. Pour l’heure, et pour conclure sur une note certainement consensuelle, nous nous contenterons de souhaiter bon vent, pour sa nouvelle saison estivale, au « Passeur du Trieux », notre « ferry-boat ».

     

                                            Thierry Buzulier, adjoint en charge du port

     

     

     

       

    Le port de Lézardrieux à l’époque de Louis-Marie Faudacq. Ces dessins aquarellés (collection d’un particulier) ont été exposés l’été dernier à Kermouster 

     

    Un conseil pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’histoire du port : cliquer sur le lien suivant

     

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA22014290

     

    Pour consulter le site du « Passeur du Trieux »

     

    http://www.lepasseurdutrieux.com/

     

     

     


    3 commentaires
  • Pas de mystère de la croix

    Le voile du mystère s’est subitement abattu sur le hameau ce mercredi 9 avril , malgré la générosité du soleil : « Où est la croix ? » nous a-t-on demandé. Question à laquelle nous étions infichus de répondre, passées dix-huit heures, puisque ignorants du fait. Nous sommes donc allés sur place vérifier qu’il ne s’agissait pas d’un canular, pour constater, en effet, que la grande croix en bois de la route qui mène à l’île à Bois n’était plus sur son socle. Par contre, ô surprise, le grand panneau indiquant les points de vue et curiosités des rives du Trieux, qui avait disparu depuis bientôt un mois, avait quant à lui retrouvé sa place. Une coïncidence qui, après déduction, nous amènera à ne pas alerter la maréchaussée pour « vol sacrilège ». Tout laissait à penser que les services techniques de la ville étaient passés par là. Restait à connaître le pourquoi de cet enlèvement. Renseignements pris :   les employés municipaux sont venus mercredi matin remettre en place le grand panneau indicateur, redevenu lisible après toilettage. Constat ayant été fait, alors, que la grande croix avait, quant à elle,  un sérieux et inquiétant penchant, décision a alors été prise de la déposer. Le bois s’avérant être pourri, il n’y avait plus lieu de tergiverser. Un remplacement s’imposait. Une nouvelle croix ne tardera pas à s’élever dans le ciel de Kermouster.

     

    Pas de mystère de la croix

    Pas de mystère de la croix

    Autre affaire réglée : celle de l’ancien coq du clocher. Nombreux étaient celles et ceux qui auraient bien voulu récupérer ce vestige du temps passé. L’ancienne municipalité ayant, non sans raison, décidé d’en faire un objet du patrimoine commun, le vieux coq, remis à neuf, est de retour à Kermouster. Il a été scellé sur le mur, à l’intérieur de la chapelle où il n’aura plus à craindre les morsures de la pluie..

     


    1 commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires