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    Le temps étant de la partie, toutes les conditions étaient réunies, ce dimanche 25 août,  pour donner son caractère festif au pardon bien que le volet kermesse ait été maintenu au 31 août, 1er et 2 septembre. Il fallait éviter une fâcheuse concurrence avec celle de Saint Adrien dont le traditionnel pardon avait été lui-aussi décalé dans le temps pour des raisons déjà explicitées.  La chapelle de Kermouster s’est avérée trop petite pour accueillir tous les pèlerins. A la fin de l’office, célébré conjointement par l’abbé Marcel Cabocco, l’ancien recteur, et Serge Gussan, un prêtre Ivoirien, on a même pu craindre que l’embouteillage qui venait de se produire en plein centre du hameau empêche la procession de se déployer. Mais la courtoisie étant au rendez-vous, la crainte s’est vite dissipée. On notera la nouvelle participation des Sonerien an Trev (les Sonneurs du Trieux) dont le biniou, la caisse claire et les bombardes ont mis en  sonorités, cette année, le cantique dédié au saint Maudez ! 

    Assurément, le fait d’avoir avancé la date d’une semaine aura permis à des familles, qui séjournent à Kermouster tous les étés, de pouvoir, enfin, participer à cette cérémonie religieuse. Ce qui n’est guère possible un premier dimanche de septembre, pour cause de rentrée scolaire. On en tient pour preuve le grand nombre d’enfants porteurs de bannières. Une seule fausse note, mais ô combien malencontreuse : la corde qui sert à actionner la cloche s’est désolidarisée au moment même où, les bannières remisées,  l’on procédait à deux baptêmes dont celui de la petite Chloé Hervé, originaire de l’île Maurice mais dont les grands parents ont vécu à Kermouster. La cloche, soudainement devenue atone, n’aura donc pas pu, comme de coutume, sonner à la volée.

    Un pardon étant une fête religieuse où l’on peut gagner des indulgences, on veut croire que les campanistes qui ont récemment procédé à la remise en état de son fonctionnement ne se feront pas, eux, sonner les cloches et bénéficieront de l’indulgence de tous. Nous tenons à témoigner du sérieux avec lequel ils avaient opéré. Ne l’oublions jamais !   Errare humanum est ! Tout devrait bientôt rentrer dans l’ordre puisque, d’ici quelques semaines, la société en charge des réparations va procéder au changement du coq..

    Ce regrettable incident est, nous en sommes persuadés,  quasiment passé inaperçu du plus grand nombre. Au « pot du Maire » qui faisait suite à la cérémonie religieuse, rares sont celles et ceux ayant eu vent de l’affaire. Ils avaient alors d’autres sujets de conversation. Sous un soleil redevenu radieux, ils savouraient tout simplement le plaisir d’être ensemble, le plus souvent un verre de «Kir» à la main.

    On ne dira d’ailleurs jamais assez merci au chanoine Félix Kir d’avoir accordé, en 1962, à la société dijonnaise Lejay-Lagoute (créatrice de la crème de cassis en 1841), le droit d’utiliser son nom pour cette mixture dont on a encore pu mesurer, ce dimanche, la forte teneur en convivialité. D’aucuns s’étonneront de cette digression mais que ceux là veuillent bien, eux aussi, nous « pardonner ». Quitte à évoquer son nom,  nous avons voulu nous rafraichir la mémoire concernant ce chanoine qui fut de longues années député maire de Dijon. Et c’est ainsi que nous avons noté qu’il s’est éteint en 1968, l’année même où l’on procéda à la refonte de la cloche de la chapelle.

     

    Un beau pardon, mais une cloche qui cloche

    Un beau pardon, mais une cloche qui cloche

    Un beau pardon, mais une cloche qui cloche

    Un beau pardon, mais une cloche qui cloche

    Un beau pardon, mais une cloche qui cloche

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  • Pasquale Desretmau : le magnétisme des rochers

    « Je crois que je n’ai pas épuisé le sujet. J’ai besoin d’aller un peu plus loin dans ce travail ». Depuis une dizaine d’années, Pasquale Destremau peint essentiellement des rochers, des chaos de rochers. Elle nous invite, jusqu’à la fin de ce mois d’août, à pénétrer dans ce champ magnétique où le minéral est source d’esthétisme. « J’ai trouvé dans ces grandes étendues de granit, dans ces formations de roches magmatiques vieilles comme la terre,  les éléments dont j’ai toujours eu besoin depuis mes débuts en peinture : rythme, volume, couleur, lumière, ordre, désordre » ajoute-t-elle pour souligner le sens profond d’une démarche pour le moins originale. Sur cette côte nord de Bretagne, l’artiste-peintre a trouvé, au travers d’une formation géologique « exceptionnelle », matière à satisfaire ces différentes exigences.

    Pasquale Destremau peint depuis l’âge de douze ans. Ce qui l’a amenée tout naturellement à pousser la porte des Beaux Arts. «  A Saint-Etienne ». Ce temps de l’apprentissage n’est désormais qu’un souvenir lointain, mais elle n’a pas oublié que c’est dans ce creuset, où elle a abordé tous les genres, du classicisme à l’abstrait, qu’elle a trouvé matière à poursuivre pour atteindre un niveau de maîtrise suffisant et se lancer dans une carrière non pas de peintre mais  de designer. Ce qui va la conduire à dessiner des « maquettes » de bijoux, de meubles et d’imprimés pour tissus, « pour des grandes marques ». A  Paris ; à Lyon.

    Entre ces deux grands pôles de la vie culturelle, Pasquale Destremau n’a eu de cesse de penser peinture mais sans pouvoir s’y adonner tout à loisir. Jusqu’au jour où elle se décide à créer, d’abord à Lyon puis à Paris, son propre atelier de gravure et de peinture. Tout en répondant à des commandes,  elle y dispensera ses enseignements. « Pendant presque vingt ans j’ai eu des groupes de huit élèves ». C’est dans ce lieu qu’elle a donné corps à ces créations picturales qu’il nous est donné de contempler à l’occasion de cette exposition. A deux pas de la Seine, les rochers de nos côtes émergent sur la toile. « Je fais des aquarelles et des croquis sur place, mais c’est à Paris que je finalise ». Sa maison de Kermouster, qui fut d’abord, au début du siècle dernier, celle d’Henri Joly, ce marchand de tableau peintre amateur que la récente exposition Le Lézardrieux des peintres a remis en lumière, cette maison, où elle séjourne très souvent, est un promontoire idéalement placé entre Bréhat et Port-Blanc, son terrain d’investigations depuis plus de vingt ans. « Nous avons découvert Kermouster en 1992, au retour d’une croisière dans les îles anglo-normandes. Au soleil couchant. Magnifique ! Le coup de foudre »..

    Pourquoi les rochers et pourquoi seulement ce thème ? « J’ai fait beaucoup de drapés ; autour de corps ; et travaillé d’autres aspects de la nature. » Nous en avions effectivement eu un aperçu lors d’une journée portes-ouvertes, en juin dernier, dans un jardin de Pleudaniel où étaient exposés quelques uns de ses tableaux, d’une tonalité verte, qui laissaient eux-aussi transparaître ce souci de la ligne de force et des jeux de lumière, ici entre tiges et troncs. Mais ce sont assurément les espaces rocailleux qui l’inspirent le plus « Je ne cherche que très rarement à représenter des paysages. » Et de fait, rares sont ses tableaux  où se dégage une ligne d’horizon voire un petit coin de ciel bleu.  Quelques pastels laissent apparaître des plans plus larges. Mais Pasquale Destremau concentre plus son regard sur des détails d’où se dégage « une beauté sculpturale ».

    Jaillissement, écroulement, vibration sont des mots clefs pour rentrer dans ses huiles réalisées uniquement au pinceau.. « J’ai un goût pour les couleurs sobres ». Dans cette dominante de couleur terre, sur ces masses enchevêtrées, vierges de toute vie animale, le peintre cherche à reproduire la marche de la lumière. « Selon l’heure la couleur est différente. La lumière donne du volume. C’est elle qui fait comprendre le relief ».Il est évident que pour cette artiste peintre il y a d’autres failles, d’autres crevasses, d’autres mares, d’autres diagonales, d’autres masses à découvrir. Emergeant à la frontière océane, cette peinture se positionne entre figuratif et abstraction. Elle nous transporte en quelque sorte au-delà du réel.

    Contact: pasquale.destremau@free.fr

    Pasquale Desretmau : le magnétisme des rochers


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  • Les oiseaux de mer de Catherine Guillemain

    Un an tout juste après avoir, sur ce même thème, investi la Maison du Sillon, Catherine Gaillemain expose à Kermouster ses oiseaux de mer, en association avec Pasquale Destremau qui cible, quant à elle, les rochers (lire par ailleurs). Deux approches différentes pour ces Kermoustériennes de cœur qui ont trouvé, ici, entre mer et terre,  matière à donner corps à leur passion commune : la peinture.

    C’est dans la matrice de l’île à Bois que Catherine Gaillemain a, pour partie, aiguisé son acuité visuelle de peintre photographe, plus précisément de photographe peintre puisque photographe de métier elle fut. Bien que née au Sénégal et ayant vécu ses années de jeunesse en Alsace, Catherine Gaillemain fait totalement corps avec cette île dont elle aura, très tôt, connu tous les recoins. Une île devenue propriété familiale en 1955.  Une acquisition de son grand-père maternel Jacques Walter. Vivant à Lyon, Catherine Gaillemain, qui assure désormais la gestion du domaine (1)  n’aura eu de cesse de s’y ressourcer, à l’image de ces bernaches et tadornes qui reviennent chaque année picorer dans la vase environnante, oiseaux marins qu’elle s’est plu à saisir sur la pellicule, comme tant d’autres,  pour, voilà deux ans, leur redonner vie sur la toile.

    Si Jacques Walter était connu pour être un collectionneur éclairé d’œuvres d’art – « Je lui dois le regard » - Catherine Gaillemain se dit redevable à  la branche paternelle d’avoir fait germer en elle le besoin de peindre, référence faite notamment à Henri Zuber (1844-1909) son arrière-arrière grand-père Alsacien, peintre paysagiste de grande renommée C’est sa grand-mère Jeanne Frey qui lui aura transmis la passion du dessin, passion qui ne l’a jamais quittée même quand le désir de fixer la lumière sur la pellicule, « entre noir et blanc »,  captait toute son énergie. Elle a travaillé comme régisseuse indépendante pour diverses agences lyonnaises puis comme productrice dans des studios photo. « La photo apporte beaucoup à la peinture, mais, à l’inverse, la composition picturale m’a également beaucoup servi dans mon métier » souligne-t-elle, en précisant qu’elle aura été, avant de s’en venir vivre à Lyon,  acheteuse d’art dans une agence de publicité à Paris, ce qui n’a pu que faciliter son immersion dans l’univers de la création artistique. Non sans avoir, pour cela, pris, par la suite,  des cours dans l’Atelier de l’Olympe, un atelier lyonnais dont elle garde un excellent souvenir.

     Au tout début, seuls le portrait et le nu l’intéressaient. Etudiante, elle faisait poser ses amies. Puis elle a porté son regard sur les fleurs. Un thème qui prend racine dans le souvenir du jardin « merveilleux » créé par son père. Un thème sur lequel elle reviendra peut-être, autrement que par la photo,  si le besoin de peindre se fait à nouveau sentir. Catherine Gaillemain, dont la passion pour l’iconographie a trouvé matière à se renouveler grâce aux apports des nouvelles technologies se rapportant au traitement de l’image, peint par intermittences. Elle doit d’abord en éprouver le besoin puis s’assurer de sa disponibilité. « Cela relève alors de l’obsessionnel, dit-elle tout en soulignant la nécessité qu’il y a pour elle d’être certaine d’avoir l’espace temps nécessaire pour se saisir du couteau  ou du pinceau et attaquer la toile. Catherine Gaillemain peint surtout à l’huile mais utilise souvent l’acrylique pour enduire la toute première couche  « Pour donner de la transparence ». 

     Cette exposition met en quelque sorte un point de suspension, voire final, à son intrusion dans le royaume des oiseaux marins. Elle aura peint 22 tableaux sur ce thème.  Tous sont des transpositions de photos qu’elle a réalisées. Seul  le grand format représentant des fous de Bassan  - « le premier de la série » - est le fruit d’une pure interprétation. « Sur la base de la photo, je sors l’oiseau de son contexte. C’est ce que je ressens qui m’amène à créer l’ambiance ». Il en va ainsi d’un macareux moine photographié en Ecosse se goinfrant de lançons, d’un cormoran qu’elle s’est plu à rendre arrogant ou de ces goélands argentés au regard qui ne pouvait qu’être menaçant. La touche est précise.

    1)      Le domaine est ouvert à la location, pour des particuliers et la tenue de séminaires.

    2)   Contact : c.gaillemain@wanadoo.fr

     

    Les oiseaux de mer de Catherine Guillemain

    Les oiseaux de mer de Catherine Guillemain

    Les oiseaux de mer de Catherine Guillemain

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  • C’est inscrit dans le temps. Passé l’été, un nouveau coq dressera ses ergots au-dessus du clocher de la chapelle. Un coq à la crête, aux barbillons et au plastron « dorés à point », un coq on ne peut plus rutilant dans son plumage de cuivre. Présentation nous en a été faite, le 14 août dernier, à l’issue des travaux de remise en état de la cloche. A cet instant, le soleil ayant décidé d’être de la partie,  le coq destiné à « passer à la casserole »  a tenté une ultime manœuvre de séduction,  comme pour contrer l’inéluctable. Profitant de l’ardeur des rayons de l’astre solaire, il a  semblé vouloir défendre ses couleurs en nous rappelant qu’il n’était pas aussi terne qu’on se plaît à le dire. Mais, hélas pour lui ! L’heure de la retraite a bel et bien sonné. Il va lui falloir descendre de son piédestal et céder la place, au motif d’une trop grande et coupable immobilité. A charge pour son successeur de nous indiquer à chaque heure de la journée, d’où souffle le vent. Courant septembre, nous a-t-on dit, ce dernier sera à poste. On verra alors si sa qualité de girouette n’a d’égale que la superbe dans laquelle il s’affiche présentement.

    Un coq va chasser l’autre

    Un coq va chasser l’autre


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  • Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Le Grand Robert et Le Petit Larousse ne tranchent pas. Ces deux dictionnaires de référence retiennent deux orthographes pour l’instrument qu’il vient de nous être donné d’entendre, ce samedi 17 août, dans la chapelle : le cymbalum ou czimbalum. Ce n’est pas la première fois que la jeune cymbalumiste biélorusse Nadzeya Karakulka, 25 ans révolus, se produit en Bretagne en compagnie de sa toute aussi jeune compatriote Anna Rubanez, toute aussi talentueuse, quant à elle, dans l’art de faire chanter son violon. L’an passé, ces deux artistes avaient joué dans les rues de Paimpol, de Tréguier et donné un concert à La Roche Derrien. Elles sont revenues dans la Presqu’île Sauvage à l’invitation de Ulle Huth. Vivant le reste de l’année à Solingen, petite ville située à 20 km de Düsseldorf, Ulle Huth (en photo en compagnie de Thérèse Jamet et des deux concertistes) séjourne tous les étés, depuis 1996, dans sa maison de Saint Adrien, à deux pas d’ici.

    Si ce samedi nous avons eu la chance de pouvoir applaudir Nadzeya Karakulka et Anna Rubanez à Kermouster, c’est parce qu’un jour le malheur s’est abattu sur Tchernobyl. A vol d’oiseaux, Minsk, la capitale de la Biélorussie est à moins de 500 km de ce site nucléaire ukrainien qui a tristement défrayé la chronique en avril 1986. De nombreux habitants de Solingen se sont mobilisés pour venir en aide aux populations directement frappées par ce malheur et c’est ainsi que des contacts ont été pris avec des écoles de Minsk, et c’est ainsi que de solides  relations se sont établies. Ulle Uth connaît Nadzeya depuis dix ans et Anna depuis quatre ans. Cette dernière, qui pratique le violon depuis l’âge de 5 ans, poursuit sur cette voie dans le cadre de l’Académie de musique  Robert Schumann  de Düsseldorf. Nadzeya Karakulka, quant à elle, également pianiste accomplie, poursuit sa carrière à Minsk. Diplômée de l’Académie de musique de cette ville, lauréate de nombreux grands prix, elle y enseigne désormais son art.

    Ce samedi, grâce à ces deux talents conjugués, les murs de la chapelle se sont donc enrichis de nouvelles sonorités, au travers d’un programme couvrant une large gamme du répertoire classique. Il ne s’est agi que de transcriptions car le « piano tzigane », comme on le surnomme, n’a que faiblement, au contraire de son complice d’un soir, retenu l’attention des compositeurs. Instrument de musique populaire dans les pays d’Asie et d’Europe centrale, puisant ses racines dans la nuit des temps, le cymbalum, ancêtre du clavecin, comme le précisera Ulle Huth dans un court préambule, peut cependant s’honorer d’avoir retenu l’attention de Franz Litz, de Bela Bartok, de Zoltan Kodaly et d'Igor Stravinsky. Claude Debussy, dont  Rêverie  figurait au programme de ce samedi soir, l’a introduit dans un arrangement populaire (La plus lente). Pierre Boulez et Henri Dutilleux n’y sont pas non plus restés insensibles. Cyril Dupuy, un cymbalumiste français ayant accompagné le violoniste virtuose Lorin Maazel dans une tournée internationale en 1998,  n’hésite pas à écrire sur son site Internet ( http://www.cyrildupuy.com/cymbalum.php?page=aujourdhui ) : « Le piano, qui est d’une certaine manière un cymbalum mécanisé, même s’il est mis en fonctionnement par le meilleur des virtuoses, ne peut entrer en concurrence avec les possibilités rythmiques d’un cymbalum joué par un instrumentiste de haut niveau ». Pour lui, le cymbalum n’a pas encore eu l’heur de prouver qu'il a du potentiel.

    Nadzeya Karakulka vient, pour sa part, de nous révéler quelques unes de ses facettes, au travers d’un programme couvrant trois siècles de belle musique. De Wolfgang Mozart (1756-1791) à Astor Piazzolla (1921-1992) en passant par Johannes Brahms (1833-1897), Manuel de Falla (1876-1946) et Enrique Granados (1867-1916) elle a fait montre d’une grande virtuosité, tantôt frappant avec ses marteaux, coincés entre le majeur et l’index, les 78 cordes métalliques, tantôt en les pinçant.  Le cymbalum se trouvant de facto être la « vedette », Anna Rubanez quittera la scène pour quelques instants  afin de permettre à sa collègue  d’exécuter en solo une petite fantaisie d’excellente facture ( Buona notte, Federico !) du compositeur biélorusse Viktor Kopytsko.  Comme il fallait s’y attendre, le public (la chapelle était comble !) a voulu toucher des yeux cet instrument à la fin du concert ponctué par une chardas, danse traditionnelle hongroise. A ceux là mais également à celles et ceux qui n’ont pu assister à cette belle soirée musicale nous ne pouvons que conseiller de cliquer sur l’adresse suivante : http://www.youtube.com/watch?v=MtlVqg6pm-8 . Ils y retrouveront Nadzeya Karakulka associée à la pianiste Tatiana Ryasbaya et à la cymbalumiste Yana Slavashevica dans Mama Cholly, un pot pourri d’airs du répertoire international, dont les célèbres Yeux Noirs et Summertime. Preuve s’il en est que le cymbalum, qui pour nous Occidentaux émerge du Moyen-âge, est un instrument des temps modernes.

    Un instrument d’avenir donc mais qu’il serait bon d’honorer dès à présent comme il se doit. Au risque de le contrarier, nous préférerions que Cyril Dupuy, qui se définit comme cymbaliste, le fasse sous l’appellation cymbalumiste. Qui le veuille ou non, pour nous le mot cymbale évoque un autre type d’instrument. Nous en appelons aux Académiciens pour qu’ils intègrent les cymbalumistes aux côtés des violonistes, violoncellistes, altistes, pianistes et autres trompettistes. Nous comptons sur Eric Orsenna, qui vient de nous faire découvrir La Fabrique des mots (1)  pour qu’il porte cette revendication sous la Coupole. Cela permettrait de réparer un oubli si ce n’est une injustice. Et puisqu’il s’agira de s’en tenir aux deux orthographes définissant ce vénérable instrument, cela ne fera que combler les adeptes du Scrabble puisqu’ils auront ainsi matière de placer un mot de treize lettres tout en se débarrassant de ce  Z  souvent plus encombrant que le Y.    

     

    1) La Fabrique des mots, 140 pages, Edition Stock

     

     

    Cymbalum et violon pour un concert mémorable

    Cymbalum et violon pour un concert mémorable


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